Écart de conduite

Vous me connaissez, je ne parle jamais politique. Ou si peu.

J’ai fait voeu de mutisme pendant cette campagne. Mais vous me permettrez un écart – très léger – de conduite. D’ailleurs, c’est à peine un écart. Une légère déviation, tout au plus.

Hier soir, à l’heure du dodo, Merveille se brosse les dents. En bons junkies de l’information que nous sommes, la télé est ouverte à RDI. On y présente les faits saillants de la journée des chefs. Je vois bien que dans l’esprit presqu’endormi de ma fille, une question prend forme. Je m’apprête à essayer de lui expliquer le tournant vert, la colère des terre-neuviens, le jovialisme des npédéistes, l’air inquiet de Gilles.

Elle me regarde d’un air pénétrant, puis me pose la question qui tue.

« Maman, Stéphane Dion, c’est le père de Céline Dion? »

No comments!

Publié dans tranches de vie | 6 commentaires

Le clan

Ce qu’il y a de bien, dans les grandes familles, c’est que dans les moments difficiles, on est pas toute seule. Aujourd’hui, c’était les funérailles de tante Jeanne. L’espace de quelques jours, le clan s’est reformé. De partout, cousins et cousines, proches et éloignés, ont convergé vers le Saguenay, pour rendre un dernier hommage à celle qui, plus que tout, tenait à ce que la famille soit soudée. St-Pierre a dû se faire rabattre les oreilles, là-haut,  où elle devait claironner fièrement que cette belle gang, c’était la sienne.

La vie étant ce qu’elle est, nous ne nous voyions plus que lors de ces événements. Pourtant, même si les rencontres familiales sont de plus en plus rares. nous nous retrouvons tous avec beaucoup de bonheur et de chaleur, contents d’avoir des nouvelles du p’tit dernier, de réaliser que l’oncle C. a bien vieilli mais qu’il est toujours aussi taquin, que tante G. est toujours la plus belle madame du monde, que les cousins, qui autrefois étaient de beaux jeunes hommes fringuants, sont devenus des grands-pères attentifs et rigolos.  Stupéfaits aussi un peu de voir que désormais, la génération des 50 ans et plus, c’est nous, alors que les matantes, qui frôlent allègrement les 80, ont de l’énergie à revendre, du pep dans le soulier et de la répartie à faire rougir nos enfants!

Après la cérémonie religieuse, c’est spontanément que les cousines se sont offertes pour aller faire la mise en terre des cendres. Oui, c’était émouvant, mais pas triste. Jeanne a eu une belle vie, elle n’a pas souffert démesurément, et nous laisse en héritage le sens de la famille. Collées les unes aux autres, nous avons lancé une dernière poignée de terre sur l’urne en nous disant qu’elle devait être bien contente de nous voir ainsi, nous qui ne fréquentons pas beaucoup les lieux sacrés et encore moins les cimetières.

J’étais heureuse de constater que nous partageons beaucoup plus que le même ADN: nous partageons les mêmes valeurs familiales, nous avons les mêmes angoisses et les mêmes inquiétudes, mais aussi le même humour un peu tordu.

Nous avons rejoint le reste de la famille et nous avons convenu que d’ici quelques semaines, on organisait un souper cousins/cousines. Parce que cet après-midi, c’est à nous que Jeanne a passé le flambeau de tenir le clan soudé. Et ce flambeau, je l’accepte personnellement avec fierté. Parce que ce clan, c’est le mien, et que ce clan, je l’aime d’amour.

Publié dans Coups de coeurs | 3 commentaires

La potiche

Pour des raisons d’éthiques évidentes, je ne commenterai pas la prochaine campagne électorale fédérale. Malgré la mauvaise réputation des gens qui ont fait ou qui font de la politique, l’immense majorité d’entre eux ont des principes, et j’ai adhéré totalement au code d’éthique de mon nouveau travail. Je me permettrai toutefois deux brèves remarques:

1) le seul vrai pouvoir du citoyen, c’est de voter, et je suis inquiète du taux de participation en baisse à chaque élection. J’en ai ras le bol des gérants d’estrade, des chialeux patentés qui feraient donc mieux que les politiciens en place. Mettez-vous la face sur un poteau pendant 6 semaines, et on en reparlera…

2) je trouve dommage qu’on ait forcé le prêtre/député Raymond Gravel à choisir. Je ne partage pas nécessairement ses convictions, mais je respecte l’homme qui a, à sa façon, poursuivi son sacerdoce jusqu’en politique. C’est une perte pour le Bloc, mais surtout pour la crédibilité de la fonction de député.

