P’tite mémoire

C’est fou comme la mémoire peut être activée par des choses anodines: une odeur qui vous rappelle l’after-shave de votre papa, de votre amoureux ou de ce grand brun croisé dans le métro, un son qui vous ramène au camion de crème glacée ambulant, une image qui vous renvoie à vos 20 ans, un tissu qui ravive l’horreur du pantalon patte d’éléphant carreauté que votre mère vous forçait à porter.

J’ai toujours pensé que dans mon cas, la mémoire olfactive était la plus puissante. L’odeur du pain, du gâteau au lait chaud ou des fraises fraîches, c’est grand-maman Hélène en condensé. Le Chanel numéro 5, c’est maman. À chaque fois que je vais à La Baie, j’en respire un échantillon, et instantanément, je la revoie dans sa belle robe de velours violet, les cheveux impeccablement coiffés, souriant à mon père. Lui, c’est le Chanel pour Homme. Même à l’hôpital, même malade, mon père a toujours eu cette odeur réconfortante, chaude et épicée.  Et Fahrenheit, c’est un ancien collègue de travail qui le rapportait de France, avant qu’il soit disponible ici, et qui me faisait perdre le fil de la discussion…

Ce soir, en écoutant distraitement l’excellent reportage sur la crise d’octobre, dans le cadre de « tout le monde en parlait », c’est pourtant le son d’une voix qui m’a ramenée 40 ans en arrière. Non, pas celle de Gaétan Montreuil, mais celle de Claude Jean Devirieux. Soudain, les images sont revenues, avec en surimpression la même sensation de ne pas comprendre. J’avais 8 ans à l’époque, je vous ai déjà raconté comment cela a marqué ma vie. Je ne m’attendais pas, toutefois, à ce qu’une voix me propulse à ce point dans une émotion. Weird.

À part ça, chez-vous sont bien? 🙂

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3 petites semaines

Ça passe vite, hein? Déjà le retour au boulot demain. La routine est installée, les armoires sont impeccables, les nouveaux chats ont fait leurs habitudes. Tout devrait baigner.
Alors pourquoi ai-je le coeur gros?

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Salut Claude

J’ai hésité avant d’écrire. Claude n’était pas un intime, mais je l’ai connu à l’époque ou il était recherchiste. Je l’ai revu député, puis ministre. Mais pour moi, il était toujours Claude. Il est et sera toujours Claude. Baveux, drôle, parfois insupportable. Mais toujours passionné. Je l’ai vu en décembre, alors qu’il croyait avoir triomphé de la salope. Il avait des étincelles dans les yeux, c’est vrai. Mais aussi une pointe d’inquiétude. Cette même inquiétude que j’ai vue dans les yeux de mon père après son premier cancer, même quand les tests sont beaux, même quand ça fait plus de 5 ans. L’annonce de sa récidive m’a bouleversée. Mais comme les autres, je me suis dit qu’encore cette fois, il passerait non pas au travers, mais par dessus.

J’ai suivi ses funérailles à la télé, ce midi. J’aime la délicatesse de Louis Lemieux, je vous l’ai déjà dit. Mais j’ai particulièrement apprécié le commentaire de Sébastien Bovet, sur les politiciens en général. En gros, et sans le citer au texte, Bovet a rappelé que parfois, les journalistes participent au cynisme ambiant. Que oui, des politiciens véreux, ça existe, mais que ça demeure l’exception. Et que dans l’immense majorité des cas, les gens vont en politique parce qu’ils veulent aider leurs concitoyens. Pour servir. Plusieurs perdent leurs illusions, souvent plus tôt que tard, et peut-être qu’une fois ces illusions perdues, ils deviennent aigris et oublient pourquoi ils ont choisi ce métier.

Je le répète: aller en politique, c’est comme entrer en religion. Il faut avoir la foi, être prêt au sacrifice et savoir accepter l’ingratitude. Certains en sont capables, d’autres pas. Et il est si facile de critiquer les politiciens sans jamais avoir saisi pleinement l’ampleur de la tâche.

