Sans mots. Toujours sans mots.

J’ai écouté hier soir l’excellent spectacle « Ensemble pour Haiti ». Un excellent spectacle, une générosité touchante. Un élan de solidarité, une voix unique devant ce malheur assorti d’une résilience extraordinaire. Au final, la tragédie qui accable Haiti a fait ressortir ce que nous avons de meilleur. La vraie question, cependant, c’est combien de temps nous serons encore pleins de bons sentiments.

Quelques voix discordantes, quelques gérants d’estrade qui ne sont probablement jamais sortis du pays mais qui savent, eux, comment organiser le chaos. À lire les commentaires sur certains blogues, je me dis que parfois, juste parfois, la race humaine me décourage et m’exaspère. Puis, un Luck Merville qui parle du fond du coeur sans prêcher la bonne parole, un Denis Coderre qui ne fait pas de politique avec le malheur, des millions de dollars amassés à coup de 5$ et de 10$, et voilà que je reprends espoir.

De l’espoir, par contre, il n’y en a plus pour Serge, dont on a retrouvé le corps hier. Je l’ai cotôyé au Québec et à Ottawa. Un homme solide, une fin horrible. Christiane, dans son communiqué, dit que Serge est mort en faisant ce qu’il aimait. Ça console, ça atténue la peine, mais ça ne fait pas disparaître la trise réalité.

Et puis il fait beau. Enfin, un peu de soleil, comme pour nous rappeler que malgré tout, « over the rairbow, blue birds fly ».

L’horreur. Sans mots.

Depuis mercredi, je cherche. Comment exprimer l’horreur, la compassion, la peine, l’angoisse? Comment faire pour se donner l’impression qu’on est pas totalement inutile? Donner? Oui, donner généreusement. Prier? Oui, même si je me dis que si Dieu existe, il est totalement injuste envers ce peuple. Après les inondations, après Jeanne, pourquoi faire trembler la terre?

Je n’ai pas les mots. Je songe à cet homme que je connais, dont on est sans nouvelles, et à sa famille. Comment tolère-t-on l’attente?

Je songe aussi à ces enfants qui demain seront sans parents. Est-ce une solution que de leur ouvrir nos coeurs, nos maisons? Pour se donner bonne conscience?

Je n’ai pas les mots. Juste une conscience aigue de notre bonheur.

J’écoute Louis Lemieux et Dany Laferrière. Ils ont les mots, la compassion et l’intelligence du coeur. Ça apaise. Tout comme les bras de Merveilleuse merveille, qui a préparé des petits mots pour les petits haitiens, qu’on  » leur enverra quand le facteur recommencera à passer, hein maman « .

Dure, dure la critique

J’aime la télé. Je l’ai déjà écrit. Et je suis hypocondriaque. Légèrement genre. Bon ok, pas légèrement. Affreusement.

Tout ça pour dire que depuis toujours, je suis une junkie des émissions « médicales ». Je me rappelle avec délices St-Elsewhere, puis Chicago Hope et ER. J’adorais les intrigues, je rêvais de me faire soigner par Mandy Patinkin, j’avais l’impression de faire du voyeurisme dans l’univers mystérieux des salles d’urgence.

J’avais donc des attentes élevées pour Trauma. Un cast impressionnant, un réalisateur de métier, une scénariste qui m’avait fait tripper avec Fortier. Probablement que mes attentes étaient trop élevées: je n’ai pas aimé. J’aurais voulu, tellement voulu aimer! Deux choses m’ont refroidies: d’abord les dialogues, trop « verbeux », et la propreté de tout ça. Je disais à Mammouth que je voulais être malade dans un hôpital aussi clean, parce que tous ceux que j’ai fréquenté, même les plus neufs, n’ont rien à voir avec ça. Pas que je tienne à ce que ça pisse le sang et que ça suinte la crasse, mais ce qui faisait la force des émissions américaines, c’était l’impression que c’était la même chose qu’au CHUM, genre. Des détails? Probablement. Et j’écouterai quand même les prochains épisodes, parce que de la bonne télé faite ici, ça mérite qu’on s’y attarde.

À l’opposé, mes attentes étaient très basses pour Mirador. C’est un milieu que je connais plus, et malgré de très bons comédiens, c’est le genre d’histoire qui peut vite tomber dans la dérape. Et pourtant, je suis restée scotchée devant mon écran. Bon, Patrick Labbé restera toujours pour moi le Simon de La vie, la vie. Une des premières séquences, où il s’examine longtemps dans le miroir, était presqu’un copie/coller d’une scène de mon émission fétiche. Mais ceci étant, j’ai quand même cru en son personnage de gars torturé.

En lisant rapidement mes « twits » ce matin, je tombe sur une réflexion d’une copine scénariste: Vous lire re: #Mirador me fait me rendre compte à quel point on se fait rapidement une opinion sur une série. Ça fait peur aux auteurs!

