Guerre et paix

Agréable soirée, hier, en compagnie d’amis chers, venus d’ailleurs. Bonne bouffe, bon vin, *je sais, madame WW sera pas contente, mais c’est la St-Jean!* conversations agréables. De quoi faire apprécier le fait de vivre ici, dans un pays ou la guerre n’existe pas et ou malgré nos chiâlages incessants, nous sommes des privilégiés. Au coeur de la nuit, le bruit des feux d’artifices qui pétaient au loin. Et je me suis passé la réflexion que dans la bande de Gaza, au Liban ou en Afghanistan, ce même bruit signifie la peur et la mort, alors que pour nous il est synonyme de réjouissances.

J’ai toujours eu du mal avec le « Québec aux Québécois », blancs, pur laine, cathos pas pratiquants. Le Québec est ma patrie, le fleurdelysé mon drapeau. Je n’ai jamais ressenti la même émotion viscérale devant le drapeau du Canada, qui est pourtant mon pays. Mon attachement au Canada est économique, rationnel, pas émotif. Mais en même temps, je ne peux concevoir un Québec à l’image de ces Québécois xénophones, peureux de ce qui vient d’ailleurs, prêts à imputer tous les maux aux « autres », les ceusses qui ne sont pas nés ici. Je ne veux pas de ce Québec.

Je ne veux plus d’un Québec ou pour être un Vrai Québécois, il faut avoir baigné dans les fèves au lard, s’être nourri culturellement uniquement de musique francophone et penser que tout est de la faute des « maudits anglais ». Remplacer anglais par « musulmans » ou « arabes » et vous voilà à la saveur du jour.

Je veux que ma merveilleuse merveille soit fière de ses racines abitibiennes et saguenéennes, mais qu’elle continue de penser que la couleur de la peau, l’accent ou les coutumes ne sont en rien des barrières à l’amitié et à l’amour. Que ses amis s’appelent Karine ou Inès. Qu’elle ne se retourne pas au parc, en picnic, parce que les femmes de la table d’à côté portent le voile, et que spontanément, elle aille vers leurs enfants pour partager le pain à jeter aux canards. C’était l’esprit d’Expo 67, et traitez-moi d’incroyable naive, mais je veux encore y croire, bon!

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Autre petite brève: excellent texte ce matin dans La Presse, de cette dame témoignant de l’humanisme du personnel et des soins lors du décès de son tout-petit dans un centre hospitalier de la région montréalaise. J’ai envie d’ajouter ma voix à la sienne. Nous avons vécu, non pas un drame comme elle et sa famille, mais disons une petite peur médicale il y a quelques semaines. Et même si le centre hospitalier ou nous nous sommes rendus fait aujourd’hui même l’objet de critique dans le dossier de la mort de Paul Buisson, nous avons eu droit à un excellent service, professionnel, rapide et courtois. J’écris « service » et je me refait la réflexion que nous nous sommes faites, Mammouth et moi: la moitié de la salle d’attente n’avait rien à faire à l’urgence ce soir-là, et se comportait comme des « clients » chialant après le service à la clientèle. Or, quand on va à l’hosto, nous ne sommes pas des clients, mais des malades. Notre besoin collectif d’être politiquement correct dans notre vocabulaire a déteint sur notre façon d’aborder et de percevoir les soins de santé. Non, je ne cautionne pas tout ce qui se fait dans le réseau, et oui, je crois que l’organisation a besoin d’être revue, mais je n’ai vu à cet hopital des gens dévoués prêts à tout faire pour soulager la souffrance. Je persiste à croire qu’une partie de la solution pour améliorer notre système réside en nous, tant dans nos habitude que dans notre manière de percevoir les choses.

6 réponses sur “Guerre et paix”

  1. Ça fait du bien, un peu de foi en la société, au risque de passer pour naïf, malheureusement, mais bon, on s’assume.

    Comme toi, je ne voudrais pas qu’on fasse du Québec un pays qui s’apparente plus à un petit village asphyxié. Au contraire, si indépendance il devait y avoir, se serait pour s’aérer, s’ouvrir sur le monde et donner un électrochoc à notre culture, s’il vous plaît!

