Jingle Bells et toutes ces sortes de choses

Je sais. Je néglige. Je me néglige, je vous néglige. Et je n’ai même pas de vraies excuses. Juste une certaine fatigue, et un gros gros sens de la retenue. Ne pas hurler, d’indignation ou de rire. Se censurer, par peur et par bravade. Trop de choses à raconter qu’on ne peut pas, et pas assez de ces petites insignifiances qui meublent le vide.

Et puis l’hiver qui n’arrive pas, la neige qui ne tombe pas – Kyoto, t’es ou??? – l’esprit de Noël qui ne s’installe pas malgré les décos partout, la frénésie du magasinage pour trouver ZE cadeau. C’est ben pour dire, même le train de Josélito n’arrive pas à me convaincre que dans 7 jours, nous serons à quelques heures du réveillon.

Et il s’est passé quoi depuis mon dernier papier? Des zillions de choses, et pas grand chose. Nous avons fêté, Mammouth et moi, nos 10 ans d’amour. 10 ans. Vous m’auriez dit ça, il y a 10 ans, je vous aurais renvoyé dare-dare chez le doc, faire revoir votre prescription de médicaments! Et pourtant, nous sommes toujours ensemble. Pas par obligation, pas par habitude. Par amour. Par attachement profond, malgré nos différences. Nous n’avons pas pu célébrer, la grippe ayant frappé fort. Mais les sushis qui nous avaient réunis il y a 10 ans étaient au rendez-vous. Un souper en tête-à-tête, l’occasion de faire le point et de se dire qu’on remettait ça pour un autre 10 ans. Sans flafla. Mais avec beaucoup d’amour.

Merveilleuse merveille va bien, mais s’interroge de plus en plus sur le sens de la vie. Nos petits matins, alors qu’elle pose des questions sur ce qu’elle lit dans La Presse, me sont précieux. Même si parfois, je n’ai pas les réponses. Pourquoi un fou décide-t-il de dégoupiller des grenades dans une foule, tuant un bébé? C’est qui, François Legault? Pourquoi elle est morte, la dame? Je me dis que tant qu’elle aura le goût de me poser des questions, j’aurai le goût de lui répondre, même quand je n’ai  pas de certitudes. Sa curiosité m’inspire.

Au travail, on gère la décroissance, la démotivation, l’incertitude et l’angoisse. Du mieux qu’on peut, sans trop savoir, en mettant de côté sa propre incertitude et sa propre angoisse. On fera pas de boutons pour ça, hein? Si justement! Mais on va les camoufler avec une bonne couche de fond de teint… quoique à mon âge, le polyfilla ferait une meilleure job!

Politiquement, c’est le désert. La déprime. Vous me connaissez, je ne parle jamais politique. Ou si peu. Et c’est encore plus vrai ces jours-ci, parce qu’en parler, ça ne changerait pas grand chose. Une réflexion intéressante, toutefois, chez Marie-France Bazzo, sur le « autrement ». Camil Bouchard qui disait que les médias sont en partie responsables du cynisme. Qu’ils sont tombés dans la « politique-réalité », l’anecdote prenant le pas sur le contenu. J’ajouterais qu’à partir du moment ou des politiciens acceptent de participer à de la politique-spectacle, faut pas se surprendre du résultat. Sujet clos.

Pour le moment, le beau Johnny Deep fera la joie de mon samedi soir, avec les poulettes. Demain, on fera le sapin et on décorera la cheminée. Puis, on préparera les boîtes de pâtisseries pour les professeurs et les éducatrices et on ira souper chez une belle gang de fous, comme nous.

Allez, on se met dans l’ambiance. Après tout, c’est le temps des fêtes!

Feuilles au vent

Il fait froid aujourd’hui. Il mouille, il vente. C’est l’automne dans sa version moche. La tête enfoncée dans les épaules, cachés sous leur parapluie, les passants marchent vite, regardant le sol pour éviter les flaques d’eau. L’humeur des gens est à l’image de la météo. Moche.

