Ça prend une grand-maman

Pour savoir faire plaisir à une toute petite… En fait, Merveilleuse merveille est doublement, triplement chanceuse. Elle a deux vraies grands-mamans, dont celle du Saguenay qui lui permet de vivre des vacances inoubliables à chaque été. Elle fait le plein de souvenirs, de sucre, de nouveaux amis et de plaisirs grands et petits, qui lui permettront de filer jusqu’à Noël.

Et il y a maintenant Adèle. Qui lui a laissé, en plus de son lit fait « comme je l’aime, maman », un sac plein de surprises pour sa fête. Des surprises de petite fille, dont son premier journal intime. « C’est intime, maman, ça veut dire que tu peux pas lire » qu’elle me dit. « Mais faut que tu m’aides pour écrire, parce que moi, je sais pas. Alors écris-moi sur une feuille… » Le reste, c’est entre elle et moi. C’est intime.

Merci Adèle: ce sac joliment décoré, c’est un supplément d’amour et une sacré belle transition entre le bonheur d’être avec sa grand-maman et le retour à la routine.

Quand je vous disais que je ne pouvais pas me passer d’Adèle!

Vade retro, Santana!

J’aurais pu intituler ce billet « Comment faire fi de la culpabilité de toute mère », mais voyez-vous, ce coup-ci, j’ai lâché les amarres, et c’est sans aucun remords que je passerai les 4 prochains jours seule, sans Mammouth, sans Merveille, à Québec. J’irai voir des amis que je ne vois pas assez souvent, j’irai au spectacle de Céééééééééééline (bon, j’y vais pour voir Ferland, dont j’ai manqué le dernier show. Et pour Zachary Richard, qui est mon autre grand amour, mon vrai), j’irai voir le Moulin à images de Lepage, j’irai manger un burger chez Victor, j’irai marcher le nez au vent sur Grande-Allée. Toute seule.

Tututututtt! N’essayez pas! Je vous entends chuchoter que c’est terrible, abandonner ainsi son amoureux et la chair de sa chair pour se complaire dans l’égoisme le plus crasse.

À vous toutes et tous, casseux de party, je n’ai qu’une réponse: « Vade retro, Santana! » Je m’en vais savourer à plein cette liberté retrouvée. Bon, j’aurai une pensée pour Mammouth qui planche seul à la maison avec les deux grands et une pensée pour merveille qui fait tourner sa grand-mère en bourrique. UNE pensée. Pas dix!

Hasta Luego!

10 millions d’arbres plus tard

Nous voilà rendues au Saguenay, où le mois d’août a depuis ce matin des allures de fin octobre. Mais bof! on ne laissera pas la température pouiche nous gâter le bonheur d’être en vacances.

Voyage sans histoire, si ce n’est qu’il est vrai, semble-t-il, que les pommiers ne donnent pas de poires. Merveilleuse merveille vient d’atteindre un nouveau stade dans l’humour: le sarcasme. Je n’en étais pas tout à fait sûre, mais jugez par vous-mêmes.

Devant le public plutôt captif du train, hier, elle m’a annoncé qu’elle savait qu’elle avait été adoptée (note à mes lecteurs inquiets: à moins qu’ils se soient sérieusement trompés à l’hôpital, Merveille est bel et bien ma fille. Parait, selon une copine psy, que la phase « j’ai été adoptée » est courante chez les enfants de 6 ans…).

« Tu sais, mon lapin doré, si tu as été adoptée, il n’est peut-être pas trop tard pour te rapporter et t’échanger contre une petite fille sage » (bon, avant de me dénoncer pour cruauté mentale à la DPJ, prenez une grande respiration!)

« Maman, tu peux le faire uniquement si tu as gardé la facture! » qu’elle me répond, alors que le public captif s’écroule de rire…

Il y a 6 ans

À cette heure-ci, je roupillais. Bien engourdie par l’épidurale, je reprenais le sommeil perdu du matin. J’ignorais le tsunami d’émotion qui allait m’envahir à 21h01, quand mon regard croiserait finalement le sien. J’ignorais à quel point cette petite chose poilue allait me faire passer par une tonne d’émotions inconnues. Je dormais. De ma dernière vraie sieste sans soucis.