Mourir à 41 ans, d’une saloperie, ça ne s’explique pas. Mais si au moins la mort de Claude peut amener une réflexion sur le métier de politicien, qu’on arrête de tous les voir comme des morons, des croches, des voleurs ou des magouilleurs en puissance, elle servira à quelque chose. Ce sera sa dernière, mais peut-être sa plus importante contribution au débat public.

Salut Claude!

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Un texte à relire et une émission à revoir. Pas pour pleurer, mais pour se rentrer dans la tête que la vie, c’est fragile. Et que ça peut s’arrêter n’importe quand.

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Quid de la responsabilité collective?

Une tristesse infinie. C’est ce qui m’habite quand je pense à cette histoire des deux frères retrouvés morts, le décès du premier entraînant le décès du second, incapable de subvenir à ses besoins de base.

Triste, mais aussi dubitative. En écoutant les reportages et surtout l’entrevue donnée par Paul Brunet à RHR ce matin, des questions me sont venues à l’esprit. On pourrait croire que dans l’anonymat des grandes villes, ce genre de drame s’explique. On ne connaît pas ses voisins, on ne leur parle pas, on ignore tout de leur vie. Mais dans un petit village ou tout le monde se connaît? Et puis, même si la dame du CLSC voulait faire quelque chose, le « refus de traitement » existe. Même quand on doute que ce soit la bonne décision. Ne reste alors que la surveillance discrète de l’entourage.

J’ai de bons rapports avec mon voisinage immédiat. Ma voisine préférée a déménagé cet été, et nous sommes allés nous présenter aux nouveaux arrivants. Je n’en suis pas encore à un degré d’intimité avec eux qui me permettrait de faire ce que je faisais avec J., c’est à dire de lui emprunter sa voiture en cas d’urgence, de patauger dans la piscine ou de partager un verre de rouge. Mais j’ose espérer que nous en viendrons à pouvoir nous inquiéter mutuellement si je ne vois pas de mouvements chez eux pendant quelques jours et qu’inversement, ils viendront vérifier si nous semblons trop tranquille.

Pour moi, tout cela va de soi. Mais je réalise que ce n’est pas le cas pour tous. Et loin de moi l’idée de jeter la pierre aux voisins des frères décédés. Ce n’est pas vrai que la localisation géographique rend les gens plus près les uns des autres. Et certains ont probablement de bonnes raisons d’être méfiants et de ne pas s’ouvrir aux autres. Mais cela aussi est d’une infinie tristesse…

À une époque ou nous avons tous, semble-t-il, beaucoup de droits et très peu de responsabilités, je crois profondément que nous avons une responsabilité collective à l’égard des uns et des autres. J’ai envie de croire que le fait de m’inquiéter de mes voisins sera réciproque, à condition que je ne sois pas une vieille chipie. J’ai envie de croire que la notion de communauté existe encore. J’ai besoin de sentir que j’appartiens, et pas seulement en pensée, à une collectivité composée d’humains qui, comme disent les anglais, « care ».

Suis-je trop idéaliste?

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Regarder la mort en face

Dans quelques jours, s’amorceront les audiences publiques de la commission parlementaire spéciale sur le droit de mourir dans la dignité. Pas tout à fait un sujet léger en ce long congé, j’en conviens. Mais à moins d’être seul(e) au monde, nous ferons tous face éventuellement au décès d’un proche. Et le débat amorcé dans la presse cette semaine entre des spécialistes de soins palliatifs me laisse songeuse. Particulièrement parce que nous ne sommes plus particulièrement habiles à débattre entre nous: les québécois sont frileux quand vient le temps de débattre posément de sujets litigieux.

Fait-on ce débat maintenant parce que les coûts des soins de santé explosent? Si c’est le cas, je souhaiterais qu’on questionne aussi notre volonté de sauver à tout prix de grands prématurés. Je ne dis pas qu’il ne le faut pas: enceinte, si j’avais accouché à 20 semaines, j’aurais souhaité qu’on tente tout, au détriment du bon sens je crois. Je questionnerais également sur la récente décision du gouvernement de repayer les coûts des traitements de procréation assistée. Et le manque de sous pour assurer des soins à domicile adéquats pour les personnes âgées, évitant ainsi de les « parquer » dans des centres hospitaliers de soins de longue durée avant qu’ils aient besoin de s’y trouver. Vaste réflexion, peut-être, mais qui dans ma tête, ne peut pas être dissociée. Et pour qu’on se comprenne bien, je ne gueule pas contre les décisions gouvernementales, pas plus que je ne les approuve. Je soulève seulement le point que comme société, nous refusons parfois de faire ces débats.

