Les chroniques du patio Là où fleurent bon la résine de synthèse et le p'tit rosé estival

17 janvier 2008

Infinie tristesse, infinie beauté

Filed under: tranches de vie — Marie-Jose @ 22:18

Parfois, un reportage vient me chercher au plus profond des tripes. C’est le cas ce soir avec « Mémoire à la dérive », un documentaire sur 4 femmes atteintes de la maladie d’Alzheimer réalisé par Pauline Voisard. Un regard tout en douceur, tout en pudeur, sur une maladie terrifiante. Un reportage d’une infinie tristesse, mais également d’une infinie beauté.

Car ces femmes sont belles. Peut-être parce que je prends chaque jour conscience de plus en plus qu’un jour ce sera moi, cette vieille dame un peu (beaucoup?) chialeuse, fragile mais indépendante, consternée de devoir dépendre d’autrui de plus en plus, ces femmes m’émeuvent et me touchent. Ces femmes, ça pourrait aussi être ma mère, chez qui j’ai senti pour la première fois une fragilité à son dernier séjour ici. Elle est en santé physiquement et mentalement, mais l’âge est là.

Cette maladie me fait peur. Moi qui me suis frottée contre la mort annoncée de gens qui m’étaient précieux, et qui connaît la douleur que fait naître un diagnostique de cancer chez celui qui le reçoit et chez ses proches, je me demande comment on réagit quand on nous annonce que c’est votre lucidité qui s’en va, petit à petit. Je ne sais pas comment je réagirais si ma mère ou Mammouth en étaient atteints. Voir un être qu’on s’aime partir à petit feu, être physiquement là mais ne pas vous reconnaître, ça doit être terrible. Les voir mourir sans être mort, ça doit être insupportable. Une copine à moi a vécu cela. Elle a un peu partagé avec moi son sentiment d’impuissance et son sentiment de culpabilité au décès de sa mère, soulagée qu’elle était que ce cauchemar soit terminé.

Je ne sais pas non plus comment je réagirais si je me savais atteinte. Savoir que dans quelques mois, quelques années, je ne pourrais plus reconnaître merveilleuse merveille, ni Mammouth, ni ma famille, ni mes amis? La vie, ou l’amour de la vie, est-elle plus forte que le désespoir? Se laisse-t-on glisser dans l’oubli par résignation? Ou alors, comme Claude Jutras, choisit-on de quitter avant d’être quitté par sa lucidité?

À chaque fois qu’un numéro de téléphone m’échappe, que le nom de quelqu’un que je rencontre ne me vient pas spontanément aux lèvres ou que je cherche mes clés, j’angoisse. En même temps, que puis-je y faire? Que sera sera, chantait Doris Day… Que sera sera.

14 janvier 2008

Assumons notre kitchitude!

Filed under: Potins — Marie-Jose @ 23:49

J’ai toujours aimé la télé. Que ce soit pour m’informer, de divertir, m’endormir, je suis une fille d’images, alors que Mammouth est un homme de radio. En vieillissant, j’ai appris à apprécier les reportages radio et j’ai mes idoles, comme René Homier-Roy, mais si je devais demain faire un choix définitif entre les deux, je choisirais sans hésiter la télé.

J’ai des souvenirs puissants du cinéma Kraft et de recettes de n’importe quoi au Cheez Weez à la pause publicitaire. Je me rappelle de films épeurants vus à la télé, et pas nécessairement la série des Freddy – voir In cold blood à 12 ans, c’est très impressionnant! Les images percutantes des tours jumelles s’effondrant, l’horreur sur le visage des survivants d’Oklahoma City, tout ça est à jamais impregné dans ma mémoire télévisuelle.

Et des émissions marquantes: évidemment, mes émissions d’enfant que Merveille découvre maintenant avec joie (la chanson thème de la Ribouldingue a remplacé le fais dodo du soir, c’est tout dire!), Rue des Pignons que j’écoutais parfois en cachette, et beaucoup plus tard L’héritage et Bouscotte qui sont devenus des classiques pour moi pour la beauté des textes.Vous dire mon bonheur quand nous avons eu le cable: mon univers s’est élargi! À moi les émissions américaines, les séries sur les hopitaux (je pourrais vous réciter des scènes entières de E.R., mais surtout de Chicago Hope), 60 minutes, Dateline, 20-20 avec Barbara Walters et ses spéciaux pré-Oscars, etc. Mon horaire universitaire s’est construit autour de « All my Children », et encore aujourd’hui, quand je suis en congé, je ne peux m’empêcher de m’intéresser au destin d’Érika Caine.