Mise à jour: Ce soir, comme à tous ses anniversaires, je lui ai raconté sa naissance. Comment son papa l’a déposée sur mon ventre, comment nous nous sommes regardées, comment Mammouth l’a suivie jusqu’à la table de soin avec son air de grand fauve protecteur, comment on me l’a remise toute emmitoufflée, comment elle s’est endormie sur mon sein, le poing sur la joue. Elle m’a demandée de la bercer, comme quand elle était petite. Je l’ai fait, en lui chantant « l’eau vive »… C’est possible, aimer autant?

Petit matin

Petit matin sans horizon

Petit café, fumée d’usine

Je r’gardes le derrière des maisons

Les femmes sont à leur cuisine

Y’a des oiseaux qui s’font la cour

Sur les fils du Bell Téléphone

Et dans l’oeil crevé de ma cour

Un 747 qui résonne

J’ai toujours aimé Sylvain Lelièvre qui n’a pas eu droit, à mon humble avis, à toute la reconnaissance à laquelle il avait droit. J’aime ses textes, les univers qu’il dépeint. Marie-Hélène, c’était ma chum adoe; Old Orchard, les vacances famiiales; et les choses inutiles, une philosophie de vie.

Il est tôt, très tôt. Le soleil essaie de se faire une place entre les nuages, et le jardin s’éveille doucement. La chienne idiote est revenue se coucher à mes pieds, et à part le glouglou discret de la cafetière, aucun bruit dans la maisonnée endormie. Un petit matin comme je les aime. Du temps à moi, une pause au milieu de la vie folle de mamanconjointeamiecollèguecitoyennej’en-ai-tu-oublié?

Hier, 08 du 08 2008, tous les yeux étaient tournés vers la Chine. Les miens étaient tournés vers Québec et ont envoyé des ondes à mon amie Johanne, dont c’était l’anniversaire de naissance. On se voit bientôt, pendant mes vacances, et j’ai très hâte. Johanne fait partie de ces amitiés rares et précieuses qui ont survécu au temps, à mes multiples déménagements et à mes changements de carrière. Et même si on se voit moins souvent, si on s’appelle moins souvent, on reprend toujours le fil. C’est comme ça depuis 25 ans, et ce sera encore comme ça dans 25 ans.

Et puis aujourd’hui, je vais revivre ce samedi d’il y a 6 ans. Enceinte jusqu’aux oreilles, en pleine canicule. La peur au ventre de « crever mes eaux » en public, l’obsession du talon lisse et le millionnième livre de mots croisés. Et Mammouth, tanné d’être confiné au domicile avec une primipare sur le bord de la folie. Rien à faire. Une attente interminable que « miss mew » daigne quitter son nid douillet.

Assise dans la véranda, je revois Mammouth sur la terrasse, les yeux embués de l’ennui de ses enfants. J’ai soudainement réalisé, après avoir joué à la perfection mon rôle de baleine échouée pendant 2 semaines, qu’il était plus que temps que je fasse l’effort de passer par dessus ma peur. Ce soir là, nous sommes allé manger du thaï. Comme disent les zanglais, the rest is history…

Six ans plus tard, je mesure le chemin parcouru. Ce soir, c’est en famille élargie que nous fêterons merveilleuse merveille. Ce soir-là, au resto thaï, je ne savais pas ce qui m’attendais. Maintenant je sais. Enfin je pense. Et je ne regrette rien. Rien de rien.

Une toute petite semaine

Dans une toute petite semaine, je serai en vacances. Entretemps…

Demain, souper de famille pour souligner l’anniversaire de Merveilleuse merveille

Dimanche, fête avec les petites amies pour l’anniversaire de Merveille

Mardi, anniversaire de Merveille

Pensez-vous qu’on aura assez mangé de gâteau? *soupir*

Parfois, juste parfois

J’ai peur. Alors je chante, je fais du ménage de manière boulimique. Je travaille. Mais j’ai peur.

Tant de neige, tant d’eau: y aurait-il un fond de vérité dans l’apocalypse que nous prédisent les environnementalistes? David Suzuki a-t-il raison de vouloir me vendre des ampoules fluocompactes?

