Les chroniques du patio Là où fleurent bon la résine de synthèse et le p'tit rosé estival

31 mars 2012

C’est ma vie, c’est ma vie, je n’y peux rien, c’est elle qui m’a choisi

Filed under: Uncategorized — Marie-Jose @ 14:06

Semaine mouvementée, pleine d’émotions contradictoires. Et ce matin, alors que derrière moi, Merveilleuse merveille et Ado jouent aux échecs, j’ai besoin de faire le point. En cette dernière journée du mois de mars, café fumant près de moi, et alors que le soleil cherche timidement à percer à travers les nuages. Tout à fait à l’image de cette semaine, finalement.

Jeudi, à la blague, je me suis demandée ce qui fesserait le plus fort: le budget ou la cinquantaine? Un et l’autre, je peux dire ce matin. Mais pas dans le sens attendu. Sans surprise, le budget nous a confirmé ce que nous anticipions, soit une coupure dans les dépenses de l’état. Comment cela se traduira-t-il? Le bon côté des choses, même si je sais que ce sera dur, c’est que le temps d’attente achève. Les spéculations, l’anticipation, l’angoisse prendront fin la semaine prochaine, et nous pourrons enfin nous mettre en action. Ce ne sera pas facile, et j’ignore ce qu’il adviendra de moi. Mais après des mois à ne pas savoir, à espérer le mieux tout en anticipant le pire, le fait de savoir enfin nous permettra d’avancer. Pour l’instant, nous avons tous l’air du chevreuil terrorisé dans la lumière des phares.

La cinquantaine? C’est un chiffre. Ou un état d’esprit. Hier, j’ai été renversée par l’affection et la gentillesse de mon entourage. Et d’un entourage large: mes collègues directeurs des bureaux d’affaires m’ont tous envoyé un petit mot – certains mêmes avec mon abonnement à la FADOQ! – ma gang m’a fait une petite fête surprise avec gâteau, chandelles (bon j’admets, le gros 50 sur le gâteau m’a un peu dérangée) et carte remplie de mots gentils, Mammouth et les enfants m’ont gâtée en attendant le souper au resto de ce soir, mon Facebook débordait de mots gentils et le téléphone n’a pas dérougi de la journée.

Ça m’a un peu surpris. Je pense que je réalise mal à quel point je suis appréciée. Et juste de l’écrire, je me sens un peu prétentieuse. Un mot en particulier m’a touchée et je me permets de le reproduire:

 » Oooooooooooh! Une chance que je suis venue ce soir….moi qui apprécie tellement tes messages! Bonne fête très chère Marie-Josée…toi qui serais demeurée une inconnue sans FAcebook et nos nombreuses amies communes. tu ensolleilles presque toutes mes journées par tes liens, tes commentaires….Je te souhaite d’avoir quelqu’un qui, comme tu le fais pour moi, parfume tes journées de sourires fugaces et de petits bonheurs! »

Ce mot vient d’une femme qui a plus que sa part de malheurs, que je n’ai jamais vue, qui n’est qu’une connaissance virtuelle. Et pourtant, et sans le savoir, je compte un peu pour elle. Quand on parle du pouvoir d’internet… celui de détruire, mais également celui de faire du bien, de guérir, d’apaiser.

En cette nouvelle décennie qui commence pour moi, je me souhaite de ne jamais perdre de vue que ma vie, c’est ma vie. J’ai eu la chance de piger un numéro chanceux à la naissance: une bonne famille, de bonnes valeurs. Mais j’ai maintenant l’envie de me donner le crédit de ce que j’en ai fait, avec les choix, bons ou mauvais, et d’assumer que je récolte maintenant ce que j’ai semé, volontairement ou non.

Merci à vous, fidèles lecteurs. Depuis bientôt  6 ans, vous m’accompagnez malgré mon manque de constance. Je n’écris pas pour être lue, mais de savoir que vous le faites, ça me fait chaud au coeur!

