Les chroniques du patio Là où fleurent bon la résine de synthèse et le p'tit rosé estival

30 mars 2007

La poule épuisée

Filed under: tranches de vie — Marie-Jose @ 10:19

Mon « ami gay », collègue de bureau apprécié pour son humour, son humanité et son indéfectible support, m’a fait mourir de rire hier: jeune, il a travaillé à Statistiques Canada et a découvert avec délice l’expression « poule épuisée », qui qualifie les poules pondeuses mises au rancart et qui finissent leur carrière dans votre bol de soupe poulet et nouilles.

Je me sens un peu comme ça, ce matin. Une poule épuisée. Fin de l’année financière oblige, nous avons été en réunion de 10h30 à 23h00 hier soir, et nous recommençons ce matin. La semaine a été longue: un aller-retour dans la capitale nationale, de longues journées au bureau. Je n’ai vu Mammouth et ma merveilleuse merveille que quelques minutes chaque matin. Je m’ennuies d’eux, je m’ennuie de ma petite routine. Il fait gris sur Mourial, et j’avais l’humeur un peu chagrine en venant travailler.

Puis, dans le métro, sans raison, un beau jeune homme m’a fait un sourire d’enfer. Il n’a pas cruisé la vieille madame, non. Il m’a juste fait un magnifique sourire. Il m’a rappelé qu’on peut choisir d’être morose, mais qu’on peut aussi choisir de s’accrocher un sourire et d’être agréable.

J’ai 45 ans aujourd’hui. En regardant derrière, je vois mes cicatrices, mes rides, traces que la vie m’a laissée. En regardant devant, je vois ma fille, mon chum, mes amis. Ma vie. Oui, ce matin je me sens comme une poule épuisée, mais r’gardez-moi ben aller, comme dit l’autre, après une bonne nuit de sommeil, je redeviendrai une p’tite poulette du printemps!

24 mars 2007

Tralalalalère!

Filed under: Coups de coeurs,tranches de vie — Marie-Jose @ 17:24

Tout d’abord, merci pour vos mots d’encouragements. Oui, la semaine a été dure. Veux, veux pas, ça prend de la place, ces p’tites bêtes là dans une maison… Pas de petits pas précipités le matin, pas de « oups, maman, c’est le matin, lèèèèèèèèèèèèèèève-toi« , pas de « un dernier bizou, maman, juste un dernier« …

Tant qu’on travaille, c’est quand même pas si pire. Ça m’a permis de m’avancer dans mes trucs, sans la pression de ne pas manquer le dernier train. Et puis, y’a un certain plaisir à redevenir juste une blonde, pas une blonde/maman. Un vrai repas dans un resto de grandes personnes, avec des chandelles et du vin, c’est pas rien. Surtout quand on a pas à calculer en plus le prix de la gardienne…:-)

Mais aujourd’hui, je tourne en rond. Même ma thérapie par la balayeuse n’a pas donné grand chose. C’est vide. Vide, vide, vide. Bon, y’a les grands, mais ils sont tellement tranquilles que c’est presque comme si j’étais toute seule. Elle me manque, ma petite tornade blonde.

Demain, je prends la route et je m’en vais la récupérer à Québec. Je me sens presqu’aussi excitée qu’à la veille de sa naissance, sauf que maintenant, je sais. Alors gênez-vous pas: la prochaine fois que je me plaindrai de ma condition de maman d’une tornade, si merveilleuse soit-elle, ramenez-moi ici, à ce message, que je me rappelle comment ma vie sans elle est plate.

Je sais que les comparaisons sont toujours boîteuses, et loin de moi l’idée de m’approprier la douleur des autres. Mais le matin ou je me suis levée seule, sans Mammouth et sans ma merveilleuse merveille, j’ai eu une pensée pour toutes les mamans qui perdent un enfant. Je sais qu’on y survit, mais cela doit demander une énergie et un courage que je n’ose imaginer. Je pense aussi à tous ces parents qui vivent la maladie d’un enfant. Ca doit être la mocheté de la météo, doublée d’une campagne électorale qui a fait son temps, qui me rend aussi tristounette.

