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Je t’avais pourtant avertie l’an dernier. Et sérieusement en plus. Pas question d’avoir 11 ans. Non. 10, c’était bien assez pour moi.

A mon insu, durant l’année, tu es devenue une belle pré-ado. Je n’ai rien vu. Du jour au lendemain, tu as pris 3 pieds de jambes, tu chausses maintenant la même grandeur de souliers que moi et nous avons acheté tes premiers vrais soutien-gorge. J’étais où, ce printemps, pendant que ces changements-là s’opéraient?

Tu es toujours rebelle, tu as toujours au fond des yeux ce feu qui fait de toi ma belle rebelle. Tu as appris, cette année, a encore mieux harnacher tes impatiences, tes envies irrépressibles. Tu as appris, au contact de Fabuleux filleul, la patience nécessaire pour s’occuper d’un jeune enfant et après une semaine de formation de « gardienne avertie », tu te vois déjà en train de payer ton forfait cellulaire à même tes gains

Alors tu vois, même si je t’avais interdit de vieillir, tu ne m’as pas écoutée. Tu n’en fais qu’à ta tête. Parfois, je vois dans les yeux de ton père une petite angoisse: belle, indépendante, sauras-tu éviter les pièges de l’adolescence? T’avons-nous donné des bases solides qui t’aideront à passer à travers cette période pas toujours facile, mais si exaltante? L’angoisse, dans l’œil de ton père, c’est le reflet de la mienne ne, ma merveilleuse merveille. À voir la complicité que vous développez, toi et lui, je me dis que je suis la femme la plus chanceuse du monde.

Alors bonne fête, ma Merveilleuse merveille à moi. Depuis 11 ans, tu illumines mes jours, et j’anticipe les prochaines étapes avec bonheur. Mais bon, cette fois, je suis sérieuse. Tu n’auras pas 12 ans l’été prochain.

De l’infaillibilité et autre gérance d’estrade

Bien sûr, comme la majorité des gens, je suis choquée par la tragédie de Lac-Mégantic. Choquée comme dans sous le choc, et choquée comme en colère. L’horreur en plein milieu d’un petit paradis, l’horreur sans nom. L’inimaginable.

À travers, une mairesse qui se tient droite, digne et compatissante. Une première ministre qui fait preuve de compassion. Un premier ministre un peu froid – dans la nature de la bête, faut croire, mais qui a fait ce qu’il fallait faire, puis tout le reste du défilé des politiciens, tous partis confondus.

Dans une autre vie, j’ai été attachée de presse. J’ai eu à vivre quelques événements, de moindre ampleur j’en conviens, mais qui ont monopolisé les médias. Dieu merci, c’était avant l’avénement des réseaux sociaux.

Dieu merci, parce que je ne voudrais pas, pour tout l’or du monde, avoir à gérer une tragédie comme celle du Lac-Mégantic avec les gérants d’estrade qui pullulent sur FB et sur Twitter.

La moindre déclaration, le moindre mot est dépecé, disséqué, analysé, dans l’instant, sans le moindre recul. Parfois, parce que c’est signé du @jesuisjournalistedansungrandjournal, ça devient parole d’évangile. Par conséquent, les politiciens et leur entourage n’ont plus droit à l’erreur. Eux aussi travaillent dans l’urgence et avec un micro constamment sous le nez. Il n’est pas ici question de les excuser, mais d’expliquer que parfois, le contexte dans lequel tout le monde travail n’est pas propice à donner la meilleure et la plus solide information.

Pourquoi ce papier? Je lisais hier un commentaire sur FB, traitant le ministre québécois de l’environnement de « Big Fail » pour avoir dit dimanche que les impacts sur l’environnement seraient minimes. J’ai écrit un premier commentaire, lapidaire, sur l’infaillibilté des gérants d’estrade, lui demandant si lui, il n’avait jamais commis d’erreur dans le feu de l’action. Puis, je me suis dit que je respirerais par le nez et que je ne tomberais pas dans le piège.

