Vous commencez un jour à bloguer, non pas dans l’anonymat, mais dans la confidentialité. À part Mammouth et quelques amis chers, personne n’est au courant. Votre « lectorat » de 10 personnes vous satisfait pleinement.
Un jour, vous remarquez qu’on laisse des commentaires sur vos billets. Flattée, vous allez lire pour rendre la politesse, ceux de vos lecteurs qui se commettent également. Et vous êtes soufflée: par leur écriture, par leur univers, par leur créativité. Vous vous dites que vous ne leur arrivez pas à la cheville, mais c’est pas grave, parce qu’ils se sont sans doute égarés en venant ici, et ils ne reviendront pas. Enfin, vous l’espérer, parce que sinon, vous seriez gênée de continuer à écrire.
Vous vous gardez quand même une petite gêne. Même si pour vous écrire est thérapeutique, vous gardez des grands pans de votre vie à l’abri de vos 10 lecteurs fidèles. Pour toutes sortes de raisons. D’abord parce que vous bloguez sous votre vrai nom, et que vous n’avez pas nécessairement envie que vos collègues de bureau ou vos voisins connaissent tout de votre vie privée. Et puis parce que votre vie n’est pas forcément toujours intéressante, ou vos commentaires pertinents. Enfin, parce que sur les sujets qui vous allument vraiment, vous savez que vous pourriez vous mettre dans le trouble. Mais vous aimez écrire, et puis, vous ne le faites que pour 10 personnes, alors pourquoi arrêter?
Un jour, on vous cite à la télé. Puis on vous cite dans quelques articles de la presse écrite. Ça vous gêne, et vous décidez d’être moins « percutante » dans vos propos. Vous ne touchez plus à certains sujets. Vous vous auto-censurez, un peu. Mais ça passe vite, et vous continuez à écrire, parce que vous aimez ça. Et puis, bon, ils sont peut-être 20 maintenant, pas plus, à vous lire.
Aujourd’hui, Mammouth me dit que quelqu’un que j’aime lire m’a lu et lui a fait la remarque que j’écris bien. J’en ai rougis. Mammouth n’a rien vu, il fait noir dans la voiture. Et puis, je suis persuadée qu’il voulait faire plaisir à Mammouth en lui disant que sa blonde écrit bien. Je sais que j’ai un certain talent pour aligner les mots, mais je n’ai pas la plume de certains, ni l’esprit de d’autres. Un prof du secondaire m’a même écrit sur un travail qu’il n’avait jamais rencontré d’étudiante capable d’aligner autant de jolis mots qui ne veulent rien dire, mais qui sonnent comme de la musique.
Mais le point n’est pas là. Tout à coup, avec ce commentaire, c’est comme si je réalisais que je ne blogue plus de manière confidentielle. Alors que faire? J’aime écrire, c’est vital. Le blogue remplace, en quelque sorte, le journal intime de mon adolescence, niaiseries en moins. Le blogue est thérapeutique, et il m’a permis de tisser des liens virtuels et réels depuis presque 2 ans, en me mettant en contact avec des gens que je n’aurais probablement jamais connus autremement. Il m’a permis de retrouver bibcocotte, et c’est précieux. Il garde une trace pour merveilleuse merveille de sa vie, de notre vie. M’en gardera-t-elle rancune dans quelques années?
Au fond, je l’ai toujours su que vous étiez plus que 20. Peut-être 30, maintenant? Je ne perdrai jamais de vue qu’internet, malgré toutes ses extraordinaires possibilités, peut aussi être un joujou dangeureux. Je m’auto-censurerai peut-être un peu plus, je ferai peut-être encore plus attention au choix de mes sujets.
Alors, bloguer ou ne pas bloguer, telle est la question dirait maintenant Shakespeare…