You bet, ma chouette!

Je ne sais pas si c’est typiquement féminin, mais j’ai toujours eu de la misère à dissocier les concepts de « se vendre » et « se vanter ». Particulièrement quand ces deux concepts s’appliquent à moi, dans un contexte d’entrevue, par exemple. Un vieux fond judéo-chrétien, doublé d’un profond réflexe de fille qui se dit qu’elle finira bien par leur montrer qu’elle vaut encore plus que ce qu’elle pourrait écrire sur un papier ou dire à un jury de sélection. Je pensais que ça s’amenuiserait en vieillissant, mais non…

C’est connu, en politique, lorsqu’un homme est sollicité pour présenter sa candidature dans un comté, son premier réflexe est toujours le « what’s in it for me ». Une femme demandera avec une légère angoisse pourquoi on pense qu’elle a les capacités et l’expérience pour représenter la population. Ça ne veut pas dire que les hommes sont moins altruistes ou que les femmes doutent trop d’elles-mêmes. Les hommes ont peut-être les mêmes doutes et les mêmes questionnements, mais ils les gardent pour eux.

Enfin, presque tous. À ce jour, j’ai rarement vu quelqu’un aussi confiant dans son talent, ses capacités et son possible impact sur l’avenir. Michel Brûlé, des éditions Intouchables, se voit très bien à la place du maire de Montréal.

S’il songe maintenant à se lancer en politique, c’est dans une optique nationaliste. «Mon combat, c’est le Québec […] Ça va peut-être paraître bien prétentieux, mais je pense que le Québec a besoin de moi.» (tiré du Devoir, édition du 17 juillet 2008)

Prétentieux? You bet, ma chouette!

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Faire une banlieusarde de soi-même

Non, je n’ai pas son talent pour les petits pots et encore moins pour les bouquets (et je ne parle même pas du potager: pour me rassurer sur l’état de mes plants de tomates, je suis arrêtée chez-elle l’autre jour pour comparer. Elle m’a traitée de banlieusarde gonflable. Ou gonflée? ). Je n’ai pas non plus sa patience à lui, mais j’irais volontier m’approvisionner dans son garde-manger!

Et ne pensez surtout pas que je vais transformer ce blog pour devenir la Nigella de la Rive-Nord! J’ai ses rondeurs (et même un tantinet plus…), je peux fort bien imiter son accent, mais là s’arrête la comparaison!

Mais comme c’est le temps des fraises, et qu’elles sont particulièrement goûteuses ces jours-ci (Daniel Pinard, sort de ce corps!), je partage avec vous un petit secret pour vous permettre de prolonger le goût de l’été:

Dans un grand chaudron, préparer un sirop simple (quantité égale de sucre et d’eau). Y ajouter une gousse de vanille ouverte, et porter à ébullition. Laisser bouillir, sans toucher, pendant 10 minutes.

Entretemps, laver et équeuter vos fraises (je fais cette recette également avec des framboises et je me promets d’essayer les bleuets et les mûres) et remplisser vos pots Masson à pleine capacité. Verser le sirop bouillant sur vos fruits, refermez le couvercle (que vous aurez fait ramollir) et faites bouillir pendant 10 minutes. Vos fruits restent entiers, ce qui les rend encore plus appétissants.

Ou alors, mettez vos pots au frigo, sans les faire stériliser. Ne vous inquiétez pas de la durée de conservation: je vous mets au défi de garder ces fraises plus d’une semaine!

Ces fraises, sur du gâteau des anges, nappées de leur sirop qui aura pris une belle couleur rosée, et d’une touche de crème, c’est tout simplement génial! Et si vos invités se retiennent pour ne pas finir leur assiette « à la langue », vous saurez pourquoi!