Ce matin, aux abords du métro, deux itinérants. Un jeune, souriant, de ce sourire qui doit tout aux paradis artificiels, offrait généreusement sa bouteille de bière à ceux et celles qui s’approchaient. « Une p’tite gorgée pour te réchauffer, ma belle? » Presqu’envie de lui dire oui, juste pour lui dire à quel point le geste était gentil, à défaut d’être invitant. Pressés à cette heure de pointe, les gens l’évitaient du regard et faisaient de grands détours pour ne pas s’en approcher. Un vieux, en discussion avec lui-même, s’invectivait dans un mélange d’anglais, de français et de mots empruntés à l’espagnol et à l’italien. Lui, il en voulait aux passants, leur montrait le poing et sa bouteille vide.

Deux itinérants. Qui passeront l’hiver à chercher un peu de chaleur dans les bouches de métro et qui se résoudront à quémander une place à l’accueil Bonneau quand janvier arrivera.  Deux itinérants qui, avant, étaient le frère, le fils, le père de quelqu’un. Ont-ils tout quitté, pressés par leurs démons intérieurs? Ont-ils été mis à l’écart de leur famille, à bout de dealer avec eux? Derrière ces deux itinérants, deux histoires tristes, déchirantes. Même si c’est leur choix.

Deux réalités dans ma ville aux cônes oranges. Ce matin, dans cette température moche, j’aurais voulu aider. Mon coeur s’est un peu serré de voir ces deux itinérants qui, comme feuilles au vent, tourbillonnaient dans cette pluie froide de fin d’octobre. J’aurais voulu… je ne sais pas quoi. Pour un moment, j’aurais voulu retrouver la naiveté de mon adolescence et penser qu’on pouvait changer le monde et éviter la misère dans notre pays si riche. Et puis, le quotidien m’a happée.

Pour le reste de ma vie

Il y a quelques semaines, le téléphone sonne. C’est la belle Gabrielle, fille de mon amie Isabelle. Qui m’invite à une fête surprise pour les 50 ans de sa mère. Isa a été, pendant des années, ma grande amie. Ses enfants, presque les miens. Et puis, la vie nous amène ailleurs, les relations s’espacent, on se voit de loin en loin et on ne prend plus, dans le tourbillon des jours, le temps de s’appeler. C’est donc dire que j’étais touchée que Gabrielle m’invite.

Isa et moi avons exactement 6 mois de différence. Nous nous sommes connues à Québec, comme co-animatrices scoutes, puis comme voisines. Nos deux portes étaient constamment ouvertes, et la limite entre chez-elle et chez-moi n’existait pas vraiment. Son fils, à l’époque un bébé, dormait chez-moi régulièrement, se promenait entre les deux appartements. Une autre copine, Anne, était aussi chez l’une ou l’autre régulièrement. On était pas loin de la commune: bouffe, casse-têtes, mots croisés, tricot, tout se faisait en gang plus souvent qu’autrement. Un jour, Isa a refait sa vie et a déménagé à Montréal. Puis c’est moi qui ai quitté Québec pour Ottawa. Deux magnifiques enfants se sont ajoutés à la famille.

Je ne les avais pas revu depuis quelques années. Un choc de voir ces beaux enfants devenus de jeunes adultes. Et un constat que la vie file à toute vitesse. Plus on vieillit d’ailleurs, plus ça va vite.

Quand on a fêté les 40 ans d’Isa, je me souviens d’être revenue à la maison et de m’être interrogée sur ce que je voulais pour mes 40 ans à moi, 6 mois plus tard. La question était claire dans ma tête, je ne voulais pas me réveiller, le matin de mon anniversaire, pleine de regrets et de j’aurais donc dû… Avec 6 mois devant moi, j’avais le temps de faire quelques changements. Ce soir là, j’ai dressé une liste que j’ai affichée sur le frigo:

  • Perdre du poids
  • Arrêter de fumer
  • Me remettre en forme
  • Quitter le monde politique et changer d’emploi

Le matin de mes 40 ans, je me suis réveillée:

  • je n’avais pas perdu de poids, au contraire
  • je n’avais pas arrêté de fumer, mais j’avais diminué
  • je n’avais pas commencé de programme de remise en forme
  • j’étais toujours en politique, mais plus dans le même poste

et surtout, en couple et enceinte de 5 mois :-). Comme changement de vie, c’était pas mal, hein!

