Y’en aura pas d’facile

C’est ce que je me dis tous les matins. Et tous les soirs. Et parfois plusieurs fois dans la journée.

On le savait, le prochain budget va sonner la fin d’emploi pour plusieurs de mes collègues, de mes employés voire même de certains patrons. L’échéance se rapproche, et m’oblige à utiliser toutes mes forces, mais aussi mes faiblesses de gestionnaire. Parce qu’il n’y a pas de honte à admettre que nous ne sommes pas parfaits. Mais on dirait que c’est plus facile de dire que nous ne sommes pas parfaites…

Je regarde mes collègues qui vivent, en même temps que moi, ces temps troubles. Tous et toutes, nous réagissons avec notre propre expérience, notre propre bagage émotionnel. Et sans vouloir faire du sexisme, mes collègues féminines ont eu moins de pudeur à montrer que les choix que nous devrons faire nous atteignent. Profondément. Je suis toutefois persuadée que mes collègues masculins le vivent aussi durement, mais le vivent autrement.

En réunion d’équipe, vendredi, j’ai dit à ma gang que je leur demandais de faire un acte de foi, de me faire confiance. Qu’au final, nous serions probablement moins dans quelques mois, mais que j’avais travaillé, avec mes autres collègues, en les gardant tous et chacun en tête, parce qu’en bout de piste, j’aurai été équitable, transparente et juste. Je sais qui vient d’avoir un bébé, qui vient d’acheter une maison, qui prend soin de ses parents âgés, qui a un conjoint qui vient de perdre son emploi. Peu importe qui seront les perdants et les survivants de l’exercice, il y aura, derrière le papier officiel, un drame humain plus ou moins grave. Un humain qui sera affecté pour quelques jours, quelques semaines, ou plusieurs mois.

Et il y a moi. Personne ne m’a dit que mon poste serait préservé. Il se pourrait que je sois moi-même sur le marché des « agents libres » d’ici quelques semaines. Je ne suis pas angoissée outre mesure, mais ce n’est pas un sentiment agréable. Je me sens prise entre deux feux: être le capitaine de mon  bateau, mener mes troupes à bon port, que ce soit parce qu’ils gardent leur emploi ou que je les aide à se replacer, mais prendre soin de moi également, pour ne pas me retrouver le bec à l’eau.

Garder l’équilibre. Le difficile équilibre entre prendre soin des autres et prendre soin de toi. Ne pas tout donner, mais ne pas tout garder. Séparer l’émotion de la raison, et la raison de la froideur. Laisser le bureau au bureau, et la maison à la maison. En conservant ma santé mentale. Enfin, si tant est que je sois encore en bonne santé mentale 🙂

De tous les défis rencontrés depuis que je suis gestionnaire, celui-là sera le plus demandant. J’espère, de tout mon coeur, être à la hauteur. Aux yeux de mes employés, mais aussi à mes propres yeux. Tout ce que j’espère, c’est pouvoir continuer à me regarder dans le miroir, chaque matin, avec le sentiment que j’ai donné le meilleur, que j’ai pris les bonnes décisions.

 

Des nouilles aux restes

Non non, je ne me prends toujours pas pour Martine. Et je n’ai pas envie de transformer mon blogue en blogue de cuisine. Mais quand j’improvise, et que ça goûte si bon, j’ai besoin de garder une trace.

Ce midi, nouilles aux restes.

  • une boîte de macaronis coupé
  • 1/4 tasse de beurre
  • 1/4 tasse de farine
  • 3 tasses de lait
  • muscade rapée
  • une pointe de piment de cayenne
  • sel et poivre au goût
  • 2 tasses de fromages mélangés (restes du plateau de la veille, parmesan, mozzarella, bref, ce que vous avez sous la main)
  • 2 tasses de fleurettes de brocoli (ou restes de légumes de la veille, coupés en petits morceaux)
  • chapelure ordinaire ou panko

Préchauffer le four à 375.

Faire cuire les macaronis selon les indications du fabriquant. Si vous utilisez des légumes congelés, les ajouter aux pâtes pour les 3 dernières minutes de cuisson.

