Oui oui, toi. Tu ne me lis pas, mais sache que pour cette fois, tu aurais intérêt. Question de savoir dans quoi tu t’embarques.
On aura beau dire que 40, c’est le nouveau 30, c’est de la bullshit. Yup, on a l’air moins vieux que dans le temps de nos parents, on a commencé plus tard qu’eux à vivre notre vie d’adulte, on a déjà quelques relations de couples et/ou quelques enfants dans notre biographie officielle, mais reste que 40 ans d’usure, c’est 40 ans d’usure.
40 ans, c’est la moitié de sa vie. C’est souvent la période des remises en question, personnelles et professionnelles, voulues ou subies. C’est la réalisation ultime que les choix faits à 20 ans doivent être assumés, ou qu’il est temps de s’inscrire à un programme de protection des témoins.
Plus facile pour un gars, tu me dis? Pfffttt… pantoute. Sauf qu’inconscient, tu ne réalises pas. En couple, tu commences à te demander si les 40 prochaines années de ta vie, tu veux les passer avec elle. Célibataire, t’es dans un endroit inconfortable: trop vieux pour les cougars (pourquoi s’embarrasser d’un quadragénaire qui se cherche quand y’a plein de beaux jeunes hommes dans leur vingtaine?), il te reste la trentenaire dont le big ben intérieur résonne à fond pour le dernier bébé, ou la fille de vingt ans, bien roulée, qui te regarde, amusée, te flatte dans le sens du poil mais te trouve ben vieux quand même, surtout si tu n’as pas le chèque de paye pour compenser. Je suis cynique, tu crois? 20 minutes dans une salle de bain d’un bar de centreville te convaincra aisément que je te ménage, tiens! Monoparental? Tu pognes sûrement à l’épicerie, mais la quadra qui te regarde évalue d’abord ton potentiel à devenir un gardien pour ses propres enfants!
Pas facile la quarantaine pour le mec moderne. Tu sais plus si tu dois être métro ou über, caquiste ou khaderiste, tu t’inquiètes pour ta performance au bureau et pour ton régime de pension. T’es plus un ti-cul, mais tu refuses d’être un monsieur. Tu peux jouer au hockey le samedi avec tes chums, mais l’odeur de l’antiflo commence à remplacer ton eau de toilette de plus en plus souvent le dimanche. Tu l’admettras pas, mais la deuxième bouteille de vin est maintenant de trop. Tu t’inquiètes pour ta prostate et tu surveilles discrètement les étiquettes sur les aliments pas trop trop bio que tu achètes.
Pas jojo, hein? Ben non! Tu vis les meilleures années de ta vie! Crois-moi: j’en sors, de cette quarantaine, et pour rien au monde je ne l’aurais échangée contre ma vingtaine. Mais bon, c’est probablement parce que je suis une fille. Tu sais ce que tu vas découvrir, dans cette nouvelle décenie? L’auto-dérision. Yup. Le drame d’hier n’aura plus d’importance. Tu réaliseras le chemin parcouru et tu en seras fier. Discrètement fier. Tu accueilleras tes premiers cheveux blancs comme autant de signes que la vie ne te maltraite pas trop, et tu aimeras ces rides au coin des yeux qui font craquer les filles. Et sans t’en rendre compte, tu auras franchi le cap délicat et tu redeviendras cet homme qu’on veut tous et toutes avoir comme ami, comme amoureux ou comme collègue.
Pas fine, tu dis? Dans 2 mois, tu pourras te venger et me rebalancer toutes les vacheries sur les femmes de 50 ans. Mais souviens-toi: 50, c’est le nouveau 40!
Entre-temps, je te souhaite un très joyeux anniversaire. Tiens, même, je t’embrasse. Mais juste parce que tu as 40 ans.
Ajout: mine de rien, c’est mon 500e billet sur ce blogue. Champagne!
Ajout 2: Ce texte ne s’adresse à personne en particulier, mais plusieurs tipits de mon entourage franchiront le cap cette année. Considérez-le personnel!
Je me suis levée pour applaudir!
J’en ai plein au bureau qui atteigne le cap. C’est un service à leur rendre que de leur dire la vérité. Enfin, je pense 🙂
Puisque ces conseils arrivent quelques années trop tard, et visent en particulier ces monsieurs, c’est avec beaucoup de sympathie (et d’auto-dérision) que j’ai lu ce texte. Par contre, j’observerais avec beaucoup d’attention l’arrivée de cette nouvelle décennie dans ta vie et l’effet qu’elle aura. En espérant que j’en retire un ou deux leçons qui me seront utiles, quand j’y arriverais, dans… dans encore plusieurs années.
Une chance t’es ma chum!