Adieu, monsieur le professeur

Dernier jour d’école. Déjà. J’ai peine à croire qu’il y a 10 mois, Merveilleuse merveille franchissait le seuil de la maternelle, le seuil d’une toute nouvelle vie.

Il s’en est passé des choses depuis. Mais surtout, merveille a grandit, en pouces comme en sagesse. Elle est devenue autonome, mais a quand même encore un peu besoin de moi. Ou elle me donne l’illusion d’avoir besoin de moi, parce qu’instinctivement, elle sent que je ne suis pas prête à ne plus être indispensable.

Hier soir, en bonne maman, j’ai fait de mes blanches mains des confitures maison pour les profs, les éducatrices, la brigadière, la secrétaire de l’école. Tous, ils ont aidé merveille à traverser cette année charnière. Tous, ils lui ont donné le goût d’apprendre, de se dépasser, d’être curieuse, d’explorer. Et quelle fierté dans son regard quand elle nous fait part de ses apprentissages.

« Maman, est-ce que tu savais qu’un papillon, c’est d’abord une chenille? »

« Maman, comment on écrit dinosaure? »

« Papa, écoute, je connais une nouvelle chanson »

« Maman, on ne dit pas cocon, on dit chrysalide »

Bon, j’admets: j’aurais pû acheter des tasses ou des chandelles, mais j’ai créé un monstre à Noel, celui de la maman farpaite qui fait tout de ses blanches mains. J’assume. Ça fait téteux (avec plusieurs t!)? So what! On est prompt à la critique, mais j’ai vraiment une petite école de quartier extraordinaire, et ce n’est pas une longue soirée à confectionner des confitures et à enjoliver de petits pots Masson qui va m’empêcher de démontrer un tant soi peu ma reconnaissance à tous ces gens qui ont partagé la vie de ma fille cette année.

En septembre,  nous franchirons une autre étape. Celle de la première année, où Merveille apprendra à lire et à écrire. Déjà, nous avons convenu que lorsqu’elle en serait capable, c’est elle qui me ferait la lecture du dodo, un soir sur deux.

Entre les deux, je vais essayer de survivre à mon angoisse de la voir fréquenter le parc municipal tout l’été et d’enlever les petites roues à son vélo. Y’en aura pas d’facile!

Father and son

Inévitablement, pour devenir mère, ça prend un géniteur. Ça fait partie de l’équation. Certaines d’entre nous sont chanceuses: le géniteur est aussi un père. Pas un « paparfait », un père. Avec ce que ça comprend de défauts, d’impatience, de couches plus ou moins bien attachées, de gestes tendres et d’amour.

Certaines d’entre nous sont doublement chanceuses: elles ont eu un père qui, toute sa vie, leur ont dit qu’elles étaient aimables, belles, que rien n’était impossible. Cet héritage peut parfois être lourd: c’est à l’aune de ce modèle qu’elles mesurent les hommes, qu’elles soupèsent leurs qualités paternelles. Sera-t-il un bon père? Saura-t-il trouver au fond de lui les trésors de patience pour consoler, comprendre, enseigner?

J’ai gagné le gros lot. J’ai eu un père extraordinaire qui m’a aimé d’un amour inconditionnel. Pas gnagna. Il était capable de voir mes défauts, mes failles. Mais il m’aimait quand même. Malgré. En dépit. Ou peut-être à cause. Et ma fille a un père extraordinaire. Impatient, parfois brusque, mais qui se ferait passer sur le corps pour ses enfants. Qui serait dangereux si quelqu’un s’avisait de faire du mal à ces enfants. Qui aujourd’hui, en ce jour de la fête des pères, a assez d’amour pour l’adoe qu’il la laisse quitter, en métro, pour aller passer la journée à la Ronde avec ses copines, manquant ainsi le souper familial. C’est lui aussi qui permet à notre tilou de vivre ses chagrins mais aussi ses joies, et qui partage l’écoute de vieux épisodes de RBO entre gars.