Et puis, j’ai découvert la télé française, et ma fascination a monté d’un cran. Maïté est vite devenue mon idole. Son émission « La cuisine des mousquetaires » est devenu un incontournable et gare à qui aurait osé me parler pendant que mon idole mangeait – les os compris – ses poussins aux raisins! Et un show de chaises français, vous avouerez que ça a autrement plus de panache qu’Occupation Double. Vous souvenez-vous de « Frou frou » avec Christine Bravo? J’ai ri, j’ai pleuré et j’ai écouté religieusement.

Sont également apparus les canaux de nouvelles continues: d’abord CNN, RDI puis LCN. Je suis littéralement devenue accro. Je raconte à la blague que le premier mot de merveille a été Bagdad, parce que je l’ai longtemps allaité en écoutant les nouvelles et qu’il n’était question que de la guerre en Irak à l’époque…

Depuis la venue d’Illico, j’ai investi avec sérieux dans ma relation avec Health Channel (pour une hypocondriaque, c’est dangeureux, mais j’assume!), et j’ai de nouvelles idoles: les anglaises délicieuses et délirantes de « How clean is your house« . Je rêve que Kim et Aggie viennent récurer ma toilette, c’est tout dire!

Mais ce soir, je sors du placard et j’assume mon côté kitch: j’aime le canal 95 (Prise 2) parce que je peux y revoir L’Or du temps! Même que Mammouth commence sérieusement à se questionner sur ma vraie personnalité… Docteur, ça se soigne, vous croyez?

12 janvier 2008

Des services de santé à notre image

Filed under: tranches de vie — Marie-Jose @ 21:39

Curieux, les résultats du sondage qui démontrent que grosso modo, les gens sont satisfaits du système de santé, alors qu’il me semble que tout le monde chiâle… 93%, ça me semble significatif, surtout qu’un peu plus de 38,0000 personnes ont participé à ce sondage.

J’ai de la chance, je suis rarement malade. Même chose pour merveilleuse merveille, qui n’a jamais vraiment été malade, si on exclu les rhumes et autres microbes rapportés de la gardo. Même chose pour Mammouth. Et à chaque fois que j’ai eu à utiliser les services de santé, j’ai été plus que satisfaite de la compétence et du désir véritable d’aider. J’ai même une chance de cocue: en déménageant ici, on m’avait dit qu’il était, comme partout ailleurs, impossible de trouver un médecin de famille. Or, 3 mois après, sur la recommandation d’une collègue de travail, j’ai trouvé la perle rare, un médecin qui cédule ses rendez-vous aux demies-heures pour prendre le temps de jaser avec ses patients, chez qui on attend que très rarement, et dont la secrétaire s’excuse (!) de ne pouvoir vous donner de rendez-vous avant… 2 semaines! Une perle, je vous dis!

Bon, je ne dis pas que tout est parfait et que le système n’a pas besoin d’être huilé. Et j’avoues que les dernières 24 heures ont falli me faire basculer dans le camp des chiâleuses. Rien de grave, je suis capable de m’auto-diagnostiquer (croyez-moi, il suffit d’en avoir fait une pour que les symptômes d’une infection urinaire restent à jamais gravés dans votre mémoire corporelle!). Je peux donc m’auto-diagnostiquer, mais je ne peux pas me prescrire les antibio nécessaires (le jus de canneberges, même bio à 6,99$ le litre ne réussit pas à enrayer la bactérie à tout coup!). Hier, en revenant du boulot, je pars donc à la recherche d’une clinique sans rendez-vous, mon médecin, si génial soit-il, ne faisant pas de bureau le vendredi soir. Comme je ne suis pas une utilisatrice fréquente des cliniques sans rendez-vous, j’ignorais qu’il faut deviner 3 semaines à l’avance que vous serez malade précisément à 18h45 le vendredi pour avoir droit à une consultation médicale. La pharmacienne, chez qui j’ai cherché conseil, a pris la peine de communiquer avec le CLSC, pour me trouver une clinique qui, à 19h00 un vendredi soir, prenait encore des « clients ». On m’indique une clinique, à 20 minutes d’ici. J’y fonce, pour me faire dire bêtement que le CLSC était dans les patates et qu’il n’y a pas de place. « Et si ça fait trop mal, allez à l’urgence! ».

