Lentement, le temps s’écoule

Difficile d’être en attente que la grande faucheuse termine son boulot. Peut-on dire à quelqu’un qui a la vie chevillée au corps, au point d’accepter des traitements de chimio à tuer un cheval, que l’espoir n’est même plus au rendez-vous. Alors on l’accompagne, du mieux que l’on peut. De proche ou de loin. Et on lui laisse le temps de vivre ce qu’il a à vivre, de faire son cheminement vers l’acceptation. Mais accepte-t-on jamais de mourir?

Bien sûr, ce n’est pas mon père. Mais il a été présent pour ma mère, bienveillant, généreux et amoureux. Il lui a permis de faire un autre beau bout de vie, comme elle dit. Devenir veuve à 55 ans, c’est dur. Retrouver le célibat à près de 70, c’est encore plus difficile. Les sentiments ne sont pas les mêmes, bien sûr, mais je lui répète qu’elle a le droit d’être triste, peinée, fâchée, que cela n’enlève rien à la douleur qu’elle a ressenti à la mort de mon père, que ça ne diminue en rien notre chagrin à nous. Que le devoir de loyauté ne s’applique pas dans ce cas.

Difficile d’expliquer à une merveilleuse merveille pourquoi nous retardons la visite chez grand-maman. On lui a dit qu’il était malade, sans préciser la gravité de la maladie. Il sera toujours temps de lui dire toute la vérité. Même chose pour les plus grands, qui le connaissent bien, et qui pressentent que cette fois c’est différent, sans poser de question.

Difficile aussi de vivre cela de loin, et en même temps de ne pas vouloir revivre ce mois d’août d’il y a 14 ans.

J’aimerais être gaie, écrire de jolis textes, raconter les finesses de ma gang. Mais toute l’énergie que je mets à essayer, depuis la semaine dernière, de garder un semblant de vie normale pour nous tous me laisse vide, le soir.

Bientôt, la joie reviendra. Il y a plein de découvertes à faire en septembre, avec le début de la maternelle, la reprise du cours de danse et des activités des plus grands. Nous irons aux pommes, nous irons cueillir des citrouilles, les amis continueront d’agrémenter nos weekends de leur présence. Bientôt. Entretemps, lentement le temps s’écoule.

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Une porte se ferme. Une porte s’ouvre.

Vendredi dernier, la porte s’est refermée une dernière fois sur la garderie. Et merveilleuse merveille n’était pas peu fière: enfin, après les vacances, elle rejoindra les grands sur la route de l’école, la vraie! Et puis, comme c’était la veille de son anniversaire, il y a eu un gâteau, et des câlins, tout plein de câlins. Et moi, canal lacrymal tout ouvert, j’ai versé quelques larmes sur la fin de cette étape. Je n’ai plus de bébé. Son visage change, son attitude change. C’est ma petite fille – mon ado de 5 ans. Mais pour moi, c’est toujours mon bébé d’amour, ce magnifique cadeau de la vie, cette chance unique de me reconnecter avec les vraies affaires.

Merveilleuse merveille a eu 5 ans ce weekend. Et trois fêtes d’anniversaire: à la gardo, avec ses copines dimanche midi et avec la famille élargie dimanche soir. Sans compter samedi soir, ou toute la famille élargie de Mammouth a accueilli cette nouvelle petite blondinette en lui chantant bonne fête autour du feu de camp! Une orgie de cadeaux et de gâteaux! Mais surtout, beaucoup d’amour. De la voir, avec ses copines, têtes blondes et brunes mélangées, discuter sérieusement barbies et pollypockets m’a fait réalisé que bientôt, elles discuteraient garcons et mascara. Nous sommes bien entourés: une famille agréable, avec ses hauts et ses bas, des amis adorables. On peut rien demander de plus, non? Sinon que ça continue!

Oui, une porte se ferme sur mon bébé. Et une autre s’ouvre sur ma petite fille qui s’apprête à entrer de pied ferme dans ce nouvel univers. Et c’est très bien comme ça!

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C’est vraiment le mois d’août!

Premier concert de la chorale des criquets ce soir! Et la semaine prochaine, ce sera la grande nuit des perséides!

