Dans toutes les inquiétudes qui vous minent quand vous devenez mère, il a celle de voir votre enfant ostracisé par ses pairs. Pas que je souhaite que ma fille soit la future « prom queen » du village, nenon. Mais ce qui m’a le plus fait mal, au cours des dernières années, était de la sentir si seule, si vulnérable et si maladroite dans ses amitiés.
Un des bienfaits de la médication est d’avoir amoindri les aspérités qui rendaient les relations sociales plus difficiles. Depuis, le téléphone sonne presque aussi souvent pour Merveilleuse merveille que pour nous. Et depuis samedi, je gère une autre angoisse: ma fille fait partie d’un gang de rue. Ouais.
En fait, pour être précise, elle fait partie d’une gang de boulevard. Le boulevard sur lequel donne son école. Et sa gang s’appelle le « club de la cabane », en l’honneur de la cabane qu’elles vont construire chez l’une d’entre elles. Elles s’échangent des plans, se font des listes de « to-do », d’autres listes de ce qu’elles devront apporter, des listes encore du matériel que les parents devront généreusement fournir. De gré ou de force.
Samedi matin, 10h00. Le téléphone sonne. « bonjour, c’est MP. Est-ce que Merveilleuse merveille va mieux? Pourrais-je lui parler? Nous avons une réunion du Club de la cabane à 11h00 chez C, va-t-elle venir? » Et voilà merveilleuse partie pour la journée.
Lundi matin, 9h00. Le téléphone sonne. « Bonjour, c’est C. Est-ce que Merveilleuse merveille est là? Nous avons une réunion du Club de la cabane à 11h00. Chez-vous. »
Alors que je pensais prendre cette journée un peu plus relax, me voilà à nourrir le club de la cabane. Et croyez-moi, ça mange, une gang de rue! Pas hâte de voir ça à l’adolescence!
Au fond, je suis super heureuse. Merveilleuse merveille gère de mieux en mieux ses relations amicales, et tant pis pour le reste. La balayeuse peut attendre, juste d’entendre leurs rires et leurs cris de petites filles qui profitent d’un congé, c’est de la musique à mes oreilles.
Il y a quelques semaines c’était dans ma cour le club de la cabane. Un bordel de boue et de bouts de bois sans pareil, je les ai laissé faire me disant qu’ils construisaient aussi les souvenirs de leur enfance. En fin de semaine j’ai démantelé la cabane qui donnait à la cour un petit look BS, qui n’allait pas plaire aux voisins, et ai retrouvé mais gants de jardinage transformés en bouillie immonde, j’ai grogné un peu pour la forme, mais c’était peu payé pour le plaisir qu’ils avait eu.
Ici c’était les clubs secrets. Que de chicanes ces clubs ont fait dans le quartier. Le quartier général était dans le placard de ma fille, puis dans celle d’une copine, puis sous la galerie de l’autre. Et un matin, comme par magie, les clubs ont disparu. :0)
Tout comme vous, je savoure régulièrement le fait que mes fils aient tant d’amis. Le téléphone sonne (trop) tôt pour eux le weekend, j’ai parfois plusieurs camarades pour le dîner, plusieurs cadeaux pour des fêtes d’amis à courir…mais ce n’est rien. Ils sont acceptés socialement. Je serais trop malheureuse du contraire.
Ici c’est pareil! J’ai arrêté de m’inquiéter (et aussi de relaxer) le jour où ma fille s’est fait un groupe de copines!