Et puis des meurtres sordides, inexpliqués parce qu’inexplicables. De quoi avoir envie de mettre les enfants sous clé pour les 40 prochaines années.

J’ai parfois l’impression que les événements se téléscopent pour créer un climat d’insécurité. Ou est-ce parce que l’information est plus largement accessible, circule plus vite et parfois ad nauseam sur les chaines d’information continue? Mais les choses sont-elles pires qu’avant? Juste plus médiatisées? Parce que de la pluie, des inondations, il y en a toujours eu, non? Des meurtres sordides aussi, non? Ou alors, ai-je la peau moins épaisse?

Parfois, juste parfois, j’aimerais être capable de mettre tout ceux que j’aime sous une bulle de verre, pour les protéger. De quoi? De qui? De la vie? Des méchants? De mon incapacité à tout contrôler? En même temps, je crois profondément qu’on devient qui on est à force de se confronter à la réalité, même quand la réalisté est désagréable.

Alors plutôt que d’angoisser, on fait quoi? On va ramasser l’eau dans le sous-sol, on va préparer des crêpes pour la maisonnée qui va se lever tout à l’heure et on écoute Mammouth à la radio…

Maman, les p’tits bateaux qui vont sur l’eau…

…ont-ils des jambes? Mais oui, ma p’tite lola, s’ils n’en avaient pas.. ils pourraient pas flotter dans le sous-sol…

Le jour de la marmotte, vous connaissez? *sight* *sight* *sight*.

La seule chose qui me console, cette fois, c’est que nous ne sommes pas les seuls. On est beaucoup à avoir de l’eau à ramasser. Et puis soyons positif: on pourrait être en camping. *sight* *sight* *sight*

You bet, ma chouette!

Je ne sais pas si c’est typiquement féminin, mais j’ai toujours eu de la misère à dissocier les concepts de « se vendre » et « se vanter ». Particulièrement quand ces deux concepts s’appliquent à moi, dans un contexte d’entrevue, par exemple. Un vieux fond judéo-chrétien, doublé d’un profond réflexe de fille qui se dit qu’elle finira bien par leur montrer qu’elle vaut encore plus que ce qu’elle pourrait écrire sur un papier ou dire à un jury de sélection. Je pensais que ça s’amenuiserait en vieillissant, mais non…

C’est connu, en politique, lorsqu’un homme est sollicité pour présenter sa candidature dans un comté, son premier réflexe est toujours le « what’s in it for me ». Une femme demandera avec une légère angoisse pourquoi on pense qu’elle a les capacités et l’expérience pour représenter la population. Ça ne veut pas dire que les hommes sont moins altruistes ou que les femmes doutent trop d’elles-mêmes. Les hommes ont peut-être les mêmes doutes et les mêmes questionnements, mais ils les gardent pour eux.

Enfin, presque tous. À ce jour, j’ai rarement vu quelqu’un aussi confiant dans son talent, ses capacités et son possible impact sur l’avenir. Michel Brûlé, des éditions Intouchables, se voit très bien à la place du maire de Montréal.

S’il songe maintenant à se lancer en politique, c’est dans une optique nationaliste. «Mon combat, c’est le Québec […] Ça va peut-être paraître bien prétentieux, mais je pense que le Québec a besoin de moi.» (tiré du Devoir, édition du 17 juillet 2008)

Prétentieux? You bet, ma chouette!

Manon, viens danser le ska

Une allusion à Donald Lautrec, chez les Soeurs, m’a soudain replongée dans les souvenirs d’une terrifiante soirée. Une de celles que vous ne voulez jamais revivre, mais qui vous donne du matériel à histoires pendant des années…

Picture this, comme disait Sofia. Jeune attachée politique, responsable d’un dossier qui faisait en sorte que je passais mes journées au téléphone avec les gens des comtés, on finit par développer des amitiés « virtuelles » avec certains d’entre eux, peu importe la couleur de leur parti. Au point où dans certains cas, l’envie d’aller voir derrière la voix se fait réelle. Comprenons-nous bien: j’ai toujours eu pour devise de ne jamais mêler amour et travail, et pour moi, le « never fuck around the payroll » est un principe sacré. Alors l’idée d’aller luncher ou même prendre un verre avec un collègue lointain était tout à fait exempte de motifs plus ou moins avouables.