La commission m’a aussi amenée vers une réflexion plus personnelle. Quand le médecin qui soignait mon père m’a annoncé qu’il n’y avait plus rien à faire, la première chose que je lui ai demandé, c’est de s’assurer qu’il ne souffre pas. Je ne voulais pas qu’il meure, bien entendu, mais devant l’évidence, c’est la souffrance qui était devenue l’ennemie. JE ne voulais pas le voir souffrir. Je ne lui ai pas demandé ce que lui voulait. C’était ma peur, ma décision. Même au détriment de voir la mort prendre quelques jours d’avance. Avec le recul, je réalise que la ligne entre l’euthanasie et la compassion est mince. Très mince. Et que le risque de dérapage est grand.

Je peux décider pour moi: j’ai déjà dit à Mammouth que je ne souhaitait pas d’acharnement thérapeutique ni de traitement de dernier recours si jamais j’étais atteinte d’une maladie dégénérative ou d’une maladie qui ne pardonne pas. Mais si c’était merveilleuse merveille? Irais-je jusqu’au bout ou si par peur de faire face à sa souffrance, je choisirais d’abréger ses jours?

Bref, si je n’ai pas de problème avec le suicide assisté, à la Dignitas, je n’ai pas le même détachement à l’égard de l’euthanasie.

Je souhaite que la Commission fasse les vrais débats, dans le calme et la sérénité. Cette commission sera moins « glamour » que l’autre, mais pour moi, elle risque d’esquisser les contours de la société dans laquelle nous vivrons.

Entretemps, je vous invite à lire cet excellent article .

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la cloche a sonné

Rentrée scolaire, hier, pour merveilleuse merveille. Enrhumée et fiévreuse, un brin grognonne, elle s’est levée plus tôt que nous, a fait un dernier bricolage, s’est habillée et coiffée et est venue me réveiller pour me dire de me dépêcher. Comme nous partageons presque tout, j’avais moi aussi passé le weekend couchée, fiévreuse et j’étais grognonne itou… après tout, pourquoi je me lèverais, hein? Je suis en vacances, moûa!

Il y a quelque chose de rassurant, je trouve, aux rituels de la rentrée. Revoir les frimousses familières des enfants excités, constater que certains ont pris 6 pouces dans l’été,  que nos petites filles ont de plus en plus l’air de pré-ado, retrouver les profs et les éducatrices, sans compter l’indispensable madame Florence. Reconnaître des visages de parents soulagés – on les aime, nos enfants, mais la rentrée, c’est presque synonymes de vacances pour les parents!, prendre des nouvelles des uns et des autres. Voir nos petits entrer dans l’école lentement, sans se retourner, et lire sur le visage des mamans d’enfants de maternelle l’angoisse qui vous habitait il n’y a pas si longtemps. Et revenir lentement à la maison pour savourer une magnifique journée d’été, seule avec son café, sans se presser.

Vous me connaissez, je ne parle jamais politique. Ou si peu. Mais je vous mentirais dire que je ne suis pas assiduement LA commission. Et si je garde pour moi mes commentaires, je n’en pense pas moins que. Ouais. Comme vous le dites.

Pour la classe politique, c’est aussi la cloche de la rentrée qui sonne. Mais contrairement à la rentrée scolaire, je n’y trouve rien de rassurant cette année. Je ne sais plus si j’ai encore la foi que les choses puissent se replacer, que nous pouvons comme société avoir des débats sereins, ou s’il faut s’enfoncer encore plus avant de pouvoir remonter.