Ceci étant dit, ce sera le silence radio, comme dit mon ami l’ivrogne, sur le sujet des élections canadiennes. On va se rabattre sur la politique américaine qui est, ma foi, fort réjouissante ces jours-ci.

Personne n’avait jamais entendu parlé de Sarah Palin, qui est en train de devenir elle-même un ouragan. L’ouragan Sarah. Je ne suis pas une experte en politique américaine, mais en terme de gestion de crise politique, ça me semble être assez désastreux. Remarquez que si ça prend ce genre de feuilleton rocambolesque pour intéresser les citoyens, ça doit avoir du bon… Compétitionner la place de choix qu’occupe Obama dans l’espace médiatique américain et même canadien ne doit pas être évident. Sarah réussit. Pas nécessairement pour les bonnes raisons, mais y’a un vieil adage qui dit « parlez-en en bien, parlez-en en mal, mais parlez-en! ». La convention républicaine, qui menaçait d’être reléguée au second rang derrière les dommages appréhendés de Gustav, est soudainement redevenue excitante. Peut-être pas pour les bonnes raisons, j’en conviens. Mais encore là, l’idée est d’intéresser un peu l’électeur moyen. Il se fera ensuite une idée basée sur des impressions fugitives.

Ce qui est fascinant, ce sont les analyses que tous et chacun en font. A-t-elle été choisie parce qu’elle était une femme, pour faire le contrepoids au fait qu’Obama n’a pas choisie Hilary comme colistière? Sur cette base uniquement, ce serait une très mauvaise raison. La potiche féminine n’a jamais été payante en politique. Pour ses convictions d’extrême-droite? Il ne faut pas sous-estimer le fond religieux de l’Amérique profonde. Et si elle était une potiche religieuse?

Sur le fond, sommes-nous si différents des américains? Le Québec voterait Obama, et le reste du Canada McCain? Vraiment? Hum…

Publié dans tranches de vie | 11 commentaires

Au revoir, tante Jeanne

À 89 ans bien sonnés, tante Jeanne a décidé cette nuit d’aller rejoindre son créateur. Femme d’église qui s’est dévouée pour sa mère, ses frères et soeurs et ses neveux et nièces, tante Jeanne était un peu le ciment de notre large famille. Fière sans aucune pudeur des moindres réalisations de chacun d’entre nous, nous étions pour elle les « plus meilleurs au monde ». Rien de moins.

Avec elle, c’est aussi la maison familiale qui disparaîtra. Cette maison qui nous a tous vu, sans exception je crois, ouvrir la porte du frigo à la recherche de l’inimitable fudge de tante Jeanne et de son fidèle compagnon, le sucre à la crème. Refuge pour plusieurs d’entre nous, je soupçonne, pendant nos crises d’adolescentes incomprises, elle savait, entre deux parties de canasta, dédramatiser. Tout.

Sur le tard, tante Jeanne s’était fait un amoureux. Un bon et beau monsieur, gentil, dévoué, qui l’a accompagné partout. Un vieux ratoureux, bon des « créatures », qui se gardait toujours une « poire pour la soif ». Mais Jeanne était loin d’être une poire… Je me suis longtemps demandé comment s’était, de découvrir la et sa sexualité à 74 ans. Évidemment, je n’ai pas posé la question, mais je suis convaincue qu’elle y aurait répondu, avec son petit sourire en coin.

Je suis allée lui rendre une dernière visite, il y a quelques semaines, avec Merveilleuse merveille. Malade, tellement petite dans l’immensité de son grand lit d’hôpital, sourde comme un pot et privée de ses appareils, elle nous a reconnues, même si elle commençait à perdre un peu de sa lucidité. Nous avons fait le tour des photos de famille – pour elle, même si les grands n’avaient pas le sang familial, ils faisaient tout autant partie de son album de famille, et malheur à qui aurait osé dire le contraire. C’était ça, tante Jeanne. 5 pieds d’amour inconditionnel, de mauvaise foi quand il s’agissait de trouver des défauts à l’un d’entre nous, et de courage indomptable.

Au revoir tante Jeanne. Sois sage, là-haut: tu pourras pas y faire régner ta volonté comme tu le veux!