21 mars 2012

Faudrait pas penser

Filed under: Uncategorized — Marie-Jose @ 01:57

… que je boude parce que l’échéance approche. Ou que je n’écris rien à force de me retenir de ne pas commenter l’actualité (les grèves étudiantes, l’affaire Turcotte, les budgets, les pannes de métro/train, etc, etc, etc.). Je n’écris pas, mais vous vous doutez bien que je n’en pense pas moins!

Non, si je n’écris rien, c’est que mars, c’est la fin de l’année financière. Exceptionnellement difficile, cette année. Le climat d’incertitude qui règne parmi les troupes, les fermetures sauvages d’entreprises à Montréal, les clients qu’il faut presque supplier à genoux pour qu’ils produisent leurs réclamations, bref, y’a rien qui coule de source. Même plus les érables, avec cette température estivale.

Me suis quand même taper un petit plaisir aujourd’hui. Suis allée faire une visite en entreprise. Ça, ça me « regrounde » toujours sur le sens de mon travail. La vraie raison pour laquelle je peux endurer tout le reste.

Et puis, minette a enfin accouché. 6 petits minous, mignons comme tout. Qui ont déjà presque tous trouvé une famille aimante. Bref, la vie continue. Malgré tout.

 

 

4 mars 2012

Le dernier droit

Filed under: Uncategorized — Marie-Jose @ 17:35

Ça y est. Dans moins de 26 jours, j’y serai.

Pourtant, j’étais zen. Après tout, ce n’est qu’un chiffre. L’important, c’est comment on se sent dans son corps, non? Et dans sa tête, hein? L’idée même de souligner, avec les gens que j’aime, cet anniversaire charnière me séduisait. Ben oui, faisons un gros party, invitons les amis, fêtons, célébrons! Après tout, ça se mérite, le demi-siècle.

Pourtant, j’étais zen. Bon, disons que cette année, les conditions gagnantes ne sont pas tout à fait réunies. L’incertitude au travail n’aide pas. La fatigue aussi, avec ce drôle d’hiver qui n’en finit pas de ne pas savoir s’il fait froid, chaud, tiède, neige, pluie.

Pourtant, j’étais zen. Jusqu’à une discussion avec ma mère qui m’a avoué ne plus dire l’âge de son ainée (moi) parce que ça la vieillit trop!

Le temps de verbe, ici, est important. J’étais. Je ne le suis plus. Plus du tout. Les cheveux blancs, les pattes d’oie, les articulations récalcitrantes, les symptômes de la pré-ménopause… arggggg! Je ne veux plus. Je ne veux pas! Rien! Pas de party, pas un mot, pas une seule allusion. Rien. Rien du tout! Forever 49! Compris????? F.O.R.E.V.E.R. 49. Point à la ligne.

…..

Ce moment de panique était une gracieuseté de mon calendrier qui m’a rappelé que je venais d’entamer le dernier droit.

Mammouth, si tu me lis, pas nécessaire de tout canceler… j’ai le temps de changer d’idée 🙂

 

1 mars 2012

Clash de valeurs ou de générations?

Filed under: Uncategorized — Marie-Jose @ 02:25

Être quinquagénaire, c’est se rappeler qu’on a été élevée avec des valeurs fondamentales: l’honnêteté, l’intégrité, la reconnaissance et le don de soi. Et essayer de mettre ces valeurs en pratique tous les jours, même quand c’est difficile, même quand on a l’impression d’être la seule à les pratiquer.

