Me semblait qu’on avait réglé ça l’an passé…

Tu ne peux pas avoir 10 ans. Me semblait qu’on s’était entendu l‘an passé. Alors aujourd’hui, tu as 9 ans. Bonne fête, ma cocotte en sucre.

°°°°°°°°°°°°°

Bon ok. 10 ans demain. Dix. Ten. Diez. Bonne fête, ma cocotte en sucre.

°°°°°°°°°°°°°

La dernière année a été difficile. Professionnellement, elle a été cahoteuse. Personnellement aussi, pour toutes sortes de raisons que tu ne connais pas, mais que tu devines, confusément. Je ne sais pas si j’en suis totalement remise. Je suis épuisée. Et je m’en veux un peu de ne pas avoir été aussi présente que je l’aurais pu, que j’aurais dû. Pas absente physiquement, mais dans ma tête, dans ta vie.

Au final, toutefois, cette année aura eu du bon: tu t’es rapprochée de ton papa, et c’est maintenant avec lui que tu partages tes secrets, le soir. De te voir blottie contre lui, à la lumière des étoiles, lui t’expliquant les mystères de la sonde qui va atterrir sur Mars, toi attentive, ça me rassure. Évidemment, cette adolescence que tu amorces doucement ne se fera pas sans heurts, mais je crois nos fondations familiales assez solides pour ne pas être ébranlées par ces crises que nous traverserons.

Tu es toujours aussi curieuse, avide d’apprendre. Tu écoutes les nouvelles et tu poses les bonnes questions. En cette période électorale, tu as demandé qui voulait quoi, et dans nos discussions familiales, tu prends ta place. Ça aussi, ça me rassure. On pourra pas t’en passer de petites vites. Parfois, tes commentaires m’étonnent: l’autre jour, tu m’as parlé de marges bénéficiaires des commerçants, et me disant que chaque fois qu’ils font des soldes, ils perdent sûrement de l’argent… Aurais-je une version féminine de Gérald Filion à la maison?

Tu grandis en beauté. Tu deviens une pré-ado qui sait ce qu’elle aime, ce qu’elle veut. Plus question de magasiner sans toi. Tu grandis en sagesse: tu as finalement harnaché ces émotions qui bouillonnaient en toi, et même si tu seras toujours une « eau vive », tu sais mieux comment éviter le piège de la colère.

Ce soir, j’aimerais encore te bercer et te chanter cette chanson que mon père me chantait. Je verserais quelques larmes, bien sûr, parce que je sais qu’il te l’aurait chantée avec autant de tendresse et d’amour qu’il l’a fait avec moi, même quand j’étais grande comme toi.

La semaine prochaine, nous irons à la Ronde, avec tes copines. Pendant que tu t’étourdiras dans les manèges, je serrerai fort la main de ton père, et lui redirai à quel point vous êtes la plus belle chose qui soit arrivée dans ma vie.

°°°°°°°°

Bon, ça fera la sentimentalité à l’eau de rose. Bonne fête, ma cocotte en sucre. Et cette fois-ci, c’est non négociable. L’an prochain, tu fêtes encore tes 10 ans!

 

 

 

 

C’est ça qui est ça

Parfois, on s’en demande trop. On se veut forte, la plus forte. On laisse passer des choses qu’on accepterait pas autrement, on tasse le reste. Qui s’accumule.

Parfois, la seule chose à faire, c’est d’accepter d’être dépassée.

Parfois, la seule chose à faire, c’est d’avoir l’humilité de dire qu’on a besoin d’aide, et de temps.

Parfois, la seule chose à faire, c’est ouvrir les vannes, pleurer sa vie. Et prendre un temps d’arrêt.

Parfois, la vie nous fait le cadeau de mettre sur notre chemin quelqu’un qui comprend, qui a les mots pour consoler, rassurer et remettre les choses en perspective.

Parfois, c’était hier. Aujourd’hui, je rends les armes et j’accepte que j’ai besoin d’une pause.

L’injustice

J’ai été victime d’une injustice au bureau. Je commence à peine à pouvoir y réfléchir sans m’étouffer de colère. Rien de grave, sans réelles conséquences, mais une belle blessure à l’égo.

Et puis, cette semaine, coup sur coup, deux bambins se sont noyés dans la piscine familiale. Deux enfants, laissés sans « surveillance » pendant quelques secondes, quelques minutes tout au plus.

