Inévitablement, pour devenir mère, ça prend un géniteur. Ça fait partie de l’équation. Certaines d’entre nous sont chanceuses: le géniteur est aussi un père. Pas un « paparfait », un père. Avec ce que ça comprend de défauts, d’impatience, de couches plus ou moins bien attachées, de gestes tendres et d’amour.
Certaines d’entre nous sont doublement chanceuses: elles ont eu un père qui, toute sa vie, leur ont dit qu’elles étaient aimables, belles, que rien n’était impossible. Cet héritage peut parfois être lourd: c’est à l’aune de ce modèle qu’elles mesurent les hommes, qu’elles soupèsent leurs qualités paternelles. Sera-t-il un bon père? Saura-t-il trouver au fond de lui les trésors de patience pour consoler, comprendre, enseigner?
J’ai gagné le gros lot. J’ai eu un père extraordinaire qui m’a aimé d’un amour inconditionnel. Pas gnagna. Il était capable de voir mes défauts, mes failles. Mais il m’aimait quand même. Malgré. En dépit. Ou peut-être à cause. Et ma fille a un père extraordinaire. Impatient, parfois brusque, mais qui se ferait passer sur le corps pour ses enfants. Qui serait dangereux si quelqu’un s’avisait de faire du mal à ces enfants. Qui aujourd’hui, en ce jour de la fête des pères, a assez d’amour pour l’adoe qu’il la laisse quitter, en métro, pour aller passer la journée à la Ronde avec ses copines, manquant ainsi le souper familial. C’est lui aussi qui permet à notre tilou de vivre ses chagrins mais aussi ses joies, et qui partage l’écoute de vieux épisodes de RBO entre gars.
C’est lui, plus que moi, qui a donné à merveilleuse Merveille la permission de grandir. Qui l’a poussé vers la petite enfance, alors que je m’accrochais à mon bébé. C’est lui qui, depuis sa naissance, me permet de travailler au rythme qui est le mien, parce qu’il est devenu la maman à la maison. C’est lui qui gère la gardo, le service de garde. Bon, avant d’en faire un saint, tuons tout de suite le mythe: le ménage, c’est pas sa tasse de thé. L’agencement des couleurs non plus. So what? J’ai appris, à ces côtés, à distinguer un peu l’essentiel du superflu.
Je lui dit souvent que je l’aime. Aujourd’hui, à travers le papa, c’est le Mammouth que je salue. Mon mammouth.
Une dernière chose: pas besoin d’être un paparfait. Je connais des zillions de gars qui se reprochent de ne pas avoir été à la hauteur de leur progéniture. Qui se reprochent leur absence, leurs impatiences, leurs cris parfois. On vous en a beaucoup demandé, les boys. On vous voulait rose, mauve, jaune. On a pas bien saisi que la paternité, c’est pas une version « soft » de la maternité. La paternité, c’est un rapport autre avec les enfants. Et un enfant, ça pardonne beaucoup, en autant que ça vous sente sincère. Dire pardon, c’est difficile. Pour nous comme pour vous, les boys.
Aujourd’hui y’a plein de beaux textes sur la paternité. Demain, faudra continuer à penser que vous faites une job importante. La plus importante: vous aidez un enfant à devenir un adulte. C’est pas rien.
Quelle belle famille pleine d’amour et de tolérance…!
Et qui plus est, avec de la reconnaissance. Ca donne envie de suivre le même chemin 🙂
J’ai squatté les mots, l’intention, la tendresse, jusqu’à prendre une petite part pour emporter… parce qu’elle était nécessaire ce matin, jusqu’au besoin. Merci.
@EX: c’est beaucoup à vous que j’ai pensé en écrivant ce texte. Faut savoir se pardonner, d’abord à soi. Et même si la paternité, tout comme la maternité, a ses limites, elles sont d’abord celles que l’on s’impose à soi-même. Bisous pour la p’tite poche d’en arrière!
Ah que j’aime : On a pas bien saisi que la paternité, c’est pas une version “soft” de la maternité. La paternité, c’est un rapport autre avec les enfants.
Juste pour ça, merci!
Quelle belle équipe. Aimer, c’est aider à rendre mieux. On dirait bien que vous y êtes passé maîtres.
Vraiment, tes mots sont superbes.
je vais envoyer ton texte à mon homme, le papa de mon mini-minou et d’une belle grande de 9 ans.
Ah ! moi aussi j’aime tes mots sur la paternité ! Ça fait du bien d’entendre des choses positives sur les pères et leurs enfants ! Y a pas juste mon chum qui est une présence positive pour ses enfants, et on en parle tellement peu. Mais ici, c’est bien l’endroit où l’on souligne ce qui est, des fois, moins « mainstream » (excuse-moi le mot anglais). Et z’êtes tellement sages ! Je l’ai déjà dit, ça fait du bien.