Les chroniques du patio Là où fleurent bon la résine de synthèse et le p'tit rosé estival

28 septembre 2010

Une p’tite fraîche

Filed under: Coups de coeurs,tranches de vie — Marie-Jose @ 11:57

Faut se faire à l’idée. L’été est bel et bien fini. Pis que j’en vois pas un se plaindre: nous avons eu un été extraordinaire!

Le retour de journées pluvieuses et des soirées fraîches, c’est aussi le retour de la bouffe longuement mijotée, celle qui sent si bon et qui vous fait saliver dès l’entrée de la maison.

Dimanche, donc, c’est le goût d’un boeuf aux légumes qui m’a allumée. Je le fais rarement, mais il était tellement bon que j’ai envie de partager ma recette. Pas que je veuille concurrencer ma voisine préférée qui a lancé ces jours-ci son magnifique livre de cuisine. Et si vous chercher des indications précises, sachez que j’ai appris à l’école de grand-maman Hélène, qui était plus du genre « gros comme un oeuf », « une pincée de… », « goûte pis rajoute du »… Chez-nous, les cuillères à mesurer servent à donner le sirop pour la grippe…

Boeuf aux légumes

  • 2 livres de boeuf en cubes (vendus sous l’appellation boeuf à ragoût)
  • 2 gros oignons hachés grossièrement
  • 4 à 6 gousses d’ail
  • huile d’olive + beurre
  • 1 litre de bouillon de boeuf
  • 3 bonnes grosses c à soupe de sauce Worcestershire
  • sel et poivre au goût

Dans une casserole à fond épais (idéalement un creuset, m’enfin…), faites d’abord revenir l’oignon et l’ail. Retirer et incorporer les cubes de boeuf, en plusieurs fois, afin de bien les dorer et d’éviter l’effet « nage dans l’eau ». Remettre les oignons et l’ail, ajouter le bouillon, la sauce W, le sel et le poivre. Laissez mijoter à feu très doux au moins 3 heures, jusqu’à ce que les cubes se défassent juste à les regarder…

Ajouter ensuite:

  • Pommes de terres coupées en gros morceaux
  • Carottes
  • Navet
  • Rabioles
  • Topinambour

Combien? Au goût, mais surtout selon le nombre de vos convives. C’est fou combien 3 patates de plus servent plusieurs personnes.

Laisser cuire jusqu’à ce que les légumes soient tendres. Au besoin, rajouter du bouillon ou de l’eau. Ou du vin rouge, tiens.

Dans une autre casserole, à la marguerite, faites cuire de jolis bouquets de brocoli et des fèves, vertes ou jaunes, selon ce qui reste dans le frigo. Vous les déposerez délicatement dans l’assiette sur votre boeuf aux légumes. Pourquoi faire cuire à part? Les fèves et le brocoli ont tendance à devenir « smoucheux » s’ils cuisent trop longtemps, et le petit côté al dente de la cuisson à la marguerite ajoute une texture de plus à votre repas.

Rectifier l’assaisonnement avant de servir. Au besoin, vous pouvez épaissir le bouillon avec un peu de fécule de mais délayée dans un peu de bouillon chaud. Vous pourriez, pour les amateurs de « piquant », rajouter quelques gouttes de tabasco dans votre bouillon ou du poivre de cayenne. Ou alors quelques cuillères de pâte de tomates (ou de sauce Chili, pourquoi pas?).

Avec un bon pain croûté, un verre de rouge et des amis, ça vous part un automne du bon pied, madeleine, du pied mariton, madelon!

 

23 septembre 2010

P’tite mémoire

Filed under: tranches de vie — Marie-Jose @ 22:01

C’est fou comme la mémoire peut être activée par des choses anodines: une odeur qui vous rappelle l’after-shave de votre papa, de votre amoureux ou de ce grand brun croisé dans le métro, un son qui vous ramène au camion de crème glacée ambulant, une image qui vous renvoie à vos 20 ans, un tissu qui ravive l’horreur du pantalon patte d’éléphant carreauté que votre mère vous forçait à porter.