Je suis excitée comme une puce! Dommage qu’il fasse trop chaud pour se décoller du ventilo, j’irais me coucher sur la terrasse…

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La fille de son père

Outre le caractère… affirmé, le sens de l’humour un peu tordu et l’oeil pétillant de malice, ma fille a aussi hérité de son sens musical très sûr. A preuve: alors que nous sommes des abonnés de la première chaîne de Radio-Canada, merveilleuse merveille nous dit, en revenant à la maison, qu’elle trouve la chanson de Richard Séguin qui joue un peu tristounette et qu’elle veut qu’on « change de poste! ». Une leçon de politesse plus tard (Merveilleuse merveille, on demande gentiment si papa peut mettre une autre chanson S’IL VOUS PLAIT), Mammouth fait défiler les stations jusqu’à ce qu’elle dise STOP! C’est celle-là que je veux.

Je vous le donne en mille: CHOM-FM, le gros rock montréalais! Un classique de Supertramp à tue-tête, suivi d’un autre des Doobie Brothers. Et voilà une merveilleuse merveille qui dodeline de la tête et qui bat du pied la mesure!
Remarquez, j’aime mieux ça qu’Annie Brocoli ou Carmen Campagne… *soupir*

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Déjà août

À cause de la mauvaise température du début de l’été, à cause des vacances qui ne sont pas encore passées, à cause de milles et une raisons, je n’ai pas vu juillet. Et déjà, demain, c’est août. Mon mois préféré. Que je commence pourtant avec beaucoup d’appréhension.

D’abord, parce qu’au boulot, le temps est incertain. Ma patronne adorée nous quitte, rappelée dans la capitale. Et les atomes crochus avec le nouveau patron ne seront pas au rendez-vous. Donc, changement de boulot en perspective, alors que j’aspirais à une certaine stabilité professionnelle. Ça me fait royalement suer, mais c’est la vie. Et puis, ce n’est pas un drame. Je suis juste trop fatiguée, après une année difficile, pour encaisser aisément. Avec l’âge, en tout cas le mien, la résistance au changement est plus grande, je crois.

Ensuite parce qu’août a, depuis bientôt 14 ans, une teinte de tristesse. Et que cette année, la grande faucheuse rode encore. La récidive redoutée est apparue la semaine dernière et les traitements intensifs de chimio ont recommencé. Nous savions qu‘il vivait sur du temps emprunté, mais comme le reste, le quotidien bouffe l’angoisse et on finit par oublier. Le temps est suspendu pour quelques jours, quelques semaines, question de voir plus clair. 24 heures à la fois.

En même temps, les petits bonheurs de la vie quotidienne se multiplient. Merveilleuse merveille fait le marsouin dans la piscine « Regarde maman, j’ouvre mes yeux dans l’eau!!! » crie-t-elle, toute excitée. Et y a-t-il plus tordant que de jouer à enlever le maillot de maman dans l’eau, je vous le demande, hein? Les grands s’amusent au parc, se font de nouveaux copains qui viendront envahir la salle de jeu l’automne venu. Mammouth, en bon patriarche, règne sur sa tribu. Les amis viennent, arrêtent prendre un verre ou un repas, nous enrichissant de conversations agréables et estivales. Le temps est léger, le temps est doux.

Paradoxe. On peut à la fois être heureux et triste? Etre envahie de sentiments contradictoires comme la reconnaissance envers la vie et la rage contre la mort? Tout ça en même temps? Je ne veux pas anesthésier la tristesse, de peur de ne plus ressentir la joie.

Ce soir, j’ai juste envie de me laisser bercer par la douce chaleur, en pensant à ma mère qui ne mérite pas de passer un autre mois d’août dans la crainte, la peine et la douleur. Et en pensant à son compagnon, qui ne mérite certainement pas d’avoir encore à se battre contre cette maudite maladie.

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Lunchs avec des copines

Ce qu’il y a de bien, en juillet, c’est que normalement, j’ai un peu plus de temps pour me permettre d’aller luncher avec des gens que je n’ai jamais le temps de voir. Cette semaine, par deux fois, je me suis permis des lunchs étirés à l’extrême limite de la décence. Et je n’ai aucun regret. Non, rien de rien, je ne regrette rien!

