La publicité influence-t-elle vos enfants?

Ceux et celles d’entre vous qui ont plus de 20 ans (je vous parle d’un temps, que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître… *air connu*) se souviendront peut-être d’une pub sociétale qui nous interpellait sur la publicité et nos enfants. Un peu avant d’interdire, si ma mémoire est bonne, toute publicité de jouets pendant les émissions destinées aux touts-petits.

Sans en faire une religion, l’écoute de la télévision est assez réglementée à la maison. Merveilleuse merveille ne passe pas des heures chaque jour devant le petit écran, et écoute principalement deux canaux que j’adore: Tree house channel (pour les abonnés d’illico, c’est une chaîne spécialisée en émissions pour enfants de moins de 7 ans), et Télé-Québec.

Je la pensais donc relativement à l’abri de l’influence de la pub. Erreur!

Depuis presque sa naissance, la lecture fait partie du rituel du dodo. Quelle joie de découvrir de nouveaux livres, mais quelle joie également quand le nouveau Pomme d’api arrive et que merveilleuse merveille retrouve la famille Choupigon. Et depuis son entrée à la maternelle, un autre plaisir tiré de Pomme d’api s’est ajouté: les devinettes mettant en vedette un son. En toute humilité, je l’avoues, ma fille m’impressionne. Ou m’impressionnait, jusqu’à cette semaine.

Bien installée au chaud dans le grand lit, nous étions à décrouvrir le son du mois de décembre, le « j ». Comme dans « jeu », « jouets », « Juliette », etc. Vous voyez le genre.

A la devinette « Je suis une viande qui, insérée entre deux tranches de pain et accompagnée de moutarde, fait un sandwiche délicieux », Merveille bloque. Je l’encourage… « jjjjj ». Rien. « Jjjjjjjjj »… Toujours rien. « Jjjjaaaammmm » lui soufflais-je à l’oreille…

« JEAN COUTU », qu’elle me répond en hurlant.

Alors je repose ma question de départ: la publicité influence-t-elle nos enfants????

Vendredi saint

Non, je ne suis pas totalement mêlée dans mon calendrier, encore moins dans mon calendrier lithurgique! Alors on prend une grande respiration…

Tout le débat sur la place de la religion à l’école commence à me questionner sérieusement. Sur mes propres valeurs, sur mon rapport à la religion et sur ce que je veux transmettre à ma merveilleuse merveille.

Petite, comme tous les enfants de ma génération, j’ai connu la messe dominicale obligatoire et les cours de catéchèse, où monsieur le curé venait nous entretenir de nos péchés. J’ai un souvenir vivide de ces minutes à se torturer pour se trouver un « péché » à confesser: j’ai menti à ma mère? J’ai fait de la peine à ma grand-mère? J’ai manqué de charité avec une amie sur la cour d’école? Graves comme manquements, et sûrement condamnables par quelques « je vous salue Marie ». Je me souviens tout aussi profondément d’une remarque faite par l’abbé D. (mort depuis ce temps, il devait avoir au moins 210 ans quand j’en avais 7!), qui m’avait prédit, pour je ne sais plus trop quel péché inventé, que je finirais sur la route de l’enfer si je ne me repentais pas! De ce jour, j’ai décidé que la confession serait une affaire privée entre Dieu et moi, sans intermédiaire. Me repentir soit, mais m’humilier, jamais!

Mais j’ai toujours cru. En Dieu, Yahvé, Bouddha ou la Vie, peu importe. J’ai toujours cru qu’il y avait quelqu’un ou quelque chose de plus grand que moi, envers qui je pourrais au besoin me tourner pour supplier, implorer, marchander ou remercier. Bien sûr, je doute. Comment un être de Bonté peut-il permettre la mort, la torture, l’injustice? Et je crois toujours aux valeurs chrétiennes, ou peut-être universelles, que sont la tolérance, l’acceptation, l’ouverture à l’autre, le partage. Ont-elles toujours été transposées correctement dans la religion catholique? Probablement pas. Mais j’ai été élevée dans cette religion, alors c’est dans son eau (bénite) que baigne mes racines. Ce sont ces valeurs que je veux transmettre à ma fille. Dois-je les accoler à une religion?