Dans un chaudron à fond épais, faire fondre le beurre et ajouter la farine. Faire cuire en brassant pendant 1 minute, puis ajouter le lait en brassant continuellement, jusqu’à ce que la béchamel soit épaisse. Combien épaisse? Épaisse. Ajouter les fromages, et assaisonner. Vous pourriez ajouter de la poudre d’oignon ou d’ail, de la moutarde sèche, bref, ce qui vous tente. Après tout, c’est votre macaroni.

Incorporer les pâtes cuites et égouttées avec les légumes, mettre dans un grand plat allant au four et couvrir de chapelure. Combien de chapelure? Pour couvrir.

Mettre au four pendant 20 minutes, le temps que la chapelure soit grillée et que le mélange bouillonne. Servir avec une salade verte et/ou des crudités. Écouter, ravie, votre mammouth et les enfants faire menoum. Laver les chaudrons.

 

Je dois être naïve… mais laissez-moi mes illusions

Vous me connaissez, je ne parle jamais politique. Ou si peu. Et c’est pas parce qu’on est en 2012 que je vais déroger de cette règle. Par conséquent, je ne commenterai pas les commentaires d’un père blessé à mort, mais qui oeuvre dans le public.

Ce qui me trouble, dans cette histoire, ce ne sont pas ses remarques. Chacun a droit à ses opinions. Et je me garde le droit d’être d’accord ou non. Je peux même comprendre: si quelqu’un s’attaquait à merveilleuse merveille, mon premier réflexe serait de vouloir lui faire autant de mal qu’il lui en a fait. Physiquement mal, je veux dire. Dans le genre arracher les yeux, arracher les couilles, dépecer. Bon je sais, j’ai pas l’air d’être violente et au fond, je ne le suis pas. Mais je peux comprendre que mise devant la situation d’être dépouillé des êtres qu’on aime le plus au monde, le monstre en soi prend toute la place.

Non, ce qui me trouble depuis hier, ce sont les commentaires que j’entends autour de moi. Commençons par un aveu: malgré le  paragraphe précédent, je suis contre la peine de mort. Profondément contre. Je ne crois pas à la loi du talion. Outre une satisfaction immédiate, il me semble que le fait d’emprisonner à vie est beaucoup plus rough que de mourir au bout d’une corde. Savoir que plus jamais on n’aura la liberté de ses actes et de ses mouvements, ça me semble encore plus terrifiant que de mourir.

Et puis, la peine de mort me semble être un symbole d’une société barbare, et malgré la tendance droite-drette-droitiste que prennent parfois le Québec et le Canada, je ne considère pas vivre dans un pays de cowboys. Enfin, c’est ce que je pensais.

J’ai été estomaquée par les remarques entendues sur le sujet aujourd’hui. Des gens que je côtoie tous les jours, que je considère, m’ont servi des énormités. Dans le genre:

  • Sont traités comme des rois en prison, pis on paye pour ça.
  • Ben oui ça se pourrait une erreur judiciaire, mais on fait pas d’omelettes sans casser d’oeufs.
  • Tsé, y méritent juste ça ces crottés là.
  • Il est temps qu’un gouvernement mette ses culottes, chu tanné de voir que mes taxes servent à ça. Moi, les Shaffira, j’enverrais ça se faire lapider dans leur pays.

Mais la meilleure, celle qui m’a touchée en plein front, c’est « on sait ben, toi, t’excusais Turcotte! Dans le fond, t’es une naïve de gauche, qui pense encore que tout le monde est beau, tout le monde il est gentil ».

Ma chum Sophie m’avait bien fait rire en me disant qu’elle est une hippie de garde-robe. Serais-je donc une Mère Térèsa qui refuse de sortir du placard?J’avais vu les chiffres d’un sondage qui indiquait que 69% des Québecois sont pour la peine de mort. Mais j’avais pas enregistré l’ampleur, je pense. Pour moi, ça fait partie des contradictions qui nous habitent comme peuple: on vote NPD en masse, mais on est pour la peine de mort. On fait pas dans la nuance. Plus du tout.