Hier, c’était avec une copine qui travaille dans le milieu du spectacle. Son job ressemble un peu au mien: autonomie, bien-être de « l’organisation », stress. Des vies perso semblables aussi, sauf que son désir d’enfant ne s’est jamais matérialisé. On se voit rarement, une fois par été, mais notre amitié reprend toujours le fil de la conversation précédente, comme si nous nous étions parlé la veille. On a fait le point hier sur notre « vieillesse » – nous sommes toutes les deux à la mi-quarantaine, et sur le fait que nous étions moins « souples », moins prêtes au compromis, plus affirmées dans notre volonté de protéger notre vie personnelle au détriment, parfois, de notre vie professionnelle. Tout ça entrecoupé de fous rires et du simple plaisir de se retrouver. J’ai longtemps envié son job: c’est un milieu qui m’a toujours attiré (je suis groupie et je m’assume), mais à l’écouter, hier, je pense que je n’aurais plus l’énergie pour materner tout son monde d’insécures. Même chose de son côté: le « glamour » de mon ancienne vie la fascinait, mais elle a vite réaliser que le maternage et l’insécurité n’étaient pas exclusifs à son milieu à elle. Bref, une bien belle heure de lunch.

Ce midi, grandes retrouvailles avec ma copine Bibco. On remonte à loin, elle et moi, et c’est grâce aux chroniques que nous avons repris contact. Là aussi, tout coulait de source. On s’est parlé de nos vies, de l’angoisse qui diminue en vieillissant et de la sagesse acquise, parfois à la dure. Bibco est la plus belle femme que je connaisse. Pas un modèle de pitoune, pas une de ces femmes à l’esthétique parfaite. Une vraie beauté Dove, la mi-quarantaine parfaitement assumée. Belle au dehors et pacifiée en dedans. On a aussi parlé de l’importance de léguer à nos filles qui nous sommes (bon, on va se garder une petite gêne, y’a des choses que nos filles n’ont pas besoin de savoir quand même!), et comment l’écriture des blogues nous aident à témoigner et à partager autrement. Deux heures à placotter, deux vraies pies. Et le goût certain de recommencer!

J’aime ces rencontres. Elles me permettent de mesurer, à travers mes copines, le chemin parcouru. Et je suis fière de pouvoir garder mes amitiés intactes. Même si, pour reprendre l’expression de Bibcoquette, on se doit parfois de « socialiser à la carte » à cause de nos vies de fous. Mais tant qu’il nous restera l’écriture, le téléphone et quelques heures partagées par année, ces amitiés survivront.

Copines de ma vie, vous m’êtes précieuses! Et permettez-moi d’avoir une pensée toute spéciale pour ma copine Johanne. Des tonnes d’ondes pour elle, elle en a un peu besoin. Johanne, je suis là. Tu fais signe quand tu veux.

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À la manière de Pierre Légaré

« Pourquoi, quand je vais chez McDo, je tombe toujours sur le p’tit gars ou la p’tite fille qui même après 20 mois d’entraînement ne sera jamais nommé l’employé du mois? ~~~~~soupir~~~~~

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Psssttt…. C’est l’été!!!

J’ai quelques semaines de retard, c’est évident. (Non, non, pas ce genre de retard!!!) Mais avouez que la température des dernières semaines pouvait porter à confusion, non?

Tout ça pour dire qu’hier, on a inauguré la piscine (fallait changer la toile et le processus a été plus long que prévu) et fait notre premier BBQ de gang de l’année, pour célébrer le 14 juillet, mais surtout l’anniversaire de naissance de Laurent, dit le Capitaine.

Pour peu, on se serait cru au Consulat tellement l’accent était présent dans notre modeste demeure! Et les traditions se perdent, laissez-moi vous le dire: lorsque Mammouth, dans un élan de générosité extrême, a fait jouer la Marseillaise, personne ne s’est levé! Aucun de nos convives français n’a porté la main à son coeur dans un geste patriotique, la larme à l’oeil. Bon, j’admets que chantée par Mireille Mathieu, c’est probablement nul à chier, mais quand même! Par contre, nous avons initié Laurent à nos propres rituels tribals, en lui donnant la bascule. Faut quand même bien garder un minimum de traditions!

Plus sérieusement, ce fût encore une fois une de ces soirées fort agréables qui font en sorte que je me considère chanceuse de pouvoir mettre ma merveilleuse merveille en contact avec des gens venus d’autres horizons. Elle est tombée amoureuse de Guillaume, un copain d’un copain que nous avons hébergé quelques jours, et qui m’a réconciliée avec les parisiens. Ces soirées sont précieuses: fraterniser quelques heures avec des gens que je lis régulièrement, passer du virtuel au réel, c’est réaliser à quel point Internet peut être un outil de communication qui va au-delà de ce qu’on peut imaginer.