Et puis, j’aime les rituels. Je sais, les églises riches des années 60 et les dogmes rigides en ont fait sacrer plus d’un. Mais j’aime encore l’odeur de l’encens, le faste des belles églises, les curés pas trop « moralisateurs » qui nous font réfléchir du haut de la chaire. J’aime que Noël soit la fête de la naissance du p’tit Jésus, et non pas seulement la fête du Père Nowel et de l’orgie de cadeaux. J’aime que Pâques soit la fête de la résurrection, pas seulement celle du Christ, mais celle de la nature également.

Je comprends le malaise créé par la lettre du cardinal Ouellet cette semaine. Tout comme on ne peut pas être enceinte à moitié, je vois mal comment on peut ainsi s’excuser à moitié. Je comprends que dans le débat sur les accommodements raisonnables, on en arrive à tout mélanger. Encore une fois, j’ai peur qu’on jette le bébé avec l’eau du bain (quel joli cliché, hein!). Quand je lis comme aujourd’hui qu’il faudra une dérogation pour tenir une messe de Noêl pour les enfants à l’école dès l’an prochain, je me questionne…

Je ne crois pas que la solution soit le retour à l’enseignement religieux dans les écoles. Mais ce qui me tarabuste (tiens, quel joli mot!), c’est qu’en voyant la déresponsabilisation de certains parents, je ne sais pas si la génération de mes enfants saura encore de quoi on parle quand on parle de valeurs. Je ne sais pas si le nouveau cours sur les religions transmettra ces valeurs, ou si ce sera uniquement informatif et historique. J’ai peur qu’à quelque part, on prive nos enfants de la partie « rituelle », « sacrée ».

Saint-Nintendo DS, priez pour nous!

Du courage, un peu de whisky et d’eau

Je suis bouche la bée, comme disait Michel Rivard, devant cette centenaire anglaise, qui a accepté de poser les seins nus pour une bonne oeuvre.

http://www.cyberpresse.ca/article/20071121/CPINSOLITE/71121080/-1/CPINSOLITE

Non seulement c’est un beau geste pour l’association sportive locale, mais c’est également un beau geste de femme, qui parle bien plus que tous les discours pour nous aider à nous « accepter le body ».

Tiens, je vais moi aussi lever mon verre… sans eau!

Les « profiteux »

Ça revient périodiquement. C’est dans l’air du temps. À bas les « profiteux » du système, ces maudits BS qui se pognent le moine à même vos taxes, mesdames et messieurs les contribuables! C’est le discours de la droite, contrecarré par le discours gaugauche anti-pauvreté-revenu-citoyen-garanti-à-vie. Entre les deux…

J’ai passé 6 ans à travailler pour ce qui s’appelait à l’époque le MMSRFP *ministère de la sécurité du revenu et de la formation professionnelle*. Six années à cotôyer la réalité de ces gens démunis. Y a-t-il des profiteurs? Oui. Nommez-moi un seul sytème qui n’engendre pas des profiteurs? Les profiteurs sont-ils l’immense majorité de la clientèle de l’aide sociale? Non. Loin de là. La réalité est tout autre, mais ça nous arrange, nous les « gras durs », de penser que tous ces gens abusent du système.

La réalité, c’est que plusieurs d’entre nous ne sommes qu’à un seul chèque de paye de la sécurité du revenu. Nous sommes de plus en plus endettés et tant que l’économie va bien, nous pouvons toujours espérer que « ça »dure. J’y étais, en 92, quand l’économie québécoise s’est mise à déraper. Par centaines, les gens venaient frapper à la porte de ce ministère. Pas des « pauvres », pas des « innocents », pas des profiteurs de système. Des gens comme vous et moi, s’arrachant le coeur à travailler à petits salaires, dans des jobs de misère. Quand on est 12 à postuler pour un emploi, l’employeur a l’embarras du choix. Et si on a pas gagné à cette loterie là…

Et puis c’est vrai que plusieurs « assistés sociaux » ont peu de formation. Sérieusement, quand on perd son emploi à 50 ans après avoir passé 30 ans dans une « shop » et qu’on possède une grosse deuxième année B, est-ce réaliste de forcer un retour aux études? Comprenons-nous bien, je ne dis pas qu’il faille baisser les bras et donner un chèque jusqu’à la pension du fédéral. Je dis juste que le discours réducteur de « retournons-les à l’école » est un peu simpliste.