J’ai toujours pensé que dans mon cas, la mémoire olfactive était la plus puissante. L’odeur du pain, du gâteau au lait chaud ou des fraises fraîches, c’est grand-maman Hélène en condensé. Le Chanel numéro 5, c’est maman. À chaque fois que je vais à La Baie, j’en respire un échantillon, et instantanément, je la revoie dans sa belle robe de velours violet, les cheveux impeccablement coiffés, souriant à mon père. Lui, c’est le Chanel pour Homme. Même à l’hôpital, même malade, mon père a toujours eu cette odeur réconfortante, chaude et épicée.  Et Fahrenheit, c’est un ancien collègue de travail qui le rapportait de France, avant qu’il soit disponible ici, et qui me faisait perdre le fil de la discussion…

Ce soir, en écoutant distraitement l’excellent reportage sur la crise d’octobre, dans le cadre de « tout le monde en parlait », c’est pourtant le son d’une voix qui m’a ramenée 40 ans en arrière. Non, pas celle de Gaétan Montreuil, mais celle de Claude Jean Devirieux. Soudain, les images sont revenues, avec en surimpression la même sensation de ne pas comprendre. J’avais 8 ans à l’époque, je vous ai déjà raconté comment cela a marqué ma vie. Je ne m’attendais pas, toutefois, à ce qu’une voix me propulse à ce point dans une émotion. Weird.

À part ça, chez-vous sont bien? 🙂

12 septembre 2010

3 petites semaines

Filed under: tranches de vie — Marie-Jose @ 22:55

Ça passe vite, hein? Déjà le retour au boulot demain. La routine est installée, les armoires sont impeccables, les nouveaux chats ont fait leurs habitudes. Tout devrait baigner.
Alors pourquoi ai-je le coeur gros?

11 septembre 2010

Salut Claude

Filed under: tranches de vie — Marie-Jose @ 19:43

J’ai hésité avant d’écrire. Claude n’était pas un intime, mais je l’ai connu à l’époque ou il était recherchiste. Je l’ai revu député, puis ministre. Mais pour moi, il était toujours Claude. Il est et sera toujours Claude. Baveux, drôle, parfois insupportable. Mais toujours passionné. Je l’ai vu en décembre, alors qu’il croyait avoir triomphé de la salope. Il avait des étincelles dans les yeux, c’est vrai. Mais aussi une pointe d’inquiétude. Cette même inquiétude que j’ai vue dans les yeux de mon père après son premier cancer, même quand les tests sont beaux, même quand ça fait plus de 5 ans. L’annonce de sa récidive m’a bouleversée. Mais comme les autres, je me suis dit qu’encore cette fois, il passerait non pas au travers, mais par dessus.

J’ai suivi ses funérailles à la télé, ce midi. J’aime la délicatesse de Louis Lemieux, je vous l’ai déjà dit. Mais j’ai particulièrement apprécié le commentaire de Sébastien Bovet, sur les politiciens en général. En gros, et sans le citer au texte, Bovet a rappelé que parfois, les journalistes participent au cynisme ambiant. Que oui, des politiciens véreux, ça existe, mais que ça demeure l’exception. Et que dans l’immense majorité des cas, les gens vont en politique parce qu’ils veulent aider leurs concitoyens. Pour servir. Plusieurs perdent leurs illusions, souvent plus tôt que tard, et peut-être qu’une fois ces illusions perdues, ils deviennent aigris et oublient pourquoi ils ont choisi ce métier.

Je le répète: aller en politique, c’est comme entrer en religion. Il faut avoir la foi, être prêt au sacrifice et savoir accepter l’ingratitude. Certains en sont capables, d’autres pas. Et il est si facile de critiquer les politiciens sans jamais avoir saisi pleinement l’ampleur de la tâche.

Mourir à 41 ans, d’une saloperie, ça ne s’explique pas. Mais si au moins la mort de Claude peut amener une réflexion sur le métier de politicien, qu’on arrête de tous les voir comme des morons, des croches, des voleurs ou des magouilleurs en puissance, elle servira à quelque chose. Ce sera sa dernière, mais peut-être sa plus importante contribution au débat public.

Salut Claude!

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Un texte à relire et une émission à revoir. Pas pour pleurer, mais pour se rentrer dans la tête que la vie, c’est fragile. Et que ça peut s’arrêter n’importe quand.

7 septembre 2010

Quid de la responsabilité collective?

Filed under: tranches de vie — Marie-Jose @ 09:58

Une tristesse infinie. C’est ce qui m’habite quand je pense à cette histoire des deux frères retrouvés morts, le décès du premier entraînant le décès du second, incapable de subvenir à ses besoins de base.

Triste, mais aussi dubitative. En écoutant les reportages et surtout l’entrevue donnée par Paul Brunet à RHR ce matin, des questions me sont venues à l’esprit. On pourrait croire que dans l’anonymat des grandes villes, ce genre de drame s’explique. On ne connaît pas ses voisins, on ne leur parle pas, on ignore tout de leur vie. Mais dans un petit village ou tout le monde se connaît? Et puis, même si la dame du CLSC voulait faire quelque chose, le « refus de traitement » existe. Même quand on doute que ce soit la bonne décision. Ne reste alors que la surveillance discrète de l’entourage.

