Hé! C’est dimanche!

…. ouais, pis?

Depuis mon retour au boulot, je cours après mon temps. Je suis en réunion non-stop, je me justifie par écrit pour me conformer aux règles, je dote et je radote. Les activités ont repris également à la maison, mais difficile de se mettre dans le mood automnal quand il fait un temps estival. Les arbres commencent à peine à rougir, l’eau de la piscine est cristalline, et si ce n’était de la pluie qui tombe aujourd’hui, j’aurais pensé à aller m’étendre sur ma chaise longue pour lire au soleil quelques heures.

Mais il pleut. Et l’humeur est sombre. Trop de morts* ces jours-ci. Des morts publiques, et des morts personnelles. Des petites morts, des illusions mortes, des feuilles mortes. Mais quand même l’impression d’avancer.

Professionnellement, les choses se placent. J’ai commencé à trouver « mes » marques. À élaguer l’héritage, à séparer le bon grain de l’ivraie. À faire tourner le bateau. Vendredi, en réunion d’équipe, j’ai commencé à voir les gens sourire. J’ai livré ce que je m’étais engagée à livrer, et le lien de confiance est établi. Enfin je crois. Je sais à quel point ces liens sont fragiles, mais je crois avoir manoeuvré correctement. Du moins, je l’ai fait en toute transparence.

J’ai douté. Beaucoup. C’est sain, le doute. Ça vous force à remettre en question pas mal d’absolus, ça épuise, mais ça produit toujours des résultats dans mon cas. Je doute encore un peu, mais les certitudes se réinstallent.

Et puis j’ai réalisé que quinquagénaire et quinquaillerie, c’est lié. À 50 ans, vous commencez à avoir besoin de pièces de rechange. Là, c’est mon genou, tanné de supporter un excès de poids, qui se rebelle. D’ici quelques années, aurai-je droit à une articulation en titane? En aluminium léger, garanti 30 ans?

C’est dimanche. Cet après-midi, pour rester dans le ton, nous irons voir « Il pleut des hamburgers »…

Comme dirait l’autre « Bonne semaine »!

* Le décès de Pierre Falardeau me désole. J’aimais m’énerver quand il s’énarvait. Celui de Nelly me désole aussi. Mais pas pour les mêmes raisons.

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Avoir peur des mots

Vous me connaissez. Je ne parle jamais politique. Ou si peu.

Mais la controverse entourant le Moulin à paroles me laisse songeuse. Pas sur le caractère partisan de l’événement: chacun y trouvera sa chacune, comme disait ma grand-mère. Non, ce qui m’interpelle, c’est notre rapport à l’histoire.

Je vous l’ai déjà raconté: la crise d’octobre a joué un rôle déterminant dans ma vie. Le fait qu’on veuille relire des extraits du manifeste du FLQ ne me gêne pas. Octobre 70 fait partie de notre histoire, tout comme la révolution tranquille, les jeux olympiques ou les élections à répétitions… Avons-nous si peur des mots? Avons-nous si peur de notre histoire? Pensons-nous qu’édulcorer le passé le rend plus acceptable? Moins dangereux?

Nous avons, comme société, nos côtés sombres. Nous avons eu nos histoires pas belles, pas jolies, nos moments moins glorieux. Tout comme nous avons eu nos moments forts, ces moments ou on se sent fiers d’appartenir à cette société qu’est la nôtre. Dans notre histoire collective comme dans nos histoires personnelles, y’a des événements qu’on souhaiterait peut-être oublier, mais qui ont exister. On peut toujours nier, mais la réalité demeure.

Au fond, qu’est-ce qui est le plus subversif? De lire un texte comme le manifeste, ou de l’ignorer? Et pour qu’on se comprenne bien,  je ne prends pas position ni pour un camp, ni pour l’autre. Il y a des dérapages de chaque côté, à mon avis. Bien des mots inutiles.

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Grippe du code postal – Prise 2

Belle initiative, pour ceux et celles que ça intéresse: une conférence en direct sur le sujet, en provenance de l’Hôpital de Montréal pour enfants.

http://www.hopitalpourenfants.com/fr/nouvelles/pointdemire.aspx?id=739
On a jamais trop d’informations pour prendre une décision, quelque qu’elle soit.