J’ai pensé à Merveilleuse merveille. À toutes les fois ou moi aussi, il m’a manqué quelques secondes d’attention, et aux conséquences: farine sur le plancher, boîte de mouchoirs complètement vidée, rouleau de papier-cul dans la toilette… rien de grave. Rien de mortel. J’ai pensé à ma copine qui a pris le chemin de l’urgence avec un enfant qui avait avalé tout le contenu de la bouteille de tylénol pour enfants. Et qui s’en est tiré avec une belle frousse et un cadenas sur la pharmacie.

Tous les parents ont une histoire d’inattention de quelques secondes à raconter. Toutes les histoires n’ont pas une fin tragique, heureusement.

Alors c’est ça, la véritable injustice. Que deux bambins meurent noyés. Pas ma petite histoire à moi. Ça remet en perspective bien des choses.

Et puis Merveilleuse merveille est rentrée du camp, bronzée et un « chouia » plus mature, me semble. Pendant que miss Météo se tue à dire qu’il y a canicule, ici, sur la terrasse au bord de la piscine, avec des amis et du pastis, on est bien. Juste bien. Je m’étais promis un bel été. Je l’ai.

 

Say a prayer for me

Merveilleuse merveille a passé la semaine chez sa grand-mère, au Saguenay. Nous y sommes descendues, toutes les deux, pour la fête de mon petit frère, Fait-chier Frèrot. Six heures de route, sous la pluie, mais des conversations passionnantes avec ma fille, qui devient de jour en jour une pré-ado articulée, avec un regard neuf et critique sur la vie en général. Pas encore tout à fait des conversations d’adultes, mais pas mal plus intéressantes que bien des conversations de bureau.

Une belle fête surprise, organisée par Beautiful Belle-soeur, qui a réuni une cinquantaine de personnes. Revoir des cousins à qui je n’avais pas parlé depuis 20 ans, se promette de se revoir bientôt, et faire des mammours à Fabuleux filleul m’ont redonné de l’énergie.

Quant Merveilleuse n’est pas là, j’en profite pour me mettre à jour au bureau. Cette semaine, j’ai formé ma nouvelle équipe de gestion et nous avons passé une journée complète à établir notre feuille de route pour la prochaine année. Des gens engagés, passionnés, compétents, qui me redonnent espoir en ce que nous sommes en train de bâtir ensemble.

La ville, qui bat ces jours-ci aux rythmes des festivals, se pare de couleurs, de sons et d’une certaine légèreté, malgré la chaleur étouffante et les orages violents de fin de journée. Mercredi, j’ai quitté plus tard, après un de ces orages. L’humidité qui montait du sol était pesante, les passants marchaient vite, en quête d’un peu de fraîcheur. Moi aussi, je marchais vite, pressée pour ne pas rater le dernier train de banlieue.

Un homme, que j’ai d’abord pris pour un itinérant, m’a  abordée. « Do you speak english? » m’a-t-il demandé. Voyant que oui, il s’est alors mis à me raconter la plus abracadabrante des histoires. Parti d’Halifax la veille, en route pour une opération à Portland, la compagnie d’autobus a perdu ses bagages lors du transfert à Montréal. Sans eux, mais surtout ses médicaments, il ne pouvait continuer. La compagnie lui a payé une chambre à l’hôtel adjacent au terminus, et lui a remis 3 coupons pour des repas au resto. Malheureusement pour lui, sa maladie l’empêche de manger de la nourriture solide. Or, la compagnie n’a jamais voulu échanger les coupons contre de l’argent.

Une histoire d’alcoolo, me suis-je dit. L’homme, raide maigre, crasseux, les dents avariées, en avait tout l’air. Il quête quelques dollars pour aller boire. Mais quelque chose dans son regard m’a arrêté. Il a alors soulevé son chandail, en pleine rue. L’horreur. Une masse, grosse comme une boule de quille, déformée, pleine de veines tortueuses, sur un corps décharné, les côtes saillantes.