Mais ça m’a fait réfléchir sur ce qu’on demande à nos politiciens. Et sur le fait que derrière nos écrans, c’est facile de juger. Trop facile. À tous les gérants d’estrade, le temps viendra de juger et de commenter le travail et les déclarations des uns et des autres. Pour l’instant, au moment où on vient de nommer la première victime,  l’heure est à se retrousser les manches et à se taire. Avec à la carte une pensée pour ceux qui, une fois les caméras parties et le défilé terminé, vivront avec une cicatrice sur le coeur et dans leur ville.

 

Félicité, contentement et plénitude

Félicité: bonheur suprême, bien-être, béatitude.

Contentement: état de joie, satisfaction

Plénitude: Intégralité, bonheur

Ça vous arrive de vous sentir dans ces états? Et faites-vous une différence entre ses états d’esprit? Êtes-vous capable de les coller à des moments précis de votre vie, des circonstances particulières?

Moi, oui.  La félicité, par exemple, c’est ce que je ressens quand je vais au marché public. Me promener entre les étalages de fruits et de légumes invitants, jaser avec des marchands pleins de bonne humeur,  humer à pleines narines toutes ces odeurs, ça me met dans un état de félicité.

Le contentement, je le ressens parfois quand j’ai fini ma journée et que je sais que j’ai fait une différence dans la vie de quelqu’un. Ce n’est pas de l’orgeuil, parce qu’il n’y a souvent que moi qui le sache. C’est vraiment ce sentiment de me regarder dans le miroir et de me dire que j’ai fait ma job, avec un petit supplément d’âme comme dans la chanson Ella elle l’a.

La plénitude? Il m’a fallu connaître l’allaitement pour vraiment saisir dans ma chair ce qu’est la plénitude. Tenir Merveilleuse merveille contre moi, la voir si abandonnée, si confiante, savoir que j’étais capable, moi, de lui donner tout ça, m’a fait sentir pleine, intégrale. Animale.

Pourquoi je vous parle de tout ça? Renouer avec le cou d’un bébé tout neuf, jouer avec un petit bout d’homme qui, à 15 mois, a déjà son caractère, voir ma fille devenir une belle ado – un brin rebelle, mais le contraire m’inquiéterait! – faire le bilan de la dernière année professionnelle et en être satisfaite, me coller, malgré la chaleur, contre mon Mammouth et le regarder dormir après être passée si proche de le perdre. Autant de raisons pour être reconnaissante, surtout d’être capable de ressentir ces états de bonheur, petit ou grand.

Serons-nous capables d’un débat serein?

Réveil brutal ce matin: un maire arrêté, des chantiers paralysés, des innocents qui rient sur FB d’un suicide dans le métro. Et il pleut. Bref, tout va très bien, madame la marquise, tout va très bien, tout va très bien… ¶ (air connu).

Mais je m’éloigne de mon propos. J’ai lu, avec attention, le projet de loi déposé par le gouvernement sur les soins en fin de vie. Sujet délicat s’il en est. Depuis le début des consultations publiques, le sujet a été abordé sans partisanerie, avec doigté et finesse. Le projet de loi l’est tout autant.

Ce débat, il est nécessaire. Pour les individus concernés, leurs proches aidants, pour les soignants. Je crois sincèrement que tant que nous ne sommes pas confrontés à cette réalité, il est difficile d’en parler. Quand le médecin m’a avisée que pour mon père, rien ne pouvait être tenté au plan curatif, mon premier réflexe a été de dire que je ne voulais pas qu’il souffre, même si cela devait abréger de quelques jours sa vie. Mais qui étais-je pour décider pour lui? N’était-ce pas avec ma propre incapacité à dealer avec sa mort et sa souffrance que j’essayais de gérer à grands coups de morphine?