Chose certaines, en lisant les commentaires sur les blogues, les twits et autres médias « citoyens », j’en suis à me dire que de plus en plus, nous avons les politiciens qu’on mérite. Quant on juge, condamne et/ou canonise des individus en 140 caractères, ça ne peut forcément qu’être réducteur. Il n’y a plus de place pour le recul, la réflexion ou le jugement. C’est peut-être sain pour la démocratie, mais l’est-ce pour la vérité? J’ai toujours cru, profondément, que l’information est à la base de la démocratie. Les « réseaux sociaux », est-ce de l’information? Ou du vacarme, du tamtam, du « much ado about nothing »?

Il y a une réflexion à faire sur l’utilisation des réseaux sociaux et la politique. Mais je ne suis toujours pas convaincue qu’on la fasse en partant sur les bonnes prémisses.

Je vous laisse, j’ai une piscine à nettoyer, des vêtements à étendre sur la corde, un polar à terminer et une commission à écouter. Dieu merci, c’est les vacances!

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Ce soir…

Le soleil est oranger. La lumière inonde la chambre de merveilleuse merveille, lui donnant des reflets d’une statuette inca. Mince, fatiguée mais heureuse de sa journée de cheerleading.
Ce soir, il ne reste que 4 dodos avant les vacances.

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Futilités, banalités, finalités.

Fidèles lecteurs (enfin, les 3 ou 4 qui me restent!), je vous ai délaissés. Je l’admets. Et je n’ai aucune bonne raison, si ce n’est que le goût d’écrire n’y était plus. Enfin, le goût d’écrire le quotidien. Parce que je me censure énormément.

J’ai pas envie de vous raconter le travail, de peur que quelqu’un me lise. Pas envie de commenter la politique, parce que j’ai choisi de ne pas contribuer au cynisme ambiant. Pas envie de vous parler des finesses de merveilleuse merveille, parce qu’au fond, ses finesses ne le sont qu’à mes yeux de mouman. Je me suis même dit que je ne m’inscrirais pas à la journée des blogueuses, organisée par Mammamia, et à laquelle ma voisine préférée participera à titre de conférencière. Pas par manque d’intérêt, non. Mais parce que je ne me considère plus comme une blogueuse, et que je me serais sentie coupable de prendre la place de quelqu’une qui a le feu sacré.

Mais invariablement, août me ramène au clavier. D’abord pour laisser une trace de l’anniversaire de ma merveilleuse merveille. Johanne a raison, c’est un cadeau pour elle, tous ces mots sur la toile. Et puis parce que août est aussi teinté d’une certaine tristesse. Dans quelques jours, ça fera 17 ans qu’il est parti. Et qu’écrire est encore le meilleur moyen pour chasser ce trop plein d’émotions.

Août a une odeur, une couleur et une saveur particulières. L’odeur des fleurs qui commencent légèrement à faner, dans cet été anormalement sec. L’odeur aussi de la mer, des vacances dont nous arrivons sur le bord du fleuve, ou nous avons partagé une magnifique maison à Métis-sur-Mer avec des amis. Une maisonnée pleine d’enfants, de rires, de pleurs, de cris, de rappels à l’ordre (on ne court pas dans les escaliers!) et d’apéros partagés.

La couleur du soleil qui disparait plus tôt, le vert un peu plus pâle des arbres, mais aussi les couleurs flamboyantes des fleurs et des étals des marchands de fruits et légumes. La couleur d’une nuit sans nuages, avec un ciel parsemé d’étoiles, filantes ou non. La dernière nuit à Métis, nous avons levé les enfants pour qu’ils viennent voir ce ciel magnifique. Il faisait froid, nous avons fait un cercle de chaleur, et jamais leçon d’astronomie n’a été aussi profitable. Même la Voie lactée nous a fait un salut!

Et le maïs, cet été, est particulièrement goûteux. Sucré, juteux, cuit à peine quelques minutes, c’est comme croquer dans le bonheur. Et quand on y rajoute des framboises cueillies chez la cousine, près de la ferme familiale des Mammouths, que les enfants ont les joues barbouillées de rouge et continuent à dire qu’ils n’en ont mangé qu’une, on ne peut que les croire. Sur parole.

Août a aussi des sons qui lui appartiennent en propre: les grillons, les soirées sur la terrasse des voisins, les cris lointain des joueurs de baseball au parc voisin, les annonces de la programmation automnale des chaînes télévisées. Les fournitures scolaires qu’on commence à rapailler,  le froissement des feuilles et les manuels qu’on recouvre de papier qui griche.