Au fond, j’ai juste envie de dire… Tralalalalère! Je récupère ma fille demain, tralalalalère!

Et d’ici là, on se fait une soirée cinoche/popcorn en famille! On écoutera « la blonde de mon père »…

19 mars 2007

Le grand vide

Filed under: tranches de vie — Marie-Jose @ 22:23

Demain matin, levé tôt. Direction Berri-Uqam, pour l’autobus de 9h00, en route pour le Saguenay. Non, ce n’est pas moi qui part, mais Mammouth et ma merveilleuse merveille. Mammouth pour un séjour de 24 heures et merveilleuse merveille pour quelques jours, en visite qu’elle sera chez sa grand-mère, qui a promis de lui acheter « tout ce que je voudra, maman » « Voudrai, chérie, tout ce que je voudrai » soupirai-je. « C’est pas ce qu’elle a dit, grand-maman, réplique merveille. « Elle a dit je t’achète tout ce que tu voudras, qu’elle a dit grand-maman »… resoupir de ma part. On tentera d’expliquer les règles de conjugaison une autre fois.

N’empêche. Depuis sa naissance, c’est la première fois que je serai seule, sans mammouth, sans merveilleuse merveille. Que moi et la chienne. Je devrais me réjouir, non? Pas de panique pour rentrer du bureau demain, souper tard ou pas de souper, ou livraison, ou tiens, souper en ville, dodo dans mon grand lit. Je devrais me réjouir, moi qui suis fatiguée. Une petite vacance de maternité, doublé de quelques jours en couple.  Alors pourquoi j’ai juste envie de brailler? Demain, quand elle me fera bye bye, toute excitée à l’idée de voyager avec son papa d’amour pour aller voir grand-maman, Olivier, parrain et Violette la chatte-qui-lèche-les-mains, j’essayerai d’être brave. Déjà qu’elle m’a demandé si j’allais trop m’ennuyer… J’ai répondu que je m’ennuierais juste assez. J’ai menti.

17 mars 2007

Un lancement réussi

Filed under: Coups de coeurs — Marie-Jose @ 09:34

Bien sûr que j’y étais! Comme la moitié de la blogosphère. Avec Mammouth et ma merveilleuse merveille, nous avons bravé le froid et le traffic montréalais pour assister au lancement officiel de Mère Indigne, Un taxi la nuit, et Lucie le chien.

Un franc succès. Du bien beau monde, 3 écrivains talentueux, de la bière en masse et des chips. Et oui, n’écoutant que ma propre indignité, je me suis dit qu’on était jamais trop jeune pour apprendre à fréquenter les 5 à 7, et que merveille devait apprendre, dans ce monde cruel, à jouer du coude pour avoir sa part de chips et de pretzels.

Au risque d’avoir l’air de faire de la pub pour des gens que j’aime, et si vous n’aviez que 3 livres à acheter cette année, je vous les conseille fortement. D’ailleurs, j’ai l’intention d’offrir celui de Mère indigne à toutes mes copines enceintes, parce qu’il n’y a rien de mieux pour démystifier la maternité. Et dieu sait si, entre « Mieux vivre avec votre enfant », « L’alimentation de votre enfant », votre pédiatre-tortionnaire préféré, sans parler de votre mère culpabilisante et de votre belle-mère qui vous répète que dans son temps c’était pas de même, rigoler tout en apprenant que parfois, le gros bon sens, c’est de foutre toutes vos références à la poubelle et de vous écouter ne peut qu’être bénéfique.

Quant à Pierre-Léon, son écriture me chavire à chaque fois. A chacune de ses histoires, j’y suis, dans son taxi. Assise à côté de ses personnages, attachants ou détestables. Grâce à ses magnifiques photos, j’ai appris à découvrir un Montréal de nuit que je ne soupçonnais pas. L’écrivain est génial et l’homme derrière le volant est particulièrement attachant. Fallait le voir, hier, un peu gêné je crois de toute cette attention qu’on lui portait. PL, ne doute jamais de ton talent!