Sans minimiser les risques de dérapage, je me pose la question. Je suis heureuse de voir que les soins palliatifs devraient avoir une plus grande place dans notre système de santé, mais je crois tout aussi intimement que la décision doit revenir à la personne malade. Si j’étais là, au bout du rouleau, souhaiterais-je avoir encore quelques heures, quelques jours, pour profiter des miens? Ou si, au contraire, souhaiterais-je abréger leurs souffrances de me voir ainsi (si tant est qu’ils trouveraient ça difficile).

Difficile question. Et j’ai beaucoup apprécié le texte d’Alain Vadeboncoeur, qui donne une perspective intime au débat.

J’ose espérer, donc, que nous pourrons faire un débat serein sur le sujet. Parce qu’il pourrait bien être le premier des débats difficiles que nous devrons avoir comme société.

Ça peut pas être l’été, on a pas eu de printemps!

Je m’étais dit… Au printemps, je retourne à l’écriture. Puis, on a pas eu de printemps.

Je me suis dit… Avec l’été qui arrive, j’aurai plus de temps pour recommencer à écrire. Où ça, l’été?

Fake… Et puis, le blogue est disparu. Quelques semaines. J’ai eu peur. Tous ces mots, écrits sans but, disparus? Perdus? L’héritage que je veux laisser à Merveilleuse merveille, pfffff-n’a-pu?

Mammouth, encore une fois, est venu à la rescousse. A retrouvé mes mots. Que j’ai relu. Tous, du premier jusqu’au dernier. Quelques années de ma vie. Quelques rares beaux textes, des coups de gueule, beaucoup d’insignifiances. C’est ça ma vie?

Ouais, c’est ça ma vie. Et il est temps que je m’y remette. Now.

J’avais presque oublié

Que j’ai un blogue. Abandonné depuis plusieurs mois. Faute de temps, faute d’inspiration. Bien des choses à écrire, je me censure. Bien des choses qui s’en viennent. Mais je me laisse la porte ouverte à revenir. Tranquillement.

Merveilleuse merveille et la mort

Je sais, je vous néglige. Mais j’ai pris soin de moi, et j’avais pas nécessairement envie de vous entretenir des menus détails de ma remontée. J’ai pas de RedBull pour me commanditer, moi!

Bref, je reprends le travail cette semaine et j’ai hâte. Hâte de retrouver ma gang, hâte de me remettre les mains dans la pâte. Une pointe d’appréhension, nécessaire semble-t-il, mais pas d’angoisse. La seule chose dont je m’ennuierai, c’est ma dose quotidienne de Commission Charbonneau. Fascinant, je vous dis pas.

Ce weekend de température moche met un point final à cette période de repos, donc. Il a fait beau, il a fait chaud, les couleurs sont magnifiques, et j’aurai encore suffisamment de temps à moi pour continuer à profiter de cet automne.

Température moche également, parce que cet après-midi, sous la pluie, nous avons enterré Blackie, le petit chaton souffreteux de la dernière (et quand je dis dernière, c’est dernière, puisque la chatte a été stérilisée il y a 10 jours) portée.  7 magnifiques chatons, et lui. Plus petit, vraiment plus petit, négligé par la chatte. Tout noir, mais minuscule. Nous étions presque décidé à le garder, puisque manifestement personne n’en voudrait, et qu’il était écrit qu’il ne ferait pas long feu.

Vendredi, je l’ai longtemps gardé contre moi. Puis, je l’ai remis avec ses frères et soeurs. Hier, pendant que le Mammouth et moi étions absents, Merveilleuse merveille et Adorable Ado l’ont découvert, sans vie.

Quand nous sommes revenus à la maison, Merveilleuse merveille nous a dit qu’elle pensait qu’il était mort. Vérification faite par le mammouth, il était bel et bien décédé. Probablement pendant la nuit ou tôt le matin. Pas de réactions de la part des enfants. Du moins, pas à ce moment-là.

Nous avions décidé d’aller souper au resto, hier soir. En revenant, le torrent de larmes de merveilleuse merveille s’est mis à couler. Je l’ai consolée, elle a réclamé son papa, elle s’est réveillée en larmes plus tard, a repleuré ce matin. Pourtant, ce n’est pas la première fois que nous perdons un animal, ou un être cher. Elle n’était pas très vieille quand Olivier est décédé, mais elle comprenait parfaitement ce qu’était la mort. Même chose quand nous avons dû faire euthanasier notre vieille chienne Wiki. Elle avait compris qu’elle ne reviendrait pas.