C’est lui, plus que moi, qui a donné à merveilleuse Merveille la permission de grandir. Qui l’a poussé vers la petite enfance, alors que je m’accrochais à mon bébé. C’est lui qui, depuis sa naissance, me permet de travailler au rythme qui est le mien, parce qu’il est devenu la maman à la maison. C’est lui qui gère la gardo, le service de garde. Bon, avant d’en faire un saint, tuons tout de suite le mythe: le ménage, c’est pas sa tasse de thé. L’agencement des couleurs non plus. So what? J’ai appris, à ces côtés, à distinguer un peu l’essentiel du superflu.

Je lui dit souvent que je l’aime. Aujourd’hui, à travers le papa, c’est le Mammouth que je salue. Mon mammouth.

Une dernière chose: pas besoin d’être un paparfait. Je connais des zillions de gars qui se reprochent de ne pas avoir été à la hauteur de leur progéniture. Qui se reprochent leur absence, leurs impatiences, leurs cris parfois. On vous en a beaucoup demandé, les boys. On vous voulait rose, mauve, jaune. On a pas bien saisi que la paternité, c’est pas une version « soft » de la maternité. La paternité, c’est un rapport autre avec les enfants. Et un enfant, ça pardonne beaucoup, en autant que ça vous sente sincère. Dire pardon, c’est difficile. Pour nous comme pour vous, les boys.

Aujourd’hui y’a plein de beaux textes sur la paternité. Demain, faudra continuer à penser que vous faites une job importante. La plus importante: vous aidez un enfant à devenir un adulte. C’est pas rien.

Son dernier téléjournal

Bernard Derome serait-il en train de devenir le Dominique Michel du Téléjournal? Je blague, mais au fond, je suis triste. Le téléjournal sans Bernard Derome, pour moi, ça fait pas de sens. Non que je doute des qualités de celle qui le remplacera: j’aurais hurlé si quelqu’un d’autre que Céline Galipeau avait obtenu le poste. Mais quand même, Bernard et moi, c’est comme une longue histoire d’amour.

Je suis une junkie de l’information, je l’ai toujours été. Au moment de choisir une carrière, je voulais faire mon cégep en Arts et technologies des média, convaincue qu’en sortant de là, je pourrais dire à Bernard « tasses-toi, mononc »… Bienheureuse insouciance de l’adolescence! Mon père en a décidé autrement et m’a indiqué que si je voulais « communiquer », j’irais d’abord à l’Université. Et comme il était registraire, donc responsable des admissions, au seul Cégep à offrir cette option, disons que ma marge de manoeuvre était plutôt mince…

J’ai finalement opté pour sciences pô, à l’Université. Mais j’ai toujours gardé un respect immense pour Bernard Derome. J’ai des souvenirs précis de moments importants: Bernard annonçant, avec tout le sérieux qui s’impose, que le Canada était en guerre (au moment de la guerre des Malouines), Bernard annonçant, presqu’avec émotion, que le non l’emportait de justesse au référendum de 95, Bernard annonçant son premier départ, Bernard revenant au Téléjournal. Bernard annonçant la mort de René Lévesque… Bernard et son chapeau dans la crise du verglas. Bernard Derome est indissociable des grands moments de notre histoire, à tout le moins de ceux qui m’ont marquée.

Un jour, je suis devenue attachée de presse. A la démission de ma patronne, tous les réseaux et tous les journaux ont sollicité des entrevues. Gérer des journalistes, des égos gros comme ça, ça fait partie de la job d’attaché de presse. Attaché de presse sur la colline, on connaît bien la faune de la tribune parlementaire, mais on a un rapport plutôt distant avec les « vedettes » de l’information, qui ne s’abaissent pas souvent à parler aux simples relationnistes que nous sommes. On parle à leurs recherchistes. Au moment d’enregistrer l’émission de Bernard Derome, je suis donc arrivée presqu’intimidée en studio. J’allais rencontrer mon idole, et on m’en avait parlé dans des termes peu élogieux: imbu de lui-même, impatient, colérique, etc.

Pendant que ma patronne était au maquillage, il est venu me parler. Gentil, courtois, professionnel. J’ai failli m’évanouir: puisque nous n’étions pas en direct, il m’informe que je serai en régie, et que si je n’aime pas les questions ou si je pense que la patronne aurait intérêt à répondre autrement, il m’invite à l’interrompre. Moi, la p’tite fille de Jonquière, interrompre le grand Bernard Derome parce que je n’aime pas sa question?