Non, je ne crois pas que tout le monde est beau, tout le monde il est gentil. Il est plein de cons, d’abrutis, de méchants tawins et de dangereux malades. Il est pas tout noir, ni tout blanc. Mais qu’on en soit à utiliser des arguments économiques dans un débat profondément moral, ça me chavire. En fait, c’est pire: on ne débat pas, on répète comme des perroquets des arguments gros comme des troncs d’arbre, sans même se demander s’ils tiennent la route.

Laissez-moi mes illusions: je ne veux pas vivre dans une société prête à prendre le risque d’une erreur judiciaire, parce qu’on ne fait pas d’omelettes sans casser d’oeufs. J’ai pas envie de vivre dans une société qui pense qu’on va régler des problèmes de criminalité – d’ailleurs, à part les cas sensationnels, je ne crois pas qu’on vive dans un monde hyper criminalisé! – en mettant à mort les coupables.

Ce matin, au déjeuner, j’ai eu une conversation avec merveilleuse merveille, qui voulait comprendre l’affaire Shaffia. On a parlé des talibans, de sociétés ou les femmes n’ont pas leur mot à dire, du père qui décide qui sera ton amoureux. Elle m’a dit qu’elle ne supporterait pas ça et a conclu en disant qu’on était chanceux de vivre ici, dans une société tolérante. Merveilleuse merveille, j’aimerais ça partager ton optimisme. Je suis de moins en moins sûre qu’on vit dans une société tolérante. Mais ici, dans ta maison, dans ta famille, ça reste une valeur fondamentale. T’en fais pas.

Dans la tempête

Aller retour à Québec la semaine dernière. Pour une session de travail avec des collègues. Dans la tempête, la vraie et celle que nous traverserons cette année.

Jeudi soir, je suis allée souper avec une copine pas vue depuis longtemps, qui m’a fait découvrir le secret le mieux gardé de Québec en termes de restaurant: la « Cohue ». J’y ai mangé un des meilleurs tartares de ma vie, meilleur que celui de l’Express, c’est pas peu dire! Et le service? Courtois, impeccable. Vraiment, j’ai hâte d’y amener le Mammouth.

Mais ça aurait tout aussi bien pu être une poutine Ashton. Le vrai plaisir, outre celui de la table, était bien plus dans la conversation avec Esther. Ça faisait une éternité que nous n’avions pas échangé, en plus de 140 caractères. La maternité m’accapare moins – il était temps, direz-vous, Merveilleuse merveille a 9 ans!, je redécouvre le plaisir de ces conversations de filles, à la fois tellement futiles et profondes. Et j’en aurai bien besoin, cette année, de ces conversations.

Tempête donc, dans mon milieu de travail. Bien sûr, personne ne pleurera le sort de fonctionnaires, déjà grassement payés pour ne rien faire dans l’esprit de bien des gens. Il est vrai que comparé aux travailleurs de White Birch, à ceux de Mabe et à combien d’autres, notre sort est enviable, les conventions collectives garantissant quand même des conditions de fin d’emploi qui sont plus qu’acceptables. N’empêche. Perdre son emploi, ce n’est pas jojo. Pour personne. Et derrière tous ceux qui risquent de passer à la moulinette, il y aura des drames humains: certains ont des conjoints malades, d’autres de jeunes enfants, ou alors viennent de s’acheter une résidence. Et comme gestionnaire, il faudra gérer la décroissance, en gardant le cap sur l’objectif, tout en s’assurant que les gens seront traités humainement, respectueusement.

Et moi? Moi aussi, je pourrais y passer. Il est vrai que pendant 20 ans, je n’ai eu aucune permanence, aucune sécurité d’emploi. Quand tu travailles en politique, tu sais à quelle heure tu entres au bureau le matin, mais tu ignores à quelle heure tu en sortiras et surtout, si tes services seront requis le lendemain. J’ai appris à vivre avec cette incertitude, qui n’est jamais devenue une angoisse. Il y a donc une partie de moi qui se dit qu’on traversera le pont quand on arrivera à la rivière et que y’a un Bon Dieu pour les Marie-José. L’autre fait « shit! » – j’ai presque 50 ans, une jeune famille et des obligations plates comme une hypothèque et un prêt auto. Me semble que j’aurais aimé ça, un bout tranquille.

