Depuis le début de l’été, Merveilleuse merveille a fait de grands apprentissages. Et a enfin conquis ses peurs. D’abord celle qui l’empêchait de porter des boucles d’oreilles. Parce qu’elle voulait des « diamants », ceux que sa grand-mère lui a promis en héritage, elle lui a demandé de se faire percer les oreilles. Elle est revenue du Saguenay super fière d’elle.
Et hier, elle a finalement conquis son Everest personnel, la bicyclette. A 9 ans, elle était la seule de son gang à ne pas savoir en faire. J’ai toujours pensé qu’elle avait peur, suite à une chute quand on a enlevé les petites roues de son ancien vélo. Mais j’ai lu, et on m’a raconté, que chez certains enfants atteints d’un TDAH, l’apprentissage du vélo était ardu parce qu’il demande de coordonner plusieurs actions et de se concentrer sur elles. Souvent, semble-t-il également, la médication a comme effet secondaire de permettre cet apprentissage. J’ignore si dans le cas de Merveilleuse merveille, c’est l’effet de la médication, ou si un été passé à faire de la trottinette, jumelé au fait d’être la seule à ne pas participer à la sortie scolaire en vélo, ont fini par jouer.
Voulant suivre son amie K et sa mère dans la tournée des ventes de garage, elle s’est fait dire qu’en trottinette, ça serait trop long, mais que si elle souhaitait les accompagner à vélo, elle était la bienvenue. C’est la mère de K qui est parvenue, en 10 minutes, à lui inculquer suffisamment de confiance en elle pour réussir là ou nous avions, son père, moi, tonton Marc, parrain, grand frère et grand-maman, échoué.
Jamais je n’oublierai son visage quand elle est entrée, triomphante, pour me dire qu’elle était capable! Elle aurait gagné une médaille d’or en gymnastique que ni elle ni moi n’aurions été plus fières. Chose certaine, depuis hier, elle reprend le temps perdu. Elle a passé la journée à faire du vélo avec son amie K. Et à découvrir son indépendance. « Maman, je vais au dépanneur ». « Maman, on s’en va au Parc ». « Maman, je vais à l’école et je reviens ». Je me suis retenue pour ne pas lui répéter mille fois d’être prudente, de bien regarder avant de traverser la rue, de ne pas faire de folies, de garder ses deux mains sur les guidons, de…. Elle doit apprendre et en vélo, l’apprentissage va souvent de pair avec quelques éraflures.
Je devais m’absenter environ une heure, ce soir. Quand j’ai quitté, elle allait faire un dernier tour de vélo avant d’aller à la douche. Je lui avais promis que nous écouterions la finale des chefs. Quand je suis revenue, elle m’attendait pour me dire qu’elle s’était blessée. Elle a voulu aller trop vite et pour se protéger, est tombé sur sa main. Salement même: elle a le petit doigt gros comme le pouce, d’un vilain bleu. Ça ne semble pas cassé, mais c’est probablement une jolie foulure. Si c’est toujours comme ça demain, nous irons à la clinique.
Mammouth, qui l’a recueillie, soignée et consolée me racontait que même en pleurs, elle lui a dit que l’an prochain, elle veut faire des compétitions de vélo de montagne. Why not, ma peanut! Ce n’est pas la première fois que tu tombes, et ce ne sera pas la dernière. Mais ta capacité de te relever m’impressionne. Le plus dur, c’est moi qui devrai le faire: te laisser cette autonomie chèrement acquise, en mettant mes peurs et mes inquiétudes de mère en retrait, pour que tu puisses continuer à avancer.
Qui a dit qu’être mère était difficile? C’est encore pire!
MàJ: 8 heures d’attente au CLSC pour confirmer une légère fracture. Rien pour mettre un plâtre, mais un joli enveloppement serré pour 15 jours. Et MM m’a épatée: pas la moindre impatience, pas la moindre larme. Une vraie grande fille.
Oui c’est encore pire!
Mais en même temps, on est tellement fières d’eux quand ils réussissent.