Les chroniques du patio Là où fleurent bon la résine de synthèse et le p'tit rosé estival

28 septembre 2009

L’autre

Filed under: tranches de vie — Marie-Jose @ 20:05

Il était affalé sur la boîte du téléphone. Savez, ces boîtes laides de Bell qui ont l’air de pousser sur les murs des stations de métro, ou dans les halls d’hôtel? Drôle d’endroit pour s’affaler. Debout dans le wagon du métro arrêté encore une fois à l’heure de pointe, je regardais distraitement les gens qui venaient de sortir à la station Rosemont, pressés de retourner à la maison, retrouver un amoureux, des enfants, un chat, un chien. À la limite, un poisson rouge.

Pas lui. Il était affalé sur la boîte téléphonique. Était-il sorti en même temps que les autres? Était-il déjà là quand nous étions arrivés? Et le métro, portes grandes ouvertes, ne repartait toujours pas. Je le regardais, incapable de détacher mon regard de cet homme d’âge mur, affalé. Quelque chose ne cliquait pas. Je ne savais pas quoi, mais un détail accrochait.

Puis j’ai compris. Ce léger mouvement d’épaule, c’est le mouvement qu’on fait quand on retient à grand peine ses larmes. Quand on étouffe par en dedans pour ne pas hurler. Il a relevé la tête, a essuyé ses yeux, puis a pris son front dans sa main. Toute la douleur du monde était dans ce geste.

Instinctivement, je suis sortie. Pour aller vers lui. Quelque chose dans son attitude criait à l’aide. J’ai fait quelques pas, il a levé les yeux, et a secoué la tête. Pour me dire de ne pas approcher. J’ai laissé partir le métro, en me disant que j’attraperais le suivant, que j’avais du temps. J’ai continué à le regarder, sans un mot.

J’ai pris le métro suivant. Il n’avait pas bougé. J’ai continué mon chemin, la tête pleine de questions. Pas par curiosité, non. Je me suis demandé quelle mauvaise nouvelle avait pu réduire cet homme à étaler pudiquement sa douleur, comme si elle l’empêchait d’avancer, de sortir de cette station bondée à l’heure de pointe.

Son amoureuse venait-elle de lui dire que tout était fini? Venait-il d’apprendre le décès d’un proche?

Dans un très mauvais scénario de film, ça commencerait ainsi:  » Terrassé par la nouvelle, il était incapable de bouger, peinant à reprendre son souffle… »

Sauf que ce n’était pas un mauvais scénario de film. Juste une « scène de la vie quotidienne » dans le métro. Et son regard me suit encore…

27 septembre 2009

Hé! C’est dimanche!

Filed under: tranches de vie — Marie-Jose @ 11:40

…. ouais, pis?

Depuis mon retour au boulot, je cours après mon temps. Je suis en réunion non-stop, je me justifie par écrit pour me conformer aux règles, je dote et je radote. Les activités ont repris également à la maison, mais difficile de se mettre dans le mood automnal quand il fait un temps estival. Les arbres commencent à peine à rougir, l’eau de la piscine est cristalline, et si ce n’était de la pluie qui tombe aujourd’hui, j’aurais pensé à aller m’étendre sur ma chaise longue pour lire au soleil quelques heures.

Mais il pleut. Et l’humeur est sombre. Trop de morts* ces jours-ci. Des morts publiques, et des morts personnelles. Des petites morts, des illusions mortes, des feuilles mortes. Mais quand même l’impression d’avancer.

Professionnellement, les choses se placent. J’ai commencé à trouver « mes » marques. À élaguer l’héritage, à séparer le bon grain de l’ivraie. À faire tourner le bateau. Vendredi, en réunion d’équipe, j’ai commencé à voir les gens sourire. J’ai livré ce que je m’étais engagée à livrer, et le lien de confiance est établi. Enfin je crois. Je sais à quel point ces liens sont fragiles, mais je crois avoir manoeuvré correctement. Du moins, je l’ai fait en toute transparence.

J’ai douté. Beaucoup. C’est sain, le doute. Ça vous force à remettre en question pas mal d’absolus, ça épuise, mais ça produit toujours des résultats dans mon cas. Je doute encore un peu, mais les certitudes se réinstallent.

Et puis j’ai réalisé que quinquagénaire et quinquaillerie, c’est lié. À 50 ans, vous commencez à avoir besoin de pièces de rechange. Là, c’est mon genou, tanné de supporter un excès de poids, qui se rebelle. D’ici quelques années, aurai-je droit à une articulation en titane? En aluminium léger, garanti 30 ans?