Cette version 2010 de mon mois préféré n’a pas failli à la tradition. Du bonheur – un nouvel emploi pour Mammouth -, de la tristesse – le décès bête et tragique d’un ancien collègue cette semaine, et des souvenirs à engranger pour les jours de froid et de grisaille. Bref, des futilités, des banalités et quelques finalités. Pas de quoi écrire un roman, mais certainement matière à dépasser le twitt et l’entrée sur FB. Et à lever un verre à la santé de la journée que nous venons de passer, en souhaitant qu’il y en ait tout plein d’autres.

Je souhaite retrouver tout le plaisir que j’avais à venir vous écrire, fidèles lecteurs. C’est pas encore tout à fait ça, mais ça pourrait être ça. Entretemps, permettez-moi de vous remercier de votre fidélité. Dommage que je ne sois pas une carte Air quelquechose: vous auriez accumulé des zillions de points bonis!

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Huit ans. Déjà 8 ans.

Demain, ma toute belle rebelle, tu auras 8 ans. Huit ans qu’à chaque matin, j’ouvre les yeux sur un monde différent, sur ton monde à toi, sur notre monde à nous. Huit ans que je m’émerveille d’être ta mère. Huit ans que je suis exaspérée parfois, au bout de mon souffle parfois, au bout de ma patience parfois, mais jamais au bout de mon amour pour toi.

Tu es ma merveilleuse merveille à moi. Tu m’as appris tellement, depuis cette journée de canicule d’août. Tu m’as d’abord appris la relativité: il n’y a rien de grave, sauf si ça t’arrive à toi, si ça t’affecte. Tu peux être insupportable, tu es en santé, tu es intelligente, brillante. Trop parfois. Tu m’as ensuite appris la reconnaissance et la gratitude: tu es en santé, tu es intelligente, nous avons une belle vie. Pas exempte d’angoisses ni de crises du quotidien, mais une belle vie. Un toit sur la tête, de la bouffe plein le frigo, des sorties et même des vacances en Gaspésie: que demander de plus, hein?

Oui, tu es différente. Pas toujours facile à gérer, pas encore totalement en contrôle de ton bouillant caractère et de ces émotions qui parfois t’emportent toute entière. En même temps, tu es câline, et rien ne peut remplacer ces moments ou tu viens blottir ton petit corps contre le mien, en murmurant « Maman, je t’aime ». Mais tu es surtout complexe et multiple: une pitoune tellement girly girl, qui est revenue de chez sa grand-maman avec un grand sac d’affaires de fille, les ongles d’orteil écarlate et ceux des doigts mauve pétant, qui se change 3 fois par jour et qui se peigne pendant de longues minutes devant le miroir, en pratiquant son sourire dévastateur; une sportive, future championne de gym, qui a découvert le cheerleading et le trampoline et qui rêve d’en faire un métier; une marsouine de piscine de banlieue qui a bravé le froid du St-Laurent pour se baigner comme les grands.

Je suis fière de toi. La semaine dernière, en voyage, tu t’es assise au resto et tu as lu le journal, en attendant le repas. J’en connais pas beaucoup, des beachbumettes de 8 ans, qui lisent le journal au resto. Et qui me réplique qu’on ne pourra pas aller à la plage d’Oka, parce qu’il y a des « tensions, maman ».

Je t’aime, ma toute belle rebelle. Même quand tu crois que tu as 16 ans et non 8. Même quand tu me défies du regard et que tu sors une réplique assassine, digne de « beautés désespérées ». Même quand je dois me retenir pour ne pas hurler moi aussi, ou pouffer de rire. Je sais que des années difficiles nous attendent, et qu’en bonnes filles de feu, toi et moi ferons des étincelles. Tu vivras ton adolescence, je vivrai ma ménopause, et ton pauvre père se cachera loin de nous! Nous nous affronterons, nous nous disputerons, tu me détesteras, je regretterai peut-être quelques secondes de m’être embarquée dans l’aventure de la maternité. Tu te réfugieras en pleurant chez ta meilleure amie, j’en ferai autant. Je sévirai, tu résisteras. Et j’espère qu’un jour, nous nous retrouverons, une fois la tempête passée, proches et complices.