Je n’ai malheureusement pas eu la chance de rencontrer l’auteure de Lucie le chien, mais j’ai lu son bouquin ce matin, en rigolant. Et puis je me suis mise à regarder ma grosse chienne d’un autre oeil. Et si elle pouvait parler, que raconterait-elle sur nous? Hum… pas sûre que je veuille m’aventurer sur ce terrain…

Bref, 3 petits bouquins qui ont l’avantage d’avoir un format « user-friendly » pour les usagers du transport en commun et qui vous promettent des heures de plaisir et d’émotion.
MJ critique littéraire (c’est ok de poster le chèque juste lundi, MI!)

12 mars 2007

Journée de filles

Filed under: tranches de vie — Marie-Jose @ 17:40

Je sais, la semaine de relâche c’était la semaine dernière. Mais moi, c’est cette semaine que je me pousse 3 jours du bureau. Et j’ai commencé mon petit congé en décrétant une « journée de filles » avec la plus vieille, qui était en pédago (un jour, faudra m’expliquer pourquoi le retour de la semaine de relâche commence avec une journée pédagogique!) et ma merveilleuse merveille, qui a « foxé » la gardo. Yup! Rien de moins.

Et ça fait quoi, des filles? Ca magasine, ça bouffe, ça va au cinoche. Ça papote, ça rigole, ça se moque gentiment de papa *on lui dit pas, hein! Ca reste entre vous et moi, ok?* 

Assises toutes les trois sur un banc, en ce bel après-midi ensoleillé, mangeant une chocolatine le nez au vent, je regardais mes filles. Dieu qu’elles sont belles. Elles sont toutes les deux sur le point de basculer dans un autre univers: l’une, pré-adolescente, commencera le secondaire en septembre, l’autre entrera d’un pas décidé à la maternelle. Toutes les deux, complices malgré la différence d’âge. Bien sûr, elles auront des chicanes. Bien sûr, la plus vieille trouvera la plus jeune tannante quand viendra le temps d’amener le premier « vrai » chum à la maison. Bien sûr, la petite ne comprendra pas pourquoi la plus vieille n’a plus envie de jouer à la poupée. Et pourtant, elles seront toujours soeurs. Je leur souhaite de conserver cette complicité qui fait qu’elles ont le même rire haut et fort, le même humour un peu tordu, et la même larme au même endroit du film. J’aurais aimé avoir une soeur, alors peut-être que je me projette un peu dans ce désir. Mais il me semble qu’équipée d’une complice, on a parfois moins peur.

Quant à moi, c’est une occasion de plus de dire merci à la vie qui me permet de savourer ces petits bonheurs tout simples mais si précieux.

8 mars 2007

Remercier la gardienne

Filed under: Coups de coeurs — Marie-Jose @ 22:37

Une réflexion profonde et vachement intéressante en cette journée de la femme, un texte de Marie-Claude Lortie dans La Presse.

En gros, madame Lortie se demande pourquoi on ne remercie jamais la gardienne, ni aux Oscars, ni dans les nombreux galas qui récompensent les femmes entrepreneurs et les femmes d’affaires, et j’ajouterais même quand les politiciennes font leur discours d’adieu. Et c’est pourtant vrai: si de nos jours des femmes peuvent se hisser jusqu’aux plus hauts échelons du pouvoir, qu’il soit politique ou économique, ou même seulement avoir une carrière intéressante et valorisante, c’est que des milliers d’autres femmes prennent soin de ce qui nous est le plus précieux, notre progéniture. Elle conclue, et je la cite librement, que si derrière chaque grand homme il y a une femme, derrière chaque grande femme il y a une gardienne.