C’est dimanche. Cet après-midi, pour rester dans le ton, nous irons voir « Il pleut des hamburgers »…

Comme dirait l’autre « Bonne semaine »!

* Le décès de Pierre Falardeau me désole. J’aimais m’énerver quand il s’énarvait. Celui de Nelly me désole aussi. Mais pas pour les mêmes raisons.

6 septembre 2009

Avoir peur des mots

Filed under: tranches de vie — Marie-Jose @ 08:32

Vous me connaissez. Je ne parle jamais politique. Ou si peu.

Mais la controverse entourant le Moulin à paroles me laisse songeuse. Pas sur le caractère partisan de l’événement: chacun y trouvera sa chacune, comme disait ma grand-mère. Non, ce qui m’interpelle, c’est notre rapport à l’histoire.

Je vous l’ai déjà raconté: la crise d’octobre a joué un rôle déterminant dans ma vie. Le fait qu’on veuille relire des extraits du manifeste du FLQ ne me gêne pas. Octobre 70 fait partie de notre histoire, tout comme la révolution tranquille, les jeux olympiques ou les élections à répétitions… Avons-nous si peur des mots? Avons-nous si peur de notre histoire? Pensons-nous qu’édulcorer le passé le rend plus acceptable? Moins dangereux?

Nous avons, comme société, nos côtés sombres. Nous avons eu nos histoires pas belles, pas jolies, nos moments moins glorieux. Tout comme nous avons eu nos moments forts, ces moments ou on se sent fiers d’appartenir à cette société qu’est la nôtre. Dans notre histoire collective comme dans nos histoires personnelles, y’a des événements qu’on souhaiterait peut-être oublier, mais qui ont exister. On peut toujours nier, mais la réalité demeure.

Au fond, qu’est-ce qui est le plus subversif? De lire un texte comme le manifeste, ou de l’ignorer? Et pour qu’on se comprenne bien,  je ne prends pas position ni pour un camp, ni pour l’autre. Il y a des dérapages de chaque côté, à mon avis. Bien des mots inutiles.

4 septembre 2009

Grippe du code postal – Prise 2

Filed under: tranches de vie — Marie-Jose @ 11:28

Belle initiative, pour ceux et celles que ça intéresse: une conférence en direct sur le sujet, en provenance de l’Hôpital de Montréal pour enfants.

http://www.hopitalpourenfants.com/fr/nouvelles/pointdemire.aspx?id=739
On a jamais trop d’informations pour prendre une décision, quelque qu’elle soit.

2 septembre 2009

La grippe du code postal…

Filed under: tranches de vie — Marie-Jose @ 08:30

… a fait sa première victime: une classe de 2e année d’une école primaire de quartier. Yup. Et selon merveilleuse merveille, c’est la faute du premier ministre. Son premier apprentissage  de la rentrée : c’est la faute du gouvernement. Mais vous et moi, on le sait hein, que c’est toujours la faute du gouvernement!

En fait, je suis un peu en maudine – le stade avant être en maudit. Semblerait que la commission scolaire s’est décidée hier à retirer des écoles les enseignantes enceintes. Z’auraient pas pu y penser avant la rentrée? Bref, les petits ont commencé lundi avec une enseignante qui les avaient déjà avisé qu’elle quitterait en novembre. Hier, elle les a informé qu’elle quittait en fin de journée. Et Merveilleuse, peinée, de m’expliquer que c’était le premier ministre qui avait décidé ça, et que le gouvernement savait toujours qui était enceinte. Big brother, rien de moins.

C’est ce même gouvernement qui nous a également envoyé hier une belle note sur la grippe du code postal, nous assurant que les mesures nécessaires seraient mises en place le cas échéant. Tout comme la ministre nous a personnellement écrit qu’elle avait à coeur la réussite scolaire de mon  enfant. Non pas que je doute de ses bonnes intentions, loin de là. Y’a deux postes de ministres dans un gouvernement ou tu n’es jamais gagnant: la santé et l’éducation. Et la ministre ne s’en tire pas plus mal que d’autres. Mais honnêtement, je doute que beaucoup de parents prennent le temps de lire sa missive. C’est plus facile de dire que c’est de la faute du gouvernement…

Et pour ceux et celles qui sont déçus que ce billet ne parle pas du débat entourant le vaccin… Voyez-vous, je prends pour acquis que mes lecteurs/trices *André Boislair, sors de ce corps!* sont des gens matures, responsables, qui prennent des décisions éclairées. Et qu’ils assument les conséquences de leurs décisions. À lire et à écouter les débats, je me demande seulement si les gens qui sont si farouchement contre ne seront pas les premiers à revendiquer à grands cris leur vaccin si la situation devient réellement grave. Mais bon, là encore, ce sera la faute du gouvernement, hein! Y’avait juste à nous le dire, hein!