Ce matin, si je devais refaire la liste en vue de mes 50 ans, je reprendrais les mêmes objectifs: perte de poids, remise en forme, changement d’emploi (j’ai arrêté de fumer et je suis fière de dire que je suis non-fumeuse depuis 9 ans!). Je ne souhaite pas me réveiller enceinte en mars, mais je ne regrette rien de ce qui est arrivé au cours des 10 dernières années. Rien de rien.

Alors, je veux faire quoi avec le reste de ma vie? Je me fixe des buts, des objectifs, ou encore une fois, je laisse ma bonne étoile me guider? Réflexions, réflexions… entretemps, on va aller faire du yoga, question de s’assouplir et de se réenligner les chakras 🙂

Aux (l)armes, citoyens!

Vous me connaissez, je ne parle jamais politique. Ou si peu.

Ce matin, je fais une petite exception. À peine si j’ose commenter. Mais bon, faut ce que faut.

Petite mise en garde, toutefois: je ne m’en suis jamais cachée, j’ai un passé « politique ». Mais depuis la naissance de merveilleuse merveille, je n’ai pas fait de politique partisane. Je n’ai assisté à aucun rassemblement, je n’ai pas participé à des activités partisanes, je n’ai jamais versé ne serait-ce qu’un dollar à aucun parti. Dans le cadre de mon travail, j’observe la plus stricte neutralité, puisque je suis fonctionnaire.

Cependant, je n’en pense pas moins. Mes valeurs n’ont pas changé, et je vote. Selon ma conscience. Pas aveuglément. Pas nécessairement toujours pour le même parti. Parfois pour l’homme, parfois stratégique.

Et je regarde les nouvelles. Je lis avec attention les analystes, commentateurs et autres « wannabe » de la chose. Avec Mammouth et les enfants, nous en discutons. Pour moi, la démocratie est importante, et il m’apparait fondamental que mes enfants exercent leurs choix politiques, quels qu’ils soient, en toute connaissance de cause. On est jamais trop jeune pour comprendre, à mon sens, l’impact sur notre vie quotidienne de nos choix, et celui de nos gouvernements l’est tout autant qu’un autre. Quand ils seront en âge de voter, peu m’importe le parti qu’ils choisiront. Je ne leur demanderai qu’une seule chose, c’est d’être logique et cohérent, et de savoir pourquoi ils votent ainsi. Comme dit Mammouth, on peut bien être marxiste, à condition d’être de tendance Groucho!

Ce matin, à la lumière des manifestations d’hier, je m’interroge. Ça fait  des mois maintenant que  l’odeur de collusion, de corruption et les allégations de toutes sortes polluent l’atmosphère au Québec. Depuis la sortie du rapport Duchesneau, je lis et j’entends que la grogne « citoyenne » est palpable. Que la colère gronde. Que le « peuple » en a assez!

Ce matin, 24 000 coureurs ont pris le départ du Marathon de Montréal. Hier, à la manifestation du 24 septembre, à peine 1 millier de personnes se sont déplacées. Du pain et des jeux, hein… Québec s’est mobilisé pour un amphithéâtre avec sa marche bleue, mais pas pour revendiquer une commission d’enquête sur ce qui pourrait faire en sorte que ce dernier coûte 8 fois le prix estimé.

Alors, le peuple en colère, il était ou hier? Occupé à choisir le vin qui accompagnerait le souper? Occupé à ramasser les premières feuilles qui commencent à garnir nos terrains? À lire le peuple qui commente à qui mieux mieux sur les blogues populo-populistes, le peuple est en beau calvaire. Mais il l’est juste sur papier. Ou dans les médias sociaux. À force de vouloir être amis avec les « védettes », on finit par ne dire que ce qu’on espère sera repris, retwitté, référencé. Cette manif d’hier en est l’exemple parfait. Les média traditionnels ont beaucoup parlé de cette manif, parce qu’elle partait d’un mouvement citoyen, né sur FB et repris sur Twitter. Hélas, on est loin, au Québec, d’un printemps arabe!