Le soir, j’arrête toujours au dépanneur de la gare du train du retour. Tenu par deux frères, européens, d’un certain âge pour ne pas dire d’un âge certain. Depuis le temps, on a développé nos petites habitudes: quelques fois, je leur demande de me vendre le billet gagnant du 6/49, en leur promettant un voyage dans le Sud si jamais je gagne le gros lot. À chaque fois, quand je vérifie si la chance m’a enfin choisie, je leur fais la même remarque qu’en fait de Sud, c’est Longueuil qui nous attend s’ils ne font pas un effort. Quand je sors plus tôt, ou plus tard, ils commentent sur le fait que ce ne sont pas des horaires pour une maman. En hiver, leur kiosque est au milieu des grands vents glaciaux. En été, ils s’épongent au soleil qui plombent dans leur dos. Mais hiver comme été, ils sont souriants, gentils, attentionnés.

En début de semaine, arrivée à la dernière minute, j’arrête chercher un paquet de mouchoirs, tend un 20$ et reprend la monnaie que le plus âgé des deux me redonne et je m’engouffre dans le train. Ce n’est que rendue à la maison que j’ai réalisé qu’il m’avait redonné 5$ en trop.

J’aurais pu ne rien dire. J’en étais bien incapable. À eux deux, ils ne doivent pas gagner le tiers de mon salaire. Et ils le gagnent dans des conditions que je ne supporterais pas. Vous me direz que 5$, ce n’est rien, mais quand on gagne sa pitance dans de pareilles conditions, ce n’est pas rien.

Hier, comme j’étais en avance, j’ai tendu le 5$ en lui disant que si sa caisse ne balançait pas depuis mardi, c’était parce qu’il m’avait remis trop d’argent. Il m’a regardé, yeux grands grands grands, et a pris l’argent. Puis, il a crié à son frère, qui était un peu plus loin, de venir ici. Dans une langue que je ne comprends pas, il lui a dit quelques mot. Alors le plus âgé des deux s’est approché de moi, a pris ma main et y a déposé un baiser. En me disant que lui et son frère étaient touchés par mon honnêteté, et qu’ils aimeraient bien que j’accepte une barre de chocolat…

Je me suis questionnée tout le long du trajet du retour. Touchés par mon honnêteté? Est-ce à ce point rare? J’aurais fait la même chose à l’épicerie. Bien sûr, mon Provigo n’est en rien comparable à ce petit dépanneur, mais c’est souvent la caissière qui verra son chèque de paye amputé du montant manquant dans sa caisse à la fin de la journée. Pourquoi je la pénaliserais? Et si c’était moi? J’aimerais bien qu’on me remette l’argent manquant. Le montant importe peu, c’est le principe qui compte.

J’ai raconté l’anecdote à Merveilleuse merveille ce matin. Qui m’a dit qu’elle, elle aurait gardé l’argent. Ai-je manqué à ce point son éducation? Je lui ai expliqué pourquoi j’avais agi ainsi, et que je souhaitais qu’elle réfléchisse, elle aussi, à comment elle réagirait si c’était elle à qui il manquait de l’argent. Elle m’a regardé, puis m’a dit… « ben là, 5$, maman, c’est rien! »

Ont-ils donc si peu la notion de l’argent? Les a-t-on trop gâtés? Je me questionne. Mais je n’ai pas de réponse. Ça me chicote. Est-ce une divergence de valeurs, ou simplement un choc des générations? J’ai lu, je ne sais plus ou, qu’ils ne faut jamais oublier que nos enfants rois seront demain ceux qui prendront soin de nous quand nous serons vieux. J’avoue: ça me fait peur.

 

19 février 2012

La dame du train

Filed under: Uncategorized — Marie-Jose @ 18:34

Et il revint vers le renard:

– Adieu, dit-il…

– Adieu, dit le renard. Voici mon secret. Il est très simple: on ne voit bien qu’avec le cœur. L’essentiel est invisible pour les yeux.

– L’essentiel est invisible pour les yeux, répéta le petit prince, afin de se souvenir.

– C’est le temps que tu as perdu pour ta rose qui fait ta rose si importante.

– C’est le temps que j’ai perdu pour ma rose… fit le petit prince, afin de se souvenir.