L’autre donnée, c’est que les statistiques montrent que lorsqu’on a passé plus de 24 mois sur l’aide sociale, la réinsertion en emploi est plus difficile. Pas parce qu’on est devenu paresseux, mais parce que se chercher un emploi nécessite des sous: le déplacement, s’habiller correctement pour une entrevue, l’utilisation d’internet pour faire sa recherche… Quand on reçoit un gros « tchèque » de 500$/mois, ça ne doit pas être évident. C’est facile de parler d’aide à la réinsertion en emploi, mais concrètement, on articule ça comment?

Bref, dire qu’on retournera 25 000 assistés sociaux sur le marché du travail, ou alors qu’on coupera les prestations après 4 ans, à moins d’avoir de sévères contraintes à l’emploi, c’est un peu facile. La structure même du marché du travail n’est pas faite pour accueillir des gens qui ont été complètement déconnectés depuis des années. Et la réinsertion en société, c’est beaucoup plus que la réinsertion en emploi. C’est de redonner à des femmes monoparentales la confiance qu’elles peuvent non seulement nourrir leurs enfants tout le mois, mais qu’elles sont capables de concilier travail et famille. C’est donner aux travailleurs sans formation la confiance nécessaire à passer au travers 3 ou 4 années d’études, pour espérer un avenir meilleur. C’est changer une mentalité de débrouillardise, de combines, de p’tites affaires pour une mentalité de travailleurs d’usine ou de fonctionnaires.

Ce qui me désole du discours des jeunes adéquistes, c’est à la fois ce manque d’empathie pour la réalité des assistés sociaux et l’espèce d’inconscience que la prochaine cohorte qui sera frappée par la récession, ce sera eux qui la formeront. Nous, les « gras durs », les presque bébés-boomers, aurons enfin eu notre permanence et serons accrochés à nos jobs!

Je ne suis pas plus à l’aise avec le discours de Françoise David, remarquez. À force de trop vouloir aider, on finit par infantiliser. Et ne me startez pas sur le « faisons payer les riches! »…

Un blog, ça sert à quoi au juste?

Semaine chargée. Une journée de congé, une journée d’aller-retour entre le dentiste *merveilleuse merveille fait le mur des « zéro carie, maman! »*, l’école et une évaluation de rendement à compléter, et trois jours de colloque dans la mystérieuse mais magnifique ville de Québec.

Un souper avec une vieille et chère amie, dans le resto que nous fréquentions souvent assidûment du temps de notre jeunesse folle, des confidences et de la gérance d’estrade vitesse turbo-bitch: depuis la naissance de merveille, de telles occasions sont rares. Elles sont d’autant plus appréciées! Merci, Johanne!

Un colloque assez peu intéressant, finalement, sauf pour une conférence donnée par Chantal Hébert. Je l’avoues, je suis une fan de Chantal Hébert, une de nos meilleures journalistes, toutes catégories confondues, au Québec et au Canada. J’ai découvert une femme pleine d’humour, mais d’un humour un peu cynique, un peu caustique. Une femme sans complaisance, « what you see is what you get ».

Son propos racontait les changements drastiques qu’ont apporté les chaînes de nouvelles continues et Internet, qui font en sorte que l’information, la contre-information et la désinformation circulent de plus en plus vite, augmentant ainsi le risque d’erreur. L’affaire Dan Rather, aux États-Unis, en est une preuve éloquente.

En même temps, la nouvelle génération de consommateurs d’information ne s’abreuvent plus aux médias traditionnels que sont les médias écrits et électroniques. La génération des « digitals kids », tels que définis par Michel Cartier, René Barsalo et Mammouth, veut une info dans le « here and now ». Au détriment d’une information plus fouillée, validée et contre-validée. Ça explique la popularité des « journalistes/blogueurs », qui font dans le commentaire plus que dans l’analyse, confondant souvent les deux. Ils sont les nouvelles vedettes de l’information. Ça change grandement la pratique journalistique, de même que les outils. Ça change aussi grandement la façon de communiquer, particulièrement pour les politiciens et les partis politiques. Maintenant, un politicien qui dit une énormité la voit tourner mille, que dis-je des millions de fois grâce à Youtube entre autres. Depuis quelques élections, les partis politiques ont leurs propres blogs, avec plus ou moins de succès. Ont-ils une réelle influence sur la suite des choses? Ou est-ce plutôt les blogueurs qui, investissant les blogs politiques et autres forum publics, font une différence?