Ai-je envie de tout recommencer? De repartir à zéro dans une autre sphère que je ne connais pas? En fait, je vaux quoi sur le marché privé?  Je n’en ai aucune idée. Ma seule certitude, c’est que j’ai Mammouth derrière moi. Qui, peu importe ma décision, sera solidaire et aidant. Mais je demeure optimiste: j’ai toujours su tirer mon épingle du jeu, et cette fois-ci ne sera pas différente. J’ai toujours pensé, et dit, que lorsqu’une porte se ferme, c’est qu’une fenêtre s’ouvre, souvent sur un paysage encore plus fabuleux. Alors j’ouvre mes fenêtres, je me mets en état de disponibilité et je fais confiance à la vie. À ma vie.

Tempête itou au plan médiatique. Le verdict vient de tomber sur le procès Shafia. Je suis heureuse de vivre dans un pays ou ce genre de crime n’est pas accepté et acceptable. Mais je vois tout de suite les comparaisons oiseuses qui se feront entre ce verdict et celui de l’affaire Turcotte. Dans un cas comme dans l’autre, le verdict ne ramènera pas les victimes. Il est là, le malheur. Pas dans le bruit autour.

Je fais le plein, ce weekend. De repos, d’amour et de tranquillité. Nous retournerons au patin, Merveilleuse merveille s’étant découvert une passion pour ce sport et ma banlieue mettant à la disposition des familles des heures de glace gratuites. Ne serait-ce que pour ça, les 4 heures de transport en commun quotidiennes me semblent moins lourdes.

Et quand nous reviendrons, le chili amoureusement concocté par le Mammouth sera prêt, le vin sera bon et la soirée sera tranquille. Demain, la tempête reprendra. Demain. D’ici là, c’est le calme. Et c’est très bien ainsi.

 

Apprécier, les petites choses comme les grandes

Hier soir, par hasard (… genre!) , nous étions chez quelqu’un qui célébrait son 40e anniversaire. Belle foule, bonne bouffe, bons vins. Une soirée agréable, une soirée d’adultes, des conversations légères ou plus profondes, des rires. Un discours du fêté, qui soulignait qu’il se sentait choyé, non seulement matériellement, mais surtout d’être entouré d’amis et de gens qu’il aime et qui l’aime en retour. Une belle soirée.

Aujourd’hui, il fait froid. Je suis aussi choyée: une maison chaude, des enfants qui vont bien, une merveilleuse merveille qui a joué dehors toute la soirée hier et toute la matinée ce matin et qui en a rapporté de belles joues rouges, un chum aimant, un gros chien idiot. De la bouffe en masse dans le frigo. Et j’apprécie. Moi aussi je me sens privilégiée.

Bien sûr, il y a parfois l’angoisse. Les prochains mois seront rock & roll au travail, et j’ignore si je ne serai pas moi-même à la recherche d’un emploi quand l’automne arrivera. Mais je refuse que cela me gâche le moment présent. On verra, dirait Legault. C’est en plein ça, on verra et on traversera le pont en arrivant à la rivière. Et s’il n’y a pas de pont, on nagera! Pour l’instant, je savoure mes bonheurs, les petits comme les grands.

Parmi ceux-ci, mon cadeau de Noël. « L’art de vivre, selon Joe Beef« .  J’aime les livres de recettes, même si je ne les suis pas. Mais depuis Les Pinardises, je n’avais pas eu autant de plaisir à lire un livre de cuisine, et à rire au fur et à mesure de ma lecture. Un extrait:

« Un jour, un cuisinier préposé aux légume en plein lendemain de veille a concocté une assiette de polenta grumeleuse de piètre qualité. C’était un plat au menu, alors il nous était impossible de la remplacer par des carottes et un mot d’excuse. Nous l’avons donc simplement passée dans le presse-purée. Quand elle en est ressortie, elle frisait la perfection, sans grumeaux et semblable à du riz, fondant doucement dans le beurre. Nous étions quatre adultes à observe ce phénomène, toujours aussi fascinés par le presse-purée et par les gros seins » .  De la poésie, j’vous dis!

Écouter France Beaudoin le samedi soir, ça aussi c’est un petit bonheur. Une belle heure d’émotions, de chansons qu’on aime, une belle heure de télévision intelligente. Tout comme la nouvelle série Apparences, dont je suis devenue accro en 15 minutes.

J’ai quasiment l’air de radoter, à parler encore une fois de gratitude. Mais parfois, quand on remet à plus tard, il est trop tard. Merci donc, pour les petites comme pour les grandes choses de ma vie.

 

Message à toi qui aura 40 ans

Oui oui, toi. Tu ne me lis pas, mais sache que pour cette fois, tu aurais intérêt. Question de savoir dans quoi tu t’embarques.

On aura beau dire que 40, c’est le nouveau 30, c’est de la bullshit. Yup, on a l’air moins vieux que dans le temps de nos parents, on a commencé plus tard qu’eux à vivre notre vie d’adulte, on a déjà quelques relations de couples et/ou quelques enfants dans notre biographie officielle, mais reste que 40 ans d’usure, c’est 40 ans d’usure.

40 ans, c’est la moitié de sa vie. C’est souvent la période des remises en question, personnelles et professionnelles, voulues ou subies. C’est la réalisation ultime que les choix faits à 20 ans doivent être assumés, ou qu’il est temps de s’inscrire à un programme de protection des témoins.

Plus facile pour un gars, tu me dis? Pfffttt… pantoute. Sauf qu’inconscient, tu ne réalises pas. En couple, tu commences à te demander si les 40 prochaines années de ta vie, tu veux les passer avec elle. Célibataire, t’es dans un endroit inconfortable: trop vieux pour les cougars (pourquoi s’embarrasser d’un quadragénaire qui se cherche quand y’a plein de beaux jeunes hommes dans leur vingtaine?), il te reste la trentenaire dont le big ben intérieur résonne à fond pour le dernier bébé, ou la fille de vingt ans, bien roulée, qui te regarde, amusée, te flatte dans le sens du poil mais te trouve ben vieux quand même, surtout si tu n’as pas le chèque de paye pour compenser. Je suis cynique, tu crois? 20 minutes dans une salle de bain d’un bar de centreville te convaincra aisément que je te ménage, tiens! Monoparental? Tu pognes sûrement à l’épicerie, mais la quadra qui te regarde évalue d’abord ton potentiel à devenir un gardien pour ses propres enfants!

Pas facile la quarantaine pour le mec moderne. Tu sais plus si tu dois être métro ou über, caquiste ou khaderiste, tu t’inquiètes pour ta performance au bureau et pour ton régime de pension. T’es plus un ti-cul, mais tu refuses d’être un monsieur. Tu peux jouer au hockey le samedi avec tes chums, mais l’odeur de l’antiflo commence à remplacer ton eau de toilette de plus en plus souvent le dimanche. Tu l’admettras pas, mais la deuxième bouteille de vin est maintenant de trop. Tu t’inquiètes pour ta prostate et tu surveilles discrètement les étiquettes sur les aliments pas trop trop bio que tu achètes.

Pas jojo, hein? Ben non! Tu vis les meilleures années de ta vie! Crois-moi: j’en sors, de cette quarantaine, et pour rien au monde je ne l’aurais échangée contre ma vingtaine. Mais bon, c’est probablement parce que je suis une fille. Tu sais ce que tu vas découvrir, dans cette nouvelle décenie? L’auto-dérision. Yup. Le drame d’hier n’aura plus d’importance. Tu réaliseras le chemin parcouru et tu en seras fier. Discrètement fier. Tu accueilleras tes premiers cheveux blancs comme autant de signes que la vie ne te maltraite pas trop, et tu aimeras ces rides au coin des yeux qui font craquer les filles. Et sans t’en rendre compte, tu auras franchi le cap délicat et tu redeviendras cet homme qu’on veut tous et toutes avoir comme ami, comme amoureux ou comme collègue.

Pas fine, tu dis? Dans 2 mois, tu pourras te venger et me rebalancer toutes les vacheries sur les femmes de 50 ans. Mais souviens-toi: 50, c’est le nouveau 40!

Entre-temps, je te souhaite un très joyeux anniversaire. Tiens, même, je t’embrasse. Mais juste parce que tu as 40 ans.

Ajout: mine de rien, c’est mon 500e billet sur ce blogue. Champagne!  

Ajout 2: Ce texte ne s’adresse à personne en particulier, mais plusieurs tipits de mon entourage franchiront le cap cette année. Considérez-le personnel!

De retour à notre programmation régulière

Sapin défait, décorations rangées, reconfiguration du salon, balayeuse pour ramasser les zillions d’aiguilles qui se sont infliltrées sous les tapis et dans les craques du plancher: ça sonne la fin de la période des fêtes, cet espace/temps ou les règles sont plus souples pour les repas, les dodos, etc… C’est aussi le retour de la course du matin, pour s’assurer que le lunch est soutenant et chaud, que Merveilleuse merveille a tout ce qu’il lui faut, que les devoirs sont faits, les papiers de l’école signés. Bref, c’est le retour à la programmation régulière, petit coup à donner jusqu’à la relâche de mars.

C’est aussi la découverte de la programmation télévisuelle d’hiver, plaisir coupable s’il en est un. J’ai très hâte à Apparences: j’ai adoré Aveux et mes attentes sont élevées, meilleur moyen d’être déçue, je le sais. Je retrouverai Trauma avec plaisir, et O’ m’attire, surtout pour Guy Nadon que j’aime d’amour.

J’entre en hibernation. Je déteste le froid et l’hiver. Mais comme j’habite une banlieue formidable, j’aurai plein d’occasions de me confronter à l’hiver. J’ai appris récemment que ma ville offre du patinage libre tous les samedis soirs et les dimanches après midi, tout à fait gratuitement, à l’aréna. Merveilleuse merveille, qui a découvert le patin l’an dernier, m’y a trainé hier. Et m’a fait promettre que nous y retournerions tous les dimanches. Bon, je n’ai pas patiné hier, puisque j’avais prêté mes patins à l’amie de merveilleuse, mais je compte bien me reprendre dimanche prochain. Je n’aurai pas honte du tout de m’agripper à une chaise pour faire maladroitement 2 tours de patinoire, avant de m’effondrer sur le banc des joueurs. Vous ai-je dit que je n’ai rien d’une athlète, encore moins d’une sportive? Mais bon, si l’amour d’une mère peut transporter des montagnes, il peut sans doute aider dans l’accomplissement d’un tour de piste ou deux…Je reprend le yoga la semaine prochaine. Si je survis jusque là. Parce que m’écouter, je me blottirais sous la doudou jusqu’en mai. Mais comme il faut bien gagner sa vie…

Et ne vous en faites pas, même si l’apparence du blog a changé. Je remets les liens vers mes blogs préférés dès que j’ai une minute.

 

 

 

Du brocoli à la rescousse

À l’automne, Merveilleuse merveille a eu une phase végétarienne. Très végétarienne. Quasi-végétalienne, même. On peut tous manger moins de viande, j’en conviens, mais j’ai réalisé, à ce moment, qu’une fois éliminés boeuf, poulet, poisson (elle déteste le poisson!), veau et porc (incluant sa forme jambonesque), la préparation de repas sains, savoureux et propices à la croissance d’une jeune gymnaste relevait de l’exploit les soirs de semaine. Dieu merci, elle adore les oeufs, mais on ne peut quand même pas souper 7 soirs sur 7 à l’omelette/légumes/fromage.

Puis, elle a eu la grippe. J’ai fini par la convaincre que même si les fruits et les légumes sont excellents pour la santé, introduire un peu de protéines animales lui permettrait de se remettre plus vite sur le piton. La voir avaler avec appétit la méga tranche de jambon ce soir-là m’a convaincue que sa phase végétarienne prenait fin, mais que nous aurions tous intérêt à faire attention à notre alimentation.

J’ai lu, sur de nombreux sites, d’appétissantes recettes végétariennes. Bon, je persiste à penser que le tofu constitue un calfeutrant extraordinaire pour hiverniser les fenêtres, à moins qu’il soit sous sa forme soyeuse, dans un grand smoothie plein de fruits. Mais je dois me rendre à l’évidence: j’aime la viande, Mammouth aime la viande et les grands aiment la viande. La seule qui résiste au boeuf, c’est Merveilleuse merveille. Même sous sa forme hachée, à moins que ce ne soit dans le pâté chinois ou dans les tacos – et encore, le boeuf lui roule dans la bouche.

C’est pourtant elle qui, un soir de novembre, m’a demandée de lui faire du boeuf au brocoli. Souvenir d’un repas au resto asiatique qu’elle avait adoré. J’ai alors consulté internet et au gré des recettes pigées ça et là, j’ai concocté mon propre festin. Elle a non seulement mangé toute la viande de son assiette, mais en a redemandé et a spécifié qu’elle souhaitait qu’il en reste pour son lunch du lendemain!

Ce qu’elle aime dans le boeuf au brocoli? Le brocoli, évidemment! Alors on a eu quelques variantes: poulet au brocoli, jambon au brocoli, etc…  Ce qui me fait sourire, c’est que j’entretiens avec ce légume un rapport ambigu. Il a fallu que je quitte la maison familiale pour que je découvre que le brocoli cuit n’est pas grisâtre: ma mère l’assassinait allègrement en le faisant bouillir pendant de lonnnnnnnnnnnnnnngues minutes, avant de découvrir les vertus de la cuisson à la marguerite. Je détestais ce légume mou et sans saveur. Puis, enceinte, l’odeur du brocoli cuit, même vapeur, a provoqué tout au long de ma grossesse des nausées énormes. Petite, c’est le seul légume que Merveilleuse merveille refusait de goûter. Puis, au fil des plateaux de légumes, elle s’est mise à dévorer les fleurettes de brocoli crues.

Tout ça pour vous dire qu’en ces lendemains de fêtes remplies de bouffe, quand je leur ai donné le choix pour le repas ce soir, c’est le boeuf au brocoli qui est ressorti grand gagnant. Alors boeuf au brocoli ce fût. Et c’était délicieux! La recette? Nah… je ne veux pas concurrencer les nombreux blogues qui, mieux que le mien, vous mettent l’eau à la bouche.

Vous insistez? Nah… Si? OK d’abord. Mais souvenez-vous qu’avec moi, les quantités sont toujours approximatives…

  • 1 livre de boeuf détaillé en lanières (Comme je suis paresseuse, j’achète les lanières déjà prêtes)
  • 1 brocoli défait en fleurettes (la paresseuse en moi apprécie, quand le brocoli est trop cher ou pas très joli, les fleurettes congelés d’Artic Garden)
  • 1 c à soupe d’huile végétale
  • 3 oignons verts, tranchés en diagonales
  • 2 c à soupe de gingembre frais, râpé à la microplane
  • 2 à 3 gousses d’ail, râpées à la microplane
  • 2 c à soupe de sauce chili chinoise
  • 2 c à soupe de sauce soya foncée
  • 1/2 tasse de bouillon de boeuf
  • 1 c à soupe de fécule de mais délayée dans un peu d’eau froide

Dans un wok chaud, faire revenir les lanières de boeuf dans l’huile chaude. Quand elles sont cuites, les retirer. Incorporer l’oignon vert, le gingembre, l’ail, la sauce chili chinoise, la sauce soya et le bouillon de boeuf. Amener à ébullition. Ajouter les fleurettes de brocoli et cuire quelques minutes, en remuant constamment. Remettre les lanières de boeuf et réchauffer 1 minute. Ajouter d’un seul coup le mélange de fécule et d’eau et remuer pour épaissir la sauce. Voilà, c’est prêt, et ça ne vous a pris que 10 minutes!

Servir chaud, sur du riz ou des nouilles plates de type Pad Thai.

Bon appétit, dirait Julia Child!

2012

Hier soir, confortablement installés devant le sapin, Mammouth et moi nous sommes fait la réflexion que 2011 finissait drôlement mieux qu’elle avait commencé. Les choses se placent tranquillement et même si 2012 présentera ses défis, j’attends cette nouvelle année plus confiante.

Des résolutions? J’aimerais, comme ma copine Quelque part, laisser aller ma créativité. Malheureusement, même en me forçant, la créativité n’est pas mon point fort. Refaire de la politique? Rien d’excitant à l’horizon, et je maintiens, malgré le cynisme ambiant, que faire de la politique relève de la vocation. Hors, cette vocation doit être nourrie par un idéal et pour le moment, rien ni personne n’incarne cet idéal.Changer de carrière? Les circonstances m’y forceront peut-être, mais pour le moment, ce n’est pas dans mes plans à court terme. Bon, perdre du poids, me remettre en forme, blablabla… je sais. On en reparlera en mars.

Non, pas de résolutions finalement. Une certitude: je suis là ou je dois être dans ma vie. J’entamerai la deuxième moitié de celle-ci en mars (ben quoi, une fille a le droit de vouloir vivre centenaire!), sans regret, sans amertume. Je me souhaite la sérénité. En fait, je nous la souhaite à tous. Et la santé. Surtout la santé. Sans elle, rien n’est vraiment possible. Pour le reste, laissons-nous porter par la vie jusqu’à ce que le désir monte.

Bon 2012 à mes fidèles lecteurs! De l’amour, de la joie, des plaisirs. Que du bon, dirait Pierre Léon!

Le miracle de Noël

Je sais. Ce qui va suivre va suinter le kitch, le kétaine, le dégoulinage de bons sentiments, le relent de dinde et de tourtière (la vraie, celle du Saguenay!). Et pourtant…

Chaque famille recèle ses moins beaux côtés, ses paroles qu’on souhaiterait n’avoir jamais prononcées, ses chicanes dont on ne se souvient plus de l’origine, ses malentendus. Bref, il arrive que les réunions de famille ne soient pas nécessairement une source de joie, et qu’à tout prendre, on préfère passer son tour.

Ma famille n’est pas différente. Rien de grave, mais depuis quelques années, la période des fêtes pouvait être lourde. Pleine d’amour, mais lourde. On a donc pris la route, cette année, pour un petit trois jours que je souhaitais, à défaut d’être délirants de bonheur, calmes et sereins.

Il faut dire que nous avions une bonne raison de nous déplacer: mon seul frère allait être papa. Bébé au sexe inconnu était attendu pour le 23. Bébé est arrivé, comme promis le 23. Nous allions donc à la rencontre du rejeton de mon frère et de ma belle-soeur.

Je me suis fait faire le coup du Tim Horton: en arrivant à l’hôpital, quand on m’a mis bébé tout neuf dans les bras, on m’a demandée si je voulais bien être sa marraine. J’ai fondu en larmes et j’ai accepté. Ce blog s’enrichit donc maintenant d’un nouveau personnage, Fabuleux Filleul. Merveilleuse merveille est aussi tombé sous le charme de ce toxon de 9,1 lbs, à la chevelure épaisse et noire, comme elle à sa naissance. Un magnifique bébé. Un monstre de charme.

Mais encore plus que de sentir si bon, d’avoir la peau si douce et d’être mon filleul, Fabuleux filleul a réussi un miracle de Noël: réunir toute la famille autour d’un vrai Noël rempli d’amour, sans arrières-pensées, sans soupir d’exaspération. Hier soir, nous étions tous là, oncles, tantes, grands-parents, réunis autour de ce petit être, toutes nos haches de guerre enterrées pour de bon, je crois. Nous étions cette famille de film kétaine, levant nos verres de Veuve Cliquot à sa santé, à notre santé.

Merveilleuse merveille a passé 2 nuits chez sa grand-mère, à se faire gâter, pendant que Mammouth et moi, entre deux rencontres de famille, nous reposions (parce que nous en avons grand besoin en cette fin d’année rock & roll) dans un hôtel pas loin. Alors que j’appréhendais un Noël compliqué, c’est une fête toute en douceur et pleine d’amour qui m’a été donnée, avec la promesse de plusieurs autres dans les prochaines années. Et j’en suis infiniment reconnaissante à la vie, et à tous ceux et celles que j’aime.

Fabuleux filleul, bienvenue dans notre famille. Marraine ne te fera qu’une promesse: celle de t’aimer, inconditionnellement. Toujours.