– Les hommes ont oublié cette vérité, dit le renard. Mais tu ne dois pas l’oublier. Tu deviens responsable pour toujours de ce que tu as apprivoisé. Tu es responsable de ta rose…

– Je suis responsable de ma rose… répéta le petit prince, afin de se souvenir.

Antoine de St-Exupéry, le Petit Prince, chapitre 21

Chaque matin, je prends le train. Depuis des années, à la même gare. Et à chaque mois de septembre, quand la routine reprend vraiment, il y a toujours une nouvelle madame qui distribue le journal gratuit. Vous savez, ces gens qu’on ne remarque pas, qui font partie du paysage?

Cette année, la dame est particulièrement timide. Elle nous tend le journal, sans dire un seul mot, sans même oser nous regarder. À chaque fois, j’essaie d’imaginer sa vie. De toute évidence, elle ne l’a pas eue facile. Elle essaie de se fondre dans le paysage, malgré son dossard voyant.

Depuis septembre, tous les matins, je prends le journal qu’elle me tend en lui disant merci et je lui souhaite une bonne journée. Le vendredi, je lui souhaite un bon weekend. Pour moi, c’est du savoir-vivre. Après tout, qu’il fasse -30 ou qu’il pleuve, elle est là, fidèle au poste. La moindre des choses est de lui dire merci, non?

Depuis peu, elle ose me regarder. Même me dire merci et bonne journée. Et cette semaine, elle a même soutenu mon regard, avec un sourire éblouissant. J’ai eu envie de lui demander ce qui me valait cet honneur, mais je n’ai pas osé. J’ai quand même souris quand, en réponse à ma question sur son prénom, elle m’a répondu « Rose »… ça m’a fait penser au Petit Prince. Yup, désormais, je me sens responsable de la rose que j’ai apprivoisée…

14 février 2012

La Saint-Laventin

Filed under: Uncategorized — Marie-Jose @ 02:15

Petite, Merveilleuse merveille avait toujours hâte à la Saint-Laventin. Et je n’ai jamais voulu corriger ce mot d’enfant, que je trouvais si joli et avouons-le, moins commercial… Vous vous voyez, entrant chez le fleuriste, lui demander 12 roses à longues queues pour célébrer la St-Laventin?

Son professeur a eu une très belle initiative: elle a demandé à tous les parents, dans le plus grand secret, d’écrire une lettre d’amour à notre enfant, qu’elle lira cette semaine. Je me permets donc de reproduire ici ce que Mammouth et moi avons écrit à notre fille adorée:

Ma toute belle,

Cette semaine, c’est la fête de l’amour. Celle des amoureux, bien sûr, mais aussi celle de  l’amour que nous avons pour toi.

Depuis ta naissance, tu as illuminé nos vies. À chacun de tes anniversaires, je me rappelle cette journée magnifique d’août 2002, quand tu as fait ton entrée dans notre famille. Belle, déjà curieuse de ne rien manquer, tu as tout de suite conquis tous ceux et celles qui t’approchaient.

Tu es née avec les perséides et tu leur ressemble : vive, pétillante, tu peux aussi cracher le feu. Mais, à chaque fois que notre regard se pose sur toi, nous faisons le vœu que ta vie soit douce et à la hauteur de tes rêves les plus fous.

Tu es curieuse, avide d’apprendre. Tu es d’une générosité sans bornes  avec tes ami(e)s. Tu adores t’occuper des petits, et tu feras une gardienne extraordinaire. Ton cousin T. est chanceux de t’avoir comme grande cousine, et je suis sûre que bientôt, il te regardera comme son idole. À condition que tu apprennes les règles du football!

Tu es aussi courageuse, ma toute belle. Et rebelle. Tu es notre toute belle rebelle. Parfois, tes beaux yeux s’assombrissent, parce que tu as de la peine ou de la colère. Nous sommes très fiers de toi : tu as appris à nommer ce qui te dérange, et tu deviens chaque jour celle que tu veux être.