Ne me dites pas que le peuple a parlé en élisant le NPD au fédéral. Le grand vent de « changement »? Peut-être. Mais au Québec, ça va se traduire comment, à la prochaine élection? Ouste Charest, mais bienvenue qui? Le PQ s’en va dans toutes les directions, et les Caquistes semblent vouloir être tout pour tous. J’allais oublier l’ADQ. Comme l’ensemble du peuple, semble-t-il.

Découragée? Oui. Mais j’ai surtout perdu tous mes repères. Je ne sais plus en qui croire, mais je sais en quoi je crois. Je crois en l’honnêteté, en l’intégrité, au bien collectif et aux possibilités d’épanouissement personnel. Je ne me reconnais plus dans le parti qui a toujours représenté cela pour moi, je me sens orpheline. Et je n’ai pas de solution, juste un immense sentiment de vide. Et ce n’est pas une commission d’enquête qui va y changer quoi que ce soit.

Le Québec a de nouveaux mentras: « commission d’enquête » et « … citoyen » (remplacez le … par le mot que vous voulez, tout est maintenant citoyen anyway!). Mais, pour paraphraser le Cid, à la question: « Québec, as-tu du coeur? »,  j’ai bien peur que la réponse soit « genre »….

Allez, on referme la parenthèse et on retourne à notre programmation régulière. Vous me connaissez, je ne parle jamais politique. Ou si peu.

Quand Mammouth me fait pleurer…

En sortant de mon cours de yoga chaud,  je vois sur mon bébelleberry un texte de Mammouth, destiné à l’édition hebdomadaire de son journal. Je l’ai lu, les larmes aux yeux. Je me permets de le reproduire ici…

11 novembre 2001

Ce matin du 11 septembre, le Québec était l’invité des tours jumelles. L’événement Québec-New-York 2001, une  rencontre entre artistes québécois et newyorkais, devait se dérouler pour plusieurs jours au World Trade Center. Plusieurs créateurs de l’univers du multimédia étaient déjà sur place en cette belle journée ensoleillée de septembre.

J’aurais dû y être. Je devais être sur place le 11 septembre pour cette rencontre, mais les hasards de la vie ont fait que mon départ a été retardé au 12 septembre. Cette journée du 11 septembre, nous fumes nombreux à nous inquiéter pour nos proches, pour des amis qui eux, étaient sur place. Comme Clément Laberge, un ami de Québec, qui ce jour-là, accompagnait sa conjointe à cette rencontre de créateurs. Dix ans plus tard, j’ai demandé à Clément de se remémorer ce 11 septembre pour nous. Nous avons aussi demandé à plusieurs personnalités de plonger dans leurs souvenirs et de nous dire ce que le 11 septembre a changé dans leur vie.

À chaque 11 septembre, je me dis que j’ai sans doute raté un rendez-vous avec l’histoire. Ce qui, pour un journaliste vous en conviendrez, est un triste constat. Mais je ne savais pas encore que j’avais pris un rendez-vous avec la vie.

En effet, celle qui devait devenir ma conjointe était, elle, en plein tourbillon. À Ottawa où elle travaillait, cette journée du 11 septembre et les autres qui suivirent furent un enfer pour elle, sa ministre, et ses collègues. Je vous passe les détails, mais ce ne fut pas avant le 11 novembre que nous pûmes nous rencontrer. Ce 11 novembre 2001, New York pensait revivre le même cauchemar alors qu’un avion s’écrasait dans le Queen. Fausse alerte, soupirs de soulagement de ma conjointe. Mais c’est ce jour du 11 novembre 2001, alors que nous échangions sur les événements des deux derniers mois et ce douloureux 11 septembre que nous avions vécu chacun à notre façon, que fut conçue notre fille.

La vie, la vie! Un début, un milieu et une fin. Tout ce qui vient au monde finit par disparaître. Comme une respiration. Et tout renaît. Dieu merci.

Rien à ajouter. Si ce n’est que Mammouth a parfaitement raison. La vie est précieuse, elle arrive quand on ne s’y attend pas. Et c’est tant mieux.