Publié dans tranches de vie | 3 commentaires

Léger vague à l’âme de la rentrée

Hier, les grands ont repris le chemin de la maison montréalaise, rentrée oblige. Mardi prochain, ce sera la vraie affaire, avec merveilleuse merveille qui commence sa première année. D’ici quelques mois, elle pourra elle-même écrire dans son journal intime…

Ce matin, je suis sortie tôt pour aller au ravitaillement. Nous recevons des amis pour le souper, chose que nous avons très peu fait cet été. J’aime ces petits matins d’août, quand l’air est un peu frais et que la première gorgée du café chaud vient chasser les dernières traces d’humidité. Je me suis passé la remarque qu’à pareille date, l’an passé, nous étions dans l’attente du téléphone confirmant que ses souffrances avaient cessé. Qu’à pareille date, il y a 15 ans, j’essayais de trouver un sens au départ prématuré de mon père, tout en faisant le tri de ses choses.

Cette année, pas de grande tristesse. Juste un léger vague à l’âme de la rentrée. Même si j’ai hâte à la première flambée dans la cheminée, même si j’ai déjà l’odeur du potage aux courges dans les narines, celles du crumble aux pommes qui réchauffe la cuisine, et la sensation des joues froides de merveilleuse merveille après avoir corder le bois, il me semble que cet été a passé bien vite. Installée sur le patio, j’entends les enfants qui pour une des dernières journées avant l’école, font grincer les balançoires du parc voisin. Et leurs cris, leurs rires me rappellent que l’enfance doit se vivre à plein, et que comme parent, j’ai l’obligation de permettre à ma tribu de se garnir un coffre à souvenirs dorés.

La semaine prochaine, je serai encore en congé – vous l’avais-je dit que j’aurais du beau temps pendant mes vacances? J’en profiterai pour canner mes tomates, mes pêches et mes poires. Pour essayer une nouvelle recette de ketchup aux tomates vertes, pour prendre un café avec ma copine des banlieusardises et pour bien installer la routine de l’année scolaire.

Ce sera alors ma rentrée à moi, qui promet d’être tout sauf ennuyeuse cette année…

Publié dans tranches de vie | 3 commentaires

Si c’est pas de l’amour…

… je sais pas ce que c’est: en vacances, mettre le cadran à 5h30 pour ne rien manquer du retour de René Homier-Roy à son émission! Extrémiste mouâ? Meunon! Fidèle. C’est pas pareil!

Publié dans Coups de coeurs | 3 commentaires

Ça prend une grand-maman

Pour savoir faire plaisir à une toute petite… En fait, Merveilleuse merveille est doublement, triplement chanceuse. Elle a deux vraies grands-mamans, dont celle du Saguenay qui lui permet de vivre des vacances inoubliables à chaque été. Elle fait le plein de souvenirs, de sucre, de nouveaux amis et de plaisirs grands et petits, qui lui permettront de filer jusqu’à Noël.

Et il y a maintenant Adèle. Qui lui a laissé, en plus de son lit fait « comme je l’aime, maman », un sac plein de surprises pour sa fête. Des surprises de petite fille, dont son premier journal intime. « C’est intime, maman, ça veut dire que tu peux pas lire » qu’elle me dit. « Mais faut que tu m’aides pour écrire, parce que moi, je sais pas. Alors écris-moi sur une feuille… » Le reste, c’est entre elle et moi. C’est intime.

Merci Adèle: ce sac joliment décoré, c’est un supplément d’amour et une sacré belle transition entre le bonheur d’être avec sa grand-maman et le retour à la routine.

Quand je vous disais que je ne pouvais pas me passer d’Adèle!

Publié dans tranches de vie | 2 commentaires

46, going on 16 full hormones!

Mammouth chéri… tu fais un détour par dessus ce papier, c’est vraiment pas nécessaire que tu lises. Et on met quelque chose au clair tout de suite: je t’aime, mais en choisissant de vivre avec toi, je n’ai pas fait voeu de cécité… Autrement dit, c’est pas parce qu’on est au régime qu’on regarde pas le menu au resto!

Bon, on est entre nous? Et ce qui se dit ici reste ici? Parfait!

J’aurais pu intituler ce billet « confidences d’une quadra en goguette à Québec » . J’aurais sans doute augmenté mon traffic, mais ce n’est pas le but du jeu. Qu’il me suffise de dire qu’il fait beau, que la Ville n’avait pas été aussi belle depuis des lustres, que j’ai eu l’impression de revenir au bercail, que j’ai brûlé toutes les calories ingérées à marcher sous le soleil de midi. Que le spectacle de Céééééééééééééline sera sans doute bon, mais comme j’y vais surtout pour JP Ferland et Zachary, je ne suis pas aussi surexcitée que la majorité des madames que j’ai croisées en marchant.

