Ici, il y a toujours une radio ouverte, et souvent également la télé. Depuis sa naissance, Merveilleuse merveille a donc baigné dans un univers d’informations et nous avons toujours répondu à ses questions.
Quand Cédrika Provencher a disparu, nous lui avons expliquer du mieux que nous pouvions ce qui arrivait. Pas facile, à 4 ans, de comprendre que c’est dangereux de suivre quelqu’un qui veut qu’on l’aide à retrouver son chien. Pas facile de comprendre la notion de « toujours/jamais ». Mais j’ai pris le pari de lui dire la vérité, dans des mots qu’elle peut comprendre, en espérant atteindre le délicat équilibre entre la prudence et la peur de tout et de tous.
Après Noêl, le drame de Saguenay a occupé une large place dans l’actualité. Mais prise dans le tourbillon des fêtes, Merveille n’a pas vraiment porté attention. Elle a lu une manchette dans la Presse, mais le seul lien qu’elle a fait, c’est que ça se passait chez grand-maman.
Depuis hier, elle pose des questions sur les enfants de Piedmont. « Pourquoi un papa peut cesser d’aimer ses enfants, au point de les tuer? » Pour Merveille, il faut nécessairement qu’on cesse d’aimer pour tuer. « Et pourquoi la maman ne les a pas protégés? Parce qu’une maman, c’est sensé protéger ses enfants, non? »
Elle a aussi compris que David s’est poussé parce qu’il n’était pas aimé assez de ses amis de l’école. Et que personne, personne ne l’a aidé.
Dur d’avoir 6 ans et d’essayer de comprendre le monde dans toute son horreur. Dur d’expliquer l’inexplicable.
Dur de réaliser que parfois, l’amour n’est pas suffisant.