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Manon, viens danser le ska

Une allusion à Donald Lautrec, chez les Soeurs, m’a soudain replongée dans les souvenirs d’une terrifiante soirée. Une de celles que vous ne voulez jamais revivre, mais qui vous donne du matériel à histoires pendant des années…

Picture this, comme disait Sofia. Jeune attachée politique, responsable d’un dossier qui faisait en sorte que je passais mes journées au téléphone avec les gens des comtés, on finit par développer des amitiés « virtuelles » avec certains d’entre eux, peu importe la couleur de leur parti. Au point où dans certains cas, l’envie d’aller voir derrière la voix se fait réelle. Comprenons-nous bien: j’ai toujours eu pour devise de ne jamais mêler amour et travail, et pour moi, le « never fuck around the payroll » est un principe sacré. Alors l’idée d’aller luncher ou même prendre un verre avec un collègue lointain était tout à fait exempte de motifs plus ou moins avouables.

Appelons-le Réjean*. Je devais lui parler au moins une fois par semaine. Gentil, drôle, humain. Comprenant les limites et respectueux. Lorsqu’il m’a demandée si je venais parfois à Montréal et que le cas échéant, il aimerait bien qu’on prenne le lunch ensemble, je n’ai pas pensé 20 secondes avant de dire oui. Pour moi, c’était un collègue de travail. Point à la ligne. Rendez-vous est donc pris pour un vendredi.

La veille, Réjean m’appelle pour me dire qu’il ne pourra pas se libérer pour le lunch, mais qu’il est prêt à m’échanger cela pour un souper, si je suis libre. Bien sûr que je suis libre, et comme je passe le weekend à Mourial, pourquoi pas? Première erreur fatale: le lunch, aucun problème. Le souper? Never ever. Trop long, pas moyen de se sauver en prétextant un rendez-vous dans quelques minutes.

Comme je ne connais pas bien Mourial, Réjean offre de venir me chercher chez la copine où j’habite. À Laval. Pour me ramener manger dans un resto du Vieux-Mourial. J’ai perdu une talonnette de ma chaussure, je sonne exactement comme une calèche sur les pavés inégaux. Rappelons-nous que j’ai 28 ans, je suis célibataire, jeune et pétard – enfin, un peu pétard… Réjean lui, a l’air d’un mononk. On est au début des années 90, et Réjean a définitivement adopté le look « Jacques Parizeau », bedon en moins. Mais bon, je soupe avec un collègue, pas avec un amoureux potentiel.

J’aurais dû me méfier: un resto pseudo-russe, un serveur qui a le même accent que Septimiu Sever dans « Un signe de feu », un menu pour dames où les prix ne sont pas affichés, une table réservée dans une alcôve où pendouillent des rideaux de velours grenat poussiéreux, et un joueur de violon qui vous zigouille la chanson thème du Dr. Zhivago en moins de deux… Mon collègue avait manifestement des intentions moins amicales que les miennes. Et c’était bien mal me connaître, moi qui suis romantique comme une porte de congélateur, que de penser qu’un pareil set-up de « trappe à filles » allait me séduire!

Sitôt l’apéro commandé, il me regarde droit dans les yeux et me sors la phrase qui tue: « Parle-moi un p’tit peu de toi »… Sans me laisser le temps, d’ailleurs, de répondre, il enchaîne en me parlant de lui. Tout ce que je n’ai jamais voulu savoir sur un collègue! De sa naissance à la seconde où il m’avait vue, et où je lui étais apparue comme la femme de sa vie. Celle dont il avait rêvée. Celle qui s’établirait avec lui dans un bungalow de banlieue, qui lui ferait 5 enfants et qui partagerait son bonheur de posséder un buste d’Elvis!

Mais Donald, me demanderez-vous? Non, Réjean n’est pas Donald. Mais Donald était l’idole de Réjean. Depuis toujours. Et particulièrement depuis qu’il avait participé à un quizz animé par Donald. Et qu’il y avait gagné, en plus d’un prix en argent, la collection, que dis-je, l’oeuvre complète de Donald.

