Tu ne peux pas avoir 10 ans. Me semblait qu’on s’était entendu l‘an passé. Alors aujourd’hui, tu as 9 ans. Bonne fête, ma cocotte en sucre.
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Bon ok. 10 ans demain. Dix. Ten. Diez. Bonne fête, ma cocotte en sucre.
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La dernière année a été difficile. Professionnellement, elle a été cahoteuse. Personnellement aussi, pour toutes sortes de raisons que tu ne connais pas, mais que tu devines, confusément. Je ne sais pas si j’en suis totalement remise. Je suis épuisée. Et je m’en veux un peu de ne pas avoir été aussi présente que je l’aurais pu, que j’aurais dû. Pas absente physiquement, mais dans ma tête, dans ta vie.
Au final, toutefois, cette année aura eu du bon: tu t’es rapprochée de ton papa, et c’est maintenant avec lui que tu partages tes secrets, le soir. De te voir blottie contre lui, à la lumière des étoiles, lui t’expliquant les mystères de la sonde qui va atterrir sur Mars, toi attentive, ça me rassure. Évidemment, cette adolescence que tu amorces doucement ne se fera pas sans heurts, mais je crois nos fondations familiales assez solides pour ne pas être ébranlées par ces crises que nous traverserons.
Tu es toujours aussi curieuse, avide d’apprendre. Tu écoutes les nouvelles et tu poses les bonnes questions. En cette période électorale, tu as demandé qui voulait quoi, et dans nos discussions familiales, tu prends ta place. Ça aussi, ça me rassure. On pourra pas t’en passer de petites vites. Parfois, tes commentaires m’étonnent: l’autre jour, tu m’as parlé de marges bénéficiaires des commerçants, et me disant que chaque fois qu’ils font des soldes, ils perdent sûrement de l’argent… Aurais-je une version féminine de Gérald Filion à la maison?
Tu grandis en beauté. Tu deviens une pré-ado qui sait ce qu’elle aime, ce qu’elle veut. Plus question de magasiner sans toi. Tu grandis en sagesse: tu as finalement harnaché ces émotions qui bouillonnaient en toi, et même si tu seras toujours une « eau vive », tu sais mieux comment éviter le piège de la colère.
Ce soir, j’aimerais encore te bercer et te chanter cette chanson que mon père me chantait. Je verserais quelques larmes, bien sûr, parce que je sais qu’il te l’aurait chantée avec autant de tendresse et d’amour qu’il l’a fait avec moi, même quand j’étais grande comme toi.
La semaine prochaine, nous irons à la Ronde, avec tes copines. Pendant que tu t’étourdiras dans les manèges, je serrerai fort la main de ton père, et lui redirai à quel point vous êtes la plus belle chose qui soit arrivée dans ma vie.
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Bon, ça fera la sentimentalité à l’eau de rose. Bonne fête, ma cocotte en sucre. Et cette fois-ci, c’est non négociable. L’an prochain, tu fêtes encore tes 10 ans!