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La grippe du code postal…

… a fait sa première victime: une classe de 2e année d’une école primaire de quartier. Yup. Et selon merveilleuse merveille, c’est la faute du premier ministre. Son premier apprentissage  de la rentrée : c’est la faute du gouvernement. Mais vous et moi, on le sait hein, que c’est toujours la faute du gouvernement!

En fait, je suis un peu en maudine – le stade avant être en maudit. Semblerait que la commission scolaire s’est décidée hier à retirer des écoles les enseignantes enceintes. Z’auraient pas pu y penser avant la rentrée? Bref, les petits ont commencé lundi avec une enseignante qui les avaient déjà avisé qu’elle quitterait en novembre. Hier, elle les a informé qu’elle quittait en fin de journée. Et Merveilleuse, peinée, de m’expliquer que c’était le premier ministre qui avait décidé ça, et que le gouvernement savait toujours qui était enceinte. Big brother, rien de moins.

C’est ce même gouvernement qui nous a également envoyé hier une belle note sur la grippe du code postal, nous assurant que les mesures nécessaires seraient mises en place le cas échéant. Tout comme la ministre nous a personnellement écrit qu’elle avait à coeur la réussite scolaire de mon  enfant. Non pas que je doute de ses bonnes intentions, loin de là. Y’a deux postes de ministres dans un gouvernement ou tu n’es jamais gagnant: la santé et l’éducation. Et la ministre ne s’en tire pas plus mal que d’autres. Mais honnêtement, je doute que beaucoup de parents prennent le temps de lire sa missive. C’est plus facile de dire que c’est de la faute du gouvernement…

Et pour ceux et celles qui sont déçus que ce billet ne parle pas du débat entourant le vaccin… Voyez-vous, je prends pour acquis que mes lecteurs/trices *André Boislair, sors de ce corps!* sont des gens matures, responsables, qui prennent des décisions éclairées. Et qu’ils assument les conséquences de leurs décisions. À lire et à écouter les débats, je me demande seulement si les gens qui sont si farouchement contre ne seront pas les premiers à revendiquer à grands cris leur vaccin si la situation devient réellement grave. Mais bon, là encore, ce sera la faute du gouvernement, hein! Y’avait juste à nous le dire, hein!

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Quoi? Déjà septembre?

J’ai changé le calendrier sur le frigo, ce matin. Déjà septembre? Prise par la vraie vie, et par une crise existantielle d’écriture, j’ai délaissé ce blog cet été. Écrire, quand ça vous force, quand vous avez le sentiment de n’avoir rien à dire, c’est difficile. J’ai jonglé avec l’idée de fermer les chroniques du patio, et j’ai oublié.

J’y suis venue quelque fois, parce que c’est quand même ici que j’ai envie de déposer mes textes, de laisser aller mon imaginaire, de jouer avec les mots, de laisser ma trace pour ma fille. Et j’ai oublié.

L’impression d’avoir déjà tout raconté. De me « réécrire », de radoter.

Je réalise aussi que je m’auto-censure. Beaucoup. Avec la nouvelle job viennent les nouvelles responsabilités, et même si j’aurais abondamment de matériel pour raconter des histoires « vraies »,  je n’ose le faire. Les nouvelles responsabilités viennent également avec un devoir de réserve.

Et vous me connaissez. Je ne parle jamais politique. Ou si peu. Pourtant, il y aurait tant à dire…

Y’a aussi qu’on devra établir une nouvelle routine de vie. Mammouth a décroché un contrat qui l’oblige à se lever bien avant l’aube, et cette année, je devrai laisser merveilleuse merveille au service de garde plus tôt, puisqu’il ne pourra plus l’amener à l’école. Nouvelle routine donc pour elle et moi le matin, plus tôt. Nouvelle routine également pour le soir, afin d’alléger celle du lendemain matin. Pour l’instant, nous avons survécu à la rentrée. Merveilleuse est ravie: elle a échappé au prof qu’elle ne souhaitait pas avoir. Moi, je le suis moins: le prof qu’elle a, bien que probablement fort douée, quittera en novembre pour son congé de maternité. Quand on sait à quel point merveilleuse est réfractaire au changement, et comment elle réagit quand sa routine est déstabilisée, j’avoue que ça m’angoisse un peu. Par contre, je sais que cette nouvelle prof était en charge des groupes de troubles de comportement les dernières années, et qu’en lui en parlant, elle saura préparer ma fille à ce changement. Et puis, même si j’angoisse, il n’arrivera que ce qui est dû pour arriver, alors …

