Vous me connaissez, je ne parle jamais politique. Ou si peu. Mais les débats entourant le cancer de Jack Layton me troublent.
L’image est terrible. Un Jack Layton amaigri, le teint gris, l’oeil éteint. J’ai vu cela chez de nombreux cancéreux et ce n’est jamais bon signe. Pas besoin d’avoir un bulletin de santé détaillé, il me semble, pour comprendre que l’homme est gravement malade. Peu importe, à ce stade, de savoir de quel cancer il s’agit, non? Il a pris la seule décision qu’il pouvait prendre, celle de se retirer et de se battre en privé. De tout coeur, je lui souhaite de gagner cette bagarre, plus dure et plus cruelle que la vie politique. Et je comprends que cette drogue dure qu’est l’adrénaline de la politique soit tellement forte qu’il espère y revenir, le plus tôt possible. Que c’est probablement ce qui le tient debout, à l’heure actuelle.
Je m’explique mal l’insistance de certains à vouloir des détails, un bulletin de santé détaillé. J’en ai rien à cirer que les hommes politiques américains publient chaque année les résultats d’examens médicaux: ce qui nous distinguent justement des américains, c’est la pudeur que nous avons encore, un peu, à l’égard de la vie privée de nos hommes et de nos femmes publics. La seule chose qui m’importe, c’est qu’ils et elles fassent preuve de jugement et se retire, s’ils ne sont plus en mesure d’exercer la tâche convenablement. Je pense à monsieur Bourassa qui, au plus fort de la crise autochtone en 1990, a retardé les traitements de son cancer de la peau. Je pense à Claude Béchard, qui s’est rendu à l’extrême limite. L’un comme l’autre ont fait passer l’intérêt public avant leur propre intérêt. À voir Jack Layton, cette semaine, j’ai l’impression qu’il a en fait autant. Trop tardivement, peut-être.
Sommes-nous à ce point en train de nous américaniser? Rien de rassurant. Non, rien.
Vraiment pas rassurant. Ce sont peut-être des passionnés.