Merci à nos invités d’hier (non, n’insistez pas, la liste ne sera pas divulguée! J’ai la fréquentation de la vedette discrète et je ne me donne en spectacle qu’au métro!)

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Quêter dans le métro

Vous y croyez, au karma? Qu’un matin, alors que tout va bien, tout se met à déraper, lentement, inexorablement? Malgré une saine dose de scepticisme, j’ai l’impression que je vais devoir y croire. Tiens, laissez-moi vous raconter… Au fait, je vous conseille fortement, avant de continuer la lecture, de vous munir de papiers-mouchoirs…

Jeudi dernier, le métro a été arrêté pendant 30 minutes. Rien pour écrire à sa mère, j’en conviens, mais disons que quand ça arrive le matin où tu dois te dépêcher pour être au bureau plus tôt, ça fait ch***. Cours toute la journée, as usual, mais en plus, je dois prendre un train pour Ottawa en fin de journée. J’avais également prévu d’aller souper chez une copine.

Le train Montréal-Ottawa a été arrêté pendant une heure. Une heure! J’ai tenu la copine au courant, lui disant de manger sans moi, parce que je voulais apporter mes choses à l’hôtel avantd’aller les rejoindre. Arrivée à l’hôtel, on m’informe que dû à une panne électrique, on ne peut m’enregistrer. Qu’à celà ne tienne, me dis-je! Mettez mes bagages en consigne, on règlera les formalités à mon retour. Je passe une excellente soirée chez la copine – bon, la lasagne est un peu cuite et la salade un peu molle, m’enfin, c’est pas important, et les popsicles du dessert étaient juste à point!

De retour à l’hôtel, c’est encore le noir total. Bref, juste avant que mon carosse se transforme en citrouille, on me change d’hôtel. Et pas pour mieux: une vieille section non rénovée d’un hôtel miteux, une chambre qui sent le tabac froid, pas de couverture supplémentaire et il y fait froid comme en hiver. Avouons que j’ai déjà passé des nuits à l’hôtel plus agréables! Et comble de mon malheur, pas de service aux chambres pour le petit déj’. Je descends donc en bas, déjeune en lisant le journal, en me disant que la journée ne pourra être que meilleure, vue la shnout de la veille.

ERREUR! En remontant à ma chambre, la carte magnétique ne fonctionne plus. Redescends, remagnétise, remonte. Toujours rien! Redescends, remonte avec le concierge. Toujours rien. Appel au « monsieur bricole » de l’hôtel, qui doit défaire la serrure au grand complet pour que je puisse récupérer mes bagages. Avec tout ça, le temps file, et je dois courir au bureau pour compléter le dossier d’accueil de mon nouveau patron, que je rencontre aujourd’hui…Trois grandes respirations plus tard, me voilà au bureau, calmée.

Gare en fin de journée: j’ai beau me cacher, IL me voit. Un ancien collègue. C’est long, deux heures de train…

À ce point, je n’étonnerai personne si je raconte qu’on s’est cogné le nez à une porte fermée vendredi soir, chez le concessionnaire automobile, hein? Et le métro, dans tout ça? J’y arrive, soyez patients!

Ce weekend, nous avons, en bons citoyens, recueilli un pauvre chien errant. Appel au poste de police, puisque le chien porte une médaille de notre ville. Qui nous réfère à la patrouille canine, qui nous informe que depuis quelques mois, ils n’ont plus accès à la liste des propriétaires de chiens. Donc, nous décidons de garder le pauvre pitou pour la nuit à la maison – miss météo annonce un temps à ne pas mettre un chien dehors. Je vous entends me dire que nous aurions dû aller porter la bête à la SPCA… et payer 45$ de frais??? Parce qu’être un bon citoyen, ça coûte cher! Évidemment, la seule employée municipale a avoir accès à la liste est en vacances!!!