Yoga? Moi? Vraiment!

Bon. Encore un aveu. Je ne suis pas une sportive née, même que je déteste ça. À une certaine époque, j’aimais fréquenter le gym, j’y trouvais même un certain plaisir à me dépasser. Depuis la naissance de Merveilleuse merveille, mes activités physiques se sont résumées à courir après elle et à marcher de la maison à l’arrêt d’autobus. Pas que je n’ai pas eu l’intention de m’inscrire au gym. Mais les horaires de celui près de la maison, et mes propres horaires, semblaient bien peu compatibles.Quant à y aller sur l’heure du lunch, j’admire de toutes mes forces mes collègues qui le font, mais très peu pour moi.

Merveilleuse merveille vieillissant et prenant de l’autonomie, les horaires de Mammouth se stabilisant, il m’est venu à l’idée que cet automne serait propice à un programme de remise en forme qui me permettrait d’aborder les rivages de la cinquantaine plus en forme que maintenant. Mais une fois cela dit, on fait quoi?

L’enthousiasme d’une copine pour le yoga chaud m’a séduit. Comme je sais qu’elle a des problèmes de genoux, son enthousiasme ne pouvait que me conforter dans l’idée que ce n’était pas impossible pour moi. Alors pourquoi pas essayer?

Nous nous étions donnés rendez-vous ce matin au centre de yoga chaud près de chez-moi, avec une autre amie à moi. Le centre est neuf, immaculé, les gens sympathiques. Nous étions 4 au cours, avec une prof généreuse de son temps et de ses conseils.

Ai-je aimé? Commençons par dire que j’ai survécu. Et que j’ai surtout mesuré l’étendue du désastre de ma non forme physique. Non seulement je ne suis pas souple, mais j’ai des blocages partout – aux hanches, aux genoux, dans le dos. La chaleur tropicale doit cependant beaucoup aider à assouplir les muscles.

J’ai eu plus de problème avec le blabla de la prof. Je sais, le yoga c’est aussi un état d’esprit, un esprit sain dans un corps sain, etc. J’ai failli décrocher quand elle a répété à plusieurs reprises qu’il fallait faire « fondre son coeur »… moi, c’est plutôt ma graisse que je veux faire fondre, tsé! Mais bon, j’en viendrai sûrement à être capable de me fermer les oreilles, à défaut de me sentir totalement confortable avec le vocabulaire spécialisé du yoga.

Au final, je pense que je vais me donner une autre séance avant de prendre une décision. À condition d’être capable de marcher demain…

C’est le métier qui rentre, pitchounette

Depuis le début de l’été, Merveilleuse merveille a fait de grands apprentissages. Et a enfin conquis ses peurs. D’abord celle qui l’empêchait de porter des boucles d’oreilles. Parce qu’elle voulait des « diamants », ceux que sa grand-mère lui a promis en héritage, elle lui a demandé de se faire percer les oreilles. Elle est revenue du Saguenay super fière d’elle.

Et hier, elle a finalement conquis son Everest personnel, la bicyclette. A 9 ans, elle était la seule de son gang à ne pas savoir en faire. J’ai toujours pensé qu’elle avait peur, suite à une chute quand on a enlevé les petites roues de son ancien vélo. Mais j’ai lu, et on m’a raconté, que chez certains enfants atteints d’un TDAH, l’apprentissage du vélo était ardu parce qu’il demande de coordonner plusieurs actions et de se concentrer sur elles. Souvent, semble-t-il également, la médication a comme effet secondaire de permettre cet apprentissage. J’ignore si dans le cas de Merveilleuse merveille, c’est l’effet de la médication,  ou si un été passé à faire de la trottinette, jumelé au fait d’être la seule à ne pas participer à la sortie scolaire en vélo, ont fini par jouer.

Voulant suivre son amie K et sa mère dans la tournée des ventes de garage, elle s’est fait dire qu’en trottinette, ça serait trop long, mais que si elle souhaitait les accompagner à vélo, elle était la bienvenue. C’est la mère de K qui est parvenue, en 10 minutes, à lui inculquer suffisamment de confiance en elle pour réussir là ou nous avions, son père, moi, tonton Marc, parrain, grand frère et grand-maman, échoué.