Il avait dans ses mains un papier, celui de la compagnie d’autobus. Un autre, plein de numéros de téléphone et d’adresses: hôpital Royal Victoria, la maison du Père, la Old Mission Brewery. Le numéro de téléphone de la RAMQ. Il a continué en disant qu’il était allé à l’hôpital, le matin, pour recevoir des médicaments. Que parce qu’il n’avait pas de carte soleil, l’hôpital avait d’abord refusé de lui en donner, mais qu’à force d’insistance, l’infirmière avait communiqué avec son hôpital en Nouvelle Écosse et lui avait remis sa dose de chimiothérapie et ses antidouleurs pour la journée. Que personne ne voulait lui donner d’argent, et qu’il ne pouvait rien faire pour échanger ses coupons repas. Que la seule chose qu’il arrivait à garder était du Glucerna (liquide protéiné pour les diabétiques) et que les pharmacies ne voulaient pas lui en donner. Qu’il n’avait que 2$ en poche et que les 3 cannes dont il avait besoin coûtait 28,42. Qu’à part les médicaments et l’eau qu’il avait bu, il n’avait rien ingurgité depuis la veille, puisque ses provisions étaient dans ses bagages maintenant rendus à Campbellton.  À ce point, les larmes se sont mises à couler sur ses joues.

Une telle abondance de détails, les deux papiers raturés et ces larmes m’ont convaincue. Et puis, même s’il me mentait, il était évident qu’il souffrait et qu’il était à bout. Il n’avait rien d’un saoulon en manque d’alcool ou d’un dopé en sevrage. Ses bras nus, décharnés ne portaient pas de trace de piqures. J’avais devant moi un homme malade, à bout, dans une ville inconnue qui lui semblait bien inhospitalière.

J’ai ouvert mon porte feuille et lui ai donné le 15$ qui me restait. Au diable s’il est allé boire. Ses larmes ont redoublées. Je lui ai dit que j’étais désolée de ne pouvoir faire plus. Il m’a alors dit, d’une voix chevrotante: « Can I ask for something else? You can say no, you know. » J’ai regardé ma montre, persuadée que je manquerais mon train. J’ai fait oui de la tête. Il m’a alors demandé, en me regardant droit dans les yeux « Say a prayer for me. »

J’ai couru pour ne pas rater le train. Et une fois assise, je l’ai fait.

Demain, je vais chercher ma fille. Un jour, je lui montrerai cette histoire. En lui expliquant qu’au delà de l’argent, parfois les gens ont besoin d’un peu de compassion, de chaleur humaine et d’une prière, peu importe le dieu à qui on l’adresse et la forme qu’elle prend. J’ose croire que ma prière a été entendue et qu’il a trouvé l’argent ou le soulagement nécessaire. Je veux le croire. Et tant pis si il m’a menée en bateau. Parfois, il faut prendre le risque que ce soit vrai. Ça fait du bien à l’âme.

Ce sera un bel été

Depuis 6 mois, on vit dans la tourmente au bureau. D’abord les appréhensions, la préparation, le budget, la réalité et les coupures. Puis, la réorganisation, nommée « transition » pour adoucir, sans doute, le fait.

Vendredi,  on a terminé une première étape de la transition. Les bureaux qui devaient être fermés le sont, les déménagements sont faits, les individus installés. Il fait beau et chaud. Même les manifestations ont pris leur rythme de vacances.

Pour célébrer la fin de l’année scolaire, merveilleuse merveille et ses amies se sont fait un party de filles: baignade, maquillage, cochonneries, baignade, film de filles, baignade… enfin, vous voyez le genre. Plus tard, on a fait notre première baignade de fin de soirée. Le bonheur d’entendre Mammouth, Astucieux Ado et Merveilleuse Merveille s’éclabousser et rire, je vous dis pas!

Ce sera un bel été. J’ai besoin d’une pause de la tourmente et du bruit. J’ai envie d’amis sur le bord de la piscine,  de rires d’enfants, de bbq gourmands, de rosés légers, de discussions futiles.

Ce sera un bel été. Nous en avons tous besoin. L’automne arrivera bien assez vite, et on pourra reprendre, sereinement je l’espère, les discussions sur la société dans la quelle nous souhaitons vivre.D’ici là, vivons au rythme de l’été, sur la terrasse.

 

 

Quand papa n’est pas là

Demain, ce sera la fête des pères. De bien beaux textes dans ma Presse d’aujourd’hui sur la paternité, réelle ou assumée. Celui de Pat Lagacé, et cette lettre ouverte d’un tout jeune père, qui m’ont remuée.