Je ne suis pas un cas d’urgence. Une infection urinaire c’est douloureux, mais à ce stade (pas de fièvre, pas de coups de poignard dans le dos), ce n’est pas une urgence. Alors pourquoi j’irais encombrer – et attendre – une salle d’urgence? Pas grave, que je me dis, j’irai demain.

Je me pointe donc ce matin, vers 10h30, à la clinique près de chez-moi. Pour me faire répondre encore plus bêtement qu’hier que « je devrais savoir qu’il faut venir prendre un numéro à 7h30 le matin pour avoir un rendez-vous à la clinique sans rendez-vous et qui si ça fait mal, allez à l’urgence, ma p’tite dame »…. Grrrrrr…

Finalement, grâce à info-santé, j’ai trouvé un CLSC qui prenait encore des patients. Et après 3 heures d’attente, j’ai vu un médecin qui en deux coups de crayon, a prescrit l’antibio convoité. Moralité: le système fonctionne. Ce sont les gens qui y travaillent qui, parfois, auraient intérêt à être un peu plus humains…  En même temps, je comprends que les pauvres réceptionnistes doivent en voir de toutes les couleurs, et qu’un « patient » impatient et grossier, ça doit pas vous donner le goût d’être gentille avec le reste de la population qui se pointe après. Mais pourquoi référer systématiquement les gens à l’urgence?

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Changement de propos: j’ai terminé ma première semaine de DGère, comme dit Mario. A vous tous et toutes, merci pour le vote de confiance! Je ne sais pas si je ferais ça à l’année longue, et pour la première fois depuis des lunes, je suis revenue avec une mallette pleine de lecture et de projets à analyser.  Y’a des choses qui semblent se dessiner, mais je vais me garder une petite gêne avant de vous en parler, question de ne pas « jinxer » le tout. Mais je suis définitivement revenue dans mon élément, et j’adore ça!

Et puis, des amis à nous ont reçu une merveilleuse nouvelle, qu’ils nous ont fait l’honneur de partager avec nous… Yup, 2008 sera une merveilleuse année!

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9 janvier 2008

Impressionnée

Filed under: tranches de vie — Marie-Jose @ 00:11

Vous me connaissez, je ne parle jamais politique. Ou si peu. Et encore moins de politique étrangère, à laquelle je ne comprends pas grand chose, du reste. Ou si peu.

Mais là, je suis complètement impressionnée. Toutàfaitement impressionnée. Moi, le culot, à ce point, ça m’impressionne. Surtout quand il est porté par un homme de petite taille, chez qui on aurait tendance à diagnostiquer le syndrôme du chihuahua *savez, l’affaire qui porte les hommes à hurler pour se faire une place dans un monde de grands…, aussi connu sous le nom du syndrôme de Napoléon*.

« Avec Carla, nous avons décidé de ne pas mentir », a-t-il dit. Impliquant du même coup que tous les présidents avant lui l’ont fait délibéremment.

Cré Sarko. Faudra m’expliquer.

Impressionnée, je le suis aussi par moi-même. Depuis quelques jours, je remplace un DG. Je me suis glissée dans le rôle comme si j’avais fait ça toute ma vie, et honnêtement, je me sens revivre. J’aime quand ça bouge, quand il faut analyser rapidement, décider au meilleur de sa connaissance et assumer la décision. Ça ne durera pas éternellement, mais c’est suffisant pour me remettre bien en selle. Je suis épuisée, mais dans ma tête, y’a un grand vent de renouveau qui s’est levé et qui n’est pas prêt de s’éteindre.

Watch out, I’m back.

5 janvier 2008

Toutes choses étant égales par ailleurs

Filed under: tranches de vie — Marie-Jose @ 17:05

Merveilleuse merveille, en compagnie d’une petite copine, arrive en courant dans le salon. Confortablement installée sur mon moelleux divan de cuir, munie de mon cadeau de Noël (un mignon portable, gracieuseté de Mammouth!), je les écoute d’une oreille tout en poursuivant ma lecture de mes blogues favoris.

« Viens voir, copine, je vais te montrer des CD de l’ancien temps » dit merveille, en se dirigeant vers le meuble audio. « Regarde, c’est vraiment des CD de l’ancien temps! » qu’elle proclame, en brandissant un 45 tours de Michel Pagliaro. « Et regarde, y’a des plus gros CD », réplique la copine en lui montrant la pile de 33 tours qui accumulent la poussière.