Tu es pleine de talents, à toi de décider ce que tu en feras. Seras-tu écrivaine, toi qui aime tant lire? Journaliste? Gymnaste internationale? Vedette de la chanson?

 Peu importe tes choix, nous serons derrière toi. Parce que nous t’aimons, inconditionnellement. Pour rien au monde, nous ne t’échangerions contre une autre : tu es notre fille, notre  rayon de soleil.

Passe une bonne journée! Qu’elle soit remplie d’amour et d’amitié… et de chocolat!

L’amour, ce n’est pas que le 14 février. Et le temps à aimer les nôtres passe toujours trop vite. Allez! Vite à vos crayons pour écrire un petit mot, même pas une phrase, à ceux que vous aimez. Croyez-moi, ça vaut encore plus cher que toutes les boîtes cheap en forme de coeur achetées, même avec amour, chez Jean Coutu!

12 février 2012

Y’en aura pas d’facile

Filed under: Uncategorized — Marie-Jose @ 21:45

C’est ce que je me dis tous les matins. Et tous les soirs. Et parfois plusieurs fois dans la journée.

On le savait, le prochain budget va sonner la fin d’emploi pour plusieurs de mes collègues, de mes employés voire même de certains patrons. L’échéance se rapproche, et m’oblige à utiliser toutes mes forces, mais aussi mes faiblesses de gestionnaire. Parce qu’il n’y a pas de honte à admettre que nous ne sommes pas parfaits. Mais on dirait que c’est plus facile de dire que nous ne sommes pas parfaites…

Je regarde mes collègues qui vivent, en même temps que moi, ces temps troubles. Tous et toutes, nous réagissons avec notre propre expérience, notre propre bagage émotionnel. Et sans vouloir faire du sexisme, mes collègues féminines ont eu moins de pudeur à montrer que les choix que nous devrons faire nous atteignent. Profondément. Je suis toutefois persuadée que mes collègues masculins le vivent aussi durement, mais le vivent autrement.

En réunion d’équipe, vendredi, j’ai dit à ma gang que je leur demandais de faire un acte de foi, de me faire confiance. Qu’au final, nous serions probablement moins dans quelques mois, mais que j’avais travaillé, avec mes autres collègues, en les gardant tous et chacun en tête, parce qu’en bout de piste, j’aurai été équitable, transparente et juste. Je sais qui vient d’avoir un bébé, qui vient d’acheter une maison, qui prend soin de ses parents âgés, qui a un conjoint qui vient de perdre son emploi. Peu importe qui seront les perdants et les survivants de l’exercice, il y aura, derrière le papier officiel, un drame humain plus ou moins grave. Un humain qui sera affecté pour quelques jours, quelques semaines, ou plusieurs mois.

Et il y a moi. Personne ne m’a dit que mon poste serait préservé. Il se pourrait que je sois moi-même sur le marché des « agents libres » d’ici quelques semaines. Je ne suis pas angoissée outre mesure, mais ce n’est pas un sentiment agréable. Je me sens prise entre deux feux: être le capitaine de mon  bateau, mener mes troupes à bon port, que ce soit parce qu’ils gardent leur emploi ou que je les aide à se replacer, mais prendre soin de moi également, pour ne pas me retrouver le bec à l’eau.

Garder l’équilibre. Le difficile équilibre entre prendre soin des autres et prendre soin de toi. Ne pas tout donner, mais ne pas tout garder. Séparer l’émotion de la raison, et la raison de la froideur. Laisser le bureau au bureau, et la maison à la maison. En conservant ma santé mentale. Enfin, si tant est que je sois encore en bonne santé mentale 🙂

De tous les défis rencontrés depuis que je suis gestionnaire, celui-là sera le plus demandant. J’espère, de tout mon coeur, être à la hauteur. Aux yeux de mes employés, mais aussi à mes propres yeux. Tout ce que j’espère, c’est pouvoir continuer à me regarder dans le miroir, chaque matin, avec le sentiment que j’ai donné le meilleur, que j’ai pris les bonnes décisions.

