Intéressante discussion tout à l’heure avec ma « gang » du matin: les parents d’enfants qui fréquentent la même école que merveilleuse merveille. On jase bien sûr d’éducation, mais aussi des grands problèmes de l’heure: la neige, le salaire du premier ministre, la neige, la panique créée par la CSDM, la neige, les collations santé, la neige, les camps de vacance de cette été, la neige, la taxe d’eau qui augmente… Ai-je oublié la neige?
L’une est médecin, l’autre travailleur autonome, l’autre a sa propre garderie en milieu familial. Nous venons d’horizons différents, je suis définitivement la plus vieille de la gang, mais nous partageons toutes et tous la même préoccupation pour le bien-être de nos enfants. Et curieusement, nous avons souvent des vues semblables sur une foule de sujets. Évidemment, ce n’est pas en 14 minutes de conversations matinales au froid qu’on peut conclure que nous sommes tous du même avis, mais ces conversations sont souvent pour moi l’amorçe d’une réflexion que je poursuis dans le train de banlieue.
Ce matin, quelqu’un a mentionné le « scandale Rabinovitch » Savez, ce méchant ex-pdg de Radio-Canada qui a DILAPIDÉ nos taxes en chambres d’hôtel à 800$ la nuit? Quelle horreur! Tout le monde sait que même à ce niveau de responsabilités, on devrait se garder la décence de coucher dans des motels cheaps, ou mieux encore, de payer de sa poche ses dépenses de fonction! Je me suis gardé une petite gêne avant de commenter, mais l’opinion générale était de dire que ce genre de nouvelles fait en sorte que les gens qui ont les compétences pour occuper ce type d’emploi n’iront pas risquer de salir leur nom et leur réputation. Ils vont rester chez-eux.
Quand on a sorti le moindrement, on se rend vite compte que des chambres d’hôtel à 800$ la nuit, ce n’est pas exactement une dépense excessive dans certaines capitales du monde. J’ai déjà couché, aux frais des contribuables, dans un hôtel parisien, et pas nécessairement dans le grand luxe (un lit SIMPLE – 39 pouces, une salle de bain plus qu’ordinaire, pas de cadran et pas de téléviseur!) pour 575$ la nuit. J’étais en mission, pas en voyage d’agrément, nous avions des rencontres et des réunions de 8h00 le matin à 21h00 le soir, et ce n’était pas exactement des vacances! Devrais-je m’autoflageller sur la place publique?
Je ne nies pas que des abus aient eu lieu. Mais ils sont beaucoup moindres que ce que certains médias se plaisent à « dénoncer ». On a créé, depuis le scandale des commandites, une culture de la « dépense injustifiée ». D’abord chez les politiciens, et puis chez tous ceux qui ont une charge publique. Et ça commence à m’inquiéter sérieusement qu’on puisse ruiner des réputations et des carrières comme cela. Je le répète: ceux qui commettent des abus méritent d’être dénoncés et d’en payer les conséquences. Mais il va falloir s’interroger sur ce que nous considérons être des « abus ». Pour paraphraser un collègue de travail, le Québec tout entier est atteint du syndrome de la haie de cèdres: dès que la tienne dépasse, je la coupe!
Bref, tant qu’on aura cette petite mentalité de voir des abus partout, on aura les politiciens et les titulaires de charge publique qu’on mérite! Et nous aurons des gouvernements et des entreprises publiques de moins en moins compétents.