1 septembre 2009

Quoi? Déjà septembre?

Filed under: tranches de vie — Marie-Jose @ 09:28

J’ai changé le calendrier sur le frigo, ce matin. Déjà septembre? Prise par la vraie vie, et par une crise existantielle d’écriture, j’ai délaissé ce blog cet été. Écrire, quand ça vous force, quand vous avez le sentiment de n’avoir rien à dire, c’est difficile. J’ai jonglé avec l’idée de fermer les chroniques du patio, et j’ai oublié.

J’y suis venue quelque fois, parce que c’est quand même ici que j’ai envie de déposer mes textes, de laisser aller mon imaginaire, de jouer avec les mots, de laisser ma trace pour ma fille. Et j’ai oublié.

L’impression d’avoir déjà tout raconté. De me « réécrire », de radoter.

Je réalise aussi que je m’auto-censure. Beaucoup. Avec la nouvelle job viennent les nouvelles responsabilités, et même si j’aurais abondamment de matériel pour raconter des histoires « vraies »,  je n’ose le faire. Les nouvelles responsabilités viennent également avec un devoir de réserve.

Et vous me connaissez. Je ne parle jamais politique. Ou si peu. Pourtant, il y aurait tant à dire…

Y’a aussi qu’on devra établir une nouvelle routine de vie. Mammouth a décroché un contrat qui l’oblige à se lever bien avant l’aube, et cette année, je devrai laisser merveilleuse merveille au service de garde plus tôt, puisqu’il ne pourra plus l’amener à l’école. Nouvelle routine donc pour elle et moi le matin, plus tôt. Nouvelle routine également pour le soir, afin d’alléger celle du lendemain matin. Pour l’instant, nous avons survécu à la rentrée. Merveilleuse est ravie: elle a échappé au prof qu’elle ne souhaitait pas avoir. Moi, je le suis moins: le prof qu’elle a, bien que probablement fort douée, quittera en novembre pour son congé de maternité. Quand on sait à quel point merveilleuse est réfractaire au changement, et comment elle réagit quand sa routine est déstabilisée, j’avoue que ça m’angoisse un peu. Par contre, je sais que cette nouvelle prof était en charge des groupes de troubles de comportement les dernières années, et qu’en lui en parlant, elle saura préparer ma fille à ce changement. Et puis, même si j’angoisse, il n’arrivera que ce qui est dû pour arriver, alors …

Ce fût d’ailleurs une rentrée rock and roll: 30 heures sans électricité, de dimanche matin  à lundi pm, ça donne un sujet de conversation aux parents qui, comme soi, ont la couette de travers (pas d’électricité = pas d’eau chaude = pas de douche!), sont en manque grave de caféine, et se sentent coupables d’avoir hâte de laisser les enfants dans une école aussi sans électricité mais soulagés que quelqu’un d’autres les occupent pendant quelques heures!

Entretemps, je suis toujours en vacances, bien que le p’tit hamster dans mon cerveau n’arrête pas de préparer sa « rentrée » au bureau. De gros changements à l’horizon. J’ai pris l’été pour observer, consulter, discuter. J’ai commencé à mettre en place une nouvelle structure, qui se concrétisera au retour. Tout comme avec merveilleuse merveille, je sens que certains de ces changements perturberont ma nouvelle équipe. À moi de voir comment je les ferai accepter en douceur. Stressant? Un peu. Mais c’est pour ça qu’on me paye, non?

Mon père avait l’habitude de dire: « t’as pas voulu faire une soeur? Ben travaille! »…J’aurais bien voulu être religieuse, à condition qu’on me promette d’être pape… P’tit boss des bécosses, dit Mammouth. Nah! Nah???? Nah!!!! C’est pas tout, y’a du lavage qui m’appelle (et que j’étendrai sur ma nouvelle et illégale corde à linge!), de la vaisselle à ranger, une balayeuse à passer et une sortie de filles qui m’attend ce midi.

Pour une fille qui n’avait plus rien à dire, hein…

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