Une seule réplique. Des CD de l’ancien temps. Me voilà vieille…ou technologiquement dépassée. Prochaine étape, elle me demandera si mon premier animal domestique étant un dinosaure…

4 janvier 2008

Petites réflexions du premier vendredi

Filed under: tranches de vie — Marie-Jose @ 15:33

Vous me connaissez, je ne parle jamais de politique. Ou si peu. Et jamais sérieusement. Ou si peu. Et aujourd’hui ne fera pas exception à la règle. Ou si peu.

En écoutant les nouvelles hier, au sujet des caucus de l’Iowa, deux pensées me sont venus à l’esprit: Obama est un « assassinat en attente d’arriver » et les américains, malgré leurs beaux discours, ne sont pas encore prêts pour une femme présidente, fusse-t-elle aussi douée qu’Hilary Clinton.

Avant que vous montiez sur vos grands chevaux, non je ne suis pas raciste. Mais je ne peux m’empêcher de penser que quelque part, au fond d’un état du Sud, y’a un illuminé qui doit se dire qu’un président noir – en fait mulâtre- ça ne se peut pas. Déjà qu’on le compare à John F. Kennedy pour la fraîcheur de ses idées et sa volonté d’être le candidat de « l’Amérique réconciliée avec elle-même », c’est comme de mettre en place tous les éléments pour un « remake » de Dallas – et je ne parle de pas de J.R. Ewing!. Loin de moi l’idée de vouloir qu’il lui arrive quelque chose, mais j’ai un drôle de feeling. L’ennemi, ce ne sont pas les méchants talibans. L’ennemi, il est souvent à l’intérieur.

Et puis qu’Hilary finisse 3e, ça me dépasse. Ou plutôt non. La majorité des déléguées des caucus en Iowa sont des femmes, alors ça ne devrait pas me surprendre: là encore, l’ennemi est à l’intérieur. Les femmes sont beaucoup plus dures envers elles-mêmes. Pis non, tirez-moi pas de roches! La so-so-so lidarité féminine, en politique, c’est le dernier tabou. La politique, c’est encore un terreau fertile pour le mâle dominant et les poulettes qui cherchent à s’attirer ses faveurs…

Et puis, voulez-vous bien me dire ce que Scotland Yard pourra découvrir de plus dans l’assassinat de madame Bhutto que l’on ait déjà vu à la télé mille fois? Non, faites plutôt venir Miss Marple. Ou alors déclarez tout de suite que le coupable est le colonel Moutarde, avec le wrench dans la bibliothèque… Je sais, trop de tourtières ramolli le cerveau… ‘scusez-la!

 

2 janvier 2008

214 commentaires plus tard

Filed under: tranches de vie — Marie-Jose @ 22:49

Je ne comprends toujours pas. Et au fond, c’est pas tellement important que je comprenne. Je constate.

De kossé, vous dites-vous? De kossé qu’à cause, la dame? Des commentaires faisant suite au papier de Patrick Lagacé sur le dernier Bye Bye de RBO. Fasçinant. Année après année, peu importe qui fait le bye bye, on dirait qu’entre le 26 décembre et le 5 janvier, c’est devenu notre sport national. Avant, on se questionne: parleront-ils de? Oseront-ils rire de? Et si ils ne parlaient pas de? Après, on commente: c’était bon, c’était pas bon, tel sketch était pourri. Partout, sur toutes les tribunes: radio (même à la très sérieuse Première chaîne cet après-midi!), télé, journaux, internet, on commente à qui mieux mieux. Ce sera, après les traditionnels voeux de bonne année, le premier sujet de conversation avec les collègues: « pis, as-tu écouté? As-tu aimé ça? Ouais, moi aussi j’ai ben ri. Ouais, moi aussi j’aurais aimé ça qu’ils rient des cheveux du fils de Céééééééline. Ouais, moi non plus j’ai pas trouvé ça ben drôle le bout sur l’actualité internationale. Ouais, moi aussi je les ai trouvé niaiseux de… ».

Pour reprendre un thème à la mode, c’est presque devenu identitaire, comme débat. Il y a les « nous », ceux qui ont aimé ça, ceux qui se sont reconnus dans ce genre d’humour, ceux qui trouvent que c’était LA meilleure édition de tous les temps. Et les « eux-autres », qui n’ont pas aimé, qui n’ont pas apprécié ce type d’humour, ceux qui ont trouvé qu’en dépit de l’excellence des maquillages et autres effets techniques, le texte était parfois bien mince et le propos encore plus, ceux qui se souviennent avec nostalgie du Bye Bye ’70 avec l’incomparable Olivier Guimond en soldat.

Moi? J’ai préféré Jean-René.

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