Je n’ai pas le talent de Chroniques blondes, mais je crois que je vais derechef ajouter une catégorie à ces chroniques: « Jojo dans le métro » que ça va s’appeler.
Je dois avoir une bouille sympathique, une bouille qui vous dit, au premier regard, que même si vous m’aborder sans que je ne vous y invite, je ne vous enverrai pas bêtement promener. Qui plus est, règle générale, les enfants me sourient spontanément et me font des « tata » quand je débarque avant eux. Faut dire que je n’ai pas peur de faire une folle de moi et de leur faire tous plein de simagrées pour les faire rire, et au yabe ce que les messieurs en cravate en pensent. J’en ai rien à foutre, des messieurs en cravate du métro qui s’obstinent à regarder leur bébelleberry pour éviter de voir les madames enceintes-jusqu’aux-oreilles, afin de ne pas avoir à céder leur place assise. Pas plus que des humeurs des matantes sur le bord de la retraite qui soupirent fort parce que des touts-petits osent pleurer à l’heure de pointe: j’ai toujours envie de leur répéter plus fort que ce sont ces petits-là qui paieront nos chèques de retraite dans quelques années…
Bref, tout ça pour vous dire qu’inévitablement, c’est à moi que le sans-abri s’adresse, ou que la personne désinstitutionnalisée aborde pour jaser. Toujours. Et c’est ok. J’imagine que la journée doit être longue quand personne ne prend la peine de répondre à ton salut. La nature ne m’a pas donné une patience d’ange – hein mammouth! – mais dans ces cas-là, on dirait que toute trace d’impatience ou d’inconfort disparaît. Peut-être parce que pendant des années, j’ai dû cotoyer, dans des cocktails de financement de toutes sortes, des gens qui finalement, étaient pas mal moins intéressants, mais fort intéressés.
Hier soir, un jeune homme s’est installé à côté de moi et s’est mis à me raconter sa vie, en fabulant fort – enfin je pense. Décousu, mais tellement gentil, il m’a fait pensé à ces enfants qui te demandent sans cesse « maman, maman, regardes! » Un grand, un immense besoin d’attention. En face de moi, un monsieur à cravate et une matante au bord de la crise de nerfs qui me regardaient de travers, de peur que je les implique dans notre conversation. Arrivé à destination, il s’est levé, m’a salué poliment et m’a dit « Merci madame ». Et j’ai pensé à tous ces enfants handicappés, qui ne pourront jamais même prendre le métro seuls et à leurs parents qui donneraient probablement cher pour qu’ils y arrivent. Et j’ai pensé à nos enfants, parfois insupportables, mais en santé physique et mentale.
Je le sais, je voulais être canonisée sainte de mon vivant. Mais j’ai encore du chemin à faire pour convaincre Ben XVI de me mettre sur sa liste d’appel…Entretemps, je me souhaite de garder ma patience envers ceux qui ont le goût, pendant quelques stations de métro, de partager leur quotidien.
Quand je disais que t’étais généreuse…….
Merci du billet, de rappeler cette humilité nécessaire à ne pas exclure, de rappeler que l’une des solutions fondamentales à ce que nous avons contribué à créer comme société est d’abord et avant tout l’accueil de l’autre, la tolérance, et chez quelques personnes, comme toi, l’intérêt réel de découvrir l’autre!
Je me lève tôt demain, t’es peut-être mieux de plancher tout de suite sur le prochain billet 😉
Bibco, ce n’est pas de la générosité, entéka pas dans mon livre à moi. Me semble que c’est une partie intrinsèque de la nature humaine, que de s’ouvrir aux autres. Même quand on est mort de trouille!
Alcolo, mon p’tit chou (on va se garder une tite gêne, mais depuis le temps, je peux bien m’autoriser une petite familiarité, non?): c’était le billet de demain matin! 🙂
Oui! Oui! Familiarisez sans gêne! Bon, comment ça poster le soir pour le matin, 12 h est amplement suffisant pour me fournir encore du matériel 🙂 On est pas prêt de sortir notre livre!
Alcolo: j’ai de la misère à sortir ma liste d’épicerie, fake pour un livre… Et puis, imaginez le scandale, et puis j’ai pas de place à mon agenda pour y caser Guy A un dimanche soir, et puis et puis….
Aucun scandale en vue lol
Tu crois? S’tencore drôle!… Pis même s’il n’y a en pas, sur quoi tu penses qu’on va faire vendre, hein?
ah les bébelleberry… Et j’attire aussi les gens, j’aime bien jaser de tout et de rien, ça fait un bien fou de discuter avec des gens qui ont autre chose à dire.
Ah et je ne pense pas que ce soit de la générosité, c’est de l’humanité. Presque aussi rare encore et bien précieux je trouve.
Nathalie: alors, il faudra se donner rendez-vous dans le métro un de ces 4!
S’ouvrir aux autres c’est aussi accepter les qualités qu’une autre personne voit en nous. Mais bon, si tu le dis j’te crois. La générosité pour moi c’est donner. Son temps, son sourire, son intérêt, son oreille aussi tiens…C’est être tourné non pas uniquement sur soi, mais aussi vers les autres.
Bibco: touché! 🙂
Je trouve ça moi aussi très généreux de prendre le temps d’être là pour ceux qui veulent te parler. Très peu de gens savent écouter, dans la vie. Très peu de gens vivent le moment présent, remarquent le chant des oiseaux, la beauté du lever / coucher du soleil, voient les enfants leur faire un sourire, bref, la vie qui se déroule devant leurs yeux. Et ils ne savent pas ce qu’ils manquent…