4 ans

Ma merveilleuse merveille a 4 ans. Ce matin, quand elle est venue me retrouver au lit, je lui ai raconté l’histoire de sa naissance, en lui flattant doucement le dos. Elle m’écoutait, sans rien dire, ses yeux accrochés aux miens. Tout à côté, mammouth dormait du sommeil du juste. La plénitude, c’est ça: sentir son petit corps si chaud contre le mien, ses grands yeux dans les miens, exactement comme le premier regard que nous avons échangé. Surprises toutes les deux, je crois, après sa naissance, d’enfin se voir, se découvrir, de mettre enfin un visage sur un nom. Surprise encore, dans mon cas, de la force de l’amour qui me lie à elle. Surprise encore que ma merveilleuse merveille soit sortie de mon corps. Surprise que le mélange des gènes de Mammouth et des miens ait produit une si belle petite fille (pour le caractère de cochon, parzemple, personne ne veut en assumer la paternité…). Et même si ça fait cliché culcul la praline de le dire (et encore plus de l’écrire!), tous les jours, depuis sa naissance, j’ai une pensée pour remercier le ciel de m’avoir donné cette enfant, si belle, si vive et si en santé. Sa naissance m’aura appris la gratitude…

Bonne fête, mon amour!

Pour toi, c’est madame!

Depuis que je suis mère, la femme en moi s’était presque éclipsée. Concilier travail et famille, banlieue et centre-ville m’ont rapidement fait oublier tous les petits gestes nécessaires à l’entretien de la beauté. Des ongles impeccables? Des talons soyeux? In your dreams, babe! On a le cheveu long pas pour séduire (quoique mammouth le préfère ainsi!), mais plutôt parce que la queue de cheval est la coiffure la plus pratique qui soit. Et que dire des petits pots de crème et des jolies couleurs qui déssèchent littéralement au fond de ce qui a déjà été jadis il y a longtemps un baise-en-ville? Et puis, avec un bon surplus de poids comme le mien, pourquoi mettre de l’énergie à se pomponner, alors qu’un baume pour les lèvres et une rapide couche de mascara font l’affaire, hein! Vous me direz qu’il y aurait matière à diversion du regard de l’autre si je me faisais de jolis yeux de biche, au lieu d’attirer le regard vers l’immense popotin dont je suis la propriétaire… je sais, je sais. Mais quand on a une demie-heure le matin pour se préparer, et passer quelques minutes de qualité avec sa progéniture, ben les jolis yeux de biche, on repassera! Tout ça pour dire que quand on ne supporte pas son propre regard sur soi, on supporte pas ceux des autres, fussent-ils aimants…

Or, depuis que j’ai entrepris de reprendre mon corps en main et que j’ai amorcé ma perte de poids, je me regarde plus. Et hier, il m’est arrivé une histoire qui ce matin encore me fait sourire:

Picture this, comme disait Sofia. 20h00. Un dépanneur de métro, comme il y en a partout. Un jeune homme, tanné de sa journée, derrière la caisse. Un plus vieux (son père?) accoté sur le comptoir, sirotant un coke qui n’a plus l’air très pétillant. La dame, brûlée de sa journée mais flottant sur son petit nuage parce-que-c’est-les-vacances-qui-commencent, qui s’achète une bouteille d’eau, tend son billet de 6-49 de mercredi en sortant sa phrase habituelle « annoncez-moi doucement que je suis millionnaire, svp ». L’annonce attendue n’étant pas venue, la dame dit avec son plus beau sourire « J’imagine que tu me réservais le numéro gagnant pour demain soir? Oui, avec extra! »
Et c’est là que le jeune homme, tout en tendant le nouveau billet à la dame, lui a fait un sourire d’enfer, a légèrement effleuré sa main et lui a dit, presque dans un murmure: « moi, c’est Patrick »…Pendant un instant, un très très court instant, la dame s’est rappelé qu’il y a longtemps, jadis, une éternité, ce genre de phrases était le prélude à des conversations légères, pétillantes, ou le jeu de la séduction prenait toute la place… Pendant un instant, un très très court instant, elle s’est rappelé qu’un jour, elle avait été une belle jeune femme, pas juste une maman, qui n’était pas insensible aux compliments, même s’ils étaient maladroits. Pleine de ce sentiment délicieux – un mélange de légèreté dû aux vacances et à la pression retombée après son entrevue, et de se savoir peut-être encore non pas désirable, mais plus que juste-une-mère – elle a a son tour fait son plus beau sourire et a répondu au charmant jeune homme:

« moi, c’est madame »

Le monsieur accoté sur le comptoir a recraché sa gorgée de coke. Et mammouth m’a regardé d’un drôle d’air quand je lui ai raconté l’histoire… Oh! well… Tempus fugit, comme disait l’autre…

Si j’étais pas si fatiguée, j’vous raconterais…

à quel point la journée a été épuisante! Mais au moins, depuis quelques heures… JE SUIS EN VACANCES (imaginez la p’tite danse qui va avec – non, y’a pas de poteau parzemple, ça serait plus le style médame à son premier voyage à Cayo-Coco-haut-les-mains)…

Je vous raconterais que j’ai passé une entrevue déterminante pour la suite de ma carrière et que contrairement à ma première impression, je ne me suis pas plantée!..

Je vous raconterais que dans ma tête, depuis une heure, je fais des listes et des plans pour la journée de demain, parce que c’est la fête de ma merveilleuse merveille et que la maison, la piscine et la cour seront pleins d’amis et de parents…

Je vous raconterais qu’il y a une partie de moi qui a encore de la peine pour la contemporaine, et qui s’inquiète du retour de sa chum Iza partie en vacances en France, chez-elle…
J’vous en raconterais, hein, des affaires? Mais je suis trop fatiguée…

… et du pire

On est reparti pour un tour dans la terreur de l’attentat terroriste. Bien sûr, on est ému par la guerre au Proche-Orient, on pleure pour ses innocentes victimes au Liban. Mais là, c’est proche. Londres, c’est à 7 heures (ou est-ce 6?) d’avion de Mourial… Parfois, juste parfois, quand je perds un peu de ma zénitude, je me demande pourquoi j’ai mis au monde une merveilleuse merveille, si c’est pour qu’elle vive terrorisée?

Cette pause vous est offerte par le Parti Conservateur

Fiou! Pendant quelques mois, j’ai eu peur. Je peux l’avouer, maintenant. La contribuable en moi a eu chaud, très chaud. Depuis quand un gouvernement, qu’on a élu comme on le fait à chaque fois, pas parce qu’ils sont les meilleurs, pas parce qu’ils ont le meilleur set de promesses, mais en réaction contre les zautres (peu importe la couleur), fait ce qu’il a dit qu’il ferait???? Tient ses promesses???? Depuis quand, hein??? De quoi redonner espoir en la classe politique! De quoi nous réconcilier avec notre devoir fondamental de citoyen, celui de voter? De quoi même rêver à ce que ça pourrait être…

Bon, avant qu’on s’énerve et que je croule sous les commentaires, on va se comprendre: j’ai pas dit que j’étais d’accord avec le gouvernement, là! Quand on se fait élire en promettant de laver plus blanc que blanc, la moindre p’tite tache paraît, c’est évident. Mais, en bonne observatrice de la scène politique, j’admirais, tout en ayant chaud, la manoeuvre: on se fixe un objectif, on l’atteint. Check point. On passe au suivant. Dans l’ordre, à part ça! Les journalistes sont pas contents? Tant pis, m’sieur et m’dame Tout-le-monde font plus confiance aux journalistes!

Bref, j’ai eu chaud. Et si ça continuait? Si ce gouvernement était vraiment le premier gouvernement qui depuis longtemps tient ses promesses, aussi connes soient-elles? Contre qui allions-nous dorénavant pouvoir chialer? Qui serait responsable de tous nos malheurs quotidiens? Hein, qui??? Je vous le jure, j’étais à un poil de la panique…

Dieu merci, y’a les américains! Encore une fois, ils nous ont sauvé! En se collant à eux, m’sieur Har-peur a mis fin au ‘ »moment magique » entre le peuple et lui! On va pouvoir retrouver notre coupable préféré, le gouvernement! On va se dire que « tout n’était qu’un rêve ».
Thanks Georges!

Août

Du plus loin que je me rappelle, août a toujours été mon mois préféré.

Bien sûr, j’aime le printemps. Sentir l’odeur de la terre qui se réchauffe, celle des lilas, apprécier les jours qui rallongent, entrevoir les possibilités d’un été extraordinaire, j’aime. Mais pas autant qu’août.

J’aime aussi juillet. La foule des festivals, la chaleur moite, l’indolence de la grande ville, la tranquilité des tours à bureaux du centre-ville, la 15 désertée de ses usagés pressés, la pensée magique de l’hiver qui ne reviendra peut-être jamais. J’aime. Mais pas autant qu’août.

J’aime l’automne. Les premières journées fraîches, quand on sort le chandail de laine à col roulé, le premier feu qui embaume la maison, les virées aux pommes ou aux courges. Le premier pot-au-feu avec les légumes racines, bien chaud dans l’assiette avec un pain croûté et un verre de rouge. Les joues froides de ma fille quand elle rentre de dehors, amenant avec elle l’odeur des feuilles en décomposition. J’aime. Mais pas autant qu’août.

J’hais novembre. Mais ça, c’est une autre histoire. J’hais décembre itou, mais je me suis réconciliée avec la période des fêtes depuis que je suis mère. Janvier et février me laissent… de glace. Mars, c’est l’espérance que bientôt, ce sera août.

J’aime août. La lumière n’est plus la même. Moins crue, plus douce. Les fleurs, lourdes, embaument dans le jardin. Les fines herbes aussi, sur le patio. Le chant des criquets ponctuent les soirées. Au marché, c’est l’abondance, l’orgie de couleurs, de saveurs, d’odeurs. Bientôt, dans quelques semaines, on fera notre weekend annuel de mise en conserve de sauce tomates, question de se rappeler, dans les grands froids de janvier, à quoi goûte l’été. J’aime août parce que c’est à ce moment que je prends mes vacances, et qu’il y a moins de monde partout, malgré la fébrilité croissante de la rentrée toute proche. En fermant les yeux, je sens l’odeur des crayons de bois aiguisés, prêts à reprendre du service, qu’on achetait à La Baie pour la rentrée de septembre.
J’aime août. Ses odeurs. Ses sons. Ses couleurs. Ses saveurs. J’aime août.

J’aime août. Un jour, il y aura 13 ans cette année, j’ai pensé que je n’aimerais plus jamais août. Un jour magnifique d’août, le verdict est tombé: cancer, sans traitements possibles, uniquement des médicaments pour soulager la douleur. Le weekend d’avant, il jouait au golf. On blaguait. 11 jours d’août, de chaleur étouffante, dans une chambre d’hôpital pleine à craquer de gens venus faire leurs adieux. Cette année là, août n’a pas eu d’odeurs, ni de saveurs. Ce août là, y’avait de la brume. Dans mes yeux, dans mon cerveau. Quand mon père est décédé, j’ai pensé que je n’aimerais plus jamais août, tant ma peine était grande et tant le vide était immense. Le vertige qu’on anesthésie dans le travail. L’alcool. Les rencontres sans lendemain.

Mais j’aime août. Un jour, il y aura 4 ans samedi prochain, ma fille, ma merveilleuse merveille, naissait. Avec elle, août a retrouvé ses couleurs, ses odeurs, ses sons et ses saveurs. Mais dorénavant, août a aussi une pointe de nostalgie: j’aurais aimé que mon père et ma fille se connaissent. Il aurait été fou d’elle. Elle l’aurait adoré. Malgré tout, parce que je peux partager avec elle mon amour de ce mois d’abondance, j’aime août.

Moûman….

Au risque de me répéter, j’ai connu la maternité sur le tard. Ma merveilleuse merveille a fait son apparition dans ma vie j’avais 40 ans. Ça été un coup de foudre, un amour inconditionnel, et un « reality check » comme je n’en avais jamais eu. Finie, la quiétude, la sérénité, l’insouciance. Bienvenue le canal lacrymal qui semble ne jamais se refermer et qui se vide à la moindre reprise d’un épisode de Lassie à Prise 2. *quand même, Symphorien ne m’arrache pas de larmes… quoique les amours contrariées de mademoiselle L’espérance et de monsieur Bellemare….*

Je ne vous apprends rien, je sais. Mais pour moi, la maternité a été, et continue d’être, une aventure en terrain inconnu. Même si j’ai gardé adolescente, même si j’ai aidé mes amies à « relever » de leurs accouchements. Même si j’avais tout lu, tout écouté *oui, Mammouth, j’avoues: j’ai abusé des Baby stories, Birth stories, Birth days, Quand la cigogne passe et autres « push, baby, push » télévisuels*, chaque jour, chaque étape a été, est et sera unique, magique, angoissante et déstabilisante.

Ma merveilleuse merveille aura 4 ans dans quelques jours. Je revis, depuis une semaine, ma dernière semaine de grossesse – ah! ce temps béni où on dort TOUTE la nuit -. Celles qui ont déjà vécu une grossesse d’été (lire ici de canicule!) comprendront: je peux précisémment pointer du doigt la date et l’heure où la peur panique d’accoucher a fait place à un sentiment d’urgence *dans le style…. SORTEZ LA DE LA! J’EN PEUX PU D’ÊTRE ENCEINTE!*. J’avais deux obsessions: mes talons (après tout, ce serait la première chose que verrait ma fille de sa mère, alors pas question d’avoir le talon crevassé et le cutex d’orteil défraîchi) et l’odeur de cigarettes sur les mains de mammouth qui sortirait la petite de moi pour la déposer sur mon ventre. Je me rappelle, avec le même creux à l’estomac, à quel point ces deux choses tournaient dans ma tête en me déplaçant vers l’hôpital.

Depuis, la fragilité des choses et de la vie me bouleverse. En même temps, de la voir grandir, s’épanouir, devenir autonome me ravit. Je dois apprendre à la laisser aller. A la laisser devenir ce qu’elle voudra devenir. Et peut-être parce que je sais qu’elle sera la seule, j’ai du mal à y parvenir, parfois. Je me sens toute croche à l’idée de vendre les choses de bébé, comme si je mettais un point définitif à ma maternité. Ma tête sait très bien que c’est fini. Quand les copines viennent à la maison avec leurs bébés, j’avoues qu’en moi y’a un certain soulagement à me dire que ma merveilleuse merveille ne demande plus autant d’attention soutenue. Mon ventre, lui, aimerait bien sentir encore une fois ces petits coups de pieds qui te rappellent que tu n’es plus, que tu ne seras plus jamais toute seule.

So bare with me: jusqu’à l’anniversaire de Merveille, je serai définitivement on Memory Lane…

Fatigue, grosse fatigue

C’était pas le titre d’un film avec Michel Blanc, ça? Téka, c’est comme ça que je me sens. Fatiguée. Vide. Pu de jus.

La température? Les images sans cesse déprimantes de la guerre? Les pubs de p’tites madames en bikini, la cuisse lisse retouchée par photoshop? Les dossiers qui s’accumulent et la course folle qu’il faudra se taper pour partir en vacances l’esprit relativement tranquille?

Je sais pas. Fatigue.

Je vous lis. Je  ne réfléchis plus. J’ai pas envie de me sentir responsable, coupable, remuée, émue. Je survis.

Vivement le cerveau à off. S’il me reste un cerveau à mettre à off.

Je triche…

… et je n’ai AUCUN remords! J’ai pris congé aujourd’hui – on s’entend que j’avais annoncé mes intentions fort à l’avance, et que pour profiter en paix de cette journée, je suis sortie du bureau à 21 heures hier soir, m’enfin… et que depuis le matin, le bureau a téléphoné 2 fois, m’enfin…

Bref, au programme, y’avait le Zoo. Or, le ciel est gris foncé vers l’est, et comme dit ma merveilleuse merveille, l’école de chien (lire ici le chenil) est fermée, alors on ne peut plus quitter comme prévu.

Qu’à cela ne tienne, mes braves! Super maman a d’autres tours dans son sac: vite, trouvons un endroit inaccessible au cellulaire et autre invention du yab’ qui permet à tous de vous rejoindre en tout temps! Un musée! Un musée pour les enfants! Là même ou la grande pourra jouer à remplacer Bernard Derome, blondinet nous rejouera « la tour infernale » et la merveilleuse merveille se transformera en caissière qui n’a pas encore tout à fait compris le maniement du scanner… Comme dans la vraie vie, quoi!

Et puis, au yab’ également madame WW. Que serait une journée off en semaine sans une p’tite folie, hein! On a mangé des crêpes! Avec du sirop d’érable! (me suis retenue parzemple, parce que de la glace vanille sur ça aurait été délicieux, mais ô combien péché!!!)

Me reste juste à répéter inlassablement « Ahoum…ahoum… ahoum.. »

T’as besoin de vacances quand…

tu refuses systématiquement de lire autre chose que la BD dans la Presse;

tu changes de chaîne en voyant apparaître Bernard Derome sur l’écran pour écouter ‘Décore ta vie »;

tu te demandes sérieusement si quelqu’un remarquerait que tu vas travailler avec le haut de ton maillot de bain;

tu te lèves en te disant que dans 14 heures, tu pourras ENFIN retourner au lit;

tu te dis que tu aimerais que ton niveau de préoccupation ne concerne que la blancheur relative de ta lessive par rapport à celle de la voisine;

tu penses que l’odeur de Hawain Tan t’irait beaucoup mieux que celle d’Oscar de la Renta

Chu dûe, j’pense!…. Plus que deux semaines. Plus que deux semaines. Plus que deux semaines. Plus que deux semaines. Plus que deux sema…