Les chroniques du patio Là où fleurent bon la résine de synthèse et le p'tit rosé estival

15 août 2007

Lentement, le temps s’écoule

Filed under: tranches de vie — Marie-Jose @ 19:43

Difficile d’être en attente que la grande faucheuse termine son boulot. Peut-on dire à quelqu’un qui a la vie chevillée au corps, au point d’accepter des traitements de chimio à tuer un cheval, que l’espoir n’est même plus au rendez-vous. Alors on l’accompagne, du mieux que l’on peut. De proche ou de loin. Et on lui laisse le temps de vivre ce qu’il a à vivre, de faire son cheminement vers l’acceptation. Mais accepte-t-on jamais de mourir?

Bien sûr, ce n’est pas mon père. Mais il a été présent pour ma mère, bienveillant, généreux et amoureux. Il lui a permis de faire un autre beau bout de vie, comme elle dit. Devenir veuve à 55 ans, c’est dur. Retrouver le célibat à près de 70, c’est encore plus difficile. Les sentiments ne sont pas les mêmes, bien sûr, mais je lui répète qu’elle a le droit d’être triste, peinée, fâchée, que cela n’enlève rien à la douleur qu’elle a ressenti à la mort de mon père, que ça ne diminue en rien notre chagrin à nous. Que le devoir de loyauté ne s’applique pas dans ce cas.

Difficile d’expliquer à une merveilleuse merveille pourquoi nous retardons la visite chez grand-maman. On lui a dit qu’il était malade, sans préciser la gravité de la maladie. Il sera toujours temps de lui dire toute la vérité. Même chose pour les plus grands, qui le connaissent bien, et qui pressentent que cette fois c’est différent, sans poser de question.

Difficile aussi de vivre cela de loin, et en même temps de ne pas vouloir revivre ce mois d’août d’il y a 14 ans.

J’aimerais être gaie, écrire de jolis textes, raconter les finesses de ma gang. Mais toute l’énergie que je mets à essayer, depuis la semaine dernière, de garder un semblant de vie normale pour nous tous me laisse vide, le soir.

Bientôt, la joie reviendra. Il y a plein de découvertes à faire en septembre, avec le début de la maternelle, la reprise du cours de danse et des activités des plus grands. Nous irons aux pommes, nous irons cueillir des citrouilles, les amis continueront d’agrémenter nos weekends de leur présence. Bientôt. Entretemps, lentement le temps s’écoule.

4 Comments »

  1. J’avais laissé un commentaire au message précédent, semble-t-il qu’il ne s’est pas conservé.

    Pour ton message d’aujourd’hui. Je veux juste te dire de penser à toi aussi, parce que toi aussi tu as le droit de trouver ça dur, toi aussi tu as le droit de pleurer, de crier.

    Je te connais peu, mais assez pour savoir quelle femme extraordinaire tu es. Mais n’oublie pas, dans ta volonté de protéger tout le monde, de penser à te protéger toi aussi, un petit peu.

    Commentaire by Sarah-Émilie — 15 août 2007 @ 20:20

  2. @Sarah-Émilie: t’en fais pas, je pense un peu à moi. Et non, je ne suis pas extraordinaire, je suis juste plus consciente de la fragilité des choses que je ne l’étais à 30 ans, je crois. Et avec les choses fragiles comme le bonheur, on fait attention, très attention…

    Commentaire by marie-josé — 16 août 2007 @ 20:10

  3. Je pense à toi souvent. Je n’ai pas ton talent pour écrire, mais je t’envoie toutes mes pensées pour vous aider à passer et à accepter ces terribles moments. Gros câlin pour vous…

    Commentaire by La copine du Nord — 17 août 2007 @ 11:02

  4. Oh! Quand je découvre un nouveau blog, je commence par le commencement, et je m’empêche de lire les billets plus récents. Je ne résiste pas et je laisse des commentaires avec un décalage immense. Et aujourd’hui, je finis le tien (tu permets que je te dises tu?)… et wow. Tes écrits, dans leur ensemble, ont bien rempli mes temps libres des deux dernières semaines, mais j’aboutis dans un drame familial et humain et je me sens presque indiscrète. Le cancer, c’est comme la loto, et on se demande vraiment si la victoire n’est pas purement une question de chance. J’ai un ami, quadraplégique, qui a appris ce printemps qu’il aurait une fille en octobre. Une semaine plus tard, il a appris qu’il n’y serait peut-être pas, lui, en octobre. La vie semble avoir gagné, mais c’est un long combat. Et quand on sait qu’il est perdu d’avance, je parle ici aussi par expérience, et qu’il ne nous reste qu’à être témoin de la lutte ou de l’abandon de la personne qu’on aime, c’est une frustration immense. Bonne chance à vous tous…

    Commentaire by La Marsouine — 17 août 2007 @ 16:44

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