Ce fût d’ailleurs une rentrée rock and roll: 30 heures sans électricité, de dimanche matin  à lundi pm, ça donne un sujet de conversation aux parents qui, comme soi, ont la couette de travers (pas d’électricité = pas d’eau chaude = pas de douche!), sont en manque grave de caféine, et se sentent coupables d’avoir hâte de laisser les enfants dans une école aussi sans électricité mais soulagés que quelqu’un d’autres les occupent pendant quelques heures!

Entretemps, je suis toujours en vacances, bien que le p’tit hamster dans mon cerveau n’arrête pas de préparer sa « rentrée » au bureau. De gros changements à l’horizon. J’ai pris l’été pour observer, consulter, discuter. J’ai commencé à mettre en place une nouvelle structure, qui se concrétisera au retour. Tout comme avec merveilleuse merveille, je sens que certains de ces changements perturberont ma nouvelle équipe. À moi de voir comment je les ferai accepter en douceur. Stressant? Un peu. Mais c’est pour ça qu’on me paye, non?

Mon père avait l’habitude de dire: « t’as pas voulu faire une soeur? Ben travaille! »…J’aurais bien voulu être religieuse, à condition qu’on me promette d’être pape… P’tit boss des bécosses, dit Mammouth. Nah! Nah???? Nah!!!! C’est pas tout, y’a du lavage qui m’appelle (et que j’étendrai sur ma nouvelle et illégale corde à linge!), de la vaisselle à ranger, une balayeuse à passer et une sortie de filles qui m’attend ce midi.

Pour une fille qui n’avait plus rien à dire, hein…

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Plaisirs de fin d’été

Je me répète. J’aime août.

Malgré la canicule. J’vous l’avais dit hein, qu’il ferait beau pendant mes vacances? Pfffttt… la prochaine fois, vous me consulterez avant de choisir vos dates. Moi, il fait toujours beau pendant mes vacances en août!

Malgré les journées qui racourcissent. Malgé les fournitures scolaires à acheter, malgré la fatigue accumulée, malgré les enfants qui ne s’endurent plus de s’être couché trop tard, d’avoir mangé trop de popcorn, trop de hots-dogs, de s’être trop baigné, d’avoir trop couru… malgré l’été qui s’est fait attendre, qui a fait sacrer tout le monde. Malgré l’absence de René et la présence de Franco.

Merveilleuse merveille et moi sommes allées à Ottawa. En train, pour profiter des supers spéciaux de Via Rail (aller/retour pour moi, les enfants de moins de 11 ans voyageant sur le bras = 41,59$ taxes comprises… moins cher qu’un plein d’essence!) et à l’hôtel, formule studio/cuisinette/piscine/spa/sauna. Le bonheur.  Pour les musées, pour le Marché By, pour l’amphibus, pour le Centre Rideau. Pour le pur plaisir de voir ma poulette, belle comme un matin d’été, faire sourire les gens sur son passage, à traîner sa valise de princesse et sa sacoche à coeurs.

La lumière particulière d’août, la petite fraîcheur qui s’installe, la routine qu’on essaie de restaurer tranquillement. L’école qui recommence la semaine prochaine, l’envie de faire des conserves, le bois à commander et à corder. L’anticipation des nouvelles séries à RC, les cours d’aquaforme pour penser un peu à soi.

J’aime août. J’ai retrouvé René, on gardera Dominique Poirier en après-midi. Que demander de plus à la vie?

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Ma toute belle, ma belle rebelle

Il y a sept ans ce matin, je quittais la maison avec Mammouth, ton papa. Je savais qu’au terme de la journée, je pourrais enfin mettre un visage sur ma donneuse de coups de pieds, sur ma gymnaste qui pendant des mois, avait fait des « double salto arrière renversé » dans mon bedon. J’avais hâte, même si j’étais pleine d’appréhensions. J’ignorais tout de toi, j’ignorais tout de la maternité, j’ignorais tout de moi comme mère. J’étais pleine de questions, j’avais peu de réponses.