Là, je suis franchement devenue hystérique: je l’imaginais, allongé sur un lit rond recouvert d’une peau synthétique, habillé d’une longue robe de chambre, le cou recouvert d’une ascot assortie, me faisant signe langoureusement de venir m’étendre près de lui, avec en fond sonore « le mur derrière la grange » de Lautrec jouant en boucle… J’ai couru à la salle de bain – qui n’avaient rien des toilettes de Chez Jules, et j’ai téléphoné en cachette à ma copine, qu’elle me « page » au plus sacrant… Elle, morte de rire, a fait durer le supplice encore 45 minutes avant de s’exécuter. Les 45 plus longues minutes de ma vie.

Réjean était, est toujours probablement, un bon garçon. À qui j’ai sincèrement souhaité de trouver une femme qui comprendrait vraiment son amour d’Elvis et de Donald. Parce que des goûts et des couleurs, il ne faut pas discuter. Quant à moi, je ne peux plus repenser à cette soirée sans avoir envie d’une vodka bien froide. Pour oublier.

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Laisser l’été avoir 15 ans…

L’été, c’est LA saison. Celle de tous les possibles, celles des permissions spéciales, celles des repas légers qui sentent la menthe et le basilic, celle de la limonade acidulée, de la crème glacée molle trempée dans le chocolat, de l’apprentissage du vélo sans les petites roues, de la natation sans veste de sauvetage. Celle, surtout, des amours de vacances. Qu’on ait 13 ans ou presque 6.

Depuis le début du terrain de jeu, j’ai l’impression d’avoir un nouveau gendre. Flash. Flash. Flash. À répéter avec le sourire fendu jusqu’aux oreilles, les yeux dans la graisse de bines.

« Maman, y’é teeeeeeeeeellement beau »

« Maman, y’é tellement fin »

« Maman, tu savais que sa fête c’est la veille de la mienne? »

« Maman… Flash a dit que… Flash m’a donné…. Flash…. Flash…. Flash…. » (à répéter avec le sourire fendu jusqu’aux oreilles, les yeux dans la graisse de bines, mais ça, je vous l’ai déjà dit je crois…)

« Moi, j’ai son msn, de dire la plus grande à la plus petite »… oh! Jalousie, verte jalousie, quand tu nous tiens…

Bref, n’écoutant que mon insatiable curiosité, je suis allée reconduire les filles au terrain de jeu pour rencontrer mon gendre. Le prétexte: ça jouait à se « marier » cet après-midi. En tant que belle-mère de la future mariée, je me disais que j’avais le droit de constater de visu si ce Flash était… si tant Flash que ça!

Bon, il est pas mal. Mignon, 2 poils au menton, gentil. Je l’ai avisé que je lui confiais ce que j’ai de plus précieux, ma merveilleuse merveille, pour aller à la sortie mercredi et que je lui conseillais vivement de me la ramener dans l’état ou je la lui laissais le matin. Il m’a fait un grand sourire et m’a promis d’en prendre soin. J’ai répété, mes yeux vrillés dans les siens. qu’il devait en prendre GRAND soin. Je pense qu’il a compris.

Quant à l’adoe, elle a découvert la piscine municipale et les life gards. Ah! Oli… Ah! Sébas… Ah! Jeff… Ah!… Laisser l’été avoir 13 ans…

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Guide de survie à l’été

Dieu merci, les amies existent. Pour vous calmer l’angoisse maternelle, ça prend une amie crédible, qui a préférablement traversé cette période dans un passé pas trop lointain, qui vous connaît suffisamment pour comprendre vos questionnements existantiels et qui a des réponses à vous faire crouler de rire. Bref, dédramatisons, dédramatisons, dédramatisons.

Exemple de conversation, dans lequel je n’identifierai pas les personnages, pour préserver ma  la réputation de l’innocente  de la mère angoissée.

