Depuis hier, j’ai une colère sourde qui m’habite. Et de grands questionnements. Sur le droit à l’information. Sur la course aux « scoops ». Sur ce qui pousse des jeunes de 14 ans à faire un pacte de suicide. Sur ce qui pousse un journaliste à dévoiler qu’un député s’est probablement suicidé.
J’en rage.
Suis-je plus sensible parce que je connaissais le député et que ça ne fait pas de sens? Peut-être. Probablement. Mais je ne comprends pas pourquoi LCN et Claude Poirier se sont sentis autorisés à divulguer une information qui peut être interprétée de tant de façons. Le droit à l’information du public? Et celui de sa famille à vivre sans cette tempête lui? Déjà que j’imagine que nombreux étaient ceux qui voulaient aller rendre un dernier hommage à Benoît, mais là, si j’étais sa conjointe, je me demanderais qui est là par affection, par respect ou qui y est simplement pour satisfaire une curiosité morbide. J’entends déjà les chuchotements sur les possibles « explications »…
Perdre un conjoint, un papa, un fils, c’est déjà difficile à vivre. Le perdre sous les feux des projecteurs parce qu’on est connu, ça l’est encore plus. Mais vivre son deuil dans la suspiscion publique, c’est odieux. So what s’il s’est suicidé? Était-il d’intérêt public que d’en parler maintenant????? Parce qu’il était une personnalité publique? Une de nos grandes forces, ici, c’était – et j’utilise le terme au passé sciemment – qu’on a toujours réussi à garder presqu’étanche la vie publique de la vie privée de nos politiciens. Plus maintenant. Et je trouve ça d’un triste.
Tout comme je trouve d’un triste que deux jeunes pensent que la seule issue est la mort. Et ça me fait peur. Pour ma merveilleuse merveille, mais aussi pour les enfants de Mammouth. Ce sont de beaux enfants, équilibrés, qui aiment la vie. Et pourtant, c’est tellement fragile, l’amour de la vie. Ça me questionne sur ce que nous, comme parents, nous offrons à nos enfants. A force de leur faciliter les choses, en faisons-nous des êtres incapables de passer par-dessus la moindre contrariété? Comprenons-nous bien: je ne blâme pas les parents d’enfants qui se suicident, loin de là. Ils sont souvent les derniers à comprendre le geste.
C’est comme société que nous sommes malades. Collectivement.