Ça y est. J’ai 60 ans.
Je devrais être catastrophée d’être si vieille. D’avoir les petits bobos associés au vieillissement: les jointures qui craquent, le pas moins assuré, le cheveu plus sel que poivre, le bye bye de dessous de bras mous, etc… De réaliser qu’il y a en plus derrière que devant, que je ne serai plus jamais une jeune poulette du printemps – mais l’ai-je déjà été? D’avoir de plus en plus souvent la larme à l’oeil parce que des gens qu’on connait personnellement nous ont quitté, que nos idoles de jeunesse partent aussi. D’avoir de plus en plus besoin d’expliquer qui était un tel, ce qu’était les années 70 ou d’utiliser l’expression « dans mon temps ».
Je devrais être en maudit de ne pas pouvoir, encore une fois, fêter ça dignement, comme on a souligné mes 50 ans. De ne pas pouvoir réunir famille et amis, badiner, se féliciter de se connaitre, se raconter pour la zillionème fois nos faits d’armes, nos niaiseries, nos bons coups comme nos mauvais. Et rire, rire. Savourer le bonheur d’une assiette bien garnie, d’un verre de blanc, rose ou rouge, d’un gâteau au chocolat cochon de chez cochon. Et se faire de nouveaux souvenirs qu’on se racontera dans 5 ou 10 ans.
Pourtant, non. Je suis fière d’avoir 60 ans, fière de ce que j’ai accompli, fière d’être encore debout malgré les tempêtes. Fière d’avoir traversé tout ça et d’avoir encore le goût de donner, mais en ayant appris à ménager un peu ma monture. Fière d’avoir à mes côtés un Mammouth qui voit toujours la fille de 40 ans de qui il est tombé amoureux, une fille qui m’émerveille, une famille qui m’aime, des cousins/cousines que j’ai hâte de revoir et avec qui j’entretiens les liens de la tribu des descendants d’Alcide et Annie et d’Hélène et Ovila. Fière d’avoir tissé des liens avec des gens que j’ai connu à travers la politique, la fonction publique, les zinternets ou autrement. Fière, mais surtout reconnaissante de voir qu’aujourd’hui, ils m’ont inondée d’amitié et d’amour, virtuellement, au téléphone ou en privé.
Peut-être que je vis dans le déni. Dans ma tête, mon 60 sonne encore comme 30. Ou 15. Même si certains matins, ça sonne, en toute franchise, comme 90. C’est un chiffre. Rien d’autre. Je trouve ça même cool d’avoir 60 ans.
J’ai comme modèle des femmes d’exceptions, chacune à leur manière: ma mère, Lise Bacon, Lucienne Robillard. J’aspire à leur ressembler, quand je serai grande. J’admire aussi Helen Mirren, Audrey Hepburn et plus près de moi, Louise Latraverse et Béatrice Picard, pour qui l’âge ne semble pas avoir de prise. Des femmes dont le charme et le sex-appeal vont beaucoup plus loin que le botox et la couleur des cheveux. Des femmes qui s’affirment et ça, c’est drôlement sexy je pense.
60? Ben c’est ça. Sexy Sixty. Pis tant pis pour ceux qui trouvent ça vieux!