Puis, j’ai saisi.  Même si elle « comprend » ce qu’est la mort – l’absence, le plus jamais – elle n’avait jamais « vu » la mort. Or, elle a vu le petit cadavre du minou, déjà froid, déjà rigide. Ça a rendu le concept de mortalité très concret, tout à coup.

D’ou l’importance de l’enterrement de Blackie. Nous avons pu le mettre en terre, lui dire au revoir, et au printemps, nous irons choisir à la pépinière une plante vivace qui sera le signe de sa courte vie sur terre.

C’est fou comme parfois, on pense qu’on sait, pour se rendre compte finalement qu’on ne sait pas. Ouais.

 

 

Quinqua… génaire ou quincaillerie?

Un beau matin, vous vous réveillez à 50 ans. Bon, c’est pas la fin du monde, personne ne va vous offrir une médaille de courage. C’est immanquable: vous naissez, vous prenez de l’âge, vous atteignez le cap de la cinquantaine en refusant de voir les prochaines étapes. Carpe diem, que vous vous dites.

Un beau matin, arrive une petite enveloppe du gouvernement du Québec. Non, pas votre chèque de pension! Une gentille invitation à vous prévaloir du programme de dépistage du cancer du sein, avec mammographie à la carte.

Il n’y a jamais eu de cancer du sein dans la famille, mais mon père et plusieurs oncles et tantes sont décédés du cancer. La prévention, ça semble être une bonne idée et de fait, selon les statistiques, même s’il y a de plus en plus de cas, la détection précoce du cancer du sein permet d’augmenter l’espérance de vie. J’ai quand même « brêter » avant de prendre mon rendez-vous.

Hier, c’était le jour M. J’ai rempli la petite fiche, en cochant « non » à toutes les questions: pas d’antécédents, pas de douleurs, pas d’écoulement, ni de rétractation du mamelon, pas de bosses ni de signes avant-coureur. Puis, la technicienne m’a amenée à la salle de radiographie, en m’expliquant à chaque étape ce qui allait se passer. On a même blagué: le fait d’avoir un buste imposant – pour reprendre son expression! – peut être une chance quant à la douleur de l’examen. Douleur? Pas dans mon cas. À peine un inconfort, parce que c’est vrai que ça comprime le sein  et pas qu’un peu. Une fille humaine, qui doit voir des femmes inquiètes à la journée longue et qui a su trouver le ton rassurant.

Suis-je inquiète? Pas outre mesure. Je vous ai déjà dit que j’étais légèrement hypocondriaque? Le fait que mon corps puisse abriter des cellules cancéreuses ne me hante pas, mais j’ai quand même hâte que le rapport me soit envoyé.

Pourquoi j’en parle? Une ancienne collègue à moi est décédée à 35 ans de ce vilain cancer. Parce que chaque jour, des milliers de femmes apprennent qu’elles en sont atteintes. Parce qu’à part la prévention, la détection précoce, y’a rien qu’on puisse faire.

Hier, c’était comme un « wake-up call ». Faut que je prenne soin de la quincaillerie si je veux en profiter encore longtemps…

 

Rosé, pédicure et amitié

Je prends du mieux. Je suis toujours aussi fatiguée, mais tranquillement je refais surface.