Aujourd’hui, Mammouth sera absent. Bien involontairement, et pas nécessairement par choix, nouvel emploi oblige. N’empêche. Pour Merveilleuse merveille, qui entre de plein fouet dans la pré-adolescence et tous les émois hormonaux que cela suppose, papa n’est pas là, peu importe la raison. J’ai eu une longue conversation avec elle aujourd’hui là-dessus. On a parlé des amies qui ne voient leur papa qu’un weekend sur deux. Des amies qui ont deux maisons et qui vivent dans leurs valises. Et de celles, comme moi, qui n’ont plus de papa du tout. Le temps, qui est sensé arranger bien des choses, n’efface pas complètement la peine de ne pas pouvoir, demain, prendre le téléphone et lui souhaiter une belle journée. On a parlé des papas présents qui ne le sont pas vraiment, et des papas absents qui font oublier, quand ils y sont, qu’ils ne sont pas toujours là.

Une belle conversation difficile, mais qui m’a montré toute la profondeur de ma pré-adolescente, parfois capable de se mettre à la place des autres. On s’est dit que la fête des pères, comme celles des mères, c’est une date dans le calendrier, et qu’ici, cette année, la fête des pères serait lundi.

J’ai aussi une pensée pour tous ces pères qu’on empêche de voir leurs enfants, quelle qu’en soit la raison. Bien sûr, les papas ne sont pas toujours comme on les voudrait. Mais ils sont. Et c’est quand ils n’y sont plus qu’on mesure l’immensité du vide.

J’ai pensé à mon frère aussi. Qui fête sa première fête des pères..

J’ai pensé à mon père. Merci papa d’avoir fait de moi la femme que je suis. Tu étais un père absent, mais aimant. De cela, je n’ai jamais douté. Protège, de ton nuage en haut, ma merveilleuse merveille. Tu aurais été un grand-papa gâteau généreux et complètement gaga.

Et j’ai pensé à Mammouth. Qui, avec tous ses défauts, est quand même le meilleur des papas, même quand il pense qu’il ne l’est pas. C’est pas facile, la paternité. Ce lien, ténu, intangible, mais tellement fort, qui unit un père et sa fille. Même quand on a l’impression qu’il est sur le point de se rompre, il faut se rappeler que ce lien est fait d’un matériau plus résistant que le fer forgé: il est fait d’amour, parfois maladroit, mais d’amour quand même.

Fabuleux filleul

Fabuleux filleul,

 

Il y a 10 ans, c’est à ton père que je confiais la responsabilité de ma merveilleuse merveille, s’il nous arrivait quelque chose à son père et moi. Sans l’ombre d’un doute, je savais qu’il saurait en prendre soin, l’aimer, la guider. Au-delà des valeurs religieuses, c’était un geste de confiance envers mon petit frère.Parce que nous avons été élevés dans les mêmes valeurs de tolérance, d’ouverture aux autres et de curiosité.

C’est maintenant à mon tour d’accepter cette responsabilité, celle de te guider dans un monde bien incertain. Je ne sais pas de quoi demain saura fait, j’ai un peu l’impression que depuis quelques mois, on a perdu nos repères. Mais sois assuré d’une chose, Fabuleux filleul: ta marraine sera toujours là. Tu deviendras un homme  digne de la lignée de ton père et de ton grand-père, un homme sur qui on peut compter.

Du haut de son nuage, ton grand-papa Charles doit être content de nous voir tous ici réunis, autour de toi. Tout comme il aurait adoré ta grande cousine, je suis persuadée qu’il aurait ressorti, juste pour toi, ce petit joueur de football en plastique qui n’attendait qu’un petit fils pour se manifester. Papa, ou que tu sois, tu peux être fier de ta famille.

Fabuleux filleul, à ta naissance, je ne t’ai fait qu’une seule promesse, celle de t’aimer inconditionnellement, comme j’aime ma merveilleuse merveille. Cette promesse, je te la réitére aujourd’hui. Marraine sera toujours là pour toi, peu importe.

Bienvenue dans cette grande famille, fabuleux filleul!

 

Pourquoi je ferai mon x ailleurs

Vous me connaissez, je ne parle jamais politique. Ou si peu.

Alors ce matin, je citerai quelqu’un qui n’a pas été beaucoup aimé, à qui on pouvait reprocher beaucoup de choses, mais qui était un vrai libéral. Merci Bruno-Serge pour la citation.

« Nous sommes libéraux parce que nous mettons en pratique les traits qui caractérisent l’esprit libéral. C’est notamment l’ouverture aux valeurs de changement et de progrès ; un attachement profond aux valeurs de liberté, de justice et de démocratie, et la reconnaissance de l’importance de la discussion publique des enjeux et de la transparence de l’administration de la chose publique. » Claude Ryan

 

Force m’est de constater que le parti libéral n’est plus.