Bref, ce matin, avec toute la flotte qui nous tombe dessus, je décide de prendre le combo train de banlieue/métro. J’arrive au métro, passe ma TRAM dans la petite fente: rien! Deuxième essai: rien! Je me dis qu’elle s’est démagnétisée, ce n’est pas la première fois. En me dirigeant vers le gentil préposé, qui a le même air souriant que MadDog Vachon dans ses bons jours, je réalise que j’ai la carte de juin, et non de juillet… l’autre est restée dans la vieille sacoche. Pas grave, je prendrai un ticket de métro, ce n’est pas la mort d’une femme… Sauf quand on ouvre son porte-monnaie et qu’on réalise que tout ce qui s’y trouve, c’est un vieux 2$, alors que le ticket de métro coûte 2,75$…

J’avais le choix: me mettre à pleurer, ou quêter. J’ai quêté 75¢ à un monsieur sympatique qui, après avoir braillé de rire, m’a dit de lâcher ma job de fonctionnaire et de faire du stand-up comique…Gilbert, attends-moi!

Bref, si vous pensez que je vous néglige, public lecteur, dites-vous bien que c’est mon karma qui m’empêche d’être plus présente!

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Guerre et paix

Agréable soirée, hier, en compagnie d’amis chers, venus d’ailleurs. Bonne bouffe, bon vin, *je sais, madame WW sera pas contente, mais c’est la St-Jean!* conversations agréables. De quoi faire apprécier le fait de vivre ici, dans un pays ou la guerre n’existe pas et ou malgré nos chiâlages incessants, nous sommes des privilégiés. Au coeur de la nuit, le bruit des feux d’artifices qui pétaient au loin. Et je me suis passé la réflexion que dans la bande de Gaza, au Liban ou en Afghanistan, ce même bruit signifie la peur et la mort, alors que pour nous il est synonyme de réjouissances.

J’ai toujours eu du mal avec le « Québec aux Québécois », blancs, pur laine, cathos pas pratiquants. Le Québec est ma patrie, le fleurdelysé mon drapeau. Je n’ai jamais ressenti la même émotion viscérale devant le drapeau du Canada, qui est pourtant mon pays. Mon attachement au Canada est économique, rationnel, pas émotif. Mais en même temps, je ne peux concevoir un Québec à l’image de ces Québécois xénophones, peureux de ce qui vient d’ailleurs, prêts à imputer tous les maux aux « autres », les ceusses qui ne sont pas nés ici. Je ne veux pas de ce Québec.

Je ne veux plus d’un Québec ou pour être un Vrai Québécois, il faut avoir baigné dans les fèves au lard, s’être nourri culturellement uniquement de musique francophone et penser que tout est de la faute des « maudits anglais ». Remplacer anglais par « musulmans » ou « arabes » et vous voilà à la saveur du jour.

Je veux que ma merveilleuse merveille soit fière de ses racines abitibiennes et saguenéennes, mais qu’elle continue de penser que la couleur de la peau, l’accent ou les coutumes ne sont en rien des barrières à l’amitié et à l’amour. Que ses amis s’appelent Karine ou Inès. Qu’elle ne se retourne pas au parc, en picnic, parce que les femmes de la table d’à côté portent le voile, et que spontanément, elle aille vers leurs enfants pour partager le pain à jeter aux canards. C’était l’esprit d’Expo 67, et traitez-moi d’incroyable naive, mais je veux encore y croire, bon!

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Autre petite brève: excellent texte ce matin dans La Presse, de cette dame témoignant de l’humanisme du personnel et des soins lors du décès de son tout-petit dans un centre hospitalier de la région montréalaise. J’ai envie d’ajouter ma voix à la sienne. Nous avons vécu, non pas un drame comme elle et sa famille, mais disons une petite peur médicale il y a quelques semaines. Et même si le centre hospitalier ou nous nous sommes rendus fait aujourd’hui même l’objet de critique dans le dossier de la mort de Paul Buisson, nous avons eu droit à un excellent service, professionnel, rapide et courtois. J’écris « service » et je me refait la réflexion que nous nous sommes faites, Mammouth et moi: la moitié de la salle d’attente n’avait rien à faire à l’urgence ce soir-là, et se comportait comme des « clients » chialant après le service à la clientèle. Or, quand on va à l’hosto, nous ne sommes pas des clients, mais des malades. Notre besoin collectif d’être politiquement correct dans notre vocabulaire a déteint sur notre façon d’aborder et de percevoir les soins de santé. Non, je ne cautionne pas tout ce qui se fait dans le réseau, et oui, je crois que l’organisation a besoin d’être revue, mais je n’ai vu à cet hopital des gens dévoués prêts à tout faire pour soulager la souffrance. Je persiste à croire qu’une partie de la solution pour améliorer notre système réside en nous, tant dans nos habitude que dans notre manière de percevoir les choses.

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