Jamais je n’oublierai son visage quand elle est entrée, triomphante, pour me dire qu’elle était capable! Elle aurait gagné une médaille d’or en gymnastique que ni elle ni moi n’aurions été plus fières. Chose certaine, depuis hier, elle reprend le temps perdu. Elle a passé la journée à faire du vélo avec son amie K. Et à découvrir son indépendance. « Maman, je vais au dépanneur ». « Maman, on s’en va au Parc ». « Maman, je vais à l’école et je reviens ». Je me suis retenue pour ne pas lui répéter mille fois d’être prudente, de bien regarder avant de traverser la rue, de ne pas faire de folies, de garder ses deux mains sur les guidons, de….  Elle doit apprendre et en vélo, l’apprentissage va souvent de pair avec quelques éraflures.

Je devais m’absenter environ une heure, ce soir. Quand j’ai quitté, elle allait faire un dernier tour de vélo avant d’aller à la douche. Je lui avais promis que nous écouterions la finale des chefs. Quand je suis revenue, elle m’attendait pour me dire qu’elle s’était blessée. Elle a voulu aller trop vite et pour se protéger, est tombé sur sa main. Salement même: elle a le petit doigt gros comme le pouce, d’un vilain bleu. Ça ne semble pas cassé, mais c’est probablement une jolie foulure. Si c’est toujours comme ça demain, nous irons à la clinique.

Mammouth, qui l’a recueillie, soignée et consolée me racontait que même en pleurs, elle lui a dit que l’an prochain, elle veut faire des compétitions de vélo de montagne. Why not, ma peanut! Ce n’est pas la première fois que tu tombes, et ce ne sera pas la dernière. Mais ta capacité de te relever m’impressionne. Le plus dur, c’est moi qui devrai le faire: te laisser cette autonomie chèrement acquise, en mettant mes peurs et mes inquiétudes de mère en retrait, pour que tu puisses continuer à avancer.

Qui a dit qu’être mère était difficile? C’est encore pire!

MàJ: 8 heures d’attente au CLSC pour confirmer une légère fracture. Rien pour mettre un plâtre, mais un joli enveloppement serré pour 15 jours. Et MM m’a épatée: pas la moindre impatience, pas la moindre larme. Une vraie grande fille.

De la gentillesse, on en prendrait tous les jours

Parmi les cadeaux de la vie, il y a les amis. Et les amis des amis. Et la providence qui met sur votre route des gens bien.

Il y a quelques semaines, le père d’une amie de MM, chez qui les filles avaient passé la journée, vient reconduire ma fille à la maison. « Hum, dit-il, tes arbres auraient bien besoin d’être coupés. Ils touchent à la maison, c’est pas bien bon pour ta toiture ». Avant même que je puisse dire quoi que ce soit, il s’offre à venir émonder mes arbres. « Ben non, je vais appeler quelqu’un » que je lui réponds. « Nah, t’es pas pour payer pour ça, je viendrai d’ici la fin de l’été ». J’ai remercié, et oublié.

À la rentrée, mercredi matin, Serge me dit qu’il viendra vendredi. « T’es en vacances, laisse faire! T’as sûrement autre chose à faire ». Faut croire que non: hier matin, il y était, muni de tout son équipement. C’est ben pour dire: plus les enfants grandissent, plus les jouets deviennent coûteux et spécialisés! Il a travaillé toute la journée, et est revenu finir aujourd’hui. En échange, et sans même qu’il ne le demande, nous lui avons offert de partir avec tout le bois – de l’érable et du bouleau, l’équivalent de quelques cordes. Il ne le faisait pas du tout pour ça. Nous n’avons pas besoin du bois supplémentaire donné par la coupe des arbres, et il semble s’être amusé à faire aller sa « chainsaw ». Il nous a offert son aide par pure gentillesse, mais aussi par esprit de communauté, je pense. Nous nous échangeons au besoin  les gardes des filles, pour accommoder nos horaires. Nous avons des discussions de fins de journées, quand on se croise à l’épicerie ou au service de garde. Bref, un voisin comme on les aime. Travailler côte à côte hier et aujourd’hui m’a permis de mieux le connaître.