Mère Angoissée:  » Je ne survivrai pas à l’été ni au vélo »

Amie fidèle: « Mais si »

MA: « Je passe mon temps à lui crier de regarder devant »

AF: « Regardes toi aussi derrière, comme ça tu ne la verras pas faire »

MA: « Ouais, mais je ne verrai plus où je vais »

AF: « Rappelles-toi que ce n’est pas la destination qui compte, mais le voyage »…

MA: « Et le terrain de jeu? Toute seule? Et s’il y avait des maniaques? Si elle se blessait? Si elle s’égare en revenant à la maison? »

AF:  » Combien d’enfants se sont égarés/blessés/fait enlever dans ce parc au cours des derniers 10 ans? Pourquoi il faudrait que ça arrive à la tienne??? »

MA: « Je sais, je sais. Mais bon, tsé, des fois, genre, comme, mettons… Au fond l’hiver c’est moins compliqué »

AF: « Heuhum… c’est pas toi qui avait peur des gratte-neige? Qui était sûre que sa fille se ferait bouffer par la grosse machine? Qui a angoissé sur le toit qui menaçait de s’effondrer? Vraiment, moins compliqué l’hiver? »

MA: « Bon ben, c’est bien joli tout ça, mais j’ai un souper à préparer moi! »

AF: « Surtout pas de poisson: elle pourrait s’étouffer avec les arêtes! Au fait, t’as rafraichi ta technique de la manoeuvre de Heimlich? On sait jamais, tsé. Un invité pourrait s’étouffer avec une olive à martini »…

MA: « …. »

Rendu à ce point de la conversation, j’abdique. Oui, dieu merci les amies existent. Ne serait-ce que pour vous rappeler que l’été, le martini aide à chasser l’angoisse. Pour le reste, y’a votre conjoint!

 

 

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Tant qu’à écrire des niaiseries

Bon, depuis le temps que vous me fréquenter, vous savez que je ne parle jamais politique. Ou si peu. Alors, pour un texte senti sur la St-Jean, c’est qu’il faut aller. Pas ici.

Mais si je parlais politique, si je me laissais aller un brin, je vous dirais qu’on a pas fini d’explorer les dessous de Julie. Tiens, avoir l’imagination à peine fertile, je vous dirais qu’on pourrait faire des liens délirants: hier, une ex-consultante en immigration révélait à Gilles Proulx (je sais, mais des fois, Radio-Can, c’est platte bon!) que Julie a déjà été tenancière d’un établissement plus ou moins illicite, fréquenté par des politiciens et des avocats, qui y venaient pour « causer » avec des immigrantes entrées ici avec des visas de danseuses exotiques. C’est à l’abolition de ce programme par le gouvernement conservateur que Julie aurait eu le mandat d’infiltrer un ministre… C’est encore meilleur qu’un roman de Ludlum, non?

Et bien, comme je disais, être un brin imaginative, je vous dirais que le prochain épisode permettra de comprendre les liens entre Julie et le présumé terroriste Khawaja. On y apprendra que non, il n’a pas fréquenté de camp terroriste, il a fréquenté Julie…

« Gens du pays, c’est votre tour de vous laisser parler d’amour »…

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Coup de coeur

Enfin! Découvert via Mammamia, un site tout à fait réjouissant, comme dirait mon idole RHR.

http://lesimparfaites.blogspot.com/

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Adieu, monsieur le professeur

Dernier jour d’école. Déjà. J’ai peine à croire qu’il y a 10 mois, Merveilleuse merveille franchissait le seuil de la maternelle, le seuil d’une toute nouvelle vie.

Il s’en est passé des choses depuis. Mais surtout, merveille a grandit, en pouces comme en sagesse. Elle est devenue autonome, mais a quand même encore un peu besoin de moi. Ou elle me donne l’illusion d’avoir besoin de moi, parce qu’instinctivement, elle sent que je ne suis pas prête à ne plus être indispensable.

Hier soir, en bonne maman, j’ai fait de mes blanches mains des confitures maison pour les profs, les éducatrices, la brigadière, la secrétaire de l’école. Tous, ils ont aidé merveille à traverser cette année charnière. Tous, ils lui ont donné le goût d’apprendre, de se dépasser, d’être curieuse, d’explorer. Et quelle fierté dans son regard quand elle nous fait part de ses apprentissages.

