Acte manqué*

Message sur mon blackberry dans le train ce matin: « Heu… le fromage suisse dans le tiroir à ustensiles, c’est voulu? »…

Sûrement pas! Moi qui suis un modèle d’ordre et d’organisation domestique, jamais je n’aurais foutu le fromage dans le tiroir à ustensiles, non? Soudain prise d’un doute immense, je me demande si j’ai mis le lait dans le garde-manger et le pain à la poubelle… Et puis, où est le beurre d’arachides??? Ai-je besoin de m’infliger moi-même une dose de stress supplémentaire?

Ou alors (ici, vous insérez la musique de Jaws, savez le wahwanwahwan fatiguant…)… non! Impossible. Pas un acte manqué*? Mon subconscient essayerait-il de m’envoyer un message? En passant par le fromage suisse? D’ailleurs, pourquoi suisse? Pourquoi pas une tranche de mozza, hein?

Plus sérieusement, je sens poindre le début d’une remise en question. Je n’ai pas vécu la crise de la quarantaine, occupée que j’étais à me comporter comme une jeune poulette du printemps qui vient de pondre son premier oeuf. Que Mammouth se rassure: ma remise en question n’a rien de personnel. Elle est professionnelle.

Je suis d’une génération qui a été plus souvent qu’à son tour contractuelle. Ce qui n’est pas nécessairement mauvais: ne pas avoir de permanence me forçait à toujours donner le meilleur de moi-même, à m’auto-challenger continuellement. C’est ce qui a toujours fait ma force et ma réputation de fille qui « livrait la marchandise ». Or, depuis que j’ai obtenu ma permanence, j’ai l’impression que je m’encroûte. On ne peut pas vivre la totalité de sa vie professionnelle sur la corde raide, ne sachant pas si un emploi nous attend le lendemain, et trouver que le travail « normal » est stimulant.

Je sais: je devrais m’estimer chanceuse d’avoir un travail malgré tout stimulant, avec une patronne exigente mais très humaine, avec des collègues qui m’ont acceptée « malgré mon passé », et un salaire à la limite de la décence. Je sais, cette impression de s’encroûter, c’est entre les deux oreilles et je pourrais tout à fait me stimuler en me formant davantage, en visant plus haut, etc. Je sais aussi que ce n’est que passager, enfin j’espère. Mais là, tout de suite, si vous me donniez le choix, j’échangerais ma carrière professionnelle pour autre chose. Si seulement je savais quoi…

Entretemps, je vais essayer de ranger le fromage dans le tiroir du frigo.

**Ratés du comportement dévoilant un conflit inconscient.
Oublier de se rendre à un examen, perdre ses clefs de voiture le jour du départ, multiplier les lapsus lors d’un discours : exemples classiques de l’acte manqué. La volonté consciente de faire quelque chose se trouve alors perturbée par un désir, à demi inconscient, de faire autre chose. Et l’on en arrive à cette excuse, maintes fois formulée :  » Je ne sais pas comment j’ai pu oublier notre rendez-vous ?  » Nous commettons tous des actes manqués. Seule leur répétition, traduisant une conduite d’échec, doit amener à s’interroger.

9 réponses sur “Acte manqué*”

  1. Tu sais, lorsque je retrouve les trucs au mauvais endroit, je mets ca sur la faure des enfants. Ca passe presque tout le temps…

    🙂

  2. Pour te rassurer ma belle Marie Josée, on commet tous (tes) des actes manqués. J’en cite un qui m’a coûté assez cher: j’ai foutu mon cellulaire dans la laveuse et j’ai parti la machine 😉 . C’est peut être un lapsus révélateur 😉

  3. C’est tellement drôle 🙂 Je n’avais jamais vu les actes manqués de cette façon… Remarque, il y a aussi les associations d’idées inconscientes qui nous font ranger ou dire des choses de façon incompréhensible. Par exemple, peut-être pensais-tu à tes couteaux à fromages en rangeant le dit fromage… Ma fille range le lait dans l’armoire des verres régulièrement.

  4. Heu, juste pour rassurer l’impératrice de la résine de synthèse: j’ai vérifié ce matin, et aucune trace de fromage suisse dans le tiroir à ustentiles. Mais le bleu d’auvergne dans la douche…? C’est intentionnel? 😉

  5. Moi ce que je me pose comme question ma chère dame du patio…

    Si Mammouth ne t’avais pas envoyé ce message sur ton Blackberry hier matin… aurais-tu eu ce questionnement ???:wink:

    C’est là qu’on voit qu’une simple petite phrase peut changer une vie entière…

  6. Espresso… voui… le questionnement fait partie du paysage depuis quelques semaines. Et sans la phrase de Mammouth sur mon blackberry, c’est mon nez qui aurait senti que j’étais dans les patates… ou dans le mauvais tiroir… enfin, genre…

  7. :oops:lollllll ça me fait penser la fois où j’ai mis le bébé dans le bain avec ses chaussettes encore à ses pieds…

    Un peu de repos pourrait replacer tout ça je pense… hehe 🙂

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