Elle a raison: on a la critique dure et rapide. On se fait une tête sur un seul épisode et on tranche. C’est comme pour le reste: quand on a 500 canaux et une possibilité infinie d’émissions à regarder, quand on peut voir en direct des junkies s’injecter leur dope, quand t’as l’impression que la madame qui accouche va crever ses eaux dans ton salon, la première émission d’une nouvelle série télé doit t’accrocher, sinon tu zappes. C’est profondément injuste pour les scénaristes, pour les réalisateurs et pour tous les artisans de la télé. Mais c’est la réalité, tout comme FB et Twitter modifient nos habitudes de communication. Sommes-nous devenus trop exigeants ou juste plus paresseux, en ne laissant plus le temps aux personnages et aux histoires de s’installer sur 2 ou 3 épisodes?

J’aime la télé. J’ai adoré Bunker (nous devions être 4 à avoir suivi la série jusqu’à la fin!), je voues un culte à La vie la vie,  j’ai été accro à Aveux. Dans le cas de la première, parce que je m’y reconnaissais parfaitement, même au sixième niveau. Dans le cas de la seconde, parce que ça révolutionnait ce qui c’était fait jusque là au Québec. La troisième pour son intelligence et le jeu des comédiens, en particulier Guy Nadon.

Aurai-je le même attachement à Trauma et Mirador? Je ne crois pas. Mais c’est un zillion de fois mieux que Occupation Story ou Loft Double!

Je twitte, tu fessebouques, il youtube, nous disons n’importe quoi…

 

Je ne connais rien en technologie. Rien de rien. J’ai la chance d’avoir un Mammouth expert en cette matière, alors je me tais. Mais en ce début de nouvelle année,  j’ai envie de partager quelques réflexions.

Tout le « débat » qui fait rage entre les journalistes et les blogueurs me laisse plutôt froide. Journalisme citoyen? Réseaux sociaux? N’importe quoi 2.0? Dans la vraie vie de madame Toulemonde (pas Odette,  mais plutôt celle des nouvelles), ce sont là des débats aussi oiseux et inutiles que le sexe des anges. Pourtant, il y a un réel danger de dérapage.

Ce weekend, les rumeurs niées, démenties, confirmées, sur le décès présumé de la chanteuse Lhasa de Sela a mis en lumière le potentiel de dangerosité des zinternets, comme dit Mammouth. Au-delà de questions aussi fondamentales que celle du droit à l’information, mais aussi du droit au respect de la vie privée, concepts qui peuvent s’affronter dans ce genre de circonstance, c’est  le procès d’intention des uns et des autres qui m’a fascinée et apeurée.

C’était tout à fait dans la lignée des articles parus dans la Presse ce weekend. Comme si le fait d’écrire, de twitter, de fessebouquer, de bloguer, permettait tout, sans contraintes, sans limites, sans décence. Ouais, c’est ça je crois qui me heurte: l’indécence et le manque de savoir-vivre qu’on retrouve de plus en plus sur la toile. L’immunité totale du derrière l’écran.

La démocratisation des outils d’information, ça peut être aussi violent et imprévisible qu’un gun « loadé » entre les mains d’un enfant.

Je ne suis pas en train de dire qu’il faut retourner à un contrôle stricte de l’information. Je suis une junkie des réseaux de nouvelles en continue et je crois que l’information permet de faire des choix éclairés. Pour moi, les chasse-gardées des uns et des autres sont un faux-débat. Ce qui l’est moins, par contre, c’est l’impact de la nature humaine sur l’information et sur ce qui circule publiquement. Des carrières, des réputations sont en jeux et on s’étonne de l’absence de leaders forts et crédibles… D’un simple twitt, sur la base de  « on-dit », on peut créer une tornade qui ne pourra s’arrêter d’elle-même. Ce n’est pas différent du mémérage du parvis d’église, au fond. Mais la vitesse avec laquelle la moindre information circule, est reprise et dissiminée partout fait que ce qui pouvait se rattraper autrefois ne peut plus l’être maintenant. Peu importe que Joe Bloe ou Pat Lagacé ou Yves Boisvert signent un article, si les faits sont inexacts, le dommage est le même. Parce que le twitt de Joe Bloe sera peut-être repris par quelqu’un qui le refilera à quelqu’un qui le refilera à Pat Lagacé.

Je nous souhaite juste qu’en 2010, nous puissions faire un débat serein là-dessus. Pas sur le contenant, sur le contenu.

Je nous souhaite que 2010 soit une année où nous réfléchirons, individuellement et collectivement à notre rapport aux autres et à notre comportement sur les zinternets. 

Et je vous souhaite, amis lecteurs, que 2010 soit une bonne année: qu’elle vous permette d’aller au bout de vos rêves!