Cette semaine, je suis allée luncher avec mon amie Quelque part. Une vraie journée de fille: lunch, suivi d’un pédicure/manucure dans un fauteuil de massage. Ça m’a fait un bien fou.J’avais beaucoup négligé mes extrémités depuis l’an passé: ongles tout croches, talons gercés. Ça peut paraître superficiel, mais quand je me néglige à ce point, c’est que ça ne va pas comme je le voudrais. Cet après-midi à me faire remettre les extrémités en état, c’est comme si je reprenais un peu le contrôle de ma vie. De voir mes ongles d’orteil rouge orangé, d’avoir les mains douces, c’est comme si tout à coup, j’avais envie de prendre soin de tout ce qui est entre mes extrémités 🙂

Mais au-delà de cela, c’est la conversation qui m’a fait du bien. Mon amie sait par quoi je suis passée dans la dernière année, pas besoin de raconter. Et de la voir si bien, si prête à entreprendre un nouveau chapitre de sa vie m’a donné un choc. Un choc positif, s’entend. Je fais quoi à me morfondre dans mon malheur, alors qu’on peut s’en servir comme d’un tremplin pour autre chose?

On a jasé de tout et de rien: de nos vies de famille, un peu du bureau, de son nouveau défi, de ma fatigue. Et de l’élection. Devant une bonne salade, avec le petit rosé de l’été du resto branché, le temps a passé vite. Je suis revenue régénérée, avec plein de pistes de réflexion.

On s’est reparlé depuis. Et elle m’a fait remarqué que mes yeux brillaient lorsque nous avons abordé un sujet en particulier. Ça a allumé une lumière dans ma tête. Maintenant, reste à voir comment on peut mettre tout ça en place, si c’est vers cette lumière que je dois aller.

Ouais, beaucoup de réflexions à faire. Et beaucoup de changements dans la maison: j’ai promis à merveilleuse merveille de lui aménager un coin bureau bien à elle pour étudier et faire ses devoirs, elle veut avoir une chambre d’ado et il faut réaménager le coin télé. J’ai encore quelques semaines devant moi pour faire un ménage dans ma vie et dans la maison: j’ai un besoin d’épurer, de jeter, de faire de la place pour de l’air.

Les seules choses qui seront immuables: mon Mammouth, qui vient de finir une période de travail exigeante et dont je suis si fière, ma merveilleuse merveille, à qui il faut donner de nouvelles balises pour traverser l’adolescence qui s’annonce et le gros Gaston, qui se fait vieux.

J’ai l’intention de prendre mieux soin de moi, et de ne plus jamais négliger mes extrémités! D’ailleurs, nous avons convenu que le rendez-vous pédicure/manucure deviendrait une obligation mensuelle, suivie d’un verre de drink! Le rouge remplacera le rosé quand le froid sera arrivé…

Entre-temps, l’automne arrive. Bientôt, il sera temps de mettre l’été en pots (quelques centaines de livres de tomates) et dans le cabanon, de faire aérer les chandails de laine et de ressortir nos recettes de mijotés qui embaument l’air de la cuisine. La traditionnelle sortie aux pommes et aux citrouilles, le premier feu de foyer.

Je voulais un bel été, je l’ai eu. Je veux maintenant un bel automne. Et je l’aurai.

 

 

Maudite politique

Vous me connaissez. Je ne parle jamais politique. Ou si peu.

Mais bon, la campagne électorale achève et à force de me mordre les joues pour ne pas commenter, j’en fais des ulcères. Et les ulcères, c’est pas agréable. Donc, au mépris de ce que je me suis moi-même imposé, voici quelques petits commentaires désordonnés. Et/ou désagréables, c’est selon.

Tout le printemps, tous les partis ont parlé de faire de la politique « autrement ». Ouais. Ben j’attends encore.

Dans le Larousse, on définit autrement par:

   D’une autre façon : Il agit autrement qu’il ne parle. Heu… comme dans les bottines doivent suivre les bottines? N’est-ce pas là le propre d’une campagne électorale? Promettre et une fois élus, expliquer pourquoi on ne livrera pas? Les uns et les autres ont passé les derniers 30 jours à expliquer que son voisin de gauche, ou de droite, ferait le contraire de ce qu’il promettait.