Je t’aime parce que tu es ma fille. Et que malgré tout, envers et contre tout, je serai toujours ta mère.

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Quand la ville, que dis-je le Québec, est hockey… ou une fois n’est pas coutume

Je n’en suis pas à une confession près sur ce blogue. Et ce soir, dans un grand geste de transparence, je vais enfin confesser ce que peu de gens, qui pourtant me connaissent bien, savent.

Bon, je vous vois déjà saliver, prêts à me vendre au journal des écrapous en échange de quelques $$$. Z’allez être déçus… Je ne vous ai pas caché grand chose de mon passé politique, ce qui, par les temps qui courent, est plus que suspect. Hélas, pas d’enveloppe, ni brune ni autrement, dans ma vie. Vous savez aussi que Mammouth est le père de Merveilleuse merveille, et avec le caractère qu’elle a, nul besoin de test d’ADN pour prouver sa paternité. Donc, c’est pas du côté d’une vie sentimentale et/ou sexuelle débridée qu’il faut chercher. Vous ai-je déjà dit que il fût un temps ou j’étais sportive? Non? Mais c’est pourtant pas ce que j’ai réussi à cacher aussi longtemps… quoiqu’on pourrait toujours dire qu’avec ma silhouette, j’ai trouvé le camouflage parfait! Je vous ai aussi confié que je suis hyponcondriaque au dernier degré, voire même celui d’après. Donc, quel est donc ce grand secret que je camoufle depuis si longtemps?

Ouais. Z’aurez deviné. J’HAIS le hockey. Profondément. Viscéralement. Encore plus quand on parle du CH. En fait, j’aimais le hockey quand je l’écoutais avec mon père, du temps ou il n’y avait que 6 clubs dans la ligue. Du temps ou les joueurs étaient des vrais, avec des noms qu’on pouvait prononcer. Ha! La subtilité langagière d’un Yvon – j’ai mal à la laine – Lambert! Et puis, tant qu’à s’enfoncer dans l’opprobe générale… je suis une fidèle des bruns. Ouais, les bruns de Boston.

Je disais donc que j’hais le hockey. Mais je reconnais ses mérites: pendant que la ville, que dis-je la nation québécoise s’enflamme pour Halak, on oublie nos scandales politiques, on se formalise un peu des propos rétrogrades du Mgr, et on se dépêche de souper en famille pour se « gorrocher » devant le téléviseur.

Et puis, parlant de souper, et même si je ne suis pas une « vraie fan », je réponds à l’invitation lancée par deux blogueuses que j’aime beaucoup, Annie et Madeleine, et vous livre en exclusivité ma recette secrète pour endormir le partisan du CH.

Poulet au miel

Belles grosses poitrines de poulet (les « santés » les prendront sans la peau)
1/4 tasse de beurre non salé
1/4 tasse de miel
1 oignon haché mince
1/4 tasse de vin blanc, de bouillon de poulet ou d’eau
1 c à soupe de cari (en fait, au goût)
sel et poivre

Dans une casserole allant au four, faire fondre le beurre et y faire dorer les poitrines de poulet. Retirer les poitrines et réserver. Ajouter l’oignon, le miel et le cari et faire cuire une minute. Déglacer au vin blanc (ou autre liquide), remettre les poitrines, saler et poivrer et enfourner à 325, pendant 2 heures, en retournant les poitrines à mi-cuisson.

Servir avec du riz basmati aromatisé aux épices (Philippe de Vienne a « ze » recette parfaite: faire tremper votre riz 30 minutes à l’eau froide, puis faire cuire à grande eau en ajoutant un baton de canelle, quelques gousses de cardamome, quelques clous de girofle, une pincée de sel jusqu’à ce que le riz soit cuit, soit moins de 10 minutes. Égoutter et servir)., une salade verte et un légume de saison. Ça, c’est la version sage.

La version amateur de hockey se sert avec des frites bien grasses, et des mayonnaises aromatisées (cari, ail, ketchup, miel, etc…).

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