Nous sommes tous responsables. Nous sommes tous coupables.

Depuis des jours, je me retiens. Pas envie de faire partie des gérants d’estrade qui, mieux que tout le monde, règleraient la crise en deux coups de cuillères à pot. Mais devant la démission de Line Beauchamps, j’ai plus envie de me taire. Et tant pis pour ceux qui se sentiront écorchés.

Une précision, d’abord: oui, j’ai été membre du PLQ. Je ne le suis plus depuis 20 ans. Oui, j’ai voté libéral, parce que je n’ai jamais cru dans ce « Québec aux Québécois » limite xénophobe. Je ne fais plus de politique active depuis 10 ans, mais je n’en pense pas moins. Et d’avoir été une militante libérale ne me prive en rien de critiquer ce gouvernement, et n’a pas non plus fait de moi une décérébrée.

Nous sommes tous responsables, et nous sommes tous coupables de cette crise qui n’en finit plus. Le débat a été récupéré par tous ceux et celles qui sont contre le gouvernement, et qui utilisent ces jeunes et leur cause comme porte-étendard de leur colère. On les trouve « cutes », articulés, on admire leur guts. On les a encouragé à marcher, à contester le gouvernement. Ben vous savez quoi? Je trouve ça lâche. Quand une grande marche a été organisée contre la corruption, l’automne passé, vous étiez où? On se pète les bretelles avec nos valeurs démocratiques, mais quand vient le temps de voter, qui est le geste démocratique ultime, on est moins de 60% à le faire. Cynisme? Non. Lâcheté. On laisse aux autres le soin de décider pour soi,  et de se battre pour soi, mais calvaire qu’on se fait aller les babines sur les réseaux sociaux, derrière l’anonymat de nos écrans.

On a piégé les étudiants. On a déposé sur leurs épaules le fardeau de notre immobilisme, en leur tapant dans le dos pour qu’ils fassent sauter un gouvernement passé date. Et eux, investis d’une « mission », durcissent leurs positions. Une fois la poussière retombée, que restera-t-il? Un gâchis, des sessions perdues. Et à la clé, une élection aux résultats rien de moins certains.

J’enrage. Oui, j’enrage. Contre ce gouvernement qui n’a pas géré la crise comme elle aurait dû l’être. Contre tous ceux et celles qui feraient tellement mieux que les acteurs en présence, mais qui sont bien assis sur leurs derrières. Contre les poignées d’étudiants qui empêchent une majorité d’étudiants de continuer et de terminer leurs études. On s’en va où comme société si une minorité dicte la loi pour la majorité?

J’enrage. Pour un peu, moi aussi je tirerais des roches. À tout le monde.

Un dernier mot: pour avoir cotôyé de près des politiciens, jamais je n’accepterai qu’on les traite comme des moins que rien. Peu importe la couleur, peu importe le parti. Et quand je lis certains tweets, certains statuts FB ou certains commentaires sur les blogues des grands médias, j’ai envie de répondre que personne ne ferait les journées de ces gens. Personne. Vous voulez chialer? Mettez votre photo sur un poteau et sollicitez le vote populaire. Sinon, taisez-vous!

Je lève mon chapeau à Line Beauchamps, qui a pris la seule décision qu’elle pouvait prendre. J’en aurais fait autant si elle s’était appelé Pauline Marois ou Sylvie Roy. Et tant pis si vous ne me croyez pas. Pour certains d’entre vous, je serai toujours une maudite libérale. Ben vous savez quoi? So be it, stie!

 

Taisez-vous!

Je n’y comprenais plus rien. Ce matin, j’ai juste envie de dire, à tous ceux qui de près ou de loin sont des acteurs du drame qui se jouent : « Taisez-vous! ».

Mais c’est Jean Barbe qui m’a enlevé les mots du clavier. À lire, absoluement. Parce qu’une fois qu’on pleurera un mort, ou qu’on pleurera la mort du monde tel qu’on le connait, il sera trop tard.

Merveilleuse merveille, ce matin, je n’ai pas envie de t’expliquer pourquoi. J’ai pas envie que tu vois les images. J’en ai marre du verbiage, de l’enflure verbale, des « ça me fait vomir » et autres images scatalogiques employés par les commentateurs de tout acabit. Marre des gérants d’estrade, marre des langues de bois. Marre de la politique politicienne que tous et chacun, de Charest à Marois à Legault à Khadir. Marre.

J’ai envie de silence. 24 heures. Que les esprits se calment.