« Maman, est-ce que tu savais qu’un papillon, c’est d’abord une chenille? »

« Maman, comment on écrit dinosaure? »

« Papa, écoute, je connais une nouvelle chanson »

« Maman, on ne dit pas cocon, on dit chrysalide »

Bon, j’admets: j’aurais pû acheter des tasses ou des chandelles, mais j’ai créé un monstre à Noel, celui de la maman farpaite qui fait tout de ses blanches mains. J’assume. Ça fait téteux (avec plusieurs t!)? So what! On est prompt à la critique, mais j’ai vraiment une petite école de quartier extraordinaire, et ce n’est pas une longue soirée à confectionner des confitures et à enjoliver de petits pots Masson qui va m’empêcher de démontrer un tant soi peu ma reconnaissance à tous ces gens qui ont partagé la vie de ma fille cette année.

En septembre,  nous franchirons une autre étape. Celle de la première année, où Merveille apprendra à lire et à écrire. Déjà, nous avons convenu que lorsqu’elle en serait capable, c’est elle qui me ferait la lecture du dodo, un soir sur deux.

Entre les deux, je vais essayer de survivre à mon angoisse de la voir fréquenter le parc municipal tout l’été et d’enlever les petites roues à son vélo. Y’en aura pas d’facile!

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Father and son

Inévitablement, pour devenir mère, ça prend un géniteur. Ça fait partie de l’équation. Certaines d’entre nous sont chanceuses: le géniteur est aussi un père. Pas un « paparfait », un père. Avec ce que ça comprend de défauts, d’impatience, de couches plus ou moins bien attachées, de gestes tendres et d’amour.

Certaines d’entre nous sont doublement chanceuses: elles ont eu un père qui, toute sa vie, leur ont dit qu’elles étaient aimables, belles, que rien n’était impossible. Cet héritage peut parfois être lourd: c’est à l’aune de ce modèle qu’elles mesurent les hommes, qu’elles soupèsent leurs qualités paternelles. Sera-t-il un bon père? Saura-t-il trouver au fond de lui les trésors de patience pour consoler, comprendre, enseigner?

J’ai gagné le gros lot. J’ai eu un père extraordinaire qui m’a aimé d’un amour inconditionnel. Pas gnagna. Il était capable de voir mes défauts, mes failles. Mais il m’aimait quand même. Malgré. En dépit. Ou peut-être à cause. Et ma fille a un père extraordinaire. Impatient, parfois brusque, mais qui se ferait passer sur le corps pour ses enfants. Qui serait dangereux si quelqu’un s’avisait de faire du mal à ces enfants. Qui aujourd’hui, en ce jour de la fête des pères, a assez d’amour pour l’adoe qu’il la laisse quitter, en métro, pour aller passer la journée à la Ronde avec ses copines, manquant ainsi le souper familial. C’est lui aussi qui permet à notre tilou de vivre ses chagrins mais aussi ses joies, et qui partage l’écoute de vieux épisodes de RBO entre gars.

C’est lui, plus que moi, qui a donné à merveilleuse Merveille la permission de grandir. Qui l’a poussé vers la petite enfance, alors que je m’accrochais à mon bébé. C’est lui qui, depuis sa naissance, me permet de travailler au rythme qui est le mien, parce qu’il est devenu la maman à la maison. C’est lui qui gère la gardo, le service de garde. Bon, avant d’en faire un saint, tuons tout de suite le mythe: le ménage, c’est pas sa tasse de thé. L’agencement des couleurs non plus. So what? J’ai appris, à ces côtés, à distinguer un peu l’essentiel du superflu.

Je lui dit souvent que je l’aime. Aujourd’hui, à travers le papa, c’est le Mammouth que je salue. Mon mammouth.

Une dernière chose: pas besoin d’être un paparfait. Je connais des zillions de gars qui se reprochent de ne pas avoir été à la hauteur de leur progéniture. Qui se reprochent leur absence, leurs impatiences, leurs cris parfois. On vous en a beaucoup demandé, les boys. On vous voulait rose, mauve, jaune. On a pas bien saisi que la paternité, c’est pas une version « soft » de la maternité. La paternité, c’est un rapport autre avec les enfants. Et un enfant, ça pardonne beaucoup, en autant que ça vous sente sincère. Dire pardon, c’est difficile. Pour nous comme pour vous, les boys.

