Huit ans. Déjà 8 ans.

Demain, ma toute belle rebelle, tu auras 8 ans. Huit ans qu’à chaque matin, j’ouvre les yeux sur un monde différent, sur ton monde à toi, sur notre monde à nous. Huit ans que je m’émerveille d’être ta mère. Huit ans que je suis exaspérée parfois, au bout de mon souffle parfois, au bout de ma patience parfois, mais jamais au bout de mon amour pour toi.

Tu es ma merveilleuse merveille à moi. Tu m’as appris tellement, depuis cette journée de canicule d’août. Tu m’as d’abord appris la relativité: il n’y a rien de grave, sauf si ça t’arrive à toi, si ça t’affecte. Tu peux être insupportable, tu es en santé, tu es intelligente, brillante. Trop parfois. Tu m’as ensuite appris la reconnaissance et la gratitude: tu es en santé, tu es intelligente, nous avons une belle vie. Pas exempte d’angoisses ni de crises du quotidien, mais une belle vie. Un toit sur la tête, de la bouffe plein le frigo, des sorties et même des vacances en Gaspésie: que demander de plus, hein?

Oui, tu es différente. Pas toujours facile à gérer, pas encore totalement en contrôle de ton bouillant caractère et de ces émotions qui parfois t’emportent toute entière. En même temps, tu es câline, et rien ne peut remplacer ces moments ou tu viens blottir ton petit corps contre le mien, en murmurant « Maman, je t’aime ». Mais tu es surtout complexe et multiple: une pitoune tellement girly girl, qui est revenue de chez sa grand-maman avec un grand sac d’affaires de fille, les ongles d’orteil écarlate et ceux des doigts mauve pétant, qui se change 3 fois par jour et qui se peigne pendant de longues minutes devant le miroir, en pratiquant son sourire dévastateur; une sportive, future championne de gym, qui a découvert le cheerleading et le trampoline et qui rêve d’en faire un métier; une marsouine de piscine de banlieue qui a bravé le froid du St-Laurent pour se baigner comme les grands.

Je suis fière de toi. La semaine dernière, en voyage, tu t’es assise au resto et tu as lu le journal, en attendant le repas. J’en connais pas beaucoup, des beachbumettes de 8 ans, qui lisent le journal au resto. Et qui me réplique qu’on ne pourra pas aller à la plage d’Oka, parce qu’il y a des « tensions, maman ».

Je t’aime, ma toute belle rebelle. Même quand tu crois que tu as 16 ans et non 8. Même quand tu me défies du regard et que tu sors une réplique assassine, digne de « beautés désespérées ». Même quand je dois me retenir pour ne pas hurler moi aussi, ou pouffer de rire. Je sais que des années difficiles nous attendent, et qu’en bonnes filles de feu, toi et moi ferons des étincelles. Tu vivras ton adolescence, je vivrai ma ménopause, et ton pauvre père se cachera loin de nous! Nous nous affronterons, nous nous disputerons, tu me détesteras, je regretterai peut-être quelques secondes de m’être embarquée dans l’aventure de la maternité. Tu te réfugieras en pleurant chez ta meilleure amie, j’en ferai autant. Je sévirai, tu résisteras. Et j’espère qu’un jour, nous nous retrouverons, une fois la tempête passée, proches et complices.

Je t’aime parce que tu es ma fille. Et que malgré tout, envers et contre tout, je serai toujours ta mère.

7 réponses sur “Huit ans. Déjà 8 ans.”

  1. Je vois que même après 8 ans, ta fille continue toujours de t’inspirer….. Elle sera heureuse de relire tout ça lorsqu’elle entrera dans le monde des adultes. C’est un magnifique cadeau que tu lui fais.

  2. @ Johanne… j’espère qu’elle appréciera. Dans 15 ou 20 ans 🙂
    @ Tonton Marc: et cet amour est partagé, tu le sais. Que ferions-nous tous sans tonton Marc, hein?
    @Curieux Georges: des merveilleuses merveilles, il y en a partout, vous savez. S’agit juste d’être attentif un brin! Et merci d’être resté fidèle à ce blog, malgré mes absences prolongées. Je ne fais plus la promesse d’être plus régulière, mais le goût de l’écriture revient peu à peu. Alors qui sait si l’automne ne me ramènera pas plus souvent devant mon écran?

  3. Bonjour Marie-José
    Ce que je voulais surtout dire, c’est que le fruit ne tombe jamais bien loin de l’arbre. Vous avez raison il y a d’autres merveilleuses merveilles, nous avons deux petites filles de sept et quatre ans. De plus un merveilleux doit arrivé au mois de novembre. J’ais été comblé par mes enfants, par contre avec mes petites filles c’est le débordement.

  4. Curieux Georges, ne vous en faites pas, j’avais bien compris ce que vous vouliez dire… mais ma légendaire modestie, vous savez…:-)
    Bravo pour les merveilleuses et bienvenu au merveilleux! Vous semblez être un grand père comblé, et toute cette tribu est bien chanceuse d’avoir un homme tel que vous pour les aimer, les câliner et les choyer.

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