Je suis entrée tard, hier. Trop tard pour voir Merveilleuse merveille avant son dodo. Et comme j’ai couru toute la journée d’une rencontre à l’autre, je n’ai pas vu l’assermentation d’Obama. Quelques bribes aux nouvelles, et une image qui s’est imposée: celle d’un homme seul face à l’humanité. Seul devant les espoirs qu’il a suscités, les attentes dont il assume désormais le poids sur ses épaules. Seul mais confiant. Seul mais avec nous.
Ce matin, Merveille s’est levée tôt et nous avons déjeuné ensemble. Elle m’a raconté qu’hier, au service de garde, les éducatrices ont ouvert la télé pour leur permettre de regarder ce moment « historique maman » tout en dînant. Chouette, me suis-je dit. Nous avons toujours ouvertement parlé politique devant elle, elle connaît les premiers ministres par leurs noms et pour une choupette de 6 ans, elle en sait déjà pas mal. J’étais donc plutôt contente qu’elle ait eu l’occasion de voir la cérémonie, même si elle n’en saisit pas toute la portée. J’étais loin de me douter, cependant, de la conversation que cela entraînerait.
« Maman, c’était quoi le livre sur lequel B-A-R-A-C-K O-B-A-M-A (elle prononce son nom lentement, comme pour être sûre de bien le dire ) a mis sa main en parlant? »
« La bible, ma chérie » que je lui répond, avant de réaliser que ce genre de conversation avant le café…
« Maman, est-ce que le Premier ministre canadien a mis sa main sur un livre aussi? »
« Oui, ma choupinette, il a aussi mis la main sur la Bible »
« Maman, la Bible, c’est le livre de Dieu, hein maman? »
« Oui, ma choupinette, c’est le livre de Dieu », dis-je, avalant ma deuxième gorgée de café et peu encline à expliquer la nuance de l’ancien et du nouveau testaments, des évangélistes, etc.
« Maman, la bible c’est un livre américain? »
« … »
« Maman! La bible, c’est un livre américain??? »
La tête dans le frigo, à la recherche du petit plat de crudités pour le lunch, j’ai dû répondre, sans m’en rendre compte, quelque chose comme « Hahum… »
« Maman, Dieu alors, c’est un américain? »
À 6h30, avec une température à vous faire friser les orteils, la nationalité de Dieu, ou plutôt l’absence de nationalité de Dieu, c’était trop me demander. J’ai fait dévier la conversation sur le concours de mathématiques.
Dans le métro, j’ai repensé à cette conversation et j’ai trouvé la réponse.
« Oui, ma choupinette. Dieu est américain. Depuis 8 ans, il a plongé le monde dans les abîmes et nous a fait entrevoir l’enfer. Hier, il a entrouvert la porte du paradis…et nous l’a promis à la fin de nos jours si nous nous conduisons bien. C’est à nous, maintenant, d’ouvrir la porte plus grande. C’est ça l’espoir ma choupinette. Ton copain Barack, il nous montre la voie. Mais il ne pourra ouvrir la porte sans nous. Nous toutes races, toutes couleurs et toutes croyances confondues. Nous, solidaires mais réalistes. Nous. »
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Deux excellents textes à lire (et oui, je n’ai aucune objectivité, mais j’assume. Totalement!)
Qui a dit, «La vérité sort de la bouche des enfants»?