Je dois être une des rares privilégiées qui n’a pas à remercier sa gardienne, ou alors si peu. J’ai la chance d’avoir un mammouth qui a pris le relais, me permettant ainsi de poursuivre ma carrière. Chez-nous, papa c’est maman. Ou est-ce l’inverse? Peu importe!

Est-ce le modèle parfait? Non. Pas toujours. Je suis consciente qu’il a sacrifié bien des choses pour cela, et j’imagine que d’être travailleur autonome/papa à la maison n’est pas toujours ce qu’il aurait souhaité. Mais il le fait de manière admirable, et je ne l’en aime que plus. C’est un choix que nous avons fait, et que nous assumons bien imparfaitement, mais que nous assumons tout de même. Nous ne sommes qu’un autre modèle de couple et de famille, et je crois que c’est de cette multiplication des modèles que naîtra une société plus égalitaire entre les hommes et les femmes.

6 mars 2007

L’attente (suite et fin)

Filed under: tranches de vie — Marie-Jose @ 23:29

Finalement, la réponse est arrivée plus vite que prévu. Notre merveilleuse merveille n’a pas été retenue, mais se classe en bonne position sur la liste d’attente. Les chances sont minces, mais sait-on jamais?

Évidemment, y’a une pointe de déception. Pas qu’elle ne se soit pas classée, parce qu’être parmi les 100 premiers sur 711, c’est pas mal du tout, mais parce que j’aurais bien aimé qu’elle puisse avoir accès à ce programme. Mais en même temps, la savoir à une petite école tout près ou tout le reste, y compris les déplacements, sera plus facile à gérer, ce n’est pas dramatique. Et puis, elle y sera avec sa grande amie. C’est pas rien, les amitiés d’enfance. Ça s’entretient et ça se protège.

Merci pour vos commentaires sur le premier message à ce sujet. C’est vrai que l’éducation familiale fait pour beaucoup dans la réussite scolaire. Peut-être parce que je proviens d’une famille baignant dans le système scolaire (une mère enseignante et un père professeur devenu gestionnaire), mais pour moi, l’éducation est le fondement de tout. Toute ma jeunesse  les livres ont occupé une place importante, et c’est ce que nous reproduisons ici avec les enfants. La valorisation de la réussite scolaire, la vraie, pas celle des « compétences transversales », pour moi, c’est vitale. Pas d’avoir les meilleures notes, pas d’être premier de classe, mais d’avoir du plaisir à apprendre et une curiosité qui amène toujours plus loin. Je me souhaite que ma fille aime l’école, qu’elle y trouve une source de satisfaction et de valorisation personnelle.

Mais je prends bien garde de penser que l’école « éduquera » ma fille. La transmission des valeurs fondamentales comme le respect et la tolérance, c’est d’abord à la maison que ça se passe. Si vous l’avez manqué, je vous souhaite de mettre la main sur la série d’articles parus dans le Devoir sur les parents-rois, ceux qui croient que tout est de la faute du système et que leur enfant n’a aucune responsabilité dans rien. Des parents qui littéralement « terrorisent » les enseignants, qui pour faire augmenter une note, qui pour faire enlever une conséquence, qui pour le plaisir de montrer « c’est qui le boss »…  Les parents-rois sont les enfants-rois d’hier, c’est pas rassurant pour la future génération ça…

3 mars 2007

J’hais l’hiver

Filed under: tranches de vie — Marie-Jose @ 16:48

… maudit hiver, chantait Dominique Michel. J’haguis l’hiver, comme elle disait, avec un beau gros « G » bien gras.

Mais comment rester insensible devant la beauté de toute cette neige blanche qui fait pencher les grands pins sur mon terrain? Comment rester insensible aux joues rouges de ma merveilleuse merveille qui entre de dehors après avoir joué avec sa petite copine à la noirceur? Comment ne pas avoir envie d’aller prendre une grande marche avec la chienne, pour respirer cet air à la fois froid et doux?

Et puis, elle finira bien par partir, cette neige, non? Non? Nonnnnnnnnnnn?

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