La vraie vie

Un commentaire de l’excellente Sarah-Émilie sur ma relative rareté m’a fait réfléchir. Sur la nécessité d’écrire. Sur mon rapport au blog. Pour moi, écrire ne procède pas d’une urgence interne à nommer les choses, à établir mon rapport à l’autre et aux autres. Écrire est un plaisir. J’écris pour me faire plaisir, mais si je n’écris pas, je n’en suis pas malheureuse. Écrire sert parfois aussi à évacuer le trop plein. Mais si je n’écris pas, je n’étouffe pas. Ma vie, ma vraie vie, m’occupe.

Et le bonheur est rarement générateur de textes. J’ai une certaine pudeur à étaler mon bonheur, ou plutôt mes petits bonheurs tout simples. Par peur d’écoeurer ceux qui sont malheureux? Par peur de faire disparaître ce que je nomme et je décris? Je l’ignore. Ce que je sais, c’est que j’ai horreur des gourous, et je ne veux surtout pas faire une Martha-Stewart-de-votre-bonheur-intérieur de moi-même.

Je ne verrai plus jamais les araignées du même oeil

Pour clore le temps des fêtes, juste avant de défaire le majestueux sapin aujourd’hui, cinoche en famille hier soir. Après avoir regardé les bandes annonces avec ma merveilleuse merveille, notre choix s’est porté sur le « Petit monde de Charlotte ».

J’ouvre ici une parenthèse pour m’y confesser: depuis la conception de ma merveilleuse merveille, mon rapport au cinéma a changé. Cinéphile dévorant toutes les nouveautés, capable de tripper au Festival des films du monde devant un obscur film japonais sous-titré en serbo-croate, tout a basculé quand je suis devenue enceinte. Questions d’hormones, sans doute. Quand je ne m’endormais pas au premier tiers du film, j’en braillais le reste. Mammouth en était un brin découragé, lui qui se faisait une joie de me faire découvrir le Seigneur des anneaux! Puis, depuis la naissance de ma merveilleuse merveille, curieusement, j’ai vu plus de films pour enfants que de films pour adultes *et je ne parle pas de films pour addddddddultesahouiahouiahoui, on s’entend!* . A quelques rares exceptions, pendant mon congé de maternité, avec ma copine Isa, on s’est tapé un festival de films français pendant que notre progéniture apprenait à socialiser à la garderie. Et à de plus rares exceptions encore avec Mammouth, quand je consentais à faire garder ma merveilleuse merveille. Et encore, le premier film pour nous qu’on a vu était l’excellent, mais pas très joyeux, Hôtel Rwanda… Bref, pour les critiques de film, c’est pas à moi qu’il faut s’adresser. Refermons la parenthèse!

Je disais donc que je ne verrai plus jamais les araignées du même oeil. Les araignées sont nos amies. Y compris celle qui se balade depuis tout à l’heure au-dessus de ma tête… Vous pensez qu’avec beaucoup de patience, je pourrai lui apprendre à tisser la phrase « Votez Rhinoféroce »?

Le retour de la guédaille

Je sais. Mauvais jeu de mots. Les fêtes ont été dures.

Ça été un merveilleux temps des fêtes. Si je voulais vraiment chialer, je dirais que la seule chose manquante a été la neige. Mais au fin fond de moi, ça ne me dérange pas, qu’il n’y ait pas de neige. C’est triste pour les amateurs de sports d’hiver, mais mon sport préféré, l’hiver, c’est la lecture au coin du feu, alors…

On a fait le plein d’amour, de parents, d’amis, de bouffe, d’alcool. On a vu et reçu des vedettes (non, n’insistez pas, je ne dirai rien!), le Père Nowel s’est encore une fois laché lousse, et je réalise que mon bonheur tient à ces petites et grandes choses du quotidien. Mais, toute bonne chose a une fin…

La guédaille est donc de retour à son bureau. MP3 aux oreilles, le train au trois-quart vide, le soleil qui fait fondre les dernières plaques de neige au centre-ville. On se croirait au printemps! On se comprend: après avoir échangé nos voeux de bonne année (non, pas de bisous, j’ai le rhume!), on a ouvert un premier dossier. On l’a refermé. Ça ira à demain. Ou à lundi prochain. Faut pas pousser mémée, mémée est fatiguée.

Je n’ai pas fait de bilan de 2006. Je ne prendrai pas de résolutions pour 2007. Ou plutôt si, j’en prendrai une: continuer tous les jours à apprécier ce que j’ai. Prendre soin de moi, extérieurement et intérieurement. La vie est fragile.

A vous tous et toutes, je vous souhaite de rêver en 2007. Ce sont nos rêves les plus fous qui nous permettent d’avancer.