Ces gestes gratuits, c’est souvent ce qui me réconcilie avec la vie. Je suis une privilégiée, et je crois, même si ça fait culcul la praline, qu’on récolte ce qu’on sème. J’essaie d’être gentille et serviable, et j’apprécie la réciproque. Et honnêtement, j’ai croisé plus de gens bons que l’inverse dans ma vie.

Bref, ce soir, je suis fourbue et j’ai mal partout, mais la cour est ramassée, les arbres coupés, le jardin prêt pour les légumes au printemps prochain. Et la beauté de la chose, c’est que j’ai encore toute la semaine prochaine pour en profiter!

Septembre? Déjà? Vous êtes sûr? Nah…

Ce matin, en changeant la feuille du calendrier sur le frigo, je me suis dit qu’il était impossible qu’on soit déjà en septembre. Déjà. Me semble que j’ai mis la feuille de juillet il n’y a que 15 jours.

Et pourtant, l’été tire à sa fin. Ça se sent dans la fraîcheur matinale, alors qu’il est plus difficile de siroter le café sur la terrasse sans d’abord enfiler une p’tite laine. Ça se voit dans la noirceur qui se pointe plus tôt, et dans les fleurs qui ont la tête basse. Ça se touche dans la piscine qui est maintenant glaciale.

L’été a passé trop vite. Entre les sorties, les angoisses, les peines,  les joies, les plaisirs simples de partager avec des amis une bonne bouffe bien arrosée, le temps a filé. Entre le travail, la farniante des samedis matins, le pas d’horaire, juillet a fait place à août, mon mois préféré. Après une pause-vacances chez grand-maman, le retour en classe s’est pointé. MM a repris le chemin de l’école le coeur léger, fière d’être une grande avec enfin un vrai sac à dos – fini, maman, les jolis sacs Louis Garneau, c’est trop bébé! – et un sac à lunch de dame.

Je me suis fait violence: MM a 9 ans, elle doit gagner en autonomie. Ce matin, je l’ai laissé partir toute seule, à pied, pour l’école. Bon, c’est pas un exploit, plein d’autres enfants le font. Et puis, une fois franchi le parc qui jouxte la maison, il n’y a qu’une rue à traverser, et la brigadière veille au grain. Et honnêtement, ces quelques minutes gagnées à ne pas l’accompagner m’appartiennent, pour un second café.

Faut dire que ma routine à moi n’est pas encore en opération, puisque je suis en vacances jusqu’au 12 septembre. J’aime prendre mes vacances à ce moment-ci de l’année: il fait encore beau, et j’ai du temps pour moi. Du temps pour aller petit déjeuner avec ma best, comme dit ma fille. Du temps pour désencombrer la maison – c’est fou comme on accumule du stock inutile! Du temps pour enfin mettre de l’ordre dans la paperasse, tâche que j’ai eu tendance à négliger les derniers mois. Du temps pour  lire, du temps pour écouter des émissions sérieuses ou non – America’s next top model vient en tête de liste de ce que j’appelle mes émissions vide-coco.

Du temps pour faire le point. Dans 6 mois, j’aurai 50 ans. J’arrive pas à y croire. Sur FB, un groupe souligne les 30 ans de la Ligue Universitaire d’Impro, à laquelle j’ai participé comme membre de l’équipe technique à ses débuts. 30 ans? 30 ans! L’âge, au fond, c’est un chiffre, pas un état. Dans ma tête, j’ai 30 ans. Mon corps me dit parfois le contraire, mais dans ma tête, j’ai 30 ans. J’ai de la misère à croire qu’on est déjà en septembre, alors comment envisager que j’aurais 50 ans hein?

Professionnellement, ça brasse aussi. D’ici quelques mois, si on ne les a pas prises pour moi, j’aurai des décisions à prendre. J’ai toujours eu tendance à faire confiance à ma bonne étoile, mais tout à coup, j’ai l’impression que cette fois, il faut que je planifie. Peut-être est-ce le temps de faire le saut vers autre chose? Mais que sais-je faire d’autre? Faudra que je réfléchisse sérieusement.