Appelons-le Réjean*. Je devais lui parler au moins une fois par semaine. Gentil, drôle, humain. Comprenant les limites et respectueux. Lorsqu’il m’a demandée si je venais parfois à Montréal et que le cas échéant, il aimerait bien qu’on prenne le lunch ensemble, je n’ai pas pensé 20 secondes avant de dire oui. Pour moi, c’était un collègue de travail. Point à la ligne. Rendez-vous est donc pris pour un vendredi.

La veille, Réjean m’appelle pour me dire qu’il ne pourra pas se libérer pour le lunch, mais qu’il est prêt à m’échanger cela pour un souper, si je suis libre. Bien sûr que je suis libre, et comme je passe le weekend à Mourial, pourquoi pas? Première erreur fatale: le lunch, aucun problème. Le souper? Never ever. Trop long, pas moyen de se sauver en prétextant un rendez-vous dans quelques minutes.

Comme je ne connais pas bien Mourial, Réjean offre de venir me chercher chez la copine où j’habite. À Laval. Pour me ramener manger dans un resto du Vieux-Mourial. J’ai perdu une talonnette de ma chaussure, je sonne exactement comme une calèche sur les pavés inégaux. Rappelons-nous que j’ai 28 ans, je suis célibataire, jeune et pétard – enfin, un peu pétard… Réjean lui, a l’air d’un mononk. On est au début des années 90, et Réjean a définitivement adopté le look « Jacques Parizeau », bedon en moins. Mais bon, je soupe avec un collègue, pas avec un amoureux potentiel.

J’aurais dû me méfier: un resto pseudo-russe, un serveur qui a le même accent que Septimiu Sever dans « Un signe de feu », un menu pour dames où les prix ne sont pas affichés, une table réservée dans une alcôve où pendouillent des rideaux de velours grenat poussiéreux, et un joueur de violon qui vous zigouille la chanson thème du Dr. Zhivago en moins de deux… Mon collègue avait manifestement des intentions moins amicales que les miennes. Et c’était bien mal me connaître, moi qui suis romantique comme une porte de congélateur, que de penser qu’un pareil set-up de « trappe à filles » allait me séduire!

Sitôt l’apéro commandé, il me regarde droit dans les yeux et me sors la phrase qui tue: « Parle-moi un p’tit peu de toi »… Sans me laisser le temps, d’ailleurs, de répondre, il enchaîne en me parlant de lui. Tout ce que je n’ai jamais voulu savoir sur un collègue! De sa naissance à la seconde où il m’avait vue, et où je lui étais apparue comme la femme de sa vie. Celle dont il avait rêvée. Celle qui s’établirait avec lui dans un bungalow de banlieue, qui lui ferait 5 enfants et qui partagerait son bonheur de posséder un buste d’Elvis!

Mais Donald, me demanderez-vous? Non, Réjean n’est pas Donald. Mais Donald était l’idole de Réjean. Depuis toujours. Et particulièrement depuis qu’il avait participé à un quizz animé par Donald. Et qu’il y avait gagné, en plus d’un prix en argent, la collection, que dis-je, l’oeuvre complète de Donald.

Là, je suis franchement devenue hystérique: je l’imaginais, allongé sur un lit rond recouvert d’une peau synthétique, habillé d’une longue robe de chambre, le cou recouvert d’une ascot assortie, me faisant signe langoureusement de venir m’étendre près de lui, avec en fond sonore « le mur derrière la grange » de Lautrec jouant en boucle… J’ai couru à la salle de bain – qui n’avaient rien des toilettes de Chez Jules, et j’ai téléphoné en cachette à ma copine, qu’elle me « page » au plus sacrant… Elle, morte de rire, a fait durer le supplice encore 45 minutes avant de s’exécuter. Les 45 plus longues minutes de ma vie.

Réjean était, est toujours probablement, un bon garçon. À qui j’ai sincèrement souhaité de trouver une femme qui comprendrait vraiment son amour d’Elvis et de Donald. Parce que des goûts et des couleurs, il ne faut pas discuter. Quant à moi, je ne peux plus repenser à cette soirée sans avoir envie d’une vodka bien froide. Pour oublier.