  2. Je pense qu’être fier de son coin de pays c’est aussi en prendre soin, de la terre et des autres. J’ai pris l’habitude de ramasser les déchets ( quand ils ne sont pas dégoûtants ) lorsque je me promène et de les jeter à la poubelle. À la quantité de déchets que je ramasse souvent je me dis que la fierté d’être québécois ce devrait d’abord et avant tout prendre soin de son Québec du mieux qu’on peut. ( Ma petite pub nature du matin ). C’est aussi être à l’écoute de ceux qui nous côtoient, et ce, malgré les différences de culture. Au contraire, nous ne pouvons que nous enrichir en leur faisant connaître la nôtre, en la perpétuant et en s’enrichissant de la leur. Surtout culinaire pour ma part * clin d’oeil *.
    Pour ma part je me sens plus abitibienne que québécoise, c’est comme ça…je frémis plus en écoutant Raoul Duguay chanter  » moé j’viens d’la bit à tibi  » qu’en écoutant notre hymne national croyez-moi.

  3. ah que ça fait du bien de lire tes billets ! Tu réussis à dire en mots simples et directs le fonds de bien de mes pensées. Quand je pense que la grande majorité des Québécois pensent qu’il n’y a pas de francophones ailleurs au Canada, j’ai le goût de brailler. Sortez donc de chez vous un peu ! C’est bien beau d’être fier d’être Québécois, mais il y en a d’autres qui se battent aussi pour préserver leur langue, le français. Surprise ! Et sans parler de ceux qui viennent d’ailleurs (depuis peu ou longtemps, ça dépend) comme nous aussi on a fait un jour, et qu’on est tenté de rejeter du revers de la main. S’ils sont pas contents, qu’ils retournent chez eux ? Ben nous aussi, du même coup ! On vient pas tous d’ailleurs, à part les Premières Nations ?

    Et ton point sur les hopitaux, je suis encore d’accord. Malgré tout le chialage, il y a quand même des hommes et des femmes qui se lèvent à tous les matins pour aller travailler dans ces hopitaux, et qui font de leur mieux pour alléger nos bobos. Merci à eux.

  4. Comme il est beau et frais ton billet sur le Québec et les québécois. Je pense beaucoup comme toi. La diversité apporte tellement!
    Merci de le mettre en si beaux mots!

  5. D’accord avec toi Marie-Josée. Mais ce Québec existera-t-il un jour? Ce Québec doit se construire dans le respect mutuel de ses habitants, peu importe leur provenance. J’avoue être indépendantiste depuis quarante ans. À dix-sept ans lorsque je distribué des dépliants politique je me faisais claquer la porte au nez par les italiens du quartier St-Michel, mais aussi par des québécois. J’aime le Québec. J’aime profondément ce pays à en devenir.

    Lorsque nous sommes arrivé au Québec en 1957, et oui je ne suis pas un pure laine. Donc lorsque nous sommes arrivé, ma mère se plaignait de ne pas trouver ses produits habituel , que les gens ne la comprenait pas lorsqu’elle parlait, même si elle parlait français. Mon père nous a alors dit cette phrase : Les gens de ce pays nous ont acceuilli, c’est à nous de changer pas à eux. Nous sommes installé parmis les québécois, jamais dans des gethos culturels. Marie-Josée si des amis t’invite dans leur maison, tu mange, tu bois, tu t’amuse, tu partage, mais tu ne change pas le mobilier de place, ni la couleur des mûrs. Tu respect les gens qui t’on reçu.

    Je crois avoir le droit de parler ainsi, car je représente assez bien ce qu’on dit être le multiculturalisme. Mon père était espagnole, né en Algérie, élevé au Maroc. Ma mère était italienne, née au Maroc. Moi je suis né au Maroc. Nous avons la nationalité français, car à cette époque le Maroc était un protectorat français et qui plus est, québécois depuis cinquante ans avec au coeur une fleur de lys, que j’aimerais avoir le temps de voir fleurir.

    J’espère bien que ta merveilleuse, comme les miennes d’ailleurs, verrons un jour ce Québec dont nous rêvons, d’une façon différente, mais tournée vers un même.

    Bonne fin de semaine à tous.

  6. Je recherche le titre d’une chanson qui a été popularisé autour de l’Expo’67. Mais je n’en suis même pas sûre. Je ne me souviens pas non plus de l’interprète. Peut-être Renée-Claude.
    Première phrase de la dite chanson: « Si tu viens dans mon pays… »
    C’est tout ce que j’ai.
    S.V.P. est-ce que quelqu’un peut m’éclairer sur: 1) le titre, 2) l’interprète, 3) le parolier, 4) le créateur de la musique.
    Merci beaucoup de m’aider à me libérer de cette question « existentielle »…

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