« Excuse-moi, Bernie, mais tsé, ta question sur…. c’pas fort, hein! »… Ya! Right!

De fait, c’est probablement une des meilleures entrevues de ma patronne à ce moment-là. Parce qu’il était à l’écoute. Pas complaisant, mais reconnaissant de l’apport de cette grande dame à la politique québécoise. Pas « védette » du tout. Un professionnel, certes, mais également un homme profondément humain. Qui avait probablement senti à quel point j’étais impressionnée et qui n’en a pas profité pour en remettre, question de me montrer qui était le boss dans son studio.

Ça me rassure de savoir qu’il sera là pour les prochaines élections. Parce que si la tendance se maintient… mais bon, je ne parle jamais politique. Ou si peu.



Raisonnables?

Je ne parle jamais politique. Ou si peu. Mais difficile de passer à côté, non? Si, je passerai presque à côté. Sinon pour vous dire que, encore une fois, c’est à l’excellent Yves Boisvert que revient la réflexion la plus pertinente:

Mais je l’ai dit: l’essentiel est ailleurs. Il est sur le terrain, dans ce nouveau Québec qui s’invente à l’école où des garçons qui s’appellent parfois Jihad, David, Philippe, qui peuvent être musulmans, juifs, arméniens, grecs orthodoxes, va savoir, il y a même des catholiques, ils sont tous Québécois, ils s’appellent Jihad, David, Philippe, donc, et ils jouent sur le même trio dans une équipe de hockey sans même que ce soit un sujet d’étonnement, de discussion, encore moins de commotion ou de commission. À plat ventre? Malaise identitaire? De quoi ils parlent, ces vieux politiciens?

Voilà ce à quoi je pensais en lisant ce rapport, admirable d’équilibre et de vision par ailleurs: nos enfants sont déjà ailleurs.

 

 

 

 

 Y’a rien à ajouter. Il fait beau, on jouera dehors ce weekend. On plantera des fleurs, des tomates et des pois carrés. On se permettra un verre de rosé. Pour le reste, tant mieux si nos enfants sont déjà ailleurs. Et vivement les vacances pour qu’enfin, la « crise identitaire » aille se faire bronzer…

Maman!

« Maman, viens voir! Vite! »

« Une seconde, poussinette, je suis occupée »

« Nonnnnnn! Viens voir! Vite!! »

« J’arrive, poussinette! »

…..

« Viens, vite!!! »

« J’arrive, poussinette »

« Maman, regarde ma chambre comme c’est beau! »

« C’est surtout à l’ordre, poussinette »

« Maman, tu sais quoi, j’adore le travail d’Adèle! »

…..

C’est vrai qu’elle est pas mal extraordinaire, notre Adèle! Y’a qu’une Adèle pour penser au plaisir d’une petite fille de découvrir ses oreillers de princesse alignés sur le lit, la douillette ouverte, prête à recevoir une fillette à moitié endormie et la poupée, sagement assise près de la tête du lit, comme pour veiller sur son sommeil… Merci Adèle!

Ze Gala

Vous en avez marre des Galas ou tout le monde se chicane? Ou seules les védettes de TVA gagnent? De toujours voir les mêmes repartir avec les trophées? Des discours plattes, « merci maman, merci papa, merci mon gérant, merci mon public, mon public m’aime et j’aime mon public »?

Ben voilà: Ze gala! Ze one et unique! Ze Gala de la blogosphère!

Quoi? Vous n’en avez pas entendu parler? Trop pris dans la lecture du prône paroissial? Vous étiez ou, les dernières semaines? Perdus sur une île? En train de prendre un pina colada avec Nathalie Simard en République dominicaine?

J’ai pas fait de pub avant pour deux raisons: je suis la vérificatrice externe de ce gala. *J’y tiens, je veux que ce soit LE monsieur du St-Hubert qui fasse le laÏus plate sur les résultats compilés sous l’oeil de la vérificatrice externe, Queenie of the Patio zelle-même!*. Et comme les règlements du patio interdisent formellement que je sois la Sheila Fraser du Gala ET mise en nomination en même temps, je voulais pas vous inciter à me nominer.