 

5 février 2012

Des nouilles aux restes

Filed under: Uncategorized — Marie-Jose @ 18:12

Non non, je ne me prends toujours pas pour Martine. Et je n’ai pas envie de transformer mon blogue en blogue de cuisine. Mais quand j’improvise, et que ça goûte si bon, j’ai besoin de garder une trace.

Ce midi, nouilles aux restes.

  • une boîte de macaronis coupé
  • 1/4 tasse de beurre
  • 1/4 tasse de farine
  • 3 tasses de lait
  • muscade rapée
  • une pointe de piment de cayenne
  • sel et poivre au goût
  • 2 tasses de fromages mélangés (restes du plateau de la veille, parmesan, mozzarella, bref, ce que vous avez sous la main)
  • 2 tasses de fleurettes de brocoli (ou restes de légumes de la veille, coupés en petits morceaux)
  • chapelure ordinaire ou panko

Préchauffer le four à 375.

Faire cuire les macaronis selon les indications du fabriquant. Si vous utilisez des légumes congelés, les ajouter aux pâtes pour les 3 dernières minutes de cuisson.

Dans un chaudron à fond épais, faire fondre le beurre et ajouter la farine. Faire cuire en brassant pendant 1 minute, puis ajouter le lait en brassant continuellement, jusqu’à ce que la béchamel soit épaisse. Combien épaisse? Épaisse. Ajouter les fromages, et assaisonner. Vous pourriez ajouter de la poudre d’oignon ou d’ail, de la moutarde sèche, bref, ce qui vous tente. Après tout, c’est votre macaroni.

Incorporer les pâtes cuites et égouttées avec les légumes, mettre dans un grand plat allant au four et couvrir de chapelure. Combien de chapelure? Pour couvrir.

Mettre au four pendant 20 minutes, le temps que la chapelure soit grillée et que le mélange bouillonne. Servir avec une salade verte et/ou des crudités. Écouter, ravie, votre mammouth et les enfants faire menoum. Laver les chaudrons.

 

3 février 2012

Je dois être naïve… mais laissez-moi mes illusions

Filed under: Uncategorized — Marie-Jose @ 01:14

Vous me connaissez, je ne parle jamais politique. Ou si peu. Et c’est pas parce qu’on est en 2012 que je vais déroger de cette règle. Par conséquent, je ne commenterai pas les commentaires d’un père blessé à mort, mais qui oeuvre dans le public.

Ce qui me trouble, dans cette histoire, ce ne sont pas ses remarques. Chacun a droit à ses opinions. Et je me garde le droit d’être d’accord ou non. Je peux même comprendre: si quelqu’un s’attaquait à merveilleuse merveille, mon premier réflexe serait de vouloir lui faire autant de mal qu’il lui en a fait. Physiquement mal, je veux dire. Dans le genre arracher les yeux, arracher les couilles, dépecer. Bon je sais, j’ai pas l’air d’être violente et au fond, je ne le suis pas. Mais je peux comprendre que mise devant la situation d’être dépouillé des êtres qu’on aime le plus au monde, le monstre en soi prend toute la place.

Non, ce qui me trouble depuis hier, ce sont les commentaires que j’entends autour de moi. Commençons par un aveu: malgré le  paragraphe précédent, je suis contre la peine de mort. Profondément contre. Je ne crois pas à la loi du talion. Outre une satisfaction immédiate, il me semble que le fait d’emprisonner à vie est beaucoup plus rough que de mourir au bout d’une corde. Savoir que plus jamais on n’aura la liberté de ses actes et de ses mouvements, ça me semble encore plus terrifiant que de mourir.

