Les chroniques du patio Là où fleurent bon la résine de synthèse et le p'tit rosé estival

31 juillet 2007

Déjà août

Filed under: tranches de vie — Marie-Jose @ 22:08

À cause de la mauvaise température du début de l’été, à cause des vacances qui ne sont pas encore passées, à cause de milles et une raisons, je n’ai pas vu juillet. Et déjà, demain, c’est août. Mon mois préféré. Que je commence pourtant avec beaucoup d’appréhension.

D’abord, parce qu’au boulot, le temps est incertain. Ma patronne adorée nous quitte, rappelée dans la capitale. Et les atomes crochus avec le nouveau patron ne seront pas au rendez-vous. Donc, changement de boulot en perspective, alors que j’aspirais à une certaine stabilité professionnelle. Ça me fait royalement suer, mais c’est la vie. Et puis, ce n’est pas un drame. Je suis juste trop fatiguée, après une année difficile, pour encaisser aisément. Avec l’âge, en tout cas le mien, la résistance au changement est plus grande, je crois.

Ensuite parce qu’août a, depuis bientôt 14 ans, une teinte de tristesse. Et que cette année, la grande faucheuse rode encore. La récidive redoutée est apparue la semaine dernière et les traitements intensifs de chimio ont recommencé. Nous savions qu‘il vivait sur du temps emprunté, mais comme le reste, le quotidien bouffe l’angoisse et on finit par oublier. Le temps est suspendu pour quelques jours, quelques semaines, question de voir plus clair. 24 heures à la fois.

En même temps, les petits bonheurs de la vie quotidienne se multiplient. Merveilleuse merveille fait le marsouin dans la piscine « Regarde maman, j’ouvre mes yeux dans l’eau!!! » crie-t-elle, toute excitée. Et y a-t-il plus tordant que de jouer à enlever le maillot de maman dans l’eau, je vous le demande, hein? Les grands s’amusent au parc, se font de nouveaux copains qui viendront envahir la salle de jeu l’automne venu. Mammouth, en bon patriarche, règne sur sa tribu. Les amis viennent, arrêtent prendre un verre ou un repas, nous enrichissant de conversations agréables et estivales. Le temps est léger, le temps est doux.

Paradoxe. On peut à la fois être heureux et triste? Etre envahie de sentiments contradictoires comme la reconnaissance envers la vie et la rage contre la mort? Tout ça en même temps? Je ne veux pas anesthésier la tristesse, de peur de ne plus ressentir la joie.

Ce soir, j’ai juste envie de me laisser bercer par la douce chaleur, en pensant à ma mère qui ne mérite pas de passer un autre mois d’août dans la crainte, la peine et la douleur. Et en pensant à son compagnon, qui ne mérite certainement pas d’avoir encore à se battre contre cette maudite maladie.

3 Comments »

  1. Ben oui on peut ressentir les deux…Triste que ça touche un proche, triste de la peine de sa mère, mais en même temps soulagée et de ce fait heureuse que nos enfants sont là tout entier, s’amusant à barboter. Les amis apportent douceur et continuité, une pause dans la tourmente. Ces deux émotions nourrissent la vie. Comme on disait devant nos pâtes, on est arrivé à l’âge où le cours de notre vie va se trouver bouleversé régulièrement par la maladie et les pertes…Le balancier à tout ça c’est peut-être que la vie va nous devenir encore plus précieuse.

    Commentaire by bibco — 1 août 2007 @ 04:52

  2. Je viens de rentrer dans ton univres, Marie-José, et je suis transportée, C’est un très beau début… de blog… je viens de finir de lire août 2006… pff, mince, il est minuit, j’enrage… j’ai commencé trop tardivement ma lecture!! Et dans mon sud-ouest français, il faisait lourd ce soir, orageux… je suis restée à la fraîche jusqu’à 22 heures…
    2 heures que je dévore des lignes, celles de ta vie… c’est très bien écrit.
    Je vais continuer demain, et les jours suivants…
    Je te remercie pour ce beau voyage… avant d’aller dormir, y a pas mieux…
    A très vite…
    …J’espère que la maladie n’aura pas le dernier mot… je viens de lire ton dernier billet… je voulais que tu puisses lire mon commentaire rapidement, donc je me suis dirigée vers ta dernière visite…
    Je pense à toute ta petite famille…
    bisous
    véro

    Commentaire by véro — 1 août 2007 @ 18:09

  3. Oh oui on peut ressentir les deux, le paradoxe de la vie… J’espère de tout coeur que le verdict sera bon et que la grande faucheuse se tiendra bien bien loin. Je pense à toi et ta famille dans ses moments difficiles.

    Commentaire by Nathalie — 2 août 2007 @ 13:06

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