Je me suis sérieusement posée la question cette année. À 21 ans, a-t-elle encore besoin que je dépose mes mots pour lui souhaiter un joyeux anniversaire? Que je fasse le trajet dans ma tête – mais surtout dans mon coeur – de cette dernière année? Que je lui répète qu’elle est ma toute belle rebelle, la plus belle des perséides, ma merveilleuse merveille à moi? Qu’elle fait déborder le coeur de son père de fierté devant tant de beauté, de grâce, d’intelligence, d’humour?
Et la réponse s’est imposée, ce matin d’anniversaire ou tu n’es pas à la maison. Tu es entrée sur la pointe des pieds cette nuit, nous a chuchoté que tu reviendrais ce matin et de ne pas nous inquiéter. Je me suis rendormie, rassurée. Je sais que tu sais prendre soin de toi, tu l’as appris à la dure côté coeur, et que tu sais ce qui est bon pour toi. Je te souhaite, ma toute belle rebelle, que celui qui est entré dans ta vie et qui fait pétiller tes yeux t’accompagne dans cette fantastique période qui s’ouvre devant toi.
Cette année, tu as vraiment déployé tes ailes: l’université, que tu appréhendais un peu, est devenu un lieu d’épanouissement académique, mais également personnel. Nous t’avons vu studieuse, impliquée, passant tes fins de semaine le nez dans tes travaux. Nous avons eu des discussions sur le sens du monde, tu t’es indignée du sort des femmes massées aux frontières qui demandaient l’asile, tu as exploré les possibilités de travail à l’étranger. Et c’est avec tellement de fierté que nous t’avons accompagnée à la remise de la bourse que tu t’es méritée! Encore plus fiers de te voir aller, comme un poisson dans l’eau, au cocktail qui a suivi! Quel chemin parcouru depuis le secondaire.
Tu as aussi agrandi ton cercle d’amis et ton rayon d’action. Montréal n’a plus de secrets pour toi, mais tu as aussi découvert l’Europe et tu comptes bien y retourner. Ton amour des voyages ne s’estompera pas et tu rêves de partir, sac au dos, pour découvrir l’Asie. Je te le souhaite, ma belle rebelle: tu es à l’âge ou la seule personne qui peut te retenir, c’est toi. Ton père m’aidera à calmer mes angoisses de mère qui voudrait te garder sous une cloche jusqu’à tes 50 ans!
Angoissée un brin de te trouver un travail d’été (tsé, comme si, avec le bagage que tu as et les compétences que tu as acquises les employeurs bouderaient leur chance!) tu as fait le meilleur choix entre les offres devant toi, avec une grande maturité et un grand respect pour les employeurs. Ce travail t’a ouvert les yeux sur les réalités que vivent plusieurs personnes et tu t’es parfois indignée contre le système qui protègent parfois si mal les travailleurs et qui a si peu à leur offrir pour les sortir de leur malheur.
Même si les aspérités de l’adolescence et la fougue qui t’a toujours habitée semblent s’être adoucies, ne perd pas ta capacité d’indignation, ni ton désir d’aller plus loin. C’est ce qui te rend si unique.
C’est ma volonté de garder une trace du temps qui fait que je reviens, chaque année, t’écrire ce petit texte. Cet hommage à la femme que tu es devenue, qui a fait de nous de meilleurs personnes et de meilleurs parents. Parfois, ton père et moi, on se regarde, en se disant que si on nous avait dit, il y a 21 ans…
Bonne fête, ma belle toute belle rebelle. Tu as déployé tes ailes, l’horizon t’attend. Et nous serons toujours là, quand tu auras besoin de te poser pour refaire le plein.