Aujourd’hui y’a plein de beaux textes sur la paternité. Demain, faudra continuer à penser que vous faites une job importante. La plus importante: vous aidez un enfant à devenir un adulte. C’est pas rien.

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Son dernier téléjournal

Bernard Derome serait-il en train de devenir le Dominique Michel du Téléjournal? Je blague, mais au fond, je suis triste. Le téléjournal sans Bernard Derome, pour moi, ça fait pas de sens. Non que je doute des qualités de celle qui le remplacera: j’aurais hurlé si quelqu’un d’autre que Céline Galipeau avait obtenu le poste. Mais quand même, Bernard et moi, c’est comme une longue histoire d’amour.

Je suis une junkie de l’information, je l’ai toujours été. Au moment de choisir une carrière, je voulais faire mon cégep en Arts et technologies des média, convaincue qu’en sortant de là, je pourrais dire à Bernard « tasses-toi, mononc »… Bienheureuse insouciance de l’adolescence! Mon père en a décidé autrement et m’a indiqué que si je voulais « communiquer », j’irais d’abord à l’Université. Et comme il était registraire, donc responsable des admissions, au seul Cégep à offrir cette option, disons que ma marge de manoeuvre était plutôt mince…

J’ai finalement opté pour sciences pô, à l’Université. Mais j’ai toujours gardé un respect immense pour Bernard Derome. J’ai des souvenirs précis de moments importants: Bernard annonçant, avec tout le sérieux qui s’impose, que le Canada était en guerre (au moment de la guerre des Malouines), Bernard annonçant, presqu’avec émotion, que le non l’emportait de justesse au référendum de 95, Bernard annonçant son premier départ, Bernard revenant au Téléjournal. Bernard annonçant la mort de René Lévesque… Bernard et son chapeau dans la crise du verglas. Bernard Derome est indissociable des grands moments de notre histoire, à tout le moins de ceux qui m’ont marquée.

Un jour, je suis devenue attachée de presse. A la démission de ma patronne, tous les réseaux et tous les journaux ont sollicité des entrevues. Gérer des journalistes, des égos gros comme ça, ça fait partie de la job d’attaché de presse. Attaché de presse sur la colline, on connaît bien la faune de la tribune parlementaire, mais on a un rapport plutôt distant avec les « vedettes » de l’information, qui ne s’abaissent pas souvent à parler aux simples relationnistes que nous sommes. On parle à leurs recherchistes. Au moment d’enregistrer l’émission de Bernard Derome, je suis donc arrivée presqu’intimidée en studio. J’allais rencontrer mon idole, et on m’en avait parlé dans des termes peu élogieux: imbu de lui-même, impatient, colérique, etc.

Pendant que ma patronne était au maquillage, il est venu me parler. Gentil, courtois, professionnel. J’ai failli m’évanouir: puisque nous n’étions pas en direct, il m’informe que je serai en régie, et que si je n’aime pas les questions ou si je pense que la patronne aurait intérêt à répondre autrement, il m’invite à l’interrompre. Moi, la p’tite fille de Jonquière, interrompre le grand Bernard Derome parce que je n’aime pas sa question?

« Excuse-moi, Bernie, mais tsé, ta question sur…. c’pas fort, hein! »… Ya! Right!

De fait, c’est probablement une des meilleures entrevues de ma patronne à ce moment-là. Parce qu’il était à l’écoute. Pas complaisant, mais reconnaissant de l’apport de cette grande dame à la politique québécoise. Pas « védette » du tout. Un professionnel, certes, mais également un homme profondément humain. Qui avait probablement senti à quel point j’étais impressionnée et qui n’en a pas profité pour en remettre, question de me montrer qui était le boss dans son studio.

Ça me rassure de savoir qu’il sera là pour les prochaines élections. Parce que si la tendance se maintient… mais bon, je ne parle jamais politique. Ou si peu.



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