Mais pour le moment, je me laisse porter par la vie. Ma vie.

9 ans. Going on.

On va se dire les choses telles qu’elles sont. Un grand déballage de vérité, toute nue.

Merveilleuse merveille, aujourd’hui tu as neuf ans. NEUF ans. C’est assez. Tu auras neuf ans l’an prochain, et les dix suivantes. Il est hors de question que tu atteignes le 10 ans, compris? Bon, faudrait pas que tu penses que je refuse d’avoir 50 ans, ça n’a strictement rien à voir. Non. Pas du tout. Pas pantoute.

C’est plutôt que j’aime cette période de ta vie. Curieuse, allumée, vive (parfois trop!), girly girl, câlineuse, obstinée, entêtée, persuadée parfois que tu as 16 ans comme ta grande soeur, déçue de constater que tu n’en as que 9. Belle comme le jour,  mais parfois sombre comme la nuit. Rancunière, mais généreuse. Tu fonces, sans te soucier du danger. Mais tu peux aussi être pétrifiée par une abeille qui butine dans le buisson fleuri menant à la piscine. Pleine de contradictions, tu hésites entre être encore notre petite fille et devenir l’ado que tu souhaites être, maintenant.

Je t’écoute, en cachette, quand tu chantonnes dans la douche. Il est question de garçons, de voyages, de beauté. Mais il arrive aussi que  tu y cries ta colère contre Mammouth et moi, qui t’empêchons de « vivre ta vie ».

On a regardé ensemble la liste des écoles secondaires, avant d’arrêter notre choix. Bon, éventuellement tu entreras en secondaire 1. Mais tu seras la plus jeune, puisque tu auras ENCORE 9 ans. Excitée à l’idée de voyager, d’aller dans tous ces pays que tu vois aux nouvelles, tu voudrais passer par-dessus les années du primaire qu’il te reste à faire. Aller directement au secondaire, passer GO et réclamer 200$. Que tu dépenserais en maquillage et autres colifichets de fifille.

Moi, si je le pouvais, je te retournerais en maternelle. Mais c’est vrai que depuis, tu as beaucoup appris. C’est pas pour rien que tu as traité ton petit camarade d' »espèce de Moubarak ». Lui ignorait de quoi tu parlais, mais toi, tu le savais très bien. Tu discutes politique à table avec nous, avec une préférence marquée pour… bon, on va garder ça entre nous. Mais je te vois très bien, dans quelques années, à des rassemblements militants, ma beachbumette, en train de haranguer un premier ministre qui oserait te bullshiter. Bien sûr, tu n’auras pas le droit de vote puisque tu n’auras ENCORE que 9 ans.

Il y a quelques jours, le plus sérieusement du monde, tu m’as dit que tu souhaitais que je cesse de t’appeler mon chaton, ma cocotte, ma poulette, sous prétexte que tu n’es plus un bébé, ni même une petite fille. Quand je t’ai demandé comment tu souhaitais qu’on t’appelle, maintenant, tu m’as dit que si je m’étais creusé la tête pour te trouver un joli prénom, c’était qu’on avait sans doute eu l’idée de l’utiliser. Tout ça avec un magnifique sourire.

Tu es née avec les perséides, et au fond, tu leur ressembles: vive, pétillante, tu peux aussi cracher le feu. Mais pour rien au monde je ne t’échangerais contre une petite fille tranquille. Tu es ma fille, ma chair, mon âme.

Je t’aime, ma toute belle rebelle. Un jour, tu pourras avoir 20 ans. Même 15, tiens. Mais pour l’instant, j’ai envie d’être la maman d’une poulette de 9 ans, qui vient encore se blottir contre moi le soir pour me raconter, d’une voix ensommeillée,  qu’elle a passé une bonne journée et qu’elle m’aime.

Ce matin, tu es ma poulette-cocotte-chaton, et tu as NEUF ans. Au moins encore un an.