Alors pourquoi on blogue? Pour s’exprimer? Pour faire une différence? Sommes-nous en train de tout confondre, en mettant ainsi nos trippes sur la table et en partageant parfois des informations qui devraient demeurer du domaine privé? À force de vouloir faire dans la transparence, ne sommes-nous pas en train de devenir tout nus au grand vent?

Tiens, je vais aller faire mon KD – je sais, je revendique le droit d’être une mauvaise mère! Trop réfléchir, le dimanche matin, ce n’est pas bon pour mon neurone!

Vie mondaine

Ce que j’aime par dessus tout, ce sont ces journées de congé à l’extérieur du calendrier régulier. Comme aujourd’hui, pour le jour du Souvenir. Et dieu sait si personnellement, ce jour me rappelle des choses. Entre autres, c’est un matin comme ce matin que merveilleuse merveille a été conçue il y a 6 ans. N’ayez crainte, je vais me garder une petite gêne et je n’irai pas vous raconter les détails exacts, mais croyez-moi, je pouvais dire à mon doc non seulement quel jour, mais à quelle heure le bagage génétique de son père a croisé le mien et a changé ma vie à jamais. D’ailleurs, Martine a écrit une très inspirante réflexion sur la maternité ou son absence, qui a généré des commentaires tout aussi inspirants.

Bref, depuis 6 ans, le Jour du Souvenir a une connotation toute particulière dans la famille Mammouth. Et ce soir, pour souligner cela, nous ferons une sortie familiale. Mais pas n’importe laquelle: nous allons à un lancement de livre très attendu. Une vraie de vraie sortie mondaine. Une sortie mondaine qui va me replonger un peu dans mon ancienne vie, qui me semble maintenant à des années-lumière de mon quotidien. Pourtant, tout comme on peut sortir la fille du Saguenay sans sortir le Saguenay de la fille, je crois qu’on peut sortir de la poitique sans sortir la politique de soi. M’enfin…

Merveilleuse merveille, qui n’a pas encore 6 ans, en sera à son troisième lancement officiel: après celui des blogueurs Mère indigne, Un taxi la nuit et Lucie le chien, puis celui de Émilie C. Lévesque, elle fera connaissance ce soir avec une toute autre faune. On ne s’étonnera pas ensuite de son amour des livres, hein? Je sens que le Salon du livre de Montréal risque de nous coûter un bras, une jambe et une oreille.

L’industrie de la vieillesse

Texte touchant de Victor-Lévy Beaulieu, hier, dans La Presse. L’homme est un énergumène, mais il écrit comme peu savent le faire. J’ai réécouté avec bonheur les reprises de Bouscotte, et je suis une fan finie de L’Héritage. Ne serait-ce que pour la scène plasmodiée par Gilles Pelletier enterrant son cheval. À y penser, j’en ai encore les frissons.

Bien sûr, même avec une plume aussi riche, l’homme a parfois des idées que je ne partage pas. Loin de là. Mais hier, sa lettre à sa mère et le regard trop lucide qu’il porte sur la vieillesse m’a émue.  Ma mère a passé le cap des 70 ans cet automne. Bien sûr, elle ne les fait pas, elle est en santé, plus autonome que bien des femmes plus jeunes, bien entourée. Mais le temps avance quand même. Un jour, elle sera « vieille ».

Et puis tout à l’heure, en regardant les annonces classées, j’ai vu « Commerce à vendre: résidence de personnes âgées ». Commerce??? Je sais pas pour vous, mais y’a quelque chose qui m’a profondément choquée dans cette appelation. Commerce? On vous vend quoi? Un lit, 3 repas par jour (du manger mou???), une couche de temps en temps? En prime, parce que c’est vous, et uniquement parce que c’est vous, vous aurez droit à un sourire par semaine, après l’unique bain? Et pour un léger supplément, on vous demandera si vous allez bien?

Tout à coup, je ne suis plus sûre de vouloir vieillir.