    À un plus haut degré : La crise est autrement plus sérieuse qu’on ne l’avait prévu. S’il est vrai que la présente campagne électorale est « autrement » plus intéressante qu’on aurait pu l’imaginer, elle n’est certainement pas à un plus haut degré d’élévation intellectuelle. Same old, same old…

  Dans le cas contraire, sinon, sans quoi : Tout a dû bien se passer, autrement on nous aurait prévenus. Dans le cas contraire, on aurait très bien pu attendre encore quelques mois, mais il y une certaine ironie à voir que tous les partis avaient finalement très très très hâte d’en découdre.

Y a-t-il quelque chose que je n’ai pas compris? Ou alors, va sérieusement falloir revoir la définition de « autrement »… Et non, lâchez-moi avec l’aspect 2.0 de cette campagne. Le web n’a pas fait gagner Obama en 2008, c’est Obama qui a gagné. La seule différence, c’est que l’anecdote devient l’événement, parce que sur-multipliée par les tweets et les statuts FB. Mais depuis le début, je n’ai pas vu grand chose sur les média sociaux qui m’aurait « autrement » transportée dans une réflexion profonde sur notre avenir collectif.

Après les événements du printemps, j’aurais aspiré, personnellement, à une certaine élévation des débats. J’en suis quitte pour les mêmes accusations – « c’est de vot’ faute » – les mêmes promesses – « m’a t’en donner plus, ou moins, pour ton cash » – les mêmes questionnements oiseux – « toi, tu votes-tu stratégique? » -. Je sais ce que les partis feront avec mes impôts, mais je n’ai toujours pas idée du genre de société dans laquelle on m’invite à vivre. J’en devine parfois les contours, au détour d’un engagement vite renié, mais pas suffisamment pour avoir y voir un projet de vie.  On est vite retombé dans nos ornières traditionnelles de positionnement, dans l’axe fédéralisme/souveraineté, alors que nous avions amorcé, maladroitement peut-être, un virage sur l’axe droite/gauche. Finalement, tout le monde va finir par être d’extrême centre. Ouaip.

Au-delà des résultats de la semaine prochaine, avec lesquels nous devrons vivre puisque la démocratie se sera exprimée, je souhaite seulement que nous ayons la sagesse collective d’apprendre de cette campagne. D’apprendre entre autres que:

– le « flash » des ex, c’était bien il  y a 4 ans. Le concept a vécu. Je n’en peux plus des ex, des actuels et des gérants d’estrade qui spinnent le spin du spin…. Ressortez-moi mon petit couple préféré, monsieur et madame Tout le monde, donnez-leur un micro et deux advils svp!

– même si je suis la première à reconnaître l’importance du vote, je ne veux rien savoir du vôtre. Good, propagez la bonne nouvelle sur le fait que vous avez posé le geste, mais de grâce, gardez-vous une petite gêne sur l’endroit du x. J’en peux déjà plus des statuts FB et des Tweets sur le sujet, et on est juste à la fin du vote par anticipation! Voter, ça demeure un geste citoyen, certes, mais un geste intime. Point. Sinon, c’est au mieux de la publicité électorale non réglementée, au pire, de la propagande. En cette ère de téléréalité, je m’attends à voir, sur les réseaux sociaux, une photo d’un bulletin de vote prise derrière l’isoloir avec la mention « moi, en train de voter ». À défaut de se montrer les fesses à la télé, tsé…

– la « proximité » avec les politiciens, c’est bien, mais là aussi, on se garde une petite gêne. J’aimerais bien connaître le réel impact sur le vote de la portée d’une information comme « que mangez-vous au petit déjeuner », « que lisez-vous avant de vous endormir » et, ma préférée d’entre toutes « avez-vous eu le temps, pendant la campagne d’avoir des moments intimes avec votre conjoint? ». Si on vote pour un parti parce que son chef mange la même sorte de céréales que soi, ça m’apparaît mince comme motif. Mais bon, qui suis-je pour juger, hein?

Bon, je vous l’avais dit, ça fait sortir le méchant! Là, je peux me concentrer sur la rentrée des classes de merveilleuse merveille, mes prochaines conserves de tomates et continuer de profiter de ce bel été dont je vous reparlerai peut-être…