J’ai de bons rapports avec mon voisinage immédiat. Ma voisine préférée a déménagé cet été, et nous sommes allés nous présenter aux nouveaux arrivants. Je n’en suis pas encore à un degré d’intimité avec eux qui me permettrait de faire ce que je faisais avec J., c’est à dire de lui emprunter sa voiture en cas d’urgence, de patauger dans la piscine ou de partager un verre de rouge. Mais j’ose espérer que nous en viendrons à pouvoir nous inquiéter mutuellement si je ne vois pas de mouvements chez eux pendant quelques jours et qu’inversement, ils viendront vérifier si nous semblons trop tranquille.

Pour moi, tout cela va de soi. Mais je réalise que ce n’est pas le cas pour tous. Et loin de moi l’idée de jeter la pierre aux voisins des frères décédés. Ce n’est pas vrai que la localisation géographique rend les gens plus près les uns des autres. Et certains ont probablement de bonnes raisons d’être méfiants et de ne pas s’ouvrir aux autres. Mais cela aussi est d’une infinie tristesse…

À une époque ou nous avons tous, semble-t-il, beaucoup de droits et très peu de responsabilités, je crois profondément que nous avons une responsabilité collective à l’égard des uns et des autres. J’ai envie de croire que le fait de m’inquiéter de mes voisins sera réciproque, à condition que je ne sois pas une vieille chipie. J’ai envie de croire que la notion de communauté existe encore. J’ai besoin de sentir que j’appartiens, et pas seulement en pensée, à une collectivité composée d’humains qui, comme disent les anglais, « care ».

Suis-je trop idéaliste?

5 septembre 2010

Regarder la mort en face

Filed under: tranches de vie — Marie-Jose @ 16:51

Dans quelques jours, s’amorceront les audiences publiques de la commission parlementaire spéciale sur le droit de mourir dans la dignité. Pas tout à fait un sujet léger en ce long congé, j’en conviens. Mais à moins d’être seul(e) au monde, nous ferons tous face éventuellement au décès d’un proche. Et le débat amorcé dans la presse cette semaine entre des spécialistes de soins palliatifs me laisse songeuse. Particulièrement parce que nous ne sommes plus particulièrement habiles à débattre entre nous: les québécois sont frileux quand vient le temps de débattre posément de sujets litigieux.

Fait-on ce débat maintenant parce que les coûts des soins de santé explosent? Si c’est le cas, je souhaiterais qu’on questionne aussi notre volonté de sauver à tout prix de grands prématurés. Je ne dis pas qu’il ne le faut pas: enceinte, si j’avais accouché à 20 semaines, j’aurais souhaité qu’on tente tout, au détriment du bon sens je crois. Je questionnerais également sur la récente décision du gouvernement de repayer les coûts des traitements de procréation assistée. Et le manque de sous pour assurer des soins à domicile adéquats pour les personnes âgées, évitant ainsi de les « parquer » dans des centres hospitaliers de soins de longue durée avant qu’ils aient besoin de s’y trouver. Vaste réflexion, peut-être, mais qui dans ma tête, ne peut pas être dissociée. Et pour qu’on se comprenne bien, je ne gueule pas contre les décisions gouvernementales, pas plus que je ne les approuve. Je soulève seulement le point que comme société, nous refusons parfois de faire ces débats.

La commission m’a aussi amenée vers une réflexion plus personnelle. Quand le médecin qui soignait mon père m’a annoncé qu’il n’y avait plus rien à faire, la première chose que je lui ai demandé, c’est de s’assurer qu’il ne souffre pas. Je ne voulais pas qu’il meure, bien entendu, mais devant l’évidence, c’est la souffrance qui était devenue l’ennemie. JE ne voulais pas le voir souffrir. Je ne lui ai pas demandé ce que lui voulait. C’était ma peur, ma décision. Même au détriment de voir la mort prendre quelques jours d’avance. Avec le recul, je réalise que la ligne entre l’euthanasie et la compassion est mince. Très mince. Et que le risque de dérapage est grand.

Je peux décider pour moi: j’ai déjà dit à Mammouth que je ne souhaitait pas d’acharnement thérapeutique ni de traitement de dernier recours si jamais j’étais atteinte d’une maladie dégénérative ou d’une maladie qui ne pardonne pas. Mais si c’était merveilleuse merveille? Irais-je jusqu’au bout ou si par peur de faire face à sa souffrance, je choisirais d’abréger ses jours?

Bref, si je n’ai pas de problème avec le suicide assisté, à la Dignitas, je n’ai pas le même détachement à l’égard de l’euthanasie.

Je souhaite que la Commission fasse les vrais débats, dans le calme et la sérénité. Cette commission sera moins « glamour » que l’autre, mais pour moi, elle risque d’esquisser les contours de la société dans laquelle nous vivrons.

Entretemps, je vous invite à lire cet excellent article .

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