On en est là. Sucré 16. J’ai beau me pincer, me dire que j’en ai manqué un bout, me remettre la tête sous la doudoune…. la réalité me rattrape. Sucré 16.
On ne reviendra pas sur cette année pas facile pour personne. Mais tu as assuré. Oh! Oui. Comme si tu étais une sacré 32. Quand tu as vu que je n’allais pas, que le moral était sur le point de flancher, tu étais là pour me crier des « je t’aime » et me faire un bisou-tout-doux. Avec ton père, vous avez été mon rempart dans ces jours difficiles.
Tu es toujours ma belle rebelle, ma Perséide perso. Ton caractère est toujours aussi vif, mais tu sais maintenant comment canaliser cette énergie. Et tu m’impressionnes. Sincèrement. Tu as vécu, en accéléré, ton passage de l’adolescence à l’âge adulte. Tu as eu ton premier amoureux sérieux et tu as négocié ta liberté de belle manière, tout en nous disant que cette conversation « là », tu la trouvais malaisante. Tu as respecté tes engagements, tu as terminé ton année scolaire en y mettant tous les efforts et tu as rouspété de ne pas travailler parce que nous avions eu l’idée d’avoir un bébé né en août plutôt qu’en juin. Tu as appris, cette année, à mettre des mots sur tes sentiments et à les exprimer sans colère, sans bouderie, sans claquage de porte. Ou presque.
Il y a quelques jours, tu as vécu ta première peine d’amour. L’écoeurant, il t’a laissé par texto alors que tu étais chez ta grand-mère. Je n’étais pas là pour éponger tes larmes, et de loin, j’ai vécu ton chagrin comme si je t’avais abandonnée, parce que je n’étais pas là pour toi. Tu aurais probablement souri de nous voir, ton père et moi, les yeux pleins d’eau quand nous lisions tes messages et après tes appels. Je sais, les peines d’amour sont inévitables et elles font parties des apprentissages difficiles mais formateurs. Toi, tu as eu le courage d’aller le confronter, de lui dire que tu le trouvais particulièrement couillon de t’avoir dompée à distance. Tu es revenue le visage ravagé par les larmes et le chagrin, tu t’es mouchée sur mon épaule et tu m’as dit « Il ne me mérite pas ». J’en suis encore épatée. Je n’avais pas, à ton âge, cette maturité ni cette confiance en moi. Et plusieurs femmes de mon entourage, même encore, non plus. Je ne suis plus inquiète, maintenant. Tu as appris à te faire respecter et je plains celui qui oserait s’essayer!
Dans quelques jours, tu entreprends le dernier droit de ton secondaire. Bientôt, trop vite, l’heure des choix sonnera. Pour le moment, tu penses au droit, celui qui te permettrait de défendre l’indéfendable. Cette année, tu devais, dans le cadre d’un travail scolaire, préparer une plaidoirie sur ce genre de cas. Tu nous a soufflé, incluant ton professeur, par ta rigueur, ta fougue, et tes arguments imparables. Et tout ça dans un anglais impeccable! Bon, tu avais tout des avocates des séries télévisées, talons vertigineux inclus, mais si jamais tu maintiens ce choix de carrière, je n’ai aucun doute sur ton succès!
Entre-temps, tu profiteras de tes derniers jours d’été pour fêter, avec tes copines, ce sucré 16. Nous nous ferons discrets, ton père et moi, pour que vous puissiez admirer ces Perséides qui, tout comme toi, sont de plus en plus éclatantes. Hier, on a recréé, l’espace d’une journée, le clan. Toi et ta sœur, ton papa et moi. Ne manquait que le grand frère, qui travaillait. Piscine, souper. La première vraie belle journée de notre été, pleine d’une légerté qu’on avait oubliée.
Je t’aime, ma puce. Tu es, et tu seras toujours, ma plus belle réalisation. Mais je ne prends pas tout le crédit de cette jeune femme exceptionnelle que tu deviens: ton père, plus « lousse » que moi, sait mieux jauger ce qui t’es nécessaire pour t’épanouir. Moi, je te garderais sous verre, dans du papier de soie bleu, celui qui empêche le blanc de jaunir tu sais, pour que tu restes ma petite fille. Il est en grande partie responsable de ta maturité, de ta curiosité, de ta soif de liberté. Moi, je ne serai jamais loin pour ces jours où tu auras besoin de redevenir une petite fille qui a besoin de sa maman.
Je t’aime, ma belle rebelle. Profondément. Mais fais-moi plaisir, arrêtes de vieillir. Moi, j’arrête de compter. Un jour, tu auras 20 ans. Mais 16, c’est ma dernière limite!