Depuis, à chaque anniversaire, je te raconte ta naissance. Je te redis à quel point tu as bouleversé ma vie, à quel point tu m’as changée. À quel point je me suis découvert des trésors de patience, pour toi et pour ton papa.

Tu vieillis, ma toute belle. Ma belle rebelle. Ma toute belle rebelle. À chaque année, je fais un peu le deuil du bébé que tu as été, que je dois laisser aller, pour faire de la place à la pré-ado que tu crois être. Hier, je te regardais nous défier du regard, le menton enfoncé dans la poitrine, le feu dans les yeux. Puis, redevenir cette enfant douce, câline, qui du bout de la maison me crie des « maman? Je t’aime » dix fois par jour. Cette enjôleuse qui pratique son oeil de biche sur son papa et sur tonton Marc, et qui fera damner les hommes plus tard.  Et tu sais quoi? Même quand c’est difficile, même quand je me dis que je ne sais pas comment m’y prendre, même quand j’ai le goût de tourner les talons, tu es mon ancre et mon encre. Je t’aime, ma toute belle rebelle.

Encore ce weekend, je te voyais, beachbumette la couette au vent, prendre le commandement de la gang des petits au party annuel de la famille de Mammouth. Tu es parfois maladroite dans tes relations aux autres, mais tellement attachante et tellement brillante! Comment ne pas t’aimer? Même exaspérante, même frondeuse, tu es ma fille, ma toute belle rebelle. Et ce qui m’énerve, ce sont ces traits de moi que je retrouve en toi.

Même si ta fête n’est que mercredi, aujourd’hui demeure un jour spécial pour moi. C’est par un beau lundi que tu as fait de moi ta mère, et je revis dans mon corps et dans mon âme chaque minute de cette journée qui a à tout jamais changé le cours de notre histoire.

Bonne fête, ma toute belle rebelle. Je t’aime.

 

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Faire un enfant à 40 ans est devenu d’un tel banal qu’on en fait plus de cas. Juste ce weekend, au party annuel de la famille de Mammouth, nous étions 4 à avoir accouché entre 39 et 42 ans. La médecine a fait de grands progrès, les grossesses de quadra sont de moins en moins considérées comme des grossesses à risque, alors pourquoi en faire tout un plat?

Pourtant, je réalise que ce n’est pas d’avoir un enfant à 40 ans qui est difficile. C’est de gérer un ado de 15 ans à 55 ans qui est difficile! C’est de réaliser, concrètement, qu’on vit simultanément ces grands changements hormonaux que sont l’adolescence et la ménaupose… Pauvre Mammouth…

 

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Je me fais rare? Je vis. Mon nouveau job, les amis, les rénos extérieures. Et puis, la moche météo joue sur l’humeur, et tant qu’à écrire des mochetés, autant faire autre chose…. Je n’en pense pas moins à vous, je continue de vous lire.

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Tempus fugit

Ciel! Déjà près d’un mois que j’occupe mes nouvelles fonctions. Déjà la fin de l’année scolaire. Déjà l’été (qui s’est fait attendre, j’en conviens). Déjà.

Ado, le temps me semblait interminable. Dieu que j’avais hâte de déployer mes ailes totalement, d’être responsable de ma vie et de mes décisions! Là, maintenant, si vous me demandiez d’être totalement honnête, je vous dirais que parfois, j’aimerais bien que maman m’assume. Eh! j’ai dit parfois!

J’aime beaucoup mon nouvel emploi. Les défis que j’avais anticipés sont bien ceux auxquels je suis confrontée, mais j’ai l’impression, pour une fois, d’avoir les outils en main pour m’y attaquer. J’ai pris le temps de rencontrer individuellement chaque membre de l’équipe, et je suis à faire des rencontres avec nos « partenaires ». Des heures de discussion, de déplacements dans la ville, mais une constante: le soir, à 17h00, on ferme! Ça nous a permis d’établir une nouvelle routine à la maison qui me donne du temps de qualité avec merveilleuse merveille et Mammouth.