Et puis, la peine de mort me semble être un symbole d’une société barbare, et malgré la tendance droite-drette-droitiste que prennent parfois le Québec et le Canada, je ne considère pas vivre dans un pays de cowboys. Enfin, c’est ce que je pensais.

J’ai été estomaquée par les remarques entendues sur le sujet aujourd’hui. Des gens que je côtoie tous les jours, que je considère, m’ont servi des énormités. Dans le genre:

  • Sont traités comme des rois en prison, pis on paye pour ça.
  • Ben oui ça se pourrait une erreur judiciaire, mais on fait pas d’omelettes sans casser d’oeufs.
  • Tsé, y méritent juste ça ces crottés là.
  • Il est temps qu’un gouvernement mette ses culottes, chu tanné de voir que mes taxes servent à ça. Moi, les Shaffira, j’enverrais ça se faire lapider dans leur pays.

Mais la meilleure, celle qui m’a touchée en plein front, c’est « on sait ben, toi, t’excusais Turcotte! Dans le fond, t’es une naïve de gauche, qui pense encore que tout le monde est beau, tout le monde il est gentil ».

Ma chum Sophie m’avait bien fait rire en me disant qu’elle est une hippie de garde-robe. Serais-je donc une Mère Térèsa qui refuse de sortir du placard?J’avais vu les chiffres d’un sondage qui indiquait que 69% des Québecois sont pour la peine de mort. Mais j’avais pas enregistré l’ampleur, je pense. Pour moi, ça fait partie des contradictions qui nous habitent comme peuple: on vote NPD en masse, mais on est pour la peine de mort. On fait pas dans la nuance. Plus du tout.

Non, je ne crois pas que tout le monde est beau, tout le monde il est gentil. Il est plein de cons, d’abrutis, de méchants tawins et de dangereux malades. Il est pas tout noir, ni tout blanc. Mais qu’on en soit à utiliser des arguments économiques dans un débat profondément moral, ça me chavire. En fait, c’est pire: on ne débat pas, on répète comme des perroquets des arguments gros comme des troncs d’arbre, sans même se demander s’ils tiennent la route.

Laissez-moi mes illusions: je ne veux pas vivre dans une société prête à prendre le risque d’une erreur judiciaire, parce qu’on ne fait pas d’omelettes sans casser d’oeufs. J’ai pas envie de vivre dans une société qui pense qu’on va régler des problèmes de criminalité – d’ailleurs, à part les cas sensationnels, je ne crois pas qu’on vive dans un monde hyper criminalisé! – en mettant à mort les coupables.

Ce matin, au déjeuner, j’ai eu une conversation avec merveilleuse merveille, qui voulait comprendre l’affaire Shaffia. On a parlé des talibans, de sociétés ou les femmes n’ont pas leur mot à dire, du père qui décide qui sera ton amoureux. Elle m’a dit qu’elle ne supporterait pas ça et a conclu en disant qu’on était chanceux de vivre ici, dans une société tolérante. Merveilleuse merveille, j’aimerais ça partager ton optimisme. Je suis de moins en moins sûre qu’on vit dans une société tolérante. Mais ici, dans ta maison, dans ta famille, ça reste une valeur fondamentale. T’en fais pas.

29 janvier 2012

Dans la tempête

Filed under: tranches de vie,Uncategorized — Marie-Jose @ 19:55

Aller retour à Québec la semaine dernière. Pour une session de travail avec des collègues. Dans la tempête, la vraie et celle que nous traverserons cette année.

Jeudi soir, je suis allée souper avec une copine pas vue depuis longtemps, qui m’a fait découvrir le secret le mieux gardé de Québec en termes de restaurant: la « Cohue ». J’y ai mangé un des meilleurs tartares de ma vie, meilleur que celui de l’Express, c’est pas peu dire! Et le service? Courtois, impeccable. Vraiment, j’ai hâte d’y amener le Mammouth.

Mais ça aurait tout aussi bien pu être une poutine Ashton. Le vrai plaisir, outre celui de la table, était bien plus dans la conversation avec Esther. Ça faisait une éternité que nous n’avions pas échangé, en plus de 140 caractères. La maternité m’accapare moins – il était temps, direz-vous, Merveilleuse merveille a 9 ans!, je redécouvre le plaisir de ces conversations de filles, à la fois tellement futiles et profondes. Et j’en aurai bien besoin, cette année, de ces conversations.

Tempête donc, dans mon milieu de travail. Bien sûr, personne ne pleurera le sort de fonctionnaires, déjà grassement payés pour ne rien faire dans l’esprit de bien des gens. Il est vrai que comparé aux travailleurs de White Birch, à ceux de Mabe et à combien d’autres, notre sort est enviable, les conventions collectives garantissant quand même des conditions de fin d’emploi qui sont plus qu’acceptables. N’empêche. Perdre son emploi, ce n’est pas jojo. Pour personne. Et derrière tous ceux qui risquent de passer à la moulinette, il y aura des drames humains: certains ont des conjoints malades, d’autres de jeunes enfants, ou alors viennent de s’acheter une résidence. Et comme gestionnaire, il faudra gérer la décroissance, en gardant le cap sur l’objectif, tout en s’assurant que les gens seront traités humainement, respectueusement.

Et moi? Moi aussi, je pourrais y passer. Il est vrai que pendant 20 ans, je n’ai eu aucune permanence, aucune sécurité d’emploi. Quand tu travailles en politique, tu sais à quelle heure tu entres au bureau le matin, mais tu ignores à quelle heure tu en sortiras et surtout, si tes services seront requis le lendemain. J’ai appris à vivre avec cette incertitude, qui n’est jamais devenue une angoisse. Il y a donc une partie de moi qui se dit qu’on traversera le pont quand on arrivera à la rivière et que y’a un Bon Dieu pour les Marie-José. L’autre fait « shit! » – j’ai presque 50 ans, une jeune famille et des obligations plates comme une hypothèque et un prêt auto. Me semble que j’aurais aimé ça, un bout tranquille.

Ai-je envie de tout recommencer? De repartir à zéro dans une autre sphère que je ne connais pas? En fait, je vaux quoi sur le marché privé?  Je n’en ai aucune idée. Ma seule certitude, c’est que j’ai Mammouth derrière moi. Qui, peu importe ma décision, sera solidaire et aidant. Mais je demeure optimiste: j’ai toujours su tirer mon épingle du jeu, et cette fois-ci ne sera pas différente. J’ai toujours pensé, et dit, que lorsqu’une porte se ferme, c’est qu’une fenêtre s’ouvre, souvent sur un paysage encore plus fabuleux. Alors j’ouvre mes fenêtres, je me mets en état de disponibilité et je fais confiance à la vie. À ma vie.

Tempête itou au plan médiatique. Le verdict vient de tomber sur le procès Shafia. Je suis heureuse de vivre dans un pays ou ce genre de crime n’est pas accepté et acceptable. Mais je vois tout de suite les comparaisons oiseuses qui se feront entre ce verdict et celui de l’affaire Turcotte. Dans un cas comme dans l’autre, le verdict ne ramènera pas les victimes. Il est là, le malheur. Pas dans le bruit autour.

Je fais le plein, ce weekend. De repos, d’amour et de tranquillité. Nous retournerons au patin, Merveilleuse merveille s’étant découvert une passion pour ce sport et ma banlieue mettant à la disposition des familles des heures de glace gratuites. Ne serait-ce que pour ça, les 4 heures de transport en commun quotidiennes me semblent moins lourdes.

Et quand nous reviendrons, le chili amoureusement concocté par le Mammouth sera prêt, le vin sera bon et la soirée sera tranquille. Demain, la tempête reprendra. Demain. D’ici là, c’est le calme. Et c’est très bien ainsi.

 

« Newer PostsOlder Posts »

Powered by WordPress