Mais… mais…. c’était sans compter une rencontre fortuite. Une belle rencontre. Une de celles qui vous laissent le sourire étampé dans le visage, l’air de s’être échappée de l’aile psychiatrique de l’Hôtel-Dieu.

J’avoues tout, même l’inavouable: mon vrai coup de coeur, depuis 15 ans, celui pour qui j’abandonnerais chum et enfants, l’espace d’une soirée, c’est…. Dan Bigras. Je l’aimais du temps de ses cheveux longs, de sa camisole, malgré son nez et son absence de menton. Je l’aimais parce que la mère Térèsa en moi voulait le sauver. Je l’aime maintenant pour son côté « rédemption ». Son côté P’tit JésusDon Quichotte. J’ai braillé des heures en écoutant « Tu m’tueras », et tout autant pour sa version des vieux amants de Brel. Hier, je faisais des blagues avec mon amie Johanne, en voyant Céline signer des autographes. « J’offrirais bien mon sein gauche à Dan Bigras pour qu’il y appose sa griffe ».

Ben ce midi, j’ai failli. Je suis tombée face à face avec lui. Je suis restée plantée là, l’air idiot. Moi qui ai eu la chance de rencontrer des gens importants dans mon ancienne vie, et de ne pas m’énerver avec ça, j’avais l’impression d’avoir 2 de quotient, et d’être totalement incapable de l’utiliser. Il a continué son chemin, sans même me voir. Trop vite pour que relève mon t-shirt pour lui offrir mon sein gauche à signer.

Ce soir, si vous entendez « Dan je t’aime », ce sera moi. Full hormones.

Publié dans Coups de coeurs | 3 commentaires

Vade retro, Santana!

J’aurais pu intituler ce billet « Comment faire fi de la culpabilité de toute mère », mais voyez-vous, ce coup-ci, j’ai lâché les amarres, et c’est sans aucun remords que je passerai les 4 prochains jours seule, sans Mammouth, sans Merveille, à Québec. J’irai voir des amis que je ne vois pas assez souvent, j’irai au spectacle de Céééééééééééline (bon, j’y vais pour voir Ferland, dont j’ai manqué le dernier show. Et pour Zachary Richard, qui est mon autre grand amour, mon vrai), j’irai voir le Moulin à images de Lepage, j’irai manger un burger chez Victor, j’irai marcher le nez au vent sur Grande-Allée. Toute seule.

Tututututtt! N’essayez pas! Je vous entends chuchoter que c’est terrible, abandonner ainsi son amoureux et la chair de sa chair pour se complaire dans l’égoisme le plus crasse.

À vous toutes et tous, casseux de party, je n’ai qu’une réponse: « Vade retro, Santana! » Je m’en vais savourer à plein cette liberté retrouvée. Bon, j’aurai une pensée pour Mammouth qui planche seul à la maison avec les deux grands et une pensée pour merveille qui fait tourner sa grand-mère en bourrique. UNE pensée. Pas dix!

Hasta Luego!

Publié dans tranches de vie | 12 commentaires

10 millions d’arbres plus tard

Nous voilà rendues au Saguenay, où le mois d’août a depuis ce matin des allures de fin octobre. Mais bof! on ne laissera pas la température pouiche nous gâter le bonheur d’être en vacances.

Voyage sans histoire, si ce n’est qu’il est vrai, semble-t-il, que les pommiers ne donnent pas de poires. Merveilleuse merveille vient d’atteindre un nouveau stade dans l’humour: le sarcasme. Je n’en étais pas tout à fait sûre, mais jugez par vous-mêmes.

Devant le public plutôt captif du train, hier, elle m’a annoncé qu’elle savait qu’elle avait été adoptée (note à mes lecteurs inquiets: à moins qu’ils se soient sérieusement trompés à l’hôpital, Merveille est bel et bien ma fille. Parait, selon une copine psy, que la phase « j’ai été adoptée » est courante chez les enfants de 6 ans…).

« Tu sais, mon lapin doré, si tu as été adoptée, il n’est peut-être pas trop tard pour te rapporter et t’échanger contre une petite fille sage » (bon, avant de me dénoncer pour cruauté mentale à la DPJ, prenez une grande respiration!)

« Maman, tu peux le faire uniquement si tu as gardé la facture! » qu’elle me répond, alors que le public captif s’écroule de rire…

Publié dans tranches de vie | 6 commentaires