Évidemment, je suis épuisée. Prendre le temps d’établir de vrais contacts, être à l’écoute réellement de ce que les autres disent, ça vient chercher une énergie terrible. Encore plus, de traduire en gestes concrets les attentes réalistes qu’on vous met sur les épaules, c’est terriblement énergivore. Mais ô combien stimulant.

Et puis une nouveauté: je me trouve bonne. Y’a un fond en moi de judéo-chrétienneté qui fait que j’ai du mal à m’attribuer le mérite qui me revient. Ça a provoqué une bonne discussion avec mon coach hier sur le fait qu’il est difficile d’aimer les autres et de les reconnaître pour ce qu’ils sont si on ne s’aime pas soi-même et si on ne se reconnaît pas pour ce que nous sommes. Sur la différence entre porter un regard lucide, mais indulgent,  sur soi et le péché d’orgueil. Complexe pour une journée de St-Jean, non?

Alors pour l’instant, je vais tranquillement finir mon café. Ça ronfle encore joyeusement dans la chaumière, signe de l’état de fatigue dans lequel nous sommes tous. Tantôt, plus tard, quand ça adonnera, la piscine nous attend, le bbq se fera aller, nous irons voir le spectacle dans notre petite banlieue et je me dirai que la vie, ma vie, est belle.

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Jean Perron, sors de ce corps!

Magnifique matin, après 3 jours de pluie et de temps moche. Ça tombe bien, merveilleuse merveille est en pédago et plein d’activités extérieures sont prévues.

En allant la reconduire à l’école, nous avons assisté à une drôle de scène: deux oiseaux pourchassant un pauvre écureuil qui n’en pouvait plus de se sauver. Voulant l’encourager, Merveilleuse s’est mise à lui crier:

Vas-y, sauve-toi. Sinon il va t’attraper par la peau du loup!

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Des hommes et des femmes de bonne volonté

Hier soir, au terme d’une semaine riche en découvertes, nous avons partagé le repas d’amis qui quittent pour quelques semaines. Des amis chers, qu’on ne voit pas assez souvent. Des amis d’ailleurs. C’était la fête des voisins et la beauté de Montréal, c’est que les voisins sont souvent d’ailleurs. Ça donne des saveurs, des odeurs, des couleurs différentes. Ça donne aussi des discussions passionnantes, mais toujours courtoises et empreintes d’une réelle volonté de comprendre l’autre, sans juger.

Des enfants aussi, têtes blondes et brunes confondues. Je regardais ma fille, déjà si grande au milieu des poupons et des petits. Si maternelle aussi, prenant soin de bien refermer la porte pour ne pas que les petits s’échappent dans la ruelle, fascinée par la dernière née et ses magnifiques grands yeux noirs. Le nez dans le cou d’une autre petite, je me suis rappelée comment c’était quand merveilleuse merveille avait cet âge. La découverte de l’amour pur, inconditionnel, à la limite de la douleur à l’idée que ça pourrait m’être enlevé. La reconnaissance profonde que tout ce qui importe vraiment, c’est cet amour, et de la chance que j’ai de connaître cela.

Merveilleuse merveille n’est plus un bébé, pas encore une ado. Édentée, parfois butée comme une mule, parfois racoleuse, parfois exaspérante, mais toujours ma fille. La lecture d’un texte m’a ramenée à ses premiers vrais rires, crystallins, et ses premières larmes, véritable déluge. De beaux souvenirs et un pincement à l’idée que ça va vite, trop vite.

Je suis heureuse que la vie nous permette d’exposer merveilleuse merveille à toutes les richesses culturelles que nous cotôyons. Qu’elle voit que la couleur de la peau, la religion, l’accent ne sont que des déclinaisons d’une même réalité. Non, je ne vis pas dans un monde rose bonbon. Oui, je sais que les tensions raciales existent, que Montréal-Nord est une réalité, que le psychodrame des accomodements raisonnables a pris racine dans quelque chose qui me dépasse. Ma réalité multiculturelle est tout autre: elle est faite d’hommes et de femmes de bonne volonté.

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