Mais maintenant que la période de mise en nomination est terminée, et que la période de votation commence, vous avez jusqu’au 16 mai pour voter. Allez-y, ne serait-ce que pour découvrir de nouveaux blogs pas mal chouettes!

Et pour féliciter la Fêlée de sa géniale initiative! Fêlée, tu as décidément tous les talents!

Merci!

Pourtant aguerrie professionnellement, je suis, dans ma vie personnelle, d’une candeur sans bornes. On peut facilement me faire avaler n’importe quoi… ou presque.

Hier, nous devions souper tranquillement, en compagnie de tonton Marc, qui s’était offert à préparer le souper. J’avais fait jurer à Mammouth que cette gentillesse ne cachait rien. Pas que Marc ne soit pas gentil naturellement: Marc est l’homme le plus gentil du monde. Mais comme ça, à la veille de mon anniversaire, un samedi… et connaissant le goût de Mammouth pour les surprises… En fait, je soupçonnais que Marc arriverait ici en disant qu’il venait garder Merveille pour nous permettre un souper au resto.

Nope… il est arrivé avec le souper.

Et on suivit Chantale et Alain, Gilles et Loulou, mon plus vieux chum Luc, Denis et Lucie, Doussa et Houssein (sans oublier la craquante Inès!), Huguette, Jean-Guy et Yvon. Un « surprise » pour mes 46 ans! Une bien belle soirée, de bonnes conversations, de la bouffe délirante, de bons vins, des rires en masse. Et surtout, surtout, de la fierté dans les yeux de Mammouth, d’avoir si bien camouflé la surprise. Et de la chaleur humaine à faire fondre mon mur de neige derrière.

A vous tous, mes amis, merci. Je vous l’ai dit hier, mais je vous le redis: ça m’a fait chaud au coeur que vous soyiez là, pour moi. C’est comme si vous m’aviez injecté une immense dose d’amour en ce printemps qui se fait attendre. Merci d’avoir été là, merci pour vos délicates attentions, merci de partager votre amitié.

Merci aussi à ceux qui n’ont pu se joindre à nous: n’ayez crainte, Mammouth m’a transmis vos regrets de ne pouvoir y être et votre amitié. Elle m’est également précieuse.

Maintenant, ne me reste qu’à imaginer comment je repayerai Mammouth… gnac gnac gnac…

Une bien belle soirée

Soirée retrouvailles, hier. Mon ancienne patronne avait réuni autour d’elle tous les gens qui ont travaillé avec elle depuis 18 ans. Une belle gang. Nous devions être plus d’une quarantaine, des gens que je n’avais pas vu pour la plupart depuis la naissance de merveilleuse merveille. Y’avait chose et machin, avec qui nous nous sommes rappelés nos mauvais coup. Et puis elle et elle, mamans comme moi, photos en mains à comparer nos rejetons. Et eux, toujours aussi drôles et toujours aussi mignons, malgré les cheveux gris qui se sont ajoutés au fil des ans. Et surtout la patronne, resplendissante, reposée, dégagée. Une ancienne collègue m’a dit avoir découvert les chroniques depuis quelques temps et avait fait suivre le lien à la gang. Ça m’a fait tout drôle de penser que ce lien ténu nous unissait, à mon insu.

J’ai aussi réalisé qu’au-delà du temps, ce qui nous unissait tous et toutes encore, ce sont nos valeurs communes. On ne peut pas travailler aussi fort si on ne croit pas à ce que l’on fait, ni si on ne croit pas très fort que la personne pour qui on travaille représente ces valeurs. Et dans ce cas précis, nos valeurs de partage, de tolérance, de respect et d’intégrité s’incarnaient dans cette femme que nous aimons tous profondément et qui nous l’a si bien rendu.

Une bien belle soirée donc. Que nous avons tous choisi de poursuivre, en créant un événement annuel. Avec nos familles, la prochaine fois, parce que croyez-moi, à la gang, nous avons largement fait notre effort pour éviter la dénatalité! Nous formons une tribu, une communauté de pensée et ce serait dommage de ne pas continuer à s’informer les uns des autres, de loin en loin.

Autre constat douloureux, ce matin: je suis trop vieille pour que 4 verres de vin sur un estomac vide ne me laissent pas avec un mal de bloc d’enfer…