Dans quelques jours, s’amorceront les audiences publiques de la commission parlementaire spéciale sur le droit de mourir dans la dignité. Pas tout à fait un sujet léger en ce long congé, j’en conviens. Mais à moins d’être seul(e) au monde, nous ferons tous face éventuellement au décès d’un proche. Et le débat amorcé dans la presse cette semaine entre des spécialistes de soins palliatifs me laisse songeuse. Particulièrement parce que nous ne sommes plus particulièrement habiles à débattre entre nous: les québécois sont frileux quand vient le temps de débattre posément de sujets litigieux.
Fait-on ce débat maintenant parce que les coûts des soins de santé explosent? Si c’est le cas, je souhaiterais qu’on questionne aussi notre volonté de sauver à tout prix de grands prématurés. Je ne dis pas qu’il ne le faut pas: enceinte, si j’avais accouché à 20 semaines, j’aurais souhaité qu’on tente tout, au détriment du bon sens je crois. Je questionnerais également sur la récente décision du gouvernement de repayer les coûts des traitements de procréation assistée. Et le manque de sous pour assurer des soins à domicile adéquats pour les personnes âgées, évitant ainsi de les « parquer » dans des centres hospitaliers de soins de longue durée avant qu’ils aient besoin de s’y trouver. Vaste réflexion, peut-être, mais qui dans ma tête, ne peut pas être dissociée. Et pour qu’on se comprenne bien, je ne gueule pas contre les décisions gouvernementales, pas plus que je ne les approuve. Je soulève seulement le point que comme société, nous refusons parfois de faire ces débats.
La commission m’a aussi amenée vers une réflexion plus personnelle. Quand le médecin qui soignait mon père m’a annoncé qu’il n’y avait plus rien à faire, la première chose que je lui ai demandé, c’est de s’assurer qu’il ne souffre pas. Je ne voulais pas qu’il meure, bien entendu, mais devant l’évidence, c’est la souffrance qui était devenue l’ennemie. JE ne voulais pas le voir souffrir. Je ne lui ai pas demandé ce que lui voulait. C’était ma peur, ma décision. Même au détriment de voir la mort prendre quelques jours d’avance. Avec le recul, je réalise que la ligne entre l’euthanasie et la compassion est mince. Très mince. Et que le risque de dérapage est grand.
Je peux décider pour moi: j’ai déjà dit à Mammouth que je ne souhaitait pas d’acharnement thérapeutique ni de traitement de dernier recours si jamais j’étais atteinte d’une maladie dégénérative ou d’une maladie qui ne pardonne pas. Mais si c’était merveilleuse merveille? Irais-je jusqu’au bout ou si par peur de faire face à sa souffrance, je choisirais d’abréger ses jours?
Bref, si je n’ai pas de problème avec le suicide assisté, à la Dignitas, je n’ai pas le même détachement à l’égard de l’euthanasie.
Je souhaite que la Commission fasse les vrais débats, dans le calme et la sérénité. Cette commission sera moins « glamour » que l’autre, mais pour moi, elle risque d’esquisser les contours de la société dans laquelle nous